Noël

Quand quelqu’un ose remettre en question le bien-fondé d’une tradition très aimée, il court le risque d’être l’objet d’une certaine hostilité. L’émotion favorable qui s’attache à certaines pratiques traditionnelles est parfois si forte que l’on a du mal à aborder le sujet de ces pratiques de façon objective. On rencontre cette attitude même parmi des gens qui reconnaissent en général l’importance de suivre la Parole de Dieu plutôt que les pensées humaines. Ce n’est donc pas tout le monde qui accepterait d’entreprendre une étude qui risque de ne pas confirmer toutes leurs croyances et appuyer leurs différentes pratiques en ce qui concerne des fêtes religieuses comme Noël, une fête que des millions de personnes ont aimée ardemment depuis leur enfance.

Mais quant à nos lecteurs, « quoique nous parlions ainsi, bien-aimés, nous attendons, pour ce qui vous concerne, des choses meilleures et favorables au salut » (Hébreux 6.9). Nous sommes confiants que vous suivrez le conseil de 1 Thessaloniciens 5.21,22 : « Examinez toutes choses ; retenez ce qui est bon ; abstenez-vous de toute espèce de mal. » Vous aurez « des sentiments nobles » comme ceux des Juifs de Bérée qui « examinaient chaque jour les Écritures pour voir si ce qu’on leur disait était exact » (Actes 17.11). Conscients du fait que Jésus accusa d’autres adorateurs de Dieu « d’abandonner le commandement de Dieu et d’observer la tradition des hommes » (Marc 7.8), vous reconnaîtrez que le danger de tomber dans la même erreur est réel, et que l’on ne peut pas se permettre de perdre son objectivité.

Un silence surprenant

Aux yeux du monde l’un des jours de l’année les plus importants pour les chrétiens est sans aucun doute la fête de Noël, censée marquer la naissance de Jésus-Christ. Beaucoup passent des semaines à préparer ce jour par les activités de l’Avent et l’organisation d’une grande variété d’activités et de spectacles offerts dans les églises et d’autres lieux publics. On s’attendrait donc à trouver un enseignement plus ou moins approfondi dans les pages du Nouveau Testament concernant ce « jour saint ».

En réalité, la Bible garde un silence absolu concernant une quelconque célébration de l’anniversaire de naissance du Seigneur Jésus, qu’on la désigne par le nom de Noël ou par une autre appellation. Certes, les Évangiles de Matthieu et de Luc nous parlent de la naissance de Jésus à Bethléhem, mais aucun passage ne suggère que les premiers chrétiens marquaient l’anniversaire de ce jour de quelque manière que ce soit. Ni Jésus, ni ses apôtres, ni les autres auteurs inspirés n’ont demandé aux hommes d’observer la Noël ; aucun verset n’indique le jour de l’année, ni même le mois, où Jésus est né ; aucun passage ne contient des instructions sur la manière prescrite par Dieu pour sanctifier ce jour. Face à cette réalité, nul ne peut nier qu’il s’agit d’une observance d’origine humaine.

« C’est la pensée qui compte » ?

Mais est-ce qu’il est important de savoir si cette fête a été ordonnée par Dieu ? Ce qui compte, c’est le désir d’honorer notre Sauveur et de manifester notre joie à l’égard de sa venue dans ce monde condamné par le péché, n’est-ce pas ? Pas forcément. Oui, Dieu voit nos bonnes intentions et les apprécie, mais ce n’est pas tout ce que des hommes proposent de faire pour lui qui est selon sa volonté. Le roi David voulut construire un temple à l’honneur de son Dieu. Mais son fils Salomon explique en 1 Rois 8.17-19 que Dieu avait d’autres idées là-dessus :

« David, mon père, avait l’intention de bâtir une maison au nom de l’Éternel, le Dieu d’Israël. Et l’Éternel dit à David, mon père : Puisque tu as eu l’intention de bâtir une maison à mon nom, tu as bien fait d’avoir eu cette intention. Seulement, ce ne sera pas toi qui bâtiras la maison ; mais ce sera ton fils. »

Quand un désir de faire honneur à Dieu vient d’un cœur sincère, Dieu le sait et peut en éprouver un certain plaisir. Mais cela ne change pas le fait que c’est sa volonté qui importe, et ce qui est sûr de lui plaire, c’est quand nous obéissons à ses commandements. Les hommes investissent parfois (ou gaspillent plutôt) beaucoup de temps, d’effort et d’argent pour faire ce que Dieu n’a jamais demandé. Comme le prophète Samuel dit à Saül :

