Le chrétien et la souffrance

Beaucoup de prédicateurs prêchent un évangile de succès, de prospérité et de bonne santé. Ils disent que Jésus a donné la victoire sur la maladie et l’échec. Il suffit d’avoir suffisamment de foi en lui, et vous aurez la solution à tous les problèmes dans votre vie.

Certainement le chrétien peut et doit confier tous ses problèmes au Seigneur. La Bible nous exhorte en 1 Pierre 5.7 : « Déchargez-vous sur lui de tous vos soucis, car lui-même prend soin de vous. » Et Paul nous dit en Philippiens 4.6,7 : « Ne vous inquiétez de rien ; mais en toute chose faites connaître vos besoins à Dieu par des prières et des supplications, avec des actions de grâce. Et la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos pensées en Jésus-Christ. » Nous savons que Dieu est capable de guérir toute maladie, de résoudre tout problème, que ce soit matériel ou spirituel.

Mais, est-ce que la Parole de Dieu promet réellement que le chrétien verra se résoudre tous ses problèmes dans cette vie ? Est-ce que l’expérience des premiers chrétiens nous montre que la souffrance n’existe plus pour celui qui se donne à Dieu ? Est-ce que le message « Arrêtez de souffrir », imprimé sur des banderoles au-dessus de certains lieux de culte, est le message que le Seigneur nous a demandé de prêcher au monde ?

Les chrétiens fidèles souffrent dans cette vie.

Plusieurs exemples bibliques nous montrent que les chrétiens, tout comme le reste des hommes, tombent parfois malades. Paul dit, par exemple : « J’ai laissé Trophime malade à Milet » (2 Timothée 4.20). Épaphrodite, un autre compagnon de voyage de l’apôtre Paul, est tombé également malade. Il était près de la mort, « mais Dieu a eu pitié de lui » (Philippiens 2.25-27). Paul avait une maladie que Dieu n’a pas guérie, malgré plusieurs prières. Il fut obligé de continuer de vivre avec ce qu’il appelait son « écharde dans la chair » (2 Corinthiens 12.7). Les chrétiens comme les autres hommes subissent les effets de la vieillesse. Ils deviennent plus faibles avec l’âge, ils éprouvent les mêmes douleurs physiques que les autres. En plus des maladies, nous savons que les chrétiens ne sont pas tous épargnés quand il y a des guerres et des catastrophes naturelles telles que les tremblements de terre, les feux de brousse et les inondations.

Non seulement cela, mais le chrétien peut subir certaines souffrances, non pas malgré sa relation avec Dieu, mais plutôt parce qu’il est enfant de Dieu : il s’agit de la persécution. Jésus avait prévenu ses disciples : « Alors on vous livrera aux tourments, et l’on vous fera mourir ; et vous serez haïs de toutes les nations, à cause de mon nom » (Matthieu 24.9). L’apôtre Paul énumère en 1 Corinthiens 4.11-13 quelques-unes des souffrances que lui et les autres apôtres subissaient pour le Seigneur :

« Jusqu’à cette heure nous souffrons la faim, la soif, la nudité ; nous sommes maltraités, errants çà et là ; nous nous fatiguons à travailler de nos propres mains ; injuriés, nous bénissons ; persécutés, nous supportons ; calomniés, nous parlons avec bonté ; nous sommes devenus comme les balayures du monde, le rebut de tous, jusqu’à maintenant. »

Évidemment Paul n’aurait pas été trop convaincant en prêchant un évangile de succès, de prospérité et de confort sur la terre. Il souffrait trop lui-même. Et pourtant on ne trouverait pas un chrétien plus fidèle que lui.

Oui, les chrétiens peuvent aussi souffrir dans cette vie, parfois plus que les non-chrétiens.

Les souffrances ont une valeur pour le chrétien.

Mais pourquoi Dieu permettrait-il à ses enfants de souffrir dans cette vie ? Les païens ne diraient-ils pas que notre Dieu n’est pas puissant ? N’est-ce pas une honte pour Dieu quand ceux qui le servent sont dans la misère ? À quoi cela peut-il servir ?

