Reconnaître les faux docteurs

Un désir pour l’unité religieuse est naturel et louable, et les murs sectaires semblent s’écrouler de nos jours, au moins parmi ceux qui croient en Jésus. D’un côté, c’est une bonne chose, mais de l’autre, il est possible que beaucoup minimisent les distinctions doctrinales entre les communautés parce qu’ils ont décidé que la vérité d’un enseignement n’importe pas, pourvu que l’on soit sincère. Mais la Bible nous dit que la fausse doctrine est dangereuse et qu’il faut être vigilant.

Des avertissements dans la Bible

Le Seigneur Jésus dit de ne pas croire tous ceux qui emploient son nom :

« Prenez garde que personne ne vous séduise. Car plusieurs viendront sous mon nom, disant : C’est moi qui suis le Christ. Et ils séduiront beaucoup de gens. […] Si quelqu’un vous dit alors : Le Christ est ici, ou : Il est là, ne le croyez pas. Car il s’élèvera de faux Christs et de faux prophètes. » (Matthieu 24.4,5,23,24)

L’apôtre Pierre donne cet avertissement :

« Il y a eu parmi le peuple de faux prophètes, et il y aura de même parmi vous de faux docteurs, qui introduiront des hérésies qui mènent à la perdition, et qui, reniant le maître qui les a rachetés, attireront sur eux une perdition soudaine. Plusieurs les suivront dans leur immoralité, et la voie de la vérité sera calomniée à cause d’eux. Par cupidité [amour de l’argent], ils vous exploiteront au moyen de paroles trompeuses. » (2 Pierre 2.1-3)

L’apôtre Paul, pour sa part, sonne l’alarme concernant d’autres personnes dont il faudrait se méfier :

« Mais l’Esprit dit expressément que, dans les derniers temps, quelques-uns abandonneront la foi, pour s’attacher à des esprits séducteurs et à des doctrines de démons, par l’hypocrisie de faux docteurs portant la marque du fer rouge dans leur propre conscience. » (1 Timothée 4.1,2)

En fait, le Nouveau Testament contient de très nombreux passages qui nous mettent en garde contre le risque représenté par ceux qui enseignent le mensonge et l’erreur. Même des enseignements qui peuvent nous paraître assez inoffensifs, quoiqu’erronés, peuvent être des « doctrines de démons ».

Les conséquences sont très graves pour ceux qui propagent l’erreur comme pour ceux qui sont séduits. Nous voyons ce principe déjà dans l’Ancien Testament, lorsque le prophète Jérémie annonçait un grand jugement de la part de l’Éternel sur son peuple rebelle et idolâtre. Jérémie dit que le peuple ne se repentait pas, parce que les faux prophètes promettaient que le malheur ne viendrait pas. Mais Dieu répondit :

« C’est le mensonge que prophétisent en mon nom les prophètes ; je ne les ai point envoyés, je ne leur ai point donné d’ordre, je ne leur ai point parlé ; ce sont des visions mensongères, de vaines prédictions, des tromperies de leur cœur, qu’ils vous prophétisent. C’est pourquoi ainsi parle l’Éternel sur les prophètes qui prophétisent en mon nom, sans que je les aie envoyés, et qui disent : Il n’y aura dans ce pays ni épée ni famine : Ces prophètes périront par l’épée et par la famine. Et ceux à qui ils prophétisent seront étendus dans les rues de Jérusalem, par la famine et par l’épée. » (Jér. 14.14-16)

Jésus confirma ce principe en Matthieu 15.14 lorsqu’il dit concernant des conducteurs religieux de son temps : « Ce sont des aveugles qui conduisent des aveugles ; si un aveugle conduit un aveugle, ils tomberont tous deux dans une fosse. »

Pourquoi on ne reconnaît pas la fausse doctrine

Puisque Dieu est juste, il ne nous condamnera pas pour ce qui n’est pas de notre faute ou ce qu’on n’aura pas pu éviter. Compte tenu de ce que nous avons vu concernant les conséquences de l’erreur, il faut donc reconnaître que ceux qui acceptent les fausses doctrines ont leur part de faute. Ils pourraient éviter d’être séduits, et rien ne les oblige à suivre aveuglément les faux docteurs.

Pourquoi, alors, beaucoup de gens ne reconnaissent-ils pas l’erreur doctrinale ? Pourquoi acceptent-ils si facilement la fausse doctrine ?

