Heureux ceux qui sont persécutés

Malgré des constitutions qui prétendent respecter la liberté de la religion, la persécution officielle des chrétiens existe dans de nombreux pays. Elle va au-delà de la défense de distribuer de la littérature chrétienne ou d’évangéliser. Dans certains pays, on emprisonne et torture des gens pour le fait de lire la Bible, parler de Dieu, ou croire au christianisme. Ailleurs, on interdit d’adorer en dehors d’une église ou chapelle autorisée, tout en refusant toute demande d’autorisation de construire de tels bâtiments. Dans certains pays, des groupes de miliciens autoproclamés qui se font « justice » eux-mêmes tuent les croyants ou incendient leurs maisons, sachant que la police ne fera rien pour les en empêcher. En d’autres pays, les chrétiens ne sont pas éligibles pour remplir les postes de fonctionnaires, et on ne leur permet pas de s’inscrire dans les universités. La population des nations qui persécutent officiellement le christianisme dépasse facilement les deux milliards.

Mais la persécution ne se limite pas aux actions de l’État. Le danger pour le chrétien vient souvent de ses voisins et des membres de sa propre famille. Le nouveau converti peut être rejeté par sa famille, ses anciens amis ou les habitants de son village ; ses parents ne partagent pas leur nourriture avec lui et refusent de l’aider dans quelque problème que ce soit ; il perd son héritage et se retrouve sans terre à cultiver ; on se moque de lui, on ne l’embauche pas et personne n’accepte de lui donner une femme en mariage. Et oui, les parents et les voisins vont parfois jusqu’à battre ou même tuer celui des leurs qui se prononcent pour Jésus-Christ.

Il ne faut pas s’étonner

Tout cela n’est pas vraiment surprenant quand nous nous rappelons que l’on persécutait des hommes justes bien avant le temps de Jésus. « Ils furent lapidés, sciés, torturés, ils moururent tués par l’épée, ils allèrent ça et là vêtus de peaux de chèvres, dénués de tout, persécutés, maltraités, eux dont le monde n’était pas digne… » (Hébreux 11.37,38). Jésus lui-même fut accusé faussement ; son procès était une imposture, une mascarade. On se moqua de lui, on lui cracha au visage, on le frappa, on le fouetta cruellement, et on le cloua sur une croix pour qu’il meure lentement et dans la douleur atroce. Ainsi dit-il à ses disciples : « Si le monde vous hait, sachez qu’il m’a haï avant vous… S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi » (Jean 15.18,20). Sa parole s’accomplit dès les premiers jours de l’Église. Déjà au chapitre 5 du livre des Actes, nous lisons que les chefs des Juifs voulaient faire mourir les apôtres. Ce jour-là ils se contentèrent de les faire battre de verges et leur défendre de parler au nom de Jésus (Actes 5.40). Mais plus tard, ils tuèrent Étienne, et Saul de Tarse, un de leur nombre, se mit à « ravager l’Église ; pénétrant dans les maisons, il en arrachait hommes et femmes, et les faisait jeter en prison » (Actes 8.3). Saul lui-même, après sa conversion au christianisme, fut plusieurs fois emprisonné et en danger de la mort. « Cinq fois j’ai reçu des Juifs quarante coups moins un, trois fois j’ai été battu de verges, une fois j’ai été lapidé » (2 Corinthiens 11.24,25). Il disait aux autres convertis : « C’est par beaucoup de tribulations qu’il nous faut entrer dans le royaume de Dieu » (Actes 14.22). Nous sommes prévenus.

Pourquoi ?

Qu’est-ce qui pousse la société à maltraiter les chrétiens, surtout quand on devrait voir et apprécier le changement positif qui a lieu après leur conversion ? Après tout, l’Évangile enseigne qu’il faut faire de bonnes œuvres qui glorifient Dieu, qu’il ne faut pas commettre l’adultère, mentir ou dérober, et qu’un chrétien doit être un employé honnête et diligent, un citoyen qui paie ses impôts et obéit à la loi, un enfant qui respecte et soutient ses parents âgés. Pourquoi donc les chrétiens seraient-ils mal vus ?

