Cherchez les choses d’en haut

La vie chrétienne est remplie de bénédictions que l’on reçoit déjà dans cette vie sur la terre. Nous avons la paix avec Dieu et l’assurance de son amour pour nous ; nous avons accès auprès de Dieu par la prière grâce à notre médiateur, Jésus-Christ ; nous avons une famille spirituelle, l’Église ; nous avons l’Esprit de Dieu lui-même qui habite en nous ; nous avons une mission importante à laquelle nous pouvons consacrer nos efforts, qui est l’évangélisation du monde entier ; nous avons appris la joie de servir les autres et les secourir dans leurs difficultés, à la gloire de notre Seigneur ; nous avons la Parole de Dieu pour nous guider, nous fortifier, nous consoler et nous enseigner.

Mais cette vie comporte en même temps sa part de souffrances et douleurs, de déceptions et découragements, de moments de solitude ou même d’abandon, de pertes et d’injustices. Le chrétien n’en est pas épargné. Au contraire, il peut être l’objet de raillerie, de mépris ou même de persécution violente pour la simple raison qu’il est chrétien.

L’apôtre Paul, souvent prisonnier à cause de sa prédication, raconte quelques-unes de ses épreuves :

« Souvent en danger de mort, cinq fois j’ai reçu des Juifs quarante coups moins un, trois fois j’ai été battu de verges, une fois j’ai été lapidé… J’ai été… en péril de la part de ceux de ma nation, en péril de la part des païens,… en péril parmi les faux frères. J’ai été dans le travail et dans la peine, exposé à de nombreuses veilles, à la faim et à la soif, à des jeûnes multipliés, au froid et à la nudité. Et, sans parler d’autres choses, je suis assiégé chaque jour par les soucis que me donnent toutes les Églises. » (2 Corinthiens 11.23-28)

Ce n’est donc pas surprenant que Paul dit ailleurs : « Si c’est dans cette vie seulement que nous espérons en Christ, nous sommes les plus malheureux de tous les hommes » (1 Corinthiens 15.19). Mais ce n’est pas dans cette vie seulement que le chrétien espère, et cette espérance en Christ – cette attente d’une récompense éternelle – fait qu’au lieu d’être réellement les plus malheureux des hommes, nous sommes les plus bénis. Paul, bien que prisonnier, dit au roi Agrippa : « Plaise à Dieu que non seulement toi, mais encore tous ceux qui m’écoutent aujourd’hui, vous deveniez tels que je suis, à l’exception de ces liens ! » (Actes 26.29).

En parlant des patriarches Abraham, Isaac et Jacob, la Bible dit qu’ils ont reconnu « qu’ils étaient étrangers et voyageurs sur la terre. Ceux qui parlent ainsi montrent qu’ils cherchent une patrie. S’ils avaient eu en vue celle d’où ils étaient sortis, ils auraient eu le temps d’y retourner. Mais maintenant ils en désirent une meilleure, c’est-à-dire une céleste » (Hébreux 11.13-16). La patrie céleste est sans aucun doute meilleure que n’importe quel pays sur la terre, y compris le pays de Canaan que Dieu promit à Abraham et ses descendants, y compris la France, le Canada, les États-Unis ou n’importe quel autre pays vers lequel de nombreuses personnes cherchent à émigrer. Mais qu’est-ce qui le rend si attrayant qu’on accepterait de payer n’importe quel prix pour l’atteindre ? Qu’est qui nous attend au ciel ?

Une récompense éternelle

Persévérer dans la fidélité n’est pas facile, mais le Seigneur nous rassure de plusieurs manières que nos efforts seront pleinement récompensés.

D’abord nous connaîtrons la joie de l’entendre nous dire des mots d’approbation et d’accueil : « C’est bien, bon et fidèle serviteur ; tu as été fidèle en peu de chose, je te confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton maître… Venez, vous qui êtes bénis de mon Père ; prenez possession du royaume qui vous a été préparé dès la fondation du monde » (Matthieu 25.21,34). Quelle joie de savoir que nous avons fait plaisir au Maître que nous aimons !

Tel un athlète victorieux qui, après des années de discipline, d’effort laborieux et de sacrifices, se voit honoré d’une médaille d’or (ou, comme au temps des premiers Jeux olympiques, par une couronne d’olivier), le chrétien fidèle attend sa couronne. Vers la fin de sa vie, l’apôtre Paul dit :

« J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé la course, j’ai gardé la foi. Désormais la couronne de justice m’est réservée ; le Seigneur, le juste juge, me la donnera dans ce jour-là, et non seulement à moi, mais encore à tous ceux qui auront aimé son avènement. » (2 Timothée 4.7,8)

Cette récompense est souvent décrite comme un trésor, un héritage. Des hommes passent toute leur vie à chercher des richesses dans ce monde, des richesses incertaines qu’ils perdent inévitablement lorsqu’ils meurent (et qu’ils perdent très souvent bien avant de mourir). Mais les biens célestes qui nous sont proposés sont tellement supérieurs à ces trésors terrestres, qu’il nous est difficile de les imaginer. Il fut dit aux chrétiens persécutés : « Vous avez accepté avec joie l’enlèvement de vos biens, sachant que vous avez des biens meilleurs et qui durent toujours. N’abandonnez donc pas votre assurance, à laquelle est attachée une grande rémunération » (Hébreux 10.34,35). « Dieu… nous a régénérés, pour une espérance vivante, par la résurrection de Jésus-Christ d’entre les morts, pour un héritage qui ne se peut ni corrompre, ni souiller, ni flétrir, lequel vous est réservé dans les cieux » (1 Pierre 1.3,4).