Très souvent, c’est la disposition de cœur des auditeurs qui est le problème. Il y a des points dans la Bible qui sont difficiles à comprendre (2 Pierre 3.15,16), mais en général, les gens ne tombent pas dans l’erreur par défaut d’intelligence. Ils ont besoin d’examiner non seulement le message qu’ils écoutent et le comparer aux Écritures, mais aussi leur cœur en se demandant ce qui les motive. Jésus dit en Jean 7.16,17 : « Ma doctrine n’est pas de moi, mais de celui qui m’a envoyé. Si quelqu’un veut faire sa volonté, il saura si ma doctrine est de Dieu ou si je parle de ma propre autorité. »

Trop de personnes ne cherchent ni à faire la volonté de Dieu ni à savoir ce qui est vrai. Paul prédit en 2 Timothée 4.3,4 :

« Car il viendra un temps où les hommes ne supporteront pas la saine doctrine ; mais, ayant la démangeaison d’entendre des choses agréables, ils se donneront une foule de docteurs selon leurs propres désirs, détourneront l’oreille de la vérité et se tourneront vers les fables. »

Des auditeurs de ce type ne veulent pas de prédication qui condamne leurs péchés et les appelle à la repentance, qui recommande de s’abstenir de certains plaisirs du monde ou qui relève l’erreur des traditions religieuses auxquelles ils s’attachent.

Paul suggère un problème similaire chez ceux qui recherchent les miracles plus que la vérité. En parlant d’un certain « impie » qui allait égarer beaucoup de gens, Paul dit :

« L’apparition de cet impie se fera par la puissance de Satan, avec toutes sortes de miracles, de signes et de prodiges mensongers, et avec toutes les séductions de l’iniquité pour ceux qui périssent parce qu’ils n’ont pas reçu l’amour de la vérité pour être sauvés. » (2 Thessaloniciens 2.9,10)

Bien que la puissance de Satan soit un facteur dans l’activité de ce faux docteur, il n’aurait sûrement pas l’air malveillant ou diabolique. Ceux qui se fient aux apparences sont facilement séduits par de tels imposteurs.

« Ces hommes-là sont de faux apôtres, des ouvriers trompeurs, déguisés en apôtres de Christ. Et cela n’est pas étonnant, puisque Satan lui-même se déguise en ange de lumière. Il n’est donc pas étrange que ses ministres aussi se déguisent en ministres de justice. Leur fin sera selon leurs œuvres. » (2 Corinthiens 11.13-15)

Parfois, il n’est pas question d’apparences trompeuses : il y a bien des gens qui propagent l’erreur doctrinale qui sont complètement sincères, et cette sincérité fait qu’ils sont plus convaincants (et donc plus dangereux). Mais la sincérité ne change pas l’erreur en vérité. Paul parle de Juifs qui étaient réellement dévoués envers Dieu, mais ils étaient perdus parce qu’ils rejetaient l’Évangile.

« Frères, le vœu de mon cœur et ma prière à Dieu pour eux, c’est qu’ils soient sauvés. Je leur rends le témoignage qu’ils ont du zèle pour Dieu, mais sans intelligence : ne connaissant pas la justice de Dieu et cherchant à établir leur propre justice, ils ne se sont pas soumis à la justice de Dieu. » (Romains 10.1-3).

Pour certains, peut-être comme ces Juifs, la loyauté à la foi de leurs ancêtres ou du groupe social auquel ils appartiennent leur fait perdre toute objectivité. Il est vrai que la Bible nous recommande d’apprécier et de respecter nos conducteurs (1 Thessaloniciens 5.12,13), mais il faut admettre qu’ils ne sont pas infaillibles, et la fausse doctrine peut être propagée même par des prédicateurs ou des anciens qui ont été fidèles dans le passé. C’était aux anciens de l’Église d’Éphèse que Paul adressa cet avertissement :

« Je sais qu’il s’introduira parmi vous, après mon départ, des loups cruels qui n’épargneront pas le troupeau, et qu’il s’élèvera du milieu de vous des hommes qui enseigneront des choses perverses, pour entraîner les disciples après eux. » (Actes 20.29,30)

Pour d’autres, au lieu d’employer l’intelligence que Dieu leur a donnée, ils s’appuient uniquement sur les émotions pour déterminer ce qui est vrai, sans jamais se dire que le mensonge que l’on croit peut produire des émotions aussi fortes que la vérité. Ces émotions ne permettent donc pas d’évaluer une doctrine. (Rappelez-vous l’histoire de Jacob qui pleura son fils Joseph pendant des années, parce qu’il avait cru, à tort, que ce dernier était mort. Sa douleur n’aurait pas été plus intense si Joseph était réellement mort.)