« L’Éternel trouve-t-il du plaisir dans les holocaustes et les sacrifices, comme dans l’obéissance à la voix de l’Éternel ? Voici, l’obéissance vaut mieux que les sacrifices, et l’observation de sa parole vaut mieux que la graisse des béliers. » (1 Samuel 15.22)

Un autre roi dans l’histoire juive, du nom d’Ozias, voulut brûler des parfums sur l’autel des parfums dans le temple de Jérusalem. C’était, bien sûr, un acte d’adoration, mais un acte que la loi de Dieu n’avait pas autorisé le roi à accomplir. Aucune loi ne l’interdisait explicitement ; les sacrificateurs pouvaient le faire, mais aucun commandement de l’Éternel n’autorisait les autres Israélites à rendre ce service sacré. C’est pour cela que les sacrificateurs dirent au roi :

« Tu n’as pas le droit, Ozias, d’offrir des parfums à l’Éternel ! Ce droit appartient aux sacrificateurs, fils d’Aaron, qui ont été consacrés pour les offrir. Sors du sanctuaire, car tu commets un péché ! Et cela ne tournera pas à ton honneur devant l’Éternel Dieu. » (2 Chroniques 26.18)

Pendant qu’ils parlaient, Dieu lui-même frappa Ozias de lèpre à cause de son péché présomptueux. Les bonnes intentions sont importantes, mais je dois avoir l’humilité de vérifier que ce que je me propose de faire en l’honneur de Dieu, c’est ce que Dieu veut que je fasse pour lui.

Le péché d’aller plus loin

On pourrait raisonner qu’il est possible de faire pour Dieu ce qu’il n’a pas demandé, sans pour autant lui désobéir. Mais cette façon de raisonner est dangereuse à la lumière des avertissements clairs dans les Écritures :

« Vous n’ajouterez rien à ce que je vous prescris, et vous n’en retrancherez rien ; mais vous observerez les commandements de l’Éternel, votre Dieu, tels que je vous les prescris. » (Deutéronome 4.2)

[Remarquez que le contraire de « ne rien ajouter et n’en rien retrancher », c’est d’observer les commandements tels que Dieu nous les donne.]

« N’ajoute rien à ses paroles, de peur qu’il ne te reprenne et que tu ne sois trouvé menteur. » (Proverbes 30.6)

« C’est en vain qu’ils m’honorent, en enseignant des préceptes qui sont des commandements d’hommes. » (Matthieu 15.9)

« … afin que vous appreniez… à ne pas aller au-delà de ce qui est écrit. » (1 Corinthiens 4.6)

« Et quoi que vous fassiez, en parole ou en œuvre, faites tout au nom du Seigneur Jésus. » (Colossiens 3.17)

[Peut-on faire « au nom du Seigneur » ce que le Seigneur n’a jamais autorisé ?]

« Quiconque va plus loin et ne demeure pas dans l’enseignement de Christ n’a point Dieu ; celui qui demeure dans cet enseignement a le Père et le Fils. » (2 Jean 9)

[Est-il possible qu’une pratique que ni Jésus ni ses porte-parole inspirés n’ont jamais mentionnée fasse partie de l’enseignement de Christ ?]

Une obligation sans que les apôtres le sachent ?

Il est reconnu par tous les historiens, qu’ils soient religieux ou pas, que l’on ne fêtait pas la naissance de Jésus pendant les trois premiers siècles du christianisme. « Selon la tradition catholique, c’est le pape Libère qui, en 354, aurait institué la fête de la Nativité à Rome le 25 décembre, date du Natalis Invicti ; il aurait également codifié les premières célébrations » (article de Wikipédia sur la Noël). La fête fut célébrée à Constantinople pour la première fois en 379 et à Antioche en 388. Ce n’est qu’en 506 que le concile d’Agde fait de Noël une fête d’obligation.