Jésus nous exhorte en Matthieu 6.19-21 :

« Ne vous amassez pas des trésors sur la terre, où les vers et la rouille détruisent, et où les voleurs percent et dérobent ; mais amassez-vous des trésors dans le ciel, où les vers et la rouille ne détruisent point, et où les voleurs ne percent ni ne dérobent. Car là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur. »

(Remarquez que là où se trouve notre trésor, et là où devrait se trouver notre cœur, c’est au ciel, ce qui semble bien être en contradiction avec la doctrine de certains qui disent que les justes vivront éternellement sur une terre transformée en paradis.)

Un corps glorifié, immortel, incorruptible

Non seulement nous aurons un héritage merveilleux dans notre pays promis, le ciel, mais nous y vivrons dans des corps merveilleux.

« Mais notre cité à nous est dans les cieux, d’où nous attendons aussi comme Sauveur le Seigneur Jésus-Christ, qui transformera le corps de notre humiliation, en le rendant semblable au corps de sa gloire, par le pouvoir qu’il a de s’assujettir toutes choses. » (Philippiens 3.20,21)

Depuis que le péché est entré dans le monde, le corps de l’homme est sujet à la mort. Nos corps sont atteints de maladies, ils sont affaiblis et même déformés par l’âge, et ils finissent par pourrir dans la tombe. Comme Job le dit, ils « deviennent la pâture des vers » (Job 21.26). Malgré les bénédictions dont nous jouissons déjà en tant que sauvés, bénédictions que nous avons commencé à énumérer au début de cet article, « nous aussi, qui avons les prémices de l’Esprit, nous aussi nous soupirons en nous-mêmes, en attendant l’adoption, la rédemption de notre corps » (Romains 8.23). Au ciel chacun de nous aura un nouveau corps et sera libéré de tout ce qui nous fait souffrir dans nos corps actuels.

« Le corps est semé corruptible, il ressuscite incorruptible ; il est semé méprisable, il ressuscite glorieux ; il est semé infirme, il ressuscite plein de force ; il est semé corps animal, il ressuscite corps spirituel… Ce que je dis, frères, c’est que la chair et le sang ne peuvent hériter le royaume de Dieu, et que la corruption n’hérite pas l’incorruptibilité. Voici, je vous dis un mystère : nous ne mourrons pas tous, mais tous nous serons changés, en un instant, en un clin d’œil, à la dernière trompette. La trompette sonnera, et les morts ressusciteront incorruptibles, et nous, nous serons changés. Car il faut que ce corps corruptible revête l’incorruptibilité, et que ce corps mortel revête l’immortalité. » (1 Corinthiens 15.42-44,50-53)

Jésus nous promet que les sauvés « ne pourront plus mourir, parce qu’ils seront semblables aux anges, et qu’ils seront fils de Dieu, étant fils de la résurrection » (Luc 20.36).

Le repos

Êtes-vous jamais fatigué de la vie ? Fatigué par l’effort continuel qu’il faut juste pour survivre sur le plan matériel ? Fatigué de la lutte continuelle que vous devez mener sur le plan spirituel dans un monde où Satan vous assaille de tous côtés ? Fatigué de pleurer la perte de vos bien-aimés ? Fatigué de voir jour après jour toute sorte d’injustice et de péché ? Fatigué de la « vanité » de la plupart de ce qui se passe « sous le soleil » ? Qu’est-ce qu’il est réconfortant de savoir que le repos nous attend au ciel !

« Il y a donc un repos de sabbat réservé au peuple de Dieu. Car celui qui entre dans le repos de Dieu se repose de ses œuvres. » (Hébreux 4.9,10)

La voix du ciel dit en Apocalypse 14.13 : « Heureux dès à présent les morts qui meurent dans le Seigneur ! Oui, dit l’Esprit, afin qu’ils se reposent de leurs travaux, car leurs œuvres les accompagnent. » Le contraste avec les âmes perdues est terrible, car il est écrit à leur sujet : « La fumée de leur tourment monte aux siècles des siècles ; et ils n’ont de repos ni jour ni nuit » (Apocalypse 14.11).

Ceux qui sont persécutés pour Jésus auront du repos (2 Thessaloniciens 1.6-8). Ceux qui sont affligés seront consolés (Matthieu 5.4). Ceux qui sont éprouvés n’auront plus d’épreuves à supporter, car ces épreuves ne sont que « pour un peu de temps » (1 Pierre 1.6). Nous aurons fini avec tout ce qui fait souffrir dans ce monde.