La Bible nous assure que la souffrance peut avoir une valeur réelle dans la vie du chrétien. Paul, qui, comme nous l’avons vu, a tant souffert lui-même, a écrit ceci : « Nous savons du reste, que toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son dessein » (Romains 8.28). Toutes choses, même la souffrance, peuvent être utilisées par Dieu pour produire du bien.

Quel bien, par exemple ?

Souvent les difficultés nous permettent de grandir spirituellement, de développer du bon caractère. Nous reconnaissons ce principe en ce qui concerne l’homme physique et intellectuel. Peut-on supposer, par exemple, qu’un sportif deviendra un athlète sans entraînement, sans sacrifices, sans abstinences pénibles, sans effort ?

1. C’est ce principe que la Bible applique à la vie spirituelle dans l’Épître de Jacques 1.2-4 :

« Mes frères, regardez comme un sujet de joie complète les diverses épreuves auxquelles vous pouvez être exposés, sachant que l’épreuve de votre foi produit la patience. Mais il faut que la patience accomplisse parfaitement son œuvre, afin que vous soyez accomplis, sans faillir en rien. »

Les épreuves peuvent donc cultiver en nous la patience ou la persévérance.

2. Elles peuvent aussi nous apprendre à compatir aux souffrances des autres. Parce que nous aussi, nous connaissons la douleur d’avoir perdu un enfant, nous sommes plus sensibles en voyant un autre parent en deuil. Parce que nous avons connu l’échec, nous pouvons consoler notre frère dans son découragement. Parce que nous vivons avec une maladie chronique, nous savons aider le voisin quand il est malade. En 2 Corinthiens 1.3,4 Paul dit :

« [Dieu] nous réconforte dans toutes nos souffrances, afin que nous puissions réconforter ceux qui passent par toutes sortes de souffrances, en leur apportant le réconfort que nous avons nous-mêmes reçu de lui. »

3. En plus de la patience et la compassion, les épreuves nous apprennent souvent l’humilité et la prière.

Il est vrai que nous devrions prier en tout moment. Quand tout va bien, nous devrions prier pour remercier Dieu, et aussi prier pour les autres. Mais parfois, surtout quand tout va bien, nous négligeons de prier. Nous pensons suffire en nous-mêmes. Quand ça ne va pas, nous voyons notre propre faiblesse, notre besoin de l’aide et de la force de Dieu.

Dieu s’était beaucoup servi de l’apôtre Paul. Il lui avait donné beaucoup de révélations. En effet, une grande partie du Nouveau Testament a été écrite par Paul. Une telle distinction aurait pu rendre un homme orgueilleux. Paul dit en 2 Corinthiens 12.7-9 :

« Et pour que je ne sois pas enflé d’orgueil, à cause de ces révélations, il m’a été mis une écharde dans la chair, un ange de Satan pour me souffleter et m’empêcher de m’enorgueillir. Trois fois j’ai prié le Seigneur de l’éloigner de moi, et il m’a dit : Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse. »

Dieu a béni matériellement son peuple Israël, mais il était conscient du danger dans l’abondance, et il a mis les Israélites en garde de cette manière :

« Lorsque tu mangeras et te rassasieras, lorsque tu bâtiras et habiteras de belles maisons, lorsque tu verras multiplier ton gros et ton menu bétail, s’augmenter ton argent et ton or, et s’accroître tout ce qui est à toi, prends garde que ton cœur ne s’enfle, et que tu n’oublies l’Éternel ton Dieu… Garde-toi de dire en ton cœur : Ma force et la puissance de ma main m’ont acquis ces richesses. Souviens-toi de l’Éternel, ton Dieu, car c’est lui qui te donnera la force pour les acquérir. » (Deutéronome 8.12-14,17,18)

Que ce soit la maladie ou la pauvreté, les difficultés nous rappellent que tout ne dépend pas de nous, que Dieu seul est la source de vie et de tout ce qui est bien.