« L’Église (catholique) nous fait un devoir grave d’assister à la Messe… aux quatre fêtes d’obligation. Aussi, manquer la Messe ces jours-là (ou la veille en soirée de ces jours-là) sans un motif très sérieux et manifeste, constitue un péché mortel. Car c’est là un outrage à Dieu… » (Manuel d’instruction et d’éducation religieuse : Les commandements de l’Église)

Il est surprenant, n’est-ce pas, que la non-observation d’une fête qui était inconnue aux apôtres et à tous les premiers chrétiens soit un acte qui puisse séparer un fidèle de son Dieu et le condamner éternellement ! Même parmi des protestants, qui ne parlent pas de « péchés mortels » et « péchés véniels », les gens ont l’idée qu’il est plus grave de ne pas aller à l’église à Noël que de négliger le culte d’un « dimanche ordinaire ». Comme les Juifs du temps de Jésus, beaucoup sont tombés dans l’erreur d’élever les traditions et les commandements des hommes au-dessus de la Parole de Dieu (Marc 7.6-8).

Dieu nous a révélé ce qui est nécessaire

On nous pose parfois la question : « Ne pensez-vous pas que nous devrions célébrer une fête pour rappeler la naissance du Christ ? » En fait, peu importe ce que nous pensons là-dessus. 2 Pierre 1.3 nous dit que Dieu « nous a donné tout ce qui contribue à la vie et à la piété ». Tout ce que j’ai besoin de savoir afin de servir Dieu et lui plaire a été révélé dans la Bible. Si Dieu voulait qu’on observe une fête comme Noël, il nous l’aurait certainement dit ! Instituer une telle observance et demander aux hommes de la respecter, c’est être présomptueux et parler à la place de Dieu.

La conclusion de réformateurs

Il est instructif de constater que bon nombre de conducteurs de la Réforme protestante, y compris Calvin, Zwingli, Farel, Knox et d’autres, reconnurent qu’un retour à la Bible exigeait l’abandon de toutes sortes de pratiques étrangères à la Bible, y compris le culte des images, les vœux de célibat pour le clergé, la prière pour les morts, et oui, les différentes fêtes, telles que Noël, Épiphanie, Ascension, Assomption, et les jours consacrés aux divers saints. Ils recommandaient le dimanche comme seul « jour saint » pour le chrétien. Jusqu’au début du vingtième siècle, bon nombre de dénominations protestantes, y compris les presbytériens, les quakers, les baptistes et d’autres ne marquaient pas du tout la fête de Noël. En 1871 par exemple, le célèbre prédicateur baptiste, Charles Spurgeon, dit dans son sermon du 24 décembre :

« Nous n’avons pas d’égard superstitieux pour les temps et les saisons… nous ne trouvons aucune justification dans les Écritures pour l’observance de l’anniversaire de naissance du Sauveur ; et, par conséquent, cette observance n’est qu’une superstition, n’ayant pas été autorisée par Dieu. »

Si nous voulons respecter réellement l’autorité de la Bible et nous garder d’introduire dans l’adoration de Dieu les traditions humaines et les pratiques qui ne viennent pas de Dieu, cette question est déjà réglée. Aucun passage biblique ne soutient l’observance de la fête de Noël dans les Églises. Ceux qui veulent parler là où la Bible parle et se taire là où la Bible se tait ne peuvent donc pas recommander une telle observance.

Il reste, cependant, d’autres points qu’il vaut la peine de traiter.

Le 25 décembre, n’est-ce pas quand même l’anniversaire du Seigneur ?

Nous avons déjà établi que la fête de Noël remonte seulement jusqu’au milieu du quatrième siècle. Étant donné que personne ne connaissait la vraie date de naissance de Jésus, les hommes ont, bien sûr, eu l’idée de célébrer sa naissance avant de fixer le jour de la fête. Pour certains c’était le 20 mai. Pour d’autres, c’était le 6 avril. D’autres encore avançaient le mois de septembre. On pencha quelque temps pour le 6 janvier. On finit par se mettre d’accord sur le 25 décembre. Il y a une quasi-unanimité sur le point suivant :

« Cette date est entièrement conventionnelle, et n’a rien d’un « anniversaire ». Elle aurait été fixée pour coïncider avec la fête romaine du Sol Invictus (soleil invaincu), célébrée à cette date à l’instar de la naissance du dieu Mithra, né un 25 décembre ; le choix de cette fête permettait une assimilation de la venue du Christ – « Soleil de justice » – à la remontée du soleil après le solstice d’hiver. L’Église a fixé la célébration de Noël au moment de la fête païenne du solstice d’hiver. » (Wikipédia)

Selon une publication catholique en anglais (The New Question Box),

« Il est apparemment gênant pour certaines personnes que la date de Noël trouve ses origines dans une fête païenne. Quoi qu’il en soit, c’est la meilleure explication que nous avons pour le choix du 25 décembre comme jour de célébration de la naissance de Jésus. » (p. 28,29)