« Ils n’auront plus faim, ils n’auront plus soif, et le soleil ne les frappera point, ni aucune chaleur. Car l’agneau qui est au milieu du trône les paîtra et les conduira aux sources des eaux de la vie, et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux. » (Apocalypse 7.16,17)

La ressemblance au Seigneur

1 Jean 3.2,3 contient une promesse étonnante :

« Bien-aimés, nous sommes maintenant enfants de Dieu, et ce que nous serons n’a pas encore été manifesté ; mais nous savons que, lorsqu’il sera manifesté, nous serons semblables à lui, parce que nous le verrons tel qu’il est. Quiconque a cette espérance en lui se purifie, comme lui-même est pur. »

La gloire qui nous attend est si merveilleuse que nous ne pouvons pas la saisir, et elle ne peut probablement pas être clairement exprimée en paroles humaines. Notre souhait le plus profond en tant que chrétiens est de ressembler à notre Seigneur, non pas en autorité, puissance ou omniscience, mais en sainteté, pureté et amour. Celui qui désire ardemment cette ressemblance fait déjà des efforts pour imiter l’objet de son admiration. On ne réussit jamais totalement dans cette vie, mais on s’y donne avec persévérance. Quelle joie de savoir qu’au ciel nous aurons réellement fini avec la tentation et le péché. Dieu « peut vous préserver de toute chute et vous faire paraître devant sa gloire irrépréhensibles et dans l’allégresse » (Jude 24).

Cet aspect de notre espérance céleste s’exprime bien dans le cantique « Grandis en moi » :

Grandis en moi, Seigneur, et que je diminue,
C’est là tout mon souhait.
Hâte l’œuvre en mon cœur, car j’attends ta venue ;
Bientôt tu reviendras, glorieux, sur la nue,
Et je veux être prêt.

Prêt à te rencontrer, Mon Sauveur adorable,
Parfait en sainteté.
Oh ! quel ravissement, quelle joie ineffable,
Quand ton disciple enfin te sera fait semblable,
Contemplant ta beauté.

La communion avec les saints de tous les âges

On pose parfois la question de savoir si nous pourrons nous reconnaître les uns les autres au ciel. La Bible semble répondre par l’affirmative. Jésus dit en Matthieu 8.11 : « Je vous déclare que plusieurs viendront de l’orient et de l’occident, et seront à table avec Abraham, Isaac et Jacob, dans le royaume des cieux. » À quoi bon une telle promesse si ceux qui en bénéficieront ne pourront pas savoir qu’ils se trouvent effectivement en présence de ces grands patriarches ?

À la transfiguration de Jésus, les apôtres ont reconnu Moïse et Élie, car « Pierre, prenant la parole, dit à Jésus : Seigneur, il est bon que nous soyons ici ; si tu le veux, je dresserai ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie » (Matthieu 17.4). Or, ces deux hommes étaient morts depuis des siècles, et Pierre, Jean et Jacques ne les avaient pas connus en personne. Si donc il sera possible de reconnaître des individus que nous n’avons pas connus personnellement sur terre, n’est-il pas sous-entendu que nous reconnaîtrons ceux que nous avons connus pendant notre vie ?

Onésime était un esclave qui s’est enfui de son maître, un chrétien du nom de Philémon. Arrivé à Rome, Onésime rencontra Paul et devint, lui aussi, chrétien. L’apôtre renvoya Onésime auprès de Philémon, en lui remettant l’épître qui porte son nom. Il écrit concernant Onésime : « Peut-être a-t-il été séparé de toi pour un temps, afin que tu le recouvres pour l’éternité, non plus comme un esclave, mais comme supérieur à un esclave, comme un frère bien-aimé » (Philémon 15,16). Cette nouvelle relation fraternelle entre Philémon et Onésime devait évidemment se poursuivre au ciel.

Selon Hébreux 12.22,23, en s’approchant de la Jérusalem céleste, on s’approche non seulement de Dieu, de Jésus et des anges, mais aussi de « l’assemblée des premiers-nés inscrits dans les cieux » (l’Église glorifiée) et « des esprits des justes parvenus à la perfection » (probablement ceux qui, sous la première alliance, sont morts dans la fidélité).

Ce sera une grande joie que de s’associer avec ceux qui ont aimé et fidèlement servi Dieu au cours de l’histoire, que ce soit de grands personnages de la Bible, des personnes que nous avons déjà connues et aimées dans nos familles et nos assemblées ou bien d’autres que nous découvrirons dans l’au-delà. Par contre, on ne peut éviter la conclusion que l’enfer sera encore plus horrible parce qu’on y passera l’éternité avec des êtres méchants, égoïstes et rebelles envers Dieu.

La présence de Dieu

Il est réconfortant de penser que nous retrouverons au ciel nos bien-aimés « un instant disparus », mais ce qui devrait nous attirer le plus, c’est la joie de nous trouver en présence de notre Seigneur. Avant de remonter au ciel, Jésus dit à ses disciples : « Lorsque je m’en serai allé, et que je vous aurai préparé une place, je reviendrai, et je vous prendrai avec moi, afin que là où je suis vous y soyez aussi » (Jean 14.3). Il dit aussi à Dieu : « Père, je veux que là où je suis ceux que tu m’as donnés soient aussi avec moi » (Jean 17.24).