Parfois, les persécuteurs estiment que leurs intérêts sont menacés par l’Évangile. Ce fut le cas des chefs des Juifs qui livrèrent Jésus au gouverneur romain pour être crucifié (Jean 11.47-50). Ce fut aussi le cas des païens de la ville d’Éphèse qui profitaient du culte idolâtre de la déesse appelée Diane.

« Un nommé Démétrius, orfèvre, fabriquait en argent des temples de Diane, et procurait à ses ouvriers un gain considérable. Il les rassembla, avec ceux du même métier, et dit : Ô hommes, vous savez que notre bien-être dépend de cette industrie ; et vous voyez et entendez que, non seulement à Éphèse, mais dans presque toute l’Asie, ce Paul a persuadé et détourné une foule de gens, en disant que les dieux faits de mains d’homme ne sont pas des dieux. » (Actes 19.24-26)

Ils suscitèrent alors une émeute anti-chrétienne dans la ville dans un effort de faire arrêter la prédication de Paul. (Disons en passant que lorsqu’il n’y a pas d’opposition à l’Évangile, il est bien possible que les chrétiens aient été trop timides ou trop paresseux pour le proclamer. Satan ne voit pas la nécessité de soulever une persécution quand le peuple de Dieu est déjà infidèle par son inactivité, et que les non-chrétiens ne risquent pas tellement d’entendre la Bonne Nouvelle.)

Parfois, les persécuteurs croient sincèrement, mais à tort, qu’ils servent Dieu par ce qui est, en fait, de la méchanceté. Jésus avertit ses disciples clairement : « Ils vous excluront des synagogues ; et même l’heure vient où quiconque vous fera mourir croira rendre un culte à Dieu » (Jean 16.2). C’est ce que Saul de Tarse croyait avant de se convertir et devenir l’apôtre Paul. Il dit :

« Pour moi, j’avais cru devoir agir vigoureusement contre le nom de Jésus de Nazareth… J’ai jeté en prison plusieurs des saints, ayant reçu ce pouvoir des principaux sacrificateurs, et, quand on les mettait à mort, je joignais mon suffrage à celui des autres. Je les ai souvent châtiés dans toutes les synagogues, et je les forçais à blasphémer. Dans mes excès de fureur contre eux, je les persécutais même jusque dans les villes étrangères. » (Actes 26.9-11)

Soulignons que sa sincérité n’enleva pas sa culpabilité. Il se décrivit plus tard comme ayant été en ces jours un blasphémateur, un homme violent, et le premier des pécheurs (1 Timothée 1.13-15).

Parfois, les non-chrétiens se sentent condamnés par le bon caractère des chrétiens, ou par leur prédication de la justice que Dieu attend des hommes. Pierre écrivit à des chrétiens qui étaient insultés et maltraités. En les exhortant à continuer de vivre dans la sainteté, il leur dit :

« C’est assez, en effet, d’avoir dans le temps passé accompli la volonté des païens, en marchant dans la dissolution, les convoitises, l’ivrognerie, les excès du manger et du boire, et les idolâtries criminelles. Aussi trouvent-ils étrange que vous ne vous précipitiez pas avec eux dans le même débordement de débauche, et ils vous calomnient. Ils rendront compte à celui qui est prêt à juger les vivants et les morts. » (1 Pierre 4.3-5)

Beaucoup d’hommes voient d’un mauvais œil ceux qui sont différents de la majorité. L’hostilité est encore plus forte quand ils ont l’impression que ces personnes qu’ils méprisent sont plus travailleuses, plus capables, ou plus spirituelles qu’eux. Ils ont des sentiments d’incompréhension, de jalousie et de culpabilité. « La lumière étant venue dans le monde, les hommes ont préféré ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises » (Jean 3.19).

Comment faut-il réagir à la persécution ?

La Parole de Dieu nous dit alors de nous attendre à rencontrer, tôt ou tard, de la persécution. Paul dit à Timothée que « tous ceux qui veulent vivre pieusement en Jésus-Christ seront persécutés » (2 Timothée 3.12). Il faut s’y attendre ; mais comment faut-il agir quand la persécution arrive ?