La nécessité de contrôler au moyen des Écritures

Un autre problème qui fait qu’on ne reconnaît pas les faux docteurs est la paresse. Beaucoup ne veulent pas faire l’effort d’étudier soigneusement les Écritures afin d’évaluer correctement les messages qu’ils entendent. Ils ont besoin de suivre l’exemple des Béréens qui écoutaient la prédication de Paul et Silas.

« Ces Juifs avaient des sentiments plus nobles que ceux de Thessalonique ; ils reçurent la parole avec beaucoup d’empressement, et ils examinaient chaque jour les Écritures, pour voir si ce qu’on leur disait était exact. » (Actes 17.11)

Trop de croyants, dans leur respect profond pour Dieu, estiment que du moment qu’une personne prétend parler au nom du Seigneur, il ne faut pas contester ce qu’elle dit. Mais en réalité, on a le droit d’éprouver ceux qui prétendent être des prophètes de Dieu ou des apôtres : « Bien-aimés, ne vous fiez pas à tout esprit ; mais éprouvez les esprits pour savoir s’ils sont de Dieu, car plusieurs faux prophètes sont venus dans le monde » (1 Jean 4.1). « Tu as éprouvé ceux qui se disent apôtres et qui ne le sont pas, et que tu les as trouvés menteurs » (Apocalypse 2.2). Le même principe s’applique aux enseignants qui ne prétendent pas être inspirés – on a besoin de les éprouver pour savoir si leurs paroles s’accordent avec celles de la Bible.

Pour ce faire, il est important de respecter certains principes très simples. Il faut :

  • Respecter la distinction entre l’ancienne alliance, qui n’est plus en vigueur, et le Nouveau Testament, sous lequel nous vivons (Hébreux 8.6-13).
  • Vérifier ce qui entoure un verset pour ne pas sortir les phrases de leur contexte.
  • Ne pas aller au-delà de ce qui est écrit ou imposer au texte des idées qui ne s’y trouvent pas (1 Corinthiens 4.6; 2 Jean 9,10).
  • Demander toujours par quelle autorité une idée ou pratique est recommandée (Marc 11.27-33; Colossiens 3.17).

Comment agir envers ceux qui sont dans l’erreur doctrinale

Supposons donc que vous êtes en face de quelqu’un qui répand une doctrine qui n’est pas conforme à l’enseignement du Nouveau Testament. Que devez-vous faire ?

Disons d’abord qu’il est toujours mieux de supposer que la personne est sincère. Dieu seul connaît le cœur de chacun. Jusqu’à preuve du contraire, nous pouvons nous dire que « le faux docteur » n’a pas l’intention d’égarer les autres. Il serait lui-même égaré sans le savoir. Nous voulons donc essayer humblement de lui montrer son erreur. Apollos enseignait aux autres, mais il ne connaissait pas la vérité au sujet du baptême. Aquilas et Priscille « le prirent avec eux, et lui exposèrent plus exactement la voie de Dieu » (Actes 18.26). C’était une démonstration d’amour de leur part qui était dans l’intérêt d’Apollos et de tous ceux que ce dernier enseignerait par la suite.

Si vous êtes l’un des conducteurs de l’Église, tel qu’un ancien ou un évangéliste, vous avez le devoir de protéger le troupeau. Paul dit à Tite :

« Il y a beaucoup de gens rebelles, de vains discoureurs et de séducteurs, auxquels il faut fermer la bouche. Ils bouleversent des familles entières, enseignant pour un gain honteux ce qu’on ne doit pas enseigner. » (Tite 1.10,11)

De quelle manière fallait-il leur fermer la bouche ? En les réfutant. En démontrant à tous, au moyen des Écritures, que leurs enseignements étaient faux. Ils seraient obligés de se taire quand tout le monde verrait qu’ils propagent l’erreur. Ainsi, nous constatons que l’une des qualifications pour être un ancien est qu’il faut être « attaché à la vraie parole telle qu’elle a été enseignée, afin d’être capable d’exhorter selon la saine doctrine et de réfuter les contradicteurs » (Tite 1.9).