L’apôtre Paul dit plus d’une fois qu’il préférait mourir que de vivre sur terre, car il voulait tellement être auprès du Seigneur (Philippiens 1.21-23; 2 Corinthiens 5.8). Et il nous exhorte tous : « Cherchez les choses d’en haut, où Christ est assis à la droite de Dieu. Affectionnez-vous aux choses d’en haut, et non à celles qui sont sur la terre » (Colossiens 3.1,2). Nous devrions cultiver un cœur pour Dieu comme celui de David, qui dit : « Je demande à l’Éternel une chose, que je désire ardemment : je voudrais habiter toute ma vie dans la maison de l’Éternel, pour contempler la magnificence de l’Éternel » (Psaume 27.4). « Comme une biche soupire après des courants d’eau, ainsi mon âme soupire après toi, ô Dieu ! Mon âme a soif de Dieu, du Dieu vivant : quand irai-je et paraîtrai-je devant la face de Dieu ? » (Psaume 42.2,3). Trop souvent nous ne sommes pas motivés par l’idée du ciel parce que l’amour de ce monde nous habite plus que l’amour de Dieu. Plus nous aimons Dieu lui-même, plus nous aurons hâte de le voir et de l’adorer dans toute sa splendeur.

Conclusion

Partout au monde on trouve que les gens évitent de mal parler des morts, quel que soit leur comportement de leur vivant. Mais on va plus loin : lors des funérailles, on parle comme si TOUS sont destinés au ciel. L’espérance d’une demeure au ciel est une belle chose, mais tous n’y ont pas droit. Jésus dit : « Ceux qui me disent : Seigneur, Seigneur ! N’entreront pas tous dans le royaume des cieux, mais celui-là seul qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux » (Matthieu 7.21). Quant à « ceux qui n’obéissent pas à l’Évangile de notre Seigneur Jésus, ils auront pour châtiment une ruine éternelle, loin de la face du Seigneur et de la gloire de sa force » (2 Thessaloniciens 1.8,9).

Si vous n’avez pas encore obéi à l’Évangile par la foi, la repentance et le baptême, ou si vous ne vivez pas dans la fidélité au Seigneur, n’attendez plus. « Craignons donc, tandis que la promesse d’entrer dans son repos subsiste encore, qu’aucun de vous ne paraisse être venu trop tard » (Hébreux 4.1). Faites en sorte que vous puissiez réellement dire, comme l’apôtre Paul : « Nous sommes pleins de confiance, et nous aimons mieux quitter ce corps et demeurer auprès du Seigneur » (2 Corinthiens 5.8).

B. B.
(Dans Vol. 16, No. 4)

Les 144 000 et la grande foule : L’éternité aux cieux ou sur la terre ?

Une doctrine distinctive des Témoins de Jéhovah concerne un chiffre qui se trouve dans le dernier livre du Nouveau Testament, l’Apocalypse. Selon une publication officielle de leur organisation :

« En 1935, les Témoins eurent une intelligence plus claire de ce qu’étaient la classe du Royaume céleste, qui régnera avec le Christ, et les sujets terrestres de ce Royaume. Ils savaient déjà que le nombre des chrétiens oints de l’esprit appelés à régner avec le Christ depuis les cieux se limiterait à 144 000. Quelle espérance aurait donc le reste de l’humanité ? Un gouvernement a besoin de sujets pour justifier son existence. Ce gouvernement céleste, le Royaume, aurait aussi des millions de sujets obéissants sur la terre. Il s’agirait de la « grande foule que personne ne pouvait dénombrer, de toutes les nations et tribus et peuples et langues », qui crie : « Le salut, nous le devons à notre Dieu [Jéhovah] qui est assis sur le trône, et à l’Agneau [Jésus-Christ]. » – Révélation 7.4,9,10; 14.1-3; Romains 8.16,17. » (L’Humanité à la recherche de Dieu, page 358, ©1990)

On pourrait donc dire que, selon cette doctrine, il y a deux espérances distinctes pour ceux qui font la volonté de Dieu : 144 000 seront aux cieux avec Jésus pour régner ; les autres, la « grande foule », espèrent vivre sur une terre transformée en paradis. Les Témoins disent en plus que ceux qui feront partie de la « grande foule » ne deviennent pas membres du corps de Christ, ne naissent pas de nouveau, n’entreront pas dans le royaume céleste, ne sont pas baptisés du Saint-Esprit, n’ont pas droit à la Sainte Cène et n’ont pas part à la nouvelle alliance. Le nombre des 144 000 étant atteint depuis 1935, la prédication des Témoins met l’accent sur l’espérance terrestre de la « grande foule ».

L’espace ne permet pas d’explorer tous les aspects de cette doctrine, mais nous allons souligner quand même plusieurs problèmes dans l’explication assez unique que les Témoins de Jéhovah nous offrent à l’égard du sort final des hommes justes.

Où se trouvent les 144 000 et la « grande foule » ?

Apocalypse 7 est le passage biblique qui parle des cent quarante-quatre mille et de la grande foule. Il s’ouvre avec un ordre adressé aux quatre anges qui s’apprêtaient à « faire du mal à la terre, et à la mer » : « Ne faites pas de mal à la terre, ni à la mer, ni aux arbres, jusqu’à ce que nous ayons marqué du sceau le front des serviteurs de notre Dieu. Et j’entendis le nombre de ceux qui avaient été marqués du sceau, cent quarante-quatre mille » (Apoc. 7.3,4). La raison pour laquelle les anges destructeurs devaient attendre avant de faire du mal à la terre, c’est que les 144 000 serviteurs de Dieu en question se trouvaient sur la terre et devaient être épargnés du châtiment qui venait.