Ne pas rendre le mal pour mal

Jésus avait enseigné dans le sermon sur la montagne : « Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent » (Matthieu 5.44). Il a lui-même donné l’exemple à suivre quand il a prié pour ses bourreaux : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font » (Luc 23.34). L’apôtre Paul écrit aux chrétiens à Rome :

« Ne rendez à personne le mal pour le mal… S’il est possible, autant que cela dépend de vous, soyez en paix avec tous les hommes… Si ton ennemi a faim, donne-lui à manger ; s’il a soif, donne-lui à boire… Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais surmonte le mal par le bien. » (Romains 12.17-21)

Comme Jésus, les apôtres étaient des modèles dans ce domaine : « … injuriés, nous bénissons ; persécutés, nous supportons ; calomniés, nous parlons avec bonté » (1 Corinthiens 4.12,13).

Dieu veut que tous les hommes soient sauvés. Il dit aux Israélites rebelles à sa volonté : « Pourquoi mourriez-vous, maison d’Israël ? Car je ne désire pas la mort de celui qui meurt, dit le Seigneur, l’Éternel. Convertissez-vous donc, et vivez » (Ézéchiel 18.31,32). Oui, un jour sa colère se manifestera, et il punira ceux qui ne se seront pas repentis. Paul dit aux chrétiens maltraités à Thessalonique :

« Car il est de la justice de Dieu de rendre l’affliction à ceux qui vous affligent, et de vous donner, à vous qui êtes affligés, du repos avec nous, lorsque le Seigneur Jésus apparaîtra du ciel avec les anges de sa puissance, au milieu d’une flamme de feu, pour punir ceux qui ne connaissent pas Dieu et qui n’obéissent pas à l’Évangile de notre Seigneur Jésus. Ils auront pour châtiment une ruine éternelle, loin de la face du Seigneur et de la gloire de sa force. » (2 Thessaloniciens 1.6-9)

Ce sera un jour où l’on aura raison de se réjouir de la justice de Dieu, et de dire :

« Tu es juste, toi qui es, et qui étais, parce que tu as exercé ce jugement. Car ils ont versé le sang des saints et des prophètes… Le salut, la gloire, et la puissance sont à notre Dieu, parce que ses jugements sont véritables et justes… il a vengé le sang de ses serviteurs. » (Apocalypse 16.5,6; 19.1,2)

En attendant ce jour, nous devons, comme Dieu, désirer la conversion plutôt que la destruction de ceux qui sont dans l’erreur. Le serviteur de Dieu « doit redresser avec douceur les adversaires, dans l’espérance que Dieu leur donnera la repentance pour arriver à la connaissance de la vérité, et que, revenus à leur bon sens, ils se dégageront des pièges du diable, qui s’est emparé d’eux pour les soumettre à sa volonté » (2 Timothée 2.25,26). Nous devons suivre l’instruction en Romains 12.19 : « Ne vous vengez point vous-mêmes, bien aimés, mais laissez agir la colère [de Dieu] ; car il est écrit : À moi la vengeance, à moi la rétribution, dit le Seigneur. »

[Il est vrai qu’au cours de l’histoire, certains qui prétendaient servir Jésus-Christ ont été eux-mêmes des persécuteurs. Des soi-disant chrétiens ont même torturé leurs adversaires religieux. Ce qui est clair, c’est qu’ils ne suivaient pas la parole de Christ et de ses apôtres. Leurs actions n’étaient pas justifiées.]

Ne pas se laisser intimider

L’un des buts des persécuteurs est de faire taire les chrétiens. Les membres de la cour suprême des Juifs « défendirent absolument de parler et d’enseigner au nom de Jésus ». Nous devons imiter le courage des apôtres face à ces menaces : « Pierre et Jean leur répondirent : Jugez s’il est juste, devant Dieu, de vous obéir plutôt qu’à Dieu, car nous ne pouvons pas ne pas parler de ce que nous avons vu et entendu » (Actes 4.18-20). Quelle que soit la souffrance à supporter pour Jésus, nous ne devons pas céder à la peur. Paul exprima cette détermination en Actes 21.13 : « Je suis prêt, non seulement à être lié, mais encore à mourir… pour le nom du Seigneur Jésus. »