Beaucoup ont fait la remarque que même si nous ne pouvons pas savoir exactement quel jour Jésus est né, nous pouvons être assez certains qu’il n’est PAS né en décembre, au beau milieu de la saison pluvieuse en Palestine. En effet, le seul indice biblique de la période de l’année où le Seigneur est né nous dit, en Luc 2.8 : « Il y avait, dans cette même contrée, des bergers qui passaient dans les champs les veilles de la nuit pour garder leurs troupeaux. » Or, il est bien connu que les bergers dans ces zones ne passent pas les nuits avec les troupeaux dans les champs pendant les mois de mauvais temps, qui ne prennent fin qu’en mars.

Quelle est l’origine des diverses traditions associées à la Noël ?

Mais ce n’est pas seulement la date où l’on observe Noël qui doit son origine à des fêtes païennes. De très nombreuses coutumes associées à Noël remontent à des pratiques préchrétiennes chez les Romains, les Celtes, les Vikings, les Norvégiens et bien d’autres peuples païens. Adopter et adapter les coutumes des païens était une politique consciente de l’Église catholique. Un exemple parmi plusieurs se trouve dans une lettre adressée par le Pape Grégoire à l’abbé Mellitus en Grande-Bretagne vers l’an 606 :

« Il ne faut en aucun cas détruire les temples des idoles du peuple. On peut détruire les idoles elles-mêmes, mais il faut asperger les temples d’eau bénite, y dresser des autels et déposer des reliques… De cette façon, nous espérons que le peuple, en voyant que leurs temples ne sont pas détruits, abandonnera son erreur, se rassemblant plus facilement dans leurs lieux habituels, et parviendra à connaître et adorer le vrai Dieu. Et puisqu’ils ont la coutume de sacrifier des bœufs aux démons, qu’on y substitue quelque autre cérémonie, telle qu’une fête à l’honneur des saints martyrs dont on y aurait déposé les reliques. »

Cette approche semble tout le contraire de l’attitude que Dieu recommanda aux Israélites qui entraient dans le pays de Canaan au temps de Moïse : « Vous détruirez tous les lieux où les nations que vous allez chasser servent leurs dieux, sur les hautes montagnes, sur les collines, et sous tout arbre vert » (Deutéronome 12.2). Certes, la situation des Israélites qui prenaient possession d’un pays par la force militaire n’est pas la même que celle de l’Église qui cherche à convertir des populations par la prédication de l’Évangile de Christ. La leçon à tirer de l’exemple des Israélites, c’est qu’une rupture totale d’avec la religion païenne est nécessaire. Le mélange des anciennes pratiques et de la nouvelle foi n’est pas du tout souhaitable. Plus loin dans le même chapitre, Dieu dit au sujet des nations païennes de Canaan :

« Garde-toi de te laisser prendre au piège en les imitant, après qu’elles auront été détruites de devant toi. Garde-toi de t’informer de leurs dieux et de dire : Comment ces nations servaient-elles leurs dieux ? Moi aussi, je veux faire de même. Tu n’agiras pas ainsi à l’égard de l’Éternel, ton Dieu ; car elles servaient leurs dieux en faisant toutes les abominations qui sont odieuses à l’Éternel… Vous observerez et vous mettrez en pratique toutes les choses que je vous ordonne ; vous n’y ajouterez rien, et vous n’en retrancherez rien. » (Deutéronome 12.30-32)

Encore nous voyons le même principe : Dieu, dans sa Parole, fournit aux hommes toutes les instructions nécessaires pour le servir de façon acceptable à ses yeux. Il n’y a pas besoin de rechercher auprès des autres religions des pratiques et des ordonnances pour compléter ce que Jésus et ses apôtres nous ont laissé dans le Nouveau Testament. Au lieu d’enrichir la vraie religion, nous risquerions de rendre notre culte inutile.

Une question de choix personnel ?

Certains chrétiens se disent que la question des jours saints relève du domaine de la liberté personnelle. Après tout, l’apôtre Paul n’a-t-il pas écrit en Romains 14.5 : « Tel fait une distinction entre les jours ; tel autre les estime tous égaux. Que chacun ait en son esprit une pleine conviction » ?