Le passage suivant, qui commence au verset 9 du même chapitre, parle de la grande foule : « Après cela, je regardai, et voici, il y avait une grande foule, que personne ne pouvait compter, de toute nation, de toute tribu, de tout peuple, et de toute langue. Ils se tenaient devant le trône et devant l’agneau, revêtus de robes blanches, et des palmes dans leurs mains. Et ils criaient d’une voix forte, en disant : Le salut est à notre Dieu qui est assis sur le trône, et à l’agneau. Et tous les anges se tenaient autour du trône et des vieillards et des quatre êtres vivants ; et ils se prosternèrent sur leurs faces devant le trône, et ils adorèrent Dieu » (Apoc. 7.9-11). La foule nombreuse dans ce passage se trouve devant le trône de Dieu, là où se trouvaient également les anges – c’est-à-dire aux cieux !

Le seul autre verset de l’Apocalypse qui fait mention d’une grande foule se trouve au chapitre 19.1 : « Après cela, j’entendis dans le ciel comme une voix forte d’une foule nombreuse qui disait : Alléluia ! Le salut, la gloire, et la puissance sont à notre Dieu. »

Quelle que soit l’identité de cette grande foule, absolument rien dans la Bible ne permet de la considérer comme étant composée de personnes situées sur une terre devenue paradis.

Combien d’espérances et de troupeaux ?

Il est intéressant de noter que le Nouveau Testament insiste beaucoup sur l’unité. Tandis qu’il y avait eu au temps de l’ancienne alliance une distinction très nette entre les Juifs et les non-juifs, tel n’est plus le cas. « C’est pourquoi, vous autrefois païens dans la chair… vous étiez jadis éloignés, mais maintenant vous avez été rapprochés par le sang de Christ. Car il est notre paix, lui qui des deux n’en a fait qu’un, et qui a renversé le mur de séparation » (Éph. 2.11-14). « Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni libre, il n’y a plus ni homme ni femme ; car tous vous êtes un en Jésus-Christ » (Gal. 3.28). « J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cette bergerie ; celles-là, il faut que je les amène ; elles entendront ma voix, et il y aura un seul troupeau, un seul berger » (Jean 10.16). « Nous avons tous, en effet, été baptisés dans un seul Esprit, pour former un seul corps » (1 Cor. 12.13). Alors que ces passages célèbrent l’unité et la paix que Jésus-Christ a créées pour tous ceux qu’il sauve, la doctrine des Témoins de Jéhovah en ce qui concerne les 144 000 et la grande foule met en place une barrière infranchissable et divise en deux les serviteurs de Dieu. En Éphésiens 4, Paul encourage la paix parmi les fidèles à Éphèse en leur rappelant sept choses fondamentales qu’ils avaient en commun. « Vous efforçant de conserver l’unité de l’esprit par le lien de la paix. Il y a un seul corps et un seul Esprit, comme aussi vous avez été appelés à une seule espérance par votre vocation ; il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de tous, et parmi tous, et en tous » (Éphésiens 4.4-6). Remarquez que la doctrine des Témoins enlève certaines choses de cette liste. Les membres de la foule ne seraient pas dans le corps de Christ, ne seraient pas oints du même Esprit et n’auraient pas d’espérance d’être avec Christ dans les cieux comme les 144 000. Selon cette doctrine, les bases de l’unité chrétienne ne s’appliquent qu’au groupe privilégié. On doit se demander à quoi cela a servi de « renverser le mur de séparation » entre païen et Juif, et de déclarer que « Dieu ne fait pas d’acception de personnes, mais qu’en toute nation celui qui le craint et qui pratique la justice lui est agréable » (Actes 10.34,35), pour tout de suite après redresser un mur de séparation et refuser toute une liste d’avantages à un groupe qui craint Dieu et pratique la justice, avantages que l’on accorde librement à l’autre groupe.

À qui l’espérance du ciel est-elle offerte ?

Selon les publications des Témoins de Jéhovah, les 144 000 sont choisis parmi les disciples éprouvés de Christ, les chrétiens qui ont été fidèles au cours des années. Les fidèles serviteurs de Dieu qui ont vécu avant la naissance de Christ, tout comme les disciples de Jésus qui ne sont pas destinés à régner avec Christ dans les Cieux, feraient partie de la « grande foule ».

En Jean 17 Jésus a prié, d’abord pour lui-même, puis pour les apôtres qu’il allait bientôt quitter, et ensuite pour nous tous qui croyons en lui. Après avoir prié spécialement pour les apôtres, Jésus dit : « Ce n’est pas pour eux seulement que je prie, mais encore pour ceux qui croiront en moi par leur parole, afin que tous soient un… Père, je veux que là où je suis, ceux que tu m’as donnés soient aussi avec moi, afin qu’ils voient ma gloire, la gloire que tu m’as donnée, car tu m’as aimé avant la fondation du monde » (Jean 17.20,21,24). Jésus voulait que nous tous qui croyons en lui soient un et que nous soyons avec lui là où il serait, afin que nous puissions contempler sa gloire.