Certes, en parlant de l’importance de réfuter l’erreur, nous ne voulons pas minimiser la nécessité de refuser la parole dans l’Église à ceux qui enseignent ce qui est contraire à l’enseignement de la Bible. Quand on autorise de telles personnes à prêcher dans l’assemblée, non seulement on peut donner l’impression de cautionner leurs enseignements, mais on leur donne l’occasion de persuader ceux qui sont moins affermis dans la Parole. Pour ce qui est d’un prédicateur qui soit de passage, on veut bien être hospitalier, mais il faut s’assurer qu’il apporte la saine doctrine avant de l’inviter à prêcher dans l’assemblée.

L’évangéliste, aussi bien que les anciens, a le devoir de sonner l’alarme quand quelqu’un enseigne ce qui n’est pas biblique. Après avoir parlé en 1 Timothée 4.1-5 des faux docteurs et de certaines de leurs fausses doctrines, l’apôtre Paul donne à Timothée ce conseil : « En exposant ces choses aux frères, tu seras un bon ministre de Jésus-Christ, nourri des paroles de la foi et de la bonne doctrine que tu as exactement suivie » (1 Timothée 4.6). Un prédicateur qui expose et réfute les fausses doctrines et les pratiques non bibliques n’est pas un fauteur de troubles ou quelqu’un qui sème la division ; c’est plutôt « un bon ministre de Jésus-Christ ».

Ayant dit cela, ajoutons encore qu’il faut toujours garder une attitude appropriée. On n’éprouve pas de plaisir à dénoncer le faux docteur. On n’a pas de haine pour lui. Plutôt, on « doit redresser avec douceur les adversaires, dans l’espérance que Dieu leur donnera la repentance pour arriver à la connaissance de la vérité et que, revenus à leur bon sens, ils se dégageront des pièges du diable, qui s’est emparé d’eux pour les soumettre à sa volonté » (2 Timothée 2.25,26).

Le devoir de mettre un terme à l’activité des faux docteurs dans l’Église ne s’arrête pas au niveau de l’évangéliste (ou des anciens, si l’assemblée a le bonheur d’en avoir). Paul donna l’instruction suivante à l’Église entière de Rome :

« Je vous exhorte, frères, à prendre garde à ceux qui causent des divisions et des scandales, au préjudice de l’enseignement que vous avez reçu. Éloignez-vous d’eux, car de tels hommes ne servent point Christ notre Seigneur, mais leur propre ventre ; et, par des paroles douces et flatteuses, ils séduisent les cœurs des simples. » (Romains 16.17,18)

Si, après les efforts de corriger l’erreur de celui qui répand la fausse doctrine, la personne persiste dans son erreur et, au lieu de se taire, sème de la division ou continue de détourner les autres de la saine doctrine, il faut que l’Église s’éloigne d’elle. Tout comme l’immoralité, la fausse doctrine, quand on ne s’en repent pas, constitue une raison pour exercer la discipline dans l’Église. L’apôtre Jean écrit :

« Prenez garde à vous-mêmes, afin que vous ne perdiez pas le fruit de votre travail, mais que vous receviez une pleine récompense. Quiconque va plus loin et ne demeure pas dans la doctrine de Christ n’a point Dieu ; celui qui demeure dans cette doctrine a le Père et le Fils. Si quelqu’un vient à vous et n’apporte pas cette doctrine, ne le recevez pas dans votre maison, et ne lui dites pas : Salut ! car celui qui lui dit : Salut ! participe à ses mauvaises œuvres. » (2 Jean 8-11)

Si de telles paroles nous paraissent exagérées, il est probable que nous sous-estimions la gravité aux yeux de Dieu de l’erreur doctrinale. Quand on s’égare de la vérité de sa Parole, du modèle qu’il nous a fourni pour son Église et des commandements de l’Évangile, quand on dispense des doctrines d’origine humaine à la place de l’enseignement de la Bible, des âmes sont mises en danger. Écoutons donc les appels passionnés des Écritures : « Que personne ne vous trompe par des discours séduisants. […] Prenez garde que personne ne fasse de vous sa proie par la philosophie et par une vaine tromperie, s’appuyant sur la tradition des hommes. […] Qu’aucun homme […] ne vous ravisse à son gré le prix de la course » (Colossiens 2.4,8,18). Jésus dit : « La vérité vous rendra libres » (Jean 8.32).