Si nous ne plaçons pas ce verset dans son contexte, nous risquons de semer de la confusion. En effet, tous les jours ne sont pas pareils si un jour de la semaine est désigné comme « le jour du Seigneur » (Apocalypse 1.10). Tous les jours ne sont pas identiques pour le chrétien si un jour est précisé pour certains actes d’adoration : « Pour ce qui concerne la collecte en faveur des saints… que chacun de vous, le premier jour de la semaine, mette à part… » (1 Corinthiens 16.1,2) ; « Le premier jour de la semaine, nous étions réunis pour rompre le pain » (Actes 20.7). On peut ajouter que Paul ne semble pas considérer l’observance des jours saints comme un sujet d’indifférence quand il écrit aux Galates : « Vous observez les jours, les mois, les temps et les années ! Je crains d’avoir inutilement travaillé pour vous » (Galates 4.10,11).

Un regard attentif au contexte de Romains 14 révèle que Paul ne parle ni des fêtes « chrétiennes » telles que Noël et Pâques (qui n’existaient même pas à son époque), ni de dimanche comme jour d’adoration des chrétiens, ni de fête quelconque qui serait célébrée de façon collective dans les assemblées. Le scénario le plus probable est que certains chrétiens d’origine juive continuaient d’observer dans leurs vies privées certains aspects de la loi mosaïque, bien qu’ils aient été dégagés de cette loi. (L’apôtre Pierre, par exemple, n’avait rien mangé « d’impur » plusieurs années après que la loi qui imposait ces restrictions alimentaires avait été clouée à la croix de Christ – Actes 10.14; Colossiens 2.14-17.) Un chrétien qui comprenait qu’il n’avait plus besoin de se conformer aux lois alimentaires ou de rester à la maison le jour du sabbat ne devait pas mépriser son frère ou l’influencer à violer sa conscience. Et le chrétien juif qui continuait de garder de tels préceptes ne devait pas juger son frère qui, conformément à l’Évangile, les avait mis de côté.

Si ce chapitre s’applique à la question de Noël, ce n’est pas dans le sens d’autoriser l’introduction de fêtes religieuses dans la vie de l’Église selon la fantaisie des hommes, sans qu’elles soient autorisées par la Parole de Dieu. C’est plutôt dans ce sens : si un chrétien, à son propre niveau personnel, choisit de consacrer un jour pour se rappeler et marquer d’une manière particulière la naissance de Christ (ou tout autre événement biblique), il peut bien le faire ; les autres n’ont pas besoin de le juger. Mais qu’il se garde d’imposer aux autres ce qui n’est qu’un principe personnel que Dieu n’a nulle part recommandé aux hommes.

De nombreux chrétiens traitent Noël comme une fête familiale ou nationale. Ils profitent du jour de repos offert par leurs employeurs pour se retrouver en famille ou avec des amis. Ils mangent un bon repas et échangent des cadeaux. Ils participent à certaines activités de la saison, comme font de nombreuses personnes qui ne sont pas du tout religieuses. Ils ont le droit de faire ainsi s’ils le veulent, sans être jugés. Mais ils n’enseignent pas à leurs enfants que tout cela est pour l’anniversaire de Jésus, et ils n’introduisent pas dans leurs assemblées une fête qui n’a tout simplement rien à voir avec la volonté de Dieu pour son peuple.

B. B.
(Dans Vol. 12, No. 1)

Les fêtes religieuses

Les hommes ont toujours éprouvé ce désir naturel de se réjouir. Ainsi, à travers les âges, ils ont toujours eu des moments de réjouissance populaire : les fêtes. Cette tendance se retrouve aussi bien dans l’histoire profane que dans l’histoire biblique.

Mais compte tenu du fait que les fêtes dites religieuses pullulent aujourd’hui, il nous apparaît plus que nécessaire de nous poser des questions : Est-il biblique de célébrer des fêtes religieuses aujourd’hui ? Pour répondre à cette interrogation, nous essayerons d’examiner toutes les fêtes religieuses une à une pour voir les conditions dans lesquelles elles ont été instituées et surtout s’il faut toujours leur accorder de l’importance.

I. Les fêtes juives

1) La Pâque
(Exode 12.1-28; Lévitique 23.4-7)

Le nom signifie « passé par-dessus ». La fête a lieu pendant huit jours entiers, c’est-à-dire à partir du 14e jour du 1er mois de l’année jusqu’au 21e jour selon le calendrier juif.