Selon l’Épître aux Hébreux, l’espérance d’une demeure aux cieux n’était pas seulement pour quelques-uns qui ont vécu depuis la venue du Christ. L’auteur dit que les patriarches de l’Ancien Testament – Abraham, Isaac, et Jacob – attendaient « la cité qui a de solides fondements, celle dont Dieu est l’architecte et le constructeur. » Ils reconnaissaient qu’ils étaient « étrangers et voyageurs sur la terre. Ceux qui parlent ainsi montrent qu’ils cherchent une patrie. S’ils avaient eu en vue celle d’où ils étaient sortis, ils auraient eu le temps d’y retourner. Mais maintenant ils en désirent une meilleure, c’est-à-dire une céleste. C’est pourquoi Dieu n’a pas honte d’être appelé leur Dieu, car il leur a préparé une cité » (Hébreux 11.10,13-16).

À maintes reprises Jésus et ses apôtres font appel à l’espérance céleste pour motiver leurs auditeurs et leurs lecteurs à penser et agir de certaines manières. Par exemple, le chrétien ne doit être ni avare ni matérialiste : ce n’est pas la peine de nous attacher aux biens de ce monde quand des richesses nous attendent aux cieux. Jésus dit : « Ne vous amassez pas des trésors sur la terre, où la teigne et la rouille détruisent, et où les voleurs percent et dérobent ; mais amassez-vous des trésors dans le ciel […] Car là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur » (Matt. 6.19-21). « Vendez ce que vous possédez, et donnez-le en aumônes. Faites-vous des bourses qui ne s’usent point, un trésor inépuisable dans les cieux » (Luc 12.33). L’auteur de l’Épître aux Hébreux rappelle à ses lecteurs la bonne attitude qu’ils avaient manifestée précédemment : « Vous avez accepté avec joie l’enlèvement de vos biens, sachant que vous avez des biens meilleurs et qui durent toujours » (Héb. 10.34). Si la plupart des chrétiens n’ont pas droit d’entrer dans le ciel et accéder aux trésors qui s’y trouvent, ou s’ils n’ont pas vraiment la possibilité d’y amasser des trésors, ces textes et bien d’autres ne leur offrent pas de motivation pour ne pas amasser les trésors sur terre ou ne pas s’affliger quand leurs biens sont arrachés.

C’est la citoyenneté céleste du chrétien qui l’aide à ne pas participer à la corruption morale de ce monde. Paul dit aux Philippiens : « Car il en est plusieurs qui marchent en ennemis de la croix de Christ, je vous en ai souvent parlé… Leur fin sera la perdition ; ils ont pour dieu leur ventre, ils mettent leur gloire dans ce qui fait leur honte, ils ne pensent qu’aux choses de la terre. Mais notre cité à nous est dans les cieux, d’où nous attendons aussi comme Sauveur le Seigneur Jésus-Christ » (Phil. 3.18-20). Qu’est-ce qui permet qu’on ne pense pas uniquement aux choses de la terre ? C’est le fait qu’on est citoyen des cieux. (Or, quel citoyen n’a pas droit d’entrer dans le pays dont il est citoyen ?) « Affectionnez-vous aux choses d’en haut, et non à celles qui sont sur la terre… Faites donc mourir les membres qui sont sur la terre, l’impudicité, l’impureté, les passions, les mauvais désirs, et la cupidité » (Colossiens 3.2,5).

Les membres de la « grande foule » n’auraient-ils pas droit de trouver dans une espérance céleste le courage de persévérer face à la persécution et aux diverses épreuves ? Car, c’est exactement la sorte d’encouragement qui est proposé du début à la fin du Nouveau Testament. Jésus dit en Matthieu 5.11,12 : « Heureux serez-vous, lorsqu’on vous outragera, qu’on vous persécutera et qu’on dira faussement de vous toute sorte de mal, à cause de moi. Réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse, parce que votre récompense sera grande dans les cieux ; car c’est ainsi qu’on a persécuté les prophètes qui ont été avant vous. » Pierre parle de la joie du chrétien qui est éprouvé : « C’est là ce qui fait votre joie, quoique maintenant, puisqu’il le faut, vous soyez attristés par diverses épreuves » (1 Pi. 1.6). Et qu’est-ce qui fait cette joie ? « Nous avons ainsi une espérance vivante et pouvons nous réjouir des biens que Dieu réserve aux siens. Ce sont des biens qui ne peuvent ni se gâter, ni se salir, ni perdre leur éclat. Dieu les réserve dans les cieux pour vous » (1 Pi. 1.3,4, FC).

Que deviendra la terre ?