B. B.
(dans Vol. 20, No. 4)

L’apostasie

Parmi les premières épîtres du Nouveau Testament à être écrites sont les deux épîtres de Paul aux Thessaloniciens. Un problème dans l’Église de la ville de Thessalonique dont il est question dans ces épîtres est que de fausses doctrines se répandaient au sujet du retour de Jésus-Christ. Dans la première épître Paul rassure les disciples que leurs frères chrétiens qui étaient déjà décédés seraient ressuscités à la venue de Jésus et enlevés avec les sauvés pour être à jamais avec le Seigneur au ciel (1 Thessaloniciens 4.13-18). Dans sa deuxième lettre, Paul dément la fausse idée que le jour du Seigneur était déjà venu sans que beaucoup d’hommes le sachent. En 2 Thessaloniciens 2, un chapitre qui contient quelques points difficiles à interpréter avec certitude, Paul dit à ces chrétiens du milieu du premier siècle que ce jour n’arriverait pas avant que ne se produise un événement appelé « l’apostasie » (1 Th. 2.1-3).

Qu’est-ce que l’apostasie ?

Très simplement, le mot « apostasie » signifie l’abandon d’une religion. Bibliquement, il s’agit, bien sûr, de se détourner de la vraie religion, celle qui est révélée dans les Écritures. Un individu peut « apostasier » en faisant retour à une vie mondaine et pécheresse. Un individu, ou même une Église, peut apostasier également en se détournant de la vraie doctrine pour enseigner des faussetés et suivre des pratiques qui sont contraires à l’enseignement de la Bible. Il semble que l’apostasie dont Paul parle aux Thessaloniciens devait être à grande échelle.

L’apostasie prédite

Plusieurs autres passages parlent d’une apostasie, sans employer le mot. En Actes 20.29,30 Paul avertit ainsi les anciens de l’Église d’Éphèse : « Je sais qu’il s’introduira parmi vous, après mon départ, des loups cruels qui n’épargneront pas le troupeau, et qu’il s’élèvera du milieu de vous des hommes qui enseigneront des choses pernicieuses, pour entraîner les disciples après eux. » L’apôtre Pierre, également, prédit l’activité de faux docteurs parmi les chrétiens et la création de sectes pernicieuses (dangereuses ou nuisibles) : « Il y a eu parmi le peuple de faux prophètes, et il y aura de même parmi vous de faux docteurs, qui introduiront des sectes pernicieuses, et qui, reniant le maître qui les a rachetés, attireront sur eux une ruine soudaine. Plusieurs les suivront dans leurs dissolutions, et la voie de la vérité sera calomniée à cause d’eux. Par cupidité, ils trafiqueront de vous au moyen de paroles trompeuses » (2 Pierre 2.1-3).

En 1 Timothée 4.1-3 nous avons encore cette prophétie : « Mais l’Esprit dit expressément que, dans les derniers temps, quelques-uns abandonneront la foi, pour s’attacher à des esprits séducteurs et à des doctrines de démons, par l’hypocrisie de faux docteurs portant la marque de la flétrissure dans leur propre conscience, prescrivant de ne pas se marier et de s’abstenir d’aliments que Dieu a créés pour qu’ils soient pris avec actions de grâces par ceux qui sont fidèles et qui ont connu la vérité. »

Les derniers temps ?

L’expression « dans les derniers temps » qui paraît en 1 Timothée 4 et d’autres passages mène beaucoup de personnes à conclure que l’Esprit parle de quelque chose qui ne devait pas concerner le christianisme pendant la plupart de son histoire, mais seulement pour les dernières quelques années avant la fin du monde. En voyant la multiplicité de dénominations modernes, elles s’exclament : « Jésus va sûrement revenir très bientôt, puisque la Bible a dit qu’il y aurait beaucoup d’Églises à la fin du monde. »

Je ne soutiens pas ici que Jésus NE revient PAS bientôt – Dieu seul sait combien de temps reste jusqu’à la fin de toutes choses. Mais l’avertissement contre l’apostasie et les sectes ne concerne pas uniquement la période juste avant l’avènement du Seigneur pour le jugement. On ne peut pas supposer que toute Église sur la scène religieuse depuis un certain nombre d’années est admissible, et que c’est uniquement de celles qui sont créées de nos jours qu’il faut se méfier.