4. Les souffrances peuvent aussi nous empêcher de nous attacher trop à ce monde d’ici-bas. Il est vrai que le monde offre des plaisirs et des conforts. Mais les biens spirituels que Dieu veut nous donner sont d’une infiniment plus grande valeur. Ils sont éternels ; ils sont célestes. Quand nous n’avons pas de douleur, aucun sujet de tristesse, aucune difficulté, nous risquons de nous contenter de ce qui est moins bon, c’est-à-dire les conforts de cette vie terrestre. Les problèmes dans notre vie fixent nos regards sur la vie éternelle avec Dieu, là où « il essuiera toute larme de leurs yeux, et la mort ne sera plus, et il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur, car les premières choses ont disparu » (Apocalypse 21.4). C’est pour cela que nous ressemblons à Abraham et les autres patriarches de la Bible, qui ont quitté leur patrie parce qu’« ils en désiraient une meilleure, c’est-à-dire une céleste. C’est pourquoi Dieu n’a pas honte d’être appelé leur Dieu, car il leur a préparé une cité » (Hébreux 11.16). Paul dit aux Philippiens que certaines personnes « ne pensent qu’aux choses de la terre. Mais notre cité à nous est dans les cieux, d’où nous attendons aussi comme Sauveur le Seigneur Jésus-Christ » (Philippiens 3.19,20). Si le chrétien est séduit par la vie de ce monde, il n’aura plus les yeux fixés sur son objectif céleste et ne l’atteindra plus. La souffrance rend la vie sur terre moins séduisante.

Nous voyons donc que la souffrance n’est pas mauvaise en elle-même. Comme le médicament qui a un très mauvais goût, mais qui soigne efficacement une maladie, la souffrance est certes désagréable, mais elle peut nous faire du bien. Comme dit l’auteur de l’Épître aux Hébreux en parlant du châtiment : « Il est vrai que tout châtiment semble d’abord un sujet de tristesse et non de joie ; mais il produit plus tard pour ceux qui ont été ainsi exercés un fruit paisible de justice » (Hébreux 12.11). Tout dépend de notre réaction. On dit que le même soleil qui fond la cire endurcit l’argile. La même épreuve peut rendre une personne rebelle et amère, et faire qu’une autre personne apprenne à mettre sa confiance en Dieu, à compatir aux souffrances des autres, à persévérer dans la foi et à s’attacher à son espérance d’aller au ciel.

La Bible parle de plusieurs autres valeurs de l’épreuve, mais il est évident que ce n’est pas par manque d’amour que Dieu nous permet parfois de souffrir. Il veut toujours ce qui est bien pour nous. Or, ce qui est bien est ce qui nous rapproche de Dieu ; ce qui est mal, c’est ce qui nous éloigne de Dieu. Ce qui est difficile et douloureux peut nous aider, et ce qui est facile et agréable peut nous perdre. Nous devons donc faire confiance à Dieu en toute circonstance.

La fin des souffrances pour le chrétien viendra s’il tient bon.

Les épreuves de celui qui ne connaît pas Jésus peuvent toujours améliorer son caractère, mais seul le chrétien a la promesse d’une fin définitive à toute souffrance. Cette assurance est exprimée par Paul, qui dit en Romains 8.18 : « J’estime que les souffrances du temps présent ne sauraient être comparées à la gloire à venir qui sera révélée pour nous. » Il dit aux Corinthiens :

« C’est pourquoi nous ne perdons pas courage. Et lors même que notre homme extérieur se détruit, notre homme intérieur se renouvelle de jour en jour. Car nos légères afflictions du moment présent produisent pour nous, au-delà de toute mesure, un poids éternel de gloire, parce que nous regardons, non point aux choses visibles, mais à celles qui sont invisibles ; car les choses visibles sont passagères, et les invisibles sont éternelles. » (2 Corinthiens 4.16-18)

Qu’est-ce que Dieu veut faire pour nous ? Il veut notre salut. Il veut enlever la séparation que le péché a dressée entre nous et lui, afin que nous soyons avec lui éternellement. Si Dieu permet au chrétien de connaître les afflictions, parfois très dures, ce n’est pas parce qu’il n’est pas tout-puissant ; ce n’est pas qu’il ne s’intéresse pas à nos problèmes. C’est parce que dans sa sagesse et son amour, il fait ce qui peut nous préparer pour une gloire éternelle.

B. B.
(Dans Vol. 6, No. 4)