Avant de regarder de plus près le texte en Apocalypse qui a été notre point de départ, il serait bien de considérer le sort de la terre. Les Témoins de Jéhovah enseignent qu’elle sera transformée en paradis et continuera d’être habitée. Ils citent souvent Ésaïe 45.18 qui dit : « Car ainsi parle l’Éternel, le créateur des cieux, le seul Dieu, qui a formé la terre, qui l’a faite et qui l’a affermie, qui l’a créée pour qu’elle ne fût pas déserte, qui l’a formé pour qu’elle fût habitée : Je suis l’Éternel, et il n’y en a point d’autre. » Certes, Dieu a créé la terre pour qu’elle soit habitée, mais ce verset ne dit rien concernant la durée de son existence. De la même manière, je pourrais dire que ma femme m’a cousu une chemise pour que je la porte et non pour que je la laisse au placard pour être gâtée par les mites. Mais le fait que je porte la chemise comme ma femme l’a voulu ne veut pas dire que cette chemise restera pour toujours. La Bible elle-même fait une comparaison entre la terre et un habit usé : « Toi, Seigneur, tu as au commencement fondé la terre, et les cieux sont l’ouvrage de tes mains ; ils périront, mais tu subsistes ; ils vieilliront tous comme un vêtement. Tu les rouleras comme un manteau et ils seront changés ; mais toi, tu restes le même et tes années ne finiront point » (Hébreux 1.10-12). Jésus, aussi, dit catégoriquement que « le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point » (Matt. 24.35). Ces passages, parlent-ils simplement, comme le prétendent certains, du système actuel des choses, de la société humaine et des structures politiques que nous connaissons ? Après tout, disent-ils, quand Dieu a « détruit » le monde par le déluge au temps de Noé, la planète est restée intacte tout en étant purifiée des hommes pécheurs et leurs œuvres. En fait, ce ne sont pas seulement les œuvres des hommes qui sont destinées à passer. Non, tout ce que nous voyons de nos yeux n’est que passager. Voilà pourquoi l’espérance d’une demeure céleste nous est si précieuse. « Car nos légères afflictions du moment présent produisent pour nous, au-delà de toute mesure, un poids éternel de gloire, parce que nous regardons, non point aux choses visibles, mais à celles qui sont invisibles ; car les choses visibles sont passagères, et les invisibles sont éternelles. Nous savons, en effet, que, si cette tente où nous habitons [notre corps physique] est détruite, nous avons dans le ciel un édifice qui est l’ouvrage de Dieu, une demeure éternelle qui n’a pas été faite de main d’homme. Aussi nous gémissons dans cette tente, désirant revêtir notre domicile céleste » (2 Cor. 4.17–5.2). Ainsi, c’est la terre, et non seulement les œuvres qu’elle renferme, qui sera détruite : « Le jour du Seigneur viendra comme un voleur ; en ce jour, les cieux passeront avec fracas, les éléments embrasés se dissoudront, et la terre avec les œuvres qu’elle renferme sera consumée » (2 Pierre 3.10).

Une autre explication des textes en Apocalypse

Il est bien de pouvoir reconnaître qu’une interprétation d’un passage biblique est fausse parce qu’elle ne peut pas se concilier avec d’autres enseignements clairs de la Bible. Mais il faut essayer aussi de déterminer le vrai sens du texte. C’est ce que nous voulons faire à l’égard d’Apocalypse 7, qui parle des 144 000 et de la grande foule. De quoi parle au juste ce passage ?

Il est particulièrement important, avant d’aborder un texte dans l’Apocalypse, de tenir compte du contexte du livre entier, et notamment du contexte historique dans lequel l’apôtre Jean l’a écrit.

Le vaste Empire romain qui dominait le monde au temps du Nouveau Testament avait établi le culte des empereurs. Chaque empereur fut déclaré dieu lors de sa mort. On considérait qu’une révolte serait moins probable parmi des gens qui adoraient les chefs de l’empire. On prenait ce culte très au sérieux vers la fin du 1er siècle, et cela fut la cause d’une grande persécution contre l’Église. Brûler un peu d’encens sur l’autel dans le temple de l’empereur et dire qu’il était « Seigneur et Dieu » était vu comme une preuve de loyauté. Refuser de le faire marquait une personne comme irréligieuse et traîtresse. Cette politique rendit inévitable le conflit entre l’Église et l’empire. Pour les chrétiens, Jésus était le seul Seigneur (1 Cor. 8.5,6, Éphésiens 4.4,5 et Actes 4.19).

Les chrétiens devinrent l’objet de la haine, des boycottes économiques, et de la persécution jusqu’à la mort. Les empereurs se sont donné l’objectif de faire disparaître de la terre le nom de chrétien. L’Apocalypse fut écrit aux chrétiens dans cette crise, afin de les exhorter à la patience et les consoler dans leurs souffrances. Il sert également à avertir les ennemis de l’Église de leur destruction. Le livre se rapporte donc surtout au conflit que vivaient ses premiers destinataires.

Dans les versets qui précèdent la mention des 144 000, l’apôtre Jean voit dans sa vision quatre anges qui retiennent les quatre vents de la terre (est, ouest, sud, nord). Dans les livres prophétiques, le vent représente souvent les jugements de Dieu contre une nation méchante (voir par exemple, Jér. 23.19; 49.36; 51.1,2). Ces jugements sont prêts à s’abattre sur les hommes, mais doivent attendre que les serviteurs de Dieu soient marqués. Cette scène suit la même idée qu’une vision donnée au prophète Ézéchiel. Dieu allait punir Jérusalem pour son péché. Mais avant que les destructeurs ne s’élancent, l’ordre fut donné de faire une marque sur le front de tous ceux « qui soupirent et qui gémissent à cause de toutes les horreurs qui s’y commettent. » Le prophète a vu ensuite les destructeurs frapper tous ceux dans la ville qui n’avaient pas une telle marque (Ézéchiel 9.1-7).