En effet, l’expression « les derniers jours » (ou « les derniers temps ») est employée dans la Bible pour parler de toute l’ère chrétienne. Par exemple, le jour de la Pentecôte l’apôtre Pierre voulait expliquer le phénomène du parler en langues comme une manifestation du Saint-Esprit qui avait été promis. Il cite une prophétie du livre de Joël qui dit : « Dans les derniers jours, dit Dieu, je répandrai de mon Esprit sur toute chair ; vos fils et vos filles prophétiseront… » Et en parlant de ce que les hommes voyaient ce jour de la Pentecôte, Pierre dit : « C’est ici ce qui a été dit par le prophète Joël » (Actes 2.16,17). Selon ce passage, Pierre et ses auditeurs se trouvaient déjà, il y a 2.000 ans, aux derniers jours !

Hébreux 1.1,2 dit : « Après avoir autrefois, à plusieurs reprises et de plusieurs manières, parlé à nos pères par les prophètes, Dieu, dans ces derniers temps, nous a parlé par le Fils… » La version Segond révisée (dite Colombe) le rend encore plus clair : « Dans ces temps qui sont les derniers ». D’autres passages qui identifient le premier siècle comme faisant déjà partie des derniers jours ou derniers temps sont : Jacques 5.3; 1 Pierre 1.20; 1 Jean 2.18; Jude 17-19. Depuis le premier jour de la Pentecôte après la mort du Christ, donc, jour où l’Évangile fut prêché pour la première fois, nous sommes aux derniers temps, la dernière ère qui existera avant la fin du monde. Les avertissements au sujet d’une apostasie dans les derniers temps ne se référaient donc pas spécialement au vingtième ou vingt et unième siècle.

L’apostasie combattue au temps des apôtres

C’est ainsi que nous voyons déjà au premier siècle une lutte menée par les apôtres et d’autres hommes fidèles contre la tendance de se détourner de la vérité ou de déformer l’Église. Paul écrivit aux chrétiens galates pour les ramener dans la voie dont ils s’égaraient déjà : « Je m’étonne que vous vous détourniez si promptement de celui qui vous a appelés par la grâce de Dieu pour passer à un autre Évangile. Non pas qu’il y ait un autre Évangile, mais il y a des gens qui vous troublent et qu’ils veulent renverser l’Évangile de Christ »(Galates 1.6,7). Aux Corinthiens il dit : « Or, si l’on prêche que Christ est ressuscité des morts, comment quelques-uns parmi vous disent-ils qu’il n’y a point de résurrection des morts ? S’il n’y a point de résurrection des morts, Christ non plus n’est pas ressuscité. Et si Christ n’est pas ressuscité, notre prédication est donc vaine, et votre foi aussi est vaine » (1 Corinthiens 15.12-14). À Timothée Paul écrivit ceci : « Je te rappelle l’exhortation que je te fis, à mon départ pour la Macédoine, lorsque je t’engageai à rester à Éphèse, afin de recommander à certaines personnes de ne pas enseigner d’autres doctrines » (1 Timothée 1.3). En fait, le Nouveau Testament est rempli de traces d’une lutte contre l’apostasie en forme de diverses fausses doctrines, lutte qui avait déjà commencé.

La nature progressive de l’apostasie

L’abandon de la vérité se produit rarement d’un seul coup. Le plus souvent l’éloignement de la vérité biblique se fait petit à petit, parfois si graduellement que l’on ne s’en aperçoit pas.

Prenons deux exemples d’éloignement de la simplicité et la pureté de l’Église et de son enseignement tels qu’ils sont présentés dans la Bible.

L’organisation de l’Église

Dans le Nouveau Testament, nous trouvons que chaque assemblée locale était dirigée par son propre groupe d’anciens ou évêques, établis selon des critères enseignés par les apôtres (1 Timothée 3.1-7; Tite 1.5-9; Actes 14.23; 20.17,28; 1 Pierre 5.1-4; Philippiens 1.1). Aucune distinction n’était faite entre l’autorité d’un ancien et d’un autre. Les mots « ancien » et « évêque » étaient employés interchangeablement.