Il ne faut pas que la peur de la douleur, de la prison ou de la mort nous pousse à renier notre Seigneur et Sauveur. Il ne faut pas que la peur d’être humiliés nous pousse à cacher notre foi. « Mais si quelqu’un souffre comme chrétien, qu’il n’en ait point honte, et que plutôt il glorifie Dieu à cause de ce nom » (1 Pierre 4.16). « Je n’ai point honte de l’Évangile ; c’est la puissance de Dieu pour le salut » (Rom. 1.16). L’apôtre Paul se trouvait dans une prison romaine lorsqu’il exhorta le jeune évangéliste Timothée en ces termes : « N’aie donc point honte du témoignage à rendre à notre Seigneur, ni de moi son prisonnier. Mais souffre avec moi pour l’Évangile, par la puissance de Dieu… Et c’est à cause de cela que je souffre ces choses ; mais je n’en ai point honte, car je sais en qui j’ai cru » (2 Timothée 1.8,12).

N’ayons pas peur. N’ayons pas honte.

Être solidaires

Quand l’Église est soumise à la persécution, il est important que les membres pratiquent la solidarité les uns avec les autres. Nous venons de voir que Paul demanda à Timothée de ne pas avoir honte de lui, qui était emprisonné pour le nom de Christ. Il ne fallait pas que les chrétiens, dans un esprit de « chacun pour soi » et un instinct de survie, gardent leurs distances de leurs frères en Christ. Paul dit dans la même épître :

« Que le Seigneur répande sa miséricorde sur la maison d’Onésiphore, car il m’a souvent consolé, et il n’a pas eu honte de mes chaînes ; au contraire, lorsqu’il est venu à Rome, il m’a cherché avec beaucoup d’empressement, et il m’a trouvé. » (2 Timothée 1.16,17)

L’auteur de l’Épître aux Hébreux les exhorte à renouveler le zèle et l’esprit de solidarité qu’ils avaient démontrés auparavant :

« Rappelez-vous donc les premiers temps (après votre conversion). À peine aviez-vous été éclairés de la lumière (de Dieu), que vous avez eu beaucoup à souffrir, mais vous avez tenu bon. Tantôt on vous a publiquement injuriés et tournés en dérision, vous avez eu à subir des persécutions et de mauvais traitements, tantôt vous étiez prêts à soutenir ceux qui étaient traités ainsi et vous avez pris moralement part à leurs souffrances. Oui, vous avez témoigné votre sympathie aux prisonniers et vous avez accepté avec joie d’être dépouillés de vos biens, car vous saviez que vous possédiez ailleurs des richesses plus précieuses, que nul ne pourra vous ravir. » (Héb. 10.32-34, Parole vivante)

Se réjouir

Ce dernier passage nous amène à un autre élément de la réaction qui convient au chrétien qui souffre de la persécution : la joie. De nombreux passages nous disent que nous avons droit de nous réjouir en de telles circonstances.

« Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des cieux est à eux. Heureux serez-vous, lorsqu’on vous outragera, qu’on vous persécutera et qu’on dira faussement de vous toute sorte de mal, à cause de moi. Réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse, parce que votre récompense sera grande dans les cieux ; car c’est ainsi qu’on a persécuté les prophètes qui ont été avant vous. » (Matthieu 5.10-12)

Lorsque les apôtres ont été battus de verges sur l’ordre des chefs des Juifs, ils « se retirèrent de devant le sanhédrin, joyeux d’avoir été jugés dignes de subir des outrages pour le nom de Jésus » (Actes 5.41).

En Actes 16, Paul et Silas furent battus illégalement et jeté en prison sans procès. Le geôlier ne les a pas seulement enfermés, il les a mis dans la prison intérieure, un endroit humide et complètement noir, où il y avait sûrement des rats, où l’on était laissé dans ses propres excréments. Il leur mit les ceps aux pieds, également – non pas une mesure de sécurité mais de torture. Les jambes étaient écartées, les pieds passés par des trous dans des blocs de bois. La personne ainsi attachée ne pouvait ni s’asseoir ni se coucher confortablement. La douleur augmentait continuellement. Compte tenu des conditions dans lesquelles Paul et Silas se trouvaient, rien n’est plus étonnant que de lire qu’ils priaient et chantaient les louanges de Dieu (Actes 16.25). Ils avaient subi de si grandes injustices qu’on s’attendrait à ce qu’ils soient remplis de colère et d’indignation. C’était le contraire.