Mais déjà au 10e jour, l’on doit prendre un agneau ou un chevreau mâle, sans défaut, ayant un an, pour l’immoler le 14e jour. On met son sang sur les portes de la maison. L’agneau est rôti au feu et mangé la nuit même avec des pains sans levain et des herbes amères. Pendant le dîner, l’on doit manger précipitamment tout en ayant les reins ceints, les souliers aux pieds et le bâton à la main. L’on ne doit pas conserver de la viande pour la manger le lendemain matin. Pendant le reste des sept jours (du 15 au 21) l’on doit manger uniquement des pains sans levain. Cette fête commémore la délivrance du peuple juif de l’Égypte (voir Deutéronome 16.1-3). Il n’y a pas plusieurs pâques dans la Bible. C’est la seule dont la Bible parle. Elle n’est plus en vigueur, comme toutes les autres fêtes que nous verrons d’ailleurs (je donnerai la raison sur d’autres pages). De plus, ceux qui voudraient l’observer doivent respecter scrupuleusement les règles ci-dessus énumérées concernant sa célébration.

2) La Pentecôte ou fête des Prémices
(1res récoltes) Elle est aussi appelée « fêtes des Semaines » (Nombres 28.26).

Pendant la moisson, l’on apporte une gerbe des prémices au sacrificateur qui l’agitera le lendemain du sabbat. Le même jour, on offre en holocauste à l’Éternel un agneau d’un an, sans défaut. On y ajoute 2/10 de fleur de farine pétrie à l’huile, puis on fait une libation de 1/4 de hin de vin (Lévitique 23.10-14).

Sept semaines après cette cérémonie, on passe à la fête proprement dite (Deutéronome 16.9,10) : on apporte deux pains faits de 2/10 de fleur de farine cuits avec du levain pour être agités ; ensuite on offre en holocauste sept agneaux d’un an, un jeune taureau, deux béliers. On y ajoute l’offrande et la libation ordinaires, puis on offre un bouc en sacrifice d’expiation et deux agneaux d’un an en sacrifice d’actions de grâces (voir Lévitique 23.15-21).

C’est l’Éternel qui choisissait le lieu où cette fête devait être célébrée. Elle n’avait lieu donc qu’à Jérusalem selon l’indication du Seigneur (Deutéronome 12.11,12; 1 Rois 8.1,29,30).

3) La fête des Tabernacles
Lévitique 23.33-36; Deutéronome 16.13-17)

C’est la fête de la moisson à la fin des récoltes. Elle dure une semaine entière (7 jours) : elle commence le 15e jour du 7e mois. Pendant ces jours, l’on offre à l’Éternel des sacrifices consumés par le feu, on se réjouit et on fait des dons selon sa prospérité (Deutéronome 16.17). Mais il n’est pas question de vente aux enchères comme dans certaines Églises. Pendant ces sept jours, l’on doit demeurer sous des tentes (Lévitique 23.42).

4) La fête des Trompettes
(Nombres 29.1-6; Lévitique 23.24)

C’est un jour de repos publié au son des trompettes. Ce jour, l’on offre à l’Éternel des sacrifices consumés par le feu : on offre en holocauste un jeune taureau, un bélier, sept agneaux d’un an sans défaut. On y ajoute une offrande de fleur de farine pétrie à l’huile : 3/10 pour le taureau, 2/10 pour le bélier et 1/10 pour chacun des agneaux. Beaucoup d’autres sacrifices sont encore faits. Cette fête a lieu le 1er jour du 7e mois.

5) Le jour des Expiations
(Lévitique 23.26-31; Exode 30.10; Hébreux 9.7-28)

C’était un jour où les Juifs s’humiliaient pour le pardon de leurs péchés. Le souverain sacrificateur apporte du sang dans la partie du tabernacle appelée le saint des saints pour l’expiation de ses péchés et ceux du peuple. Cela a lieu une fois par année, au 10e jour du 7e mois.

6) La fête des Purim
(Esther 9.17-22)

Elle a lieu le 14e jour du mois d’Adar (12e mois). C’est un jour de réjouissance pendant lequel on distribue des dons aux indigents, où l’on pratique la générosité. Cette fête fut instituée pour commémorer la délivrance des Juifs au temps d’Esther.

7) La fête de la Dédicace
(Jean 10.22)

Elle fut instituée en 164 av. J.-C. par Judas Maccabée et ses frères en souvenir de la purification du temple après les trois ans d’occupation syrienne.