Selon l’histoire, une évolution en ce qui concerne l’organisation de l’Église a commencé graduellement au deuxième siècle. Au lieu d’avoir des anciens qui étaient tous égaux, des Églises élevaient un de leurs anciens au-dessus des autres et lui réservaient le titre d’évêque. Par la suite l’autorité de ces « évêques » qui se trouvaient dans les grandes villes s’étendit petit à petit sur les assemblées dans les petites villes et les villages aux alentours. Vers la fin du quatrième siècle, on distinguait les évêques de cinq villes importantes (Jérusalem, Antioche, Alexandrie, Constantinople, et Rome) comme « Patriarches » établis sur les différentes régions du monde. Mais il a fallu encore plus de deux cents ans jusqu’à ce que l’évêque de Rome parvienne, au début du septième siècle, à se faire reconnaître dans une grande partie du monde comme « évêque universel », ou « Pape », chef sur toute l’Église. Les hommes ont ainsi abandonné l’autonomie des Églises locales sous la conduite de leurs propres anciens pour créer une hiérarchie mondiale d’origine humaine. L’égarement ne s’est pas arrêté là, pourtant. Les honneurs et les droits attribués au Pape se sont accumulés au cours du temps jusqu’à ce qu’en 1870 la doctrine de l’infaillibilité fut adoptée comme dogme, c’est à dire, une croyance officielle de l’Église Catholique. Selon cette doctrine, il est impossible que le Pape soit en erreur en matière de doctrine quand il parle officiellement pour l’Église. Il ne peut pas se tromper !

Le rôle de Marie, la mère de Jésus

Une grande transformation a eu lieu également en ce qui concerne les attitudes envers Marie. Dans le Nouveau Testament, elle est représentée comme la femme pieuse que Dieu choisit pour mettre au monde Jésus le Sauveur. Elle avait sûrement sa place parmi les hommes et femmes de foi qui servaient d’exemple à suivre pour les chrétiens. Elle est mentionnée par nom pour la dernière fois dans la Bible, pourtant, en Actes 1.14 où il est simplement dit qu’elle était parmi les disciples à Jérusalem entre l’ascension de Jésus et le Jour de la Pentecôte. Rien dans le Nouveau Testament ne lui attribue un rôle quelconque dans la vie quotidienne du chrétien. Aucun passage dans les épîtres ne l’honore ni ne recommande de lui adresser des prières.

Mais à cet égard aussi on constate un éloignement de plus en plus prononcé par rapport à ce que la Parole de Dieu enseigne. À la fin du deuxième siècle, on rencontre pour la première fois l’idée que Marie est restée vierge même après la naissance de Jésus, bien que cette idée soit vivement contestée au départ. Au début du cinquième siècle, certains ont avancé l’idée que Marie n’avait jamais commis du péché. En 431 un concile tenu à Éphèse lui donna le titre « Mère de Dieu ». Aussi pendant le cinquième siècle commença-t-on à l’invoquer comme un intercesseur, une médiatrice. L’exaltation de Marie continua, et continue jusqu’à ce jour. En 1854 l’Église Catholique accepta officiellement la doctrine de la conception immaculée, qui enseigne que Marie fut née exempte de la souillure du péché originel. (On pourrait dire, en passant, que même l’idée d’une souillure du péché originel héritée de nos premiers parents fait partie des fausses doctrines de l’apostasie.) En 1950 l’Église Catholique affirma solennellement que Marie fut enlevée miraculeusement au ciel sans passer par la mort (l’assomption).

De nombreuses doctrines non bibliques, acceptées non seulement par les catholiques, mais aussi par beaucoup de protestants, pourraient illustrer ce principe : l’apostasie est un processus qui se déroule au fil du temps quand les hommes ne s’attachent pas à la vraie parole, telle qu’elle est conservée dans la Bible.

Les fruits de l’apostasie

Les effets de l’abandon de la vérité sont très graves. Un verset que nous avons cité, 2 Pierre 2.1, attribue aux faux docteurs l’introduction des « sectes », ou divisions. Ceux qui ne se conforment pas à l’enseignement de la Bible, et non ceux qui refusent de se soumettre aveuglément aux dirigeants humains d’une Église établie, sont à l’origine des sectes. Un groupe n’est pas une secte parce qu’elle est minoritaire, mais parce qu’elle ne suit pas la voie qui nous est indiquée dans la Parole de Dieu.