En Apocalypse 7, l’ange a ordonné que la destruction de Rome soit retardée jusqu’à ce que les innocents soient marqués. La raison pour cela est la même que dans la vision d’Ézéchiel : Dieu voulait épargner ses serviteurs de la condamnation des pécheurs.

Cette marque ou ce sceau n’est pas un signe physique mis littéralement ou visiblement sur chaque vrai croyant. Notez que les serviteurs de Satan aussi reçoivent une marque (13.16,17; 14.9; 16.2). L’image signifie simplement que les deux chefs dans la grande lutte entre le bien et le mal connaissent leurs serviteurs. Le sceau de Dieu montre que celui qui le porte appartient à Dieu et qu’il est sous la protection de Dieu. Il peut toujours souffrir physiquement dans ce monde et même subir le martyre, mais la mort ne peut lui faire aucun vrai mal ni lui faire perdre sa récompense céleste.

Le nombre de ceux qui reçoivent la marque est de 144 000. Il est composé de 12 000 personnes de chacune des 12 tribus d’Israël. Qui sont ces personnes ?

Faut-il les identifier aux Israélites selon la chair, les Juifs ? Cela est douteux en vue du fait que Jean a déjà deux fois (2.9 et 3.9) refusé le titre de Juifs à des Israélites selon la chair qui, par leur incrédulité, ont perdu leur statut de peuple de Dieu. En plus de cela, le fait que deux tribus (Dan et Éphraïm) ne sont pas mentionnées indique qu’il ne s’agit pas ici des douze tribus littérales de l’Ancien Testament. (Ces deux tribus sont omises peut-être à cause de leur association avec l’apostasie dans l’histoire d’Israël – Juges 18 pour Dan, et la position dominante d’Éphraïm dans le royaume idolâtre d’Israël du Nord.) L’interprétation la plus raisonnable semble être que les 144 000 sont tous ces croyants – juifs et gentils – qui resteraient fidèles face aux persécutions. Il s’agit de l’Israël spirituel, composé de chrétiens de toutes les nations.

Le nombre 144 000 est évidemment symbolique et exprime non pas une limitation, mais le caractère complet de ce qui est compté. Ce nombre est formé à partir du chiffre 12, élevé au carré et multiplié par 1000 : 12 × 12 × 1000 = 144 000. Le chiffre 12 est souvent associé au peuple de Dieu (12 tribus, 12 apôtres, 12 fondements pour la cité céleste – Apoc. 21.14, etc.). Au temps du Nouveau Testament, l’expression « les 12 tribus d’Israël » indiquait la totalité de la communauté juive. Tout chiffre mis au carré garde la même signification avec une intensité plus forte : milliers de milliers, myriades de myriades. Mille est un nombre qui donne l’idée de plénitude. Le nombre 144 000 est simplement une manière de désigner la totalité de l’Église fidèle sur la terre. Au lieu d’exclure beaucoup de chrétiens des bénédictions, comme certains le disent, ce chiffre de plénitude nous assure qu’aucun ne sera oublié.

Ensuite Jean voit une grande foule qui se trouve, non pas sur la terre, comme les 144 000, mais au ciel, « devant le trône ». Les 144 000 sont toujours au milieu des souffrances, mais la grande foule est composée de ceux qui ont déjà vaincu – ils portent les robes blanches des vainqueurs et portent des palmes, signe de joie et d’adoration (Lév. 23.40, Matt. 21.8,9). Le fait qu’ils soient de toute nation, de toute tribu, de tout peuple, et de toute langue, les identifie à ceux qui ont été rachetés par le sang de l’agneau (Apoc 5.9). La foule se réjouit et reconnaît que son salut est dû à la grâce de Dieu, et non pas à son propre mérite.

L’un des vieillards demande à Jean d’où sont venus ceux qui composent la foule. Ce n’est pas pour s’informer, puisque lui-même va donner la réponse. C’est plutôt une manière de nous donner ce renseignement. Ce sont ceux qui sont sortis fidèles et donc victorieux de la tribulation, une multitude purifiée par le sang de Jésus. Dans la présence de Dieu lui-même, tous leurs désirs sont satisfaits. Et Dieu essuie toute larme de leurs yeux. Les souffrances sont oubliées.

En voyant les 144 000, Jean contemple des chrétiens qui devaient bientôt passer par une épreuve, mais sur qui Dieu veillait. En voyant la grande foule, Jean contemple des chrétiens qui sont déjà passés par l’épreuve et qui se trouvent maintenant dans les cieux. Les deux groupes représentent l’Église, mais la perspective a changé. Le premier groupe est l’Église sur terre, le deuxième est l’Église triomphante dans les cieux.

Voilà de quoi encourager tous les chrétiens qui doivent passer par des temps difficiles !

(avec des remerciements à Max DAUNER, auteur de Commentaire sur l’Apocalypse de Jean)

B. B.
(Dans Vol. 11, No. 5)