Les piliers du calvinisme

Le réformateur protestant, Jean Calvin, publia en 1536 un ouvrage intitulé L’Institution chrétienne, une présentation systématique de la Réforme. Cinq de ses idées fondamentales sont appelées les « piliers du calvinisme ». Les voici :

La dépravation totale. Depuis le péché d’Adam et Ève, tout être humain serait né souillé par le péché, mort dans le péché et esclave du péché. Selon Calvin, non seulement l’enfant naît sous la condamnation, mais sa nature est corrompue de telle façon qu’il est incapable d’aucun bien. Il ne peut même pas vouloir sincèrement se corriger. [Nous avons déjà démontré que cette idée est fausse.]

L’élection inconditionnelle. Voyant tout d’avance, Dieu aurait choisi avant la fondation du monde un certain nombre d’hommes, « ni meilleurs ni pires que les autres », qu’il prédestina au salut. Il aurait fait ce choix dans sa souveraineté – c’est-à-dire qu’il avait le droit, en tant que roi absolu, de faire ce choix comme il voulait. Il aurait choisi sans tenir compte des actions ou des dispositions des hommes en question, donc arbitrairement. [Il est vrai que Dieu a choisi de sauver toute une catégorie d’hommes, c’est-à-dire ceux qui seraient « en Christ ». Mais il appartient à chacun de décider s’il veut croire en Jésus et entrer « en Christ » par le baptême (Galates 3.26,27).]

L’expiation limitée. Calvin affirmait que Christ mourut uniquement pour les âmes que Dieu avait élues à la vie éternelle depuis toute éternité. Une personne non élue n’aurait donc aucun moyen de salut. Jésus n’aurait pas « gaspillé » son sang précieux pour ceux que Dieu n’avait pas choisis. [Il est intéressant de remarquer que la Bible dit explicitement le contraire : « Jésus-Christ, le juste… est lui-même une victime expiatoire pour nos péchés, non seulement pour les nôtres, mais aussi pour ceux du monde entier » (1 Jean 2.1,2). « Le Père a envoyé le Fils comme Sauveur du monde » (1 Jean 4.14). « Par la grâce de Dieu il souffrit la mort pour tous » (Héb. 2.9). « Il est mort pour tous » (2 Cor. 5.15).]

La grâce irrésistible. D’après Calvin, Dieu ordonne que le Saint-Esprit touche le cœur de tous ceux qu’il a élus à la vie éternelle ; ce serait une nécessité si la dépravation totale était une réalité. L’appel intérieur de l’Esprit aboutirait toujours à la conversion (avec ou contre nos raisonnements ou nos désirs), mais cet appel n’est adressé qu’aux élus. Par contre, si l’Esprit n’agit pas directement sur le cœur d’une personne, la Parole, selon Calvin, ne produit jamais la foi. Cela est dû au fait que l’homme dépravé est mauvais, détourné des choses de Dieu et son ennemi. [Nous avons déjà souligné que la Parole est vivante, efficace, une semence « non corruptible » qui est bien capable de produire la foi.]

La persévérance des saints. Cette doctrine enseigne que le vrai chrétien ne peut déchoir de la grâce de sorte qu’il soit perdu éternellement. Puisque le salut serait une question de prédestination éternelle et que les sauvés seraient choisis de façon inconditionnelle avant même qu’ils aient cru, Dieu ne permettrait à rien, y compris l’infidélité ou la rébellion, de faire perdre celui qu’il avait élu. [Cet aspect du calvinisme est traité dans le Chemin de Vérité, Vol. 14, No. 2.]

Ne vous semble-t-il pas que ce système de pensée présente un Dieu injuste, voire un despote, un tyran capricieux ? Il tient chaque être humain pour coupable d’un péché commis par un autre (Adam), un acte commis avant notre naissance et que nous n’aurions pas pu empêcher. Il permet que l’enfant naisse dans ce monde doté d’une âme souillée et une nature tellement corrompue que l’enfant sera absolument incapable de faire quoi que ce soit d’agréable aux yeux de Dieu. Au lieu d’avoir pitié de tous les hommes et de leur offrir tous la possibilité de bénéficier de sa grâce, ce Dieu aurait choisi, de façon tout à fait arbitraire, juste quelques personnes qu’il veut sauver. Quant aux autres, son Fils ne serait pas venu pour eux. Ceux qu’il choisit n’auraient même pas la liberté de rejeter son offre de salut – ils ressemblent plus à des robots qu’à des enfants qui aiment librement leur Père céleste.

La doctrine de la dépravation totale serait donc le fondement de tout un édifice d’erreurs, qui, si l’on veut bien voir, tourne en dérision l’idée d’un Dieu qui « a tant aimé le monde », de la logique d’un Jugement dernier, de l’ordre d’annoncer l’Évangile au monde entier et de l’urgence des exhortations aux chrétiens de rester fidèles jusqu’à la mort.

B. B.
(Dans Vol. 15, No. 3)