8) Le sabbat
(Deutéronome 5.12-15; Lévitique 23.1-3)

Il a lieu chaque samedi. C’est un jour solennel pendant lequel aucun ouvrage n’est permis : chacun dot rester à sa place ; l’on ne doit pas faire de feux ; ce qu’on doit manger est préparé le vendredi… Ce jour devait rappeler aux Israélites leurs années d’esclavage en Égypte, et le fait que Dieu les en avait délivrés, lui qui s’est reposé le 7e jour après avoir créé toutes choses.

Ce sont là les fêtes dont la Bible parle. Toutes les autres que nous verrons maintenant ne sont que des ordonnances d’hommes. Mais comme je le disais, même ces fêtes qui étaient observées par les Juifs sous l’Ancien Testament ne sont plus en vigueur aujourd’hui. Et ceux qui veulent les observer à tout prix les dénaturent puisqu’ils ne respectent pas les conditions de leur célébration que nous venons de résumer.

II. Les fêtes non bibliques

1) La Noël
« anniversaire de Jésus »

Selon une tradition très répandue, Jésus serait né le 25 décembre, ce qui est douteux quand on sait que dans ce mois il fait un mauvais temps en Palestine (c’est l’hiver) et les bergers n’avaient pas l’habitude de veiller dehors. Or, à la naissance de Jésus, les bergers veillaient dans les champs avec leurs troupeaux (Luc 2.8-11).

De plus, nulle part dans la Bible, il n’est fait mention de la commémoration du jour anniversaire de Jésus. C’est la preuve évidente que les premiers chrétiens n’ont pas observé Noël. Certes les hommes fêtent leurs anniversaires de naissance, et il apparaît tout à fait logique de fêter l’anniversaire de celui qui est notre Sauveur. Mais si le Seigneur lui-même n’a pas cru bon d’instituer une telle fête, ce n’est pas à nous de le faire. Rappelons-nous que nous ne devons rien ajouter au message biblique, car « quiconque va plus loin et ne demeure pas dans la doctrine de Christ n’a point Dieu » (2 Jean 9 ; lire aussi Apocalypse 22.18,19; Galates 1.6-9).

2) L’Assomption

D’après la tradition, Marie mère de Jésus serait montée au ciel après sa mort. L’Assomption commémorerait donc cette mystérieuse montée. Mais lisez toute la Bible ; vous serez peut-être surpris de constater que ni cette fête ni l’événement qu’elle est censée commémorer n’y est mentionné. Ce n’est qu’une autre invention de l’imagination « fertile » des hommes.

3) L’Ascension

Contrairement à l’Assomption, l’Ascension est un événement réel. C’est la montée du Christ au ciel (Actes 1.9). Mais dans la Bible, aucune fête ne fut instituée en mémoire de cette montée. On ne trouve aucun exemple dans la Bible qui suggère que les apôtres et les premiers chrétiens ont observé cette fête.

4) La fête des Rameaux

Les gens pensent que la Bible ordonne de célébrer la fête des Rameaux. Mais il n’en est rien. Tenez ! Un jour, Jésus entrait à Jérusalem sur un ânon. Ce fut un jour de réjouissance : la plupart des gens de la foule étendirent leurs vêtements sur le chemin ; d’autres coupaient des branches d’arbres et en jonchèrent la route et tous criaient : « Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! » Ce fut un événement unique qui ne fut pas commémoré par les apôtres et les premiers chrétiens (lire Marc 11.1-10). D’ailleurs, comment cela pouvait-il se faire quand on sait que Christ est monté au ciel ? Qui pourrait monter sur l’ânon et devant qui pourrait-on étendre les vêtements ? À qui pourrait-on dire : « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur » ? Autant de choses qui montrent encore que cette fête n’est qu’une institution humaine.

Les hommes ont institué de leur propre chef beaucoup d’autres fêtes que je ne pourrai citer ici (Toussaint, fête en l’honneur de Jean-Baptiste…). Sachons toutefois que nous ne devons pas observer ces traditions aux dépens de la Parole de Dieu.

III. Pourquoi les fêtes juives ne sont-elles plus en vigueur ?

Les fêtes juives sont les seules dont la Bible parle. Toutes les autres qui sont inventées par les hommes sont à écarter. Mais je soutenais tantôt que même les fêtes juives ne doivent plus être célébrées, car elles ne sont plus en vigueur. Je vais m’expliquer.