Un deuxième effet de l’apostasie est la condamnation éternelle. Paul dit aux Galates : « Mais, quand nous-mêmes, quand un ange du ciel annoncerait un autre Évangile que celui que nous vous avons prêché, qu’il soit anathème (maudit) » (Galates 1.8). Aux Corinthiens Paul rappela l’Évangile « par lequel vous êtes sauvés SI vous le retenez tel que je vous l’ai annoncé ; autrement, vous auriez cru en vain » (1 Corinthiens 15.2). Pierre parle de ceux qui tordent le sens des Écritures pour leur propre ruine, et il nous exhorte : « Vous donc, bien-aimés, mettez-vous sur vos gardes, de peur qu’entraînés par l’égarement des impies, vous ne veniez à déchoir de votre fermeté » (2 Pierre 3.16,17).

La solution au problème

L’apostasie a donc été prédite, et ces prédictions se sont réalisées il y a bien longtemps – et elles continuent de se réaliser tant que les hommes s’attachent à des doctrines qui sont étrangères à la Bible. Ces apostasies sèment la division parmi ceux qui croient en Jésus. En plus, elles apportent la condamnation à ceux qui séduisent et à ceux qui sont séduits (Matthieu 15.13,14). Quelle est donc la solution à ce grand mal ?

Le prophète Jérémie donna la réponse six cents ans avant Jésus : « Ainsi parle l’Éternel : Placez-vous sur les chemins, regardez, et demandez quels sont les anciens sentiers, quelle est la bonne voie ; marchez-y, et vous trouverez le repos de vos âmes » (Jérémie 6.16). Il suffit de faire un retour en arrière, à l’aide de la Parole de Dieu. Un tel retour à la bonne voie n’est pas aussi difficile qu’on ne le pense.

Ce serait une erreur, d’ailleurs, d’affirmer que l’apostasie a jamais été universelle, au point de faire disparaître de la face de la terre l’Église que le Seigneur a fondée. En prophétisant au sujet de l’Église, ou royaume, Daniel dit : « Le Dieu des cieux suscitera un royaume qui ne sera jamais détruit » et qui « subsistera éternellement » (Daniel 2.44). Bien que souvent persécutés par les autorités ou ignorés par la majorité des hommes, des groupes de fidèles qui cherchaient à être tout simplement des chrétiens et à suivre l’enseignement de la Bible seule ont existé dans plusieurs pays au cours des âges, depuis le premier siècle et jusqu’à nos jours. De tels mouvements, dont plusieurs étaient en existence même pendant le Moyen Âge et bien avant le commencement de la Réforme protestante, ont laissé des traces dans l’histoire ou continuent de prêcher la simple vérité en Albanie, Allemagne, Amérique, Angleterre, Arménie, Belgique (Flandre), Espagne, Finlande, France, Grèce, Inde, Serbie, Suisse, Tchécoslovaquie, Ukraine, Yougoslavie et ailleurs. Leur but n’était pas de « réformer » des dénominations d’origine humaine, mais de tout simplement pratiquer le christianisme révélé dans la Bible. Le fait que les livres d’histoire ne parlent pas souvent de ces groupes du passé, ou que les journaux ne mentionnent pas ceux qui sont actifs aujourd’hui, ne réfute pas leur existence. « Le Seigneur connaît ceux qui lui appartiennent » (2 Timothée 2.19).

La possibilité de restaurer ou de redécouvrir l’Église dont la Bible nous parle est confirmée non seulement par l’exemple de ces groupes dont nous venons de parler. Le principe biblique que la Parole de Dieu est comme une semence nous assure que cette possibilité existera toujours. « La semence, c’est la parole de Dieu » (Luc 8.11). « Vous avez été régénérés, non par une semence corruptible, mais par une semence incorruptible, par la parole vivante et permanente de Dieu […] la parole de Dieu demeure éternellement » (1 Pierre 1.23,25). Une semence produit toujours la même espèce de plante, quel que soit le lieu ou l’année où on la sème. Les doctrines des hommes produisent des dénominations, mais la saine doctrine de la Parole de Dieu produira toujours ce qu’elle a produit au premier siècle : de simples chrétiens et des Églises de Christ.

B. B.
(Dans Vol. 5, No. 1)