La prière du pécheur

Nous avons probablement tous entendu parler de « la prière du pécheur ». Lors de grandes croisades d’évangélisation ou pendant des émissions télévisées, l’évangéliste invite les non-convertis à réciter après lui, peut-être une phrase à la fois, une prière au moyen de laquelle ils pourront demander au Seigneur de les sauver. Il dira, par exemple : « Seigneur Jésus, je sais que je suis un pécheur et que j’ai besoin de toi. Merci d’être mort à la croix pour moi. Je t’invite à venir dans mon cœur et à prendre le contrôle de ma vie. Je me confie en toi ; sois mon Sauveur. Merci de m’avoir donné la vie éternelle. Amen. » On trouve souvent une telle prière à la conclusion d’un traité. Des millions de personnes aujourd’hui croient avoir été sauvées après avoir fait « la prière du pécheur ».

N’est-il pas curieux qu’on ne trouve pas un seul exemple de conversion dans le Nouveau Testament où l’on ait dit au pécheur de faire une telle prière pour être sauvé ? En fait, ce n’est qu’à la fin du 19e siècle et au cours du 20e siècle que cette pratique devint populaire. Ce sont les évangélistes américains Dwight Moody, Billy Sunday et Billy Graham, ainsi que l’organisation internationale, Campus pour Christ, qui ont exercé la plus grande influence dans ce domaine. Mais aucun des apôtres n’a employé cette méthode.

Quand nous demandons un soutien biblique pour cette façon de procéder, on nous fait lire parfois Apocalypse 3.20 où Jésus dit : « Voici, je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui, je souperai avec lui, et lui avec moi. » On nous dit qu’il faut donc lui ouvrir la porte de notre cœur et l’inviter à y prendre place. Mais on doit toujours tenir compte du contexte d’un verset de l’Écriture. Dans ce passage Jésus ne s’adresse pas à des non-chrétiens qui n’ont jamais obéi à l’Évangile. Il s’adresse à l’Église de Laodicée, cette assemblée réputée pour sa tiédeur. Il ne s’agit pas d’une évangélisation, mais d’un appel à des chrétiens tièdes et satisfaits d’eux-mêmes qui avaient exclu le Seigneur de leurs vies. De même, l’ordre donné par l’apôtre Pierre de se repentir et de prier pour que son péché soit pardonné (Actes 8.22) s’adresse à Simon, qui avait déjà cru au Seigneur et s’était fait baptiser (Actes 8.13). Encore, 1 Jean 1.9, qui nous dit de confesser nos péchés, sachant que Dieu est fidèle pour nous les pardonner, s’adresse clairement à ceux qui sont déjà chrétiens. Pour ceux qui n’ont pas encore été sauvés, ce n’est pas la prière qui est ordonnée, mais la foi, la repentance, la confession de foi et le baptême.

B. B.
(Dans Vol. 14, No. 2)