Toutes ces fêtes faisaient partie de la loi, et cette loi a été abolie sur la croix : « …ayant anéanti par sa chair la loi des ordonnances dans ses prescriptions… » (Éphésiens 2.15). [L’expression « la loi » désigne d’abord l’ensemble des commandements de Dieu pour Israël, en particulier ceux que Moïse communiqua à ce peuple au Sinaï (Exode 20). Par extension, la loi vint à désigner parfois les livres où sont consignés ces commandements, c’est-à-dire essentiellement les cinq premiers livres de la Bible. L’expression, « la loi » est alors synonyme de « les livres de Moïse ». En un sens encore plus large, elle désigne l’ensemble de l’Ancien Testament. C’est dans ce dernier sens qu’il faut comprendre ce terme dans cette leçon.] L’apôtre Paul disait donc aux Colossiens : « Que personne donc ne vous juge au sujet du manger ou du boire, ou au sujet d’une fête, d’une nouvelle lune, ou des sabbats : c’était l’ombre des choses à venir, mais le corps est en Christ » (Colossiens 2.16,17). Le même Paul était exaspéré de constater que les Galates observaient toujours les fêtes juives : « Vous observez les jours, les mois, les temps, les années ! Je crains d’avoir inutilement travaillé pour vous » (lire Galates 4.9-11).

D’ailleurs, la Bible dit qu’il ne faut pas extraire des ordonnances de la loi pour les pratiquer ; autrement l’on est tenu d’observer toute la loi (cf. Galates 3.10; 5.2,3), à savoir, faire des sacrifices d’animaux et observer les restrictions alimentaires (telles que la souris, le serpent, le porc, le lièvre, le hibou… qui ne devaient pas être mangés sous l’Ancien Testament : lire Lévitique 11).

Or, tous ceux qui continuent de célébrer les fêtes juives n’observent pas les autres consignes de l’Ancien Testament. Pis, ils n’observent mêmes pas toutes ces fêtes. Ils relèvent des Écritures quelques-unes (sûrement celles qui leur plaisent) pour les célébrer. Ils sont donc transgresseurs de la loi « car quiconque observe toute la loi, mais pèche contre un seul commandement, devient coupable de tous » (Jacques 2.10). De toute façon, Galates 5.4 soutient que ceux qui veulent pratiquer la loi sont « séparés de Christ », « déchus de la grâce ». La loi n’est cependant pas contre les promesses de Dieu. Elle était comme un surveillant, un guide qui devait conduire le peuple vers le Christ Jésus. Jésus étant venu, « nous ne sommes plus sous ce pédagogue » (Galates 3.24,25).

IV. Pourquoi Jésus a-t-il observé les fêtes juives ?

Quelqu’un dira : Pourquoi Jésus a-t-il donc observé toutes les fêtes juives s’il est vrai qu’elles ne doivent plus être célébrées (Luc 2.41,42; 22.7,8; Jean 4.4,5; 5.1; 7.2) ?

D’abord c’est parce que Jésus était juif. Or, ceux qui observent ces fêtes actuellement ne sont pas tous des Juifs. De plus, Jésus est né sous la loi (Galates 4.4). Il fut donc soumis à cette loi. Il est venu inaugurer une nouvelle alliance, un nouveau testament. Mais ce testament n’est entré en vigueur qu’après sa mort, car « là où il y a un testament, il est nécessaire que la mort du testateur soit constatée » pour que ce testament soit en vigueur (Hébreux 9.16). Les fêtes juives devaient donc être célébrées jusqu’à la mort de Jésus.

La seule fête instituée par Jésus et observée par les premiers chrétiens, c’est la sainte cène qui commémore sa mort sur la croix. Elle consiste en la prise par les chrétiens, c’est-à-dire ceux qui sont baptisés, du pain sans levain (symbole du corps de Jésus) et du jus de raisin (symbole de son sang expiatoire). Elle a lieu chaque premier jour de la semaine, c’est-à-dire le dimanche (lire Luc 22.14-20; 1 Corinthiens 11.23-26; Actes 20.7).

Voyez-vous, les hommes ont l’imagination très fertile, et ils essayent d’imposer leurs convictions, les faire accepter comme si elles étaient bibliques. Heureusement que la Bible est là pour réfuter tous ces contradicteurs. Examinons tous d’une manière objective, sans parti pris les Écritures pour voir ce qu’elles disent des fêtes religieuses. Si la Bible confirme ces propos, soyons assez humbles pour les accepter. Car au dernier jour, c’est la Bible, la Parole de Dieu, qui nous jugera.

M’BLA Kouassi Séraphin
(Dans Vol. 6, No. 3)