« Bien-aimés, ne soyez pas surpris, comme d’une chose étrange qui vous arrive, de la fournaise qui est au milieu de vous pour vous éprouver. Réjouissez-vous, au contraire, de la part que vous avez aux souffrances de Christ, afin que vous soyez aussi dans la joie et dans l’allégresse lorsque sa gloire apparaîtra. Si vous êtes outragés pour le nom de Christ, vous êtes heureux. » (1 Pierre 4.12-14)

Où trouvera-t-on la force nécessaire ?

Nous ne suggérons pas qu’il est très facile d’être fidèle (et même joyeux) face à la persécution. Où trouvera-t-on la force quand ce jour arrivera et qu’on sera confronté au choix : renier Jésus, ou bien subir l’humiliation, la perte financière, la douleur physique, ou la mort afin de lui rester fidèle ?

La prière

L’apôtre Pierre avait promis de mourir avec Jésus, mais dans l’épreuve il eut peur et le renia. Il aurait dû demander humblement l’aide de Dieu. Jésus avait bien dit : « Veillez et priez, afin que vous ne tombiez pas dans la tentation ; l’esprit est bien disposé, mais la chair est faible » (Matthieu 26.41).

Le souvenir de ce que Jésus a supporté pour nous

« Christ aussi a souffert pour vous, vous laissant un exemple, afin que vous suiviez ses traces… lui qui a porté lui-même nos péchés en son corps sur le bois » (1 Pierre 2.21,24). Nous lui devons tout. La gratitude et la loyauté devraient remplir nos cœurs et nous donner de la force.

L’exemple des apôtres et des autres martyrs pour la foi

Les histoires de ces hommes de foi nous inspirent. Des milliers de chrétiens qui nous ont précédés donnèrent leur vie pour Jésus. Quand Polycarpe, de l’Église de Smyrne, fut arrêté, on lui dit d’adorer César et de maudire le Christ. Il répondit : « Pendant quatre-vingt-six ans j’ai servi le Christ et il ne m’a fait aucun mal. Comment alors blasphémer le roi qui m’a sauvé ? » Menacé de feu il reprit : « Tu menaces avec un feu qui brûle pour une heure et s’éteint en peu de temps. Car tu ne connais pas le feu du jugement à venir, et le feu du châtiment éternel réservé aux impies. Mais pourquoi attends-tu ? Apporte ce que tu veux. » Que nous ayons ce même courage.

Les conséquences de notre choix

Les paroles de Polycarpe nous rappellent ce qui doit nous fortifier plus que tout face à la persécution : la récompense pour la fidélité et le châtiment réservé aux « lâches », c’est-à-dire les peureux (Apocalypse 21.8). Ces conséquences sont bien éternelles :

« J’estime que les souffrances du temps présent ne sauraient être comparées à la gloire à venir. » (Romains 8.18)

« Car nos légères afflictions du moment présent produisent pour nous, au-delà de toute mesure, un poids éternel de gloire, parce que nous regardons, non point aux choses visibles, mais à celles qui sont invisibles ; car les choses visibles sont passagères, et les invisibles sont éternelles. » (2 Corinthiens 4.17,18)

Jésus dit :

« Ne craignez pas ceux qui tuent le corps et qui ne peuvent tuer l’âme ; craignez plutôt celui qui peut faire périr l’âme et le corps dans la géhenne. » (Matt. 10.28)

« Et que sert-il à un homme de gagner tout le monde, s’il perd son âme ? Que donnerait un homme en échange de son âme ? Car quiconque aura honte de moi et de mes paroles au milieu de cette génération adultère et pécheresse, le Fils de l’homme aura aussi honte de lui, quand il viendra dans la gloire de son Père, avec les saints anges. » (Marc 8.36-38)

B. B.
(Dans Vol. 14, No. 6)

Le chrétien et la souffrance

Beaucoup de prédicateurs prêchent un évangile de succès, de prospérité et de bonne santé. Ils disent que Jésus a donné la victoire sur la maladie et l’échec. Il suffit d’avoir suffisamment de foi en lui, et vous aurez la solution à tous les problèmes dans votre vie.

Certainement le chrétien peut et doit confier tous ses problèmes au Seigneur. La Bible nous exhorte en 1 Pierre 5.7 : « Déchargez-vous sur lui de tous vos soucis, car lui-même prend soin de vous. » Et Paul nous dit en Philippiens 4.6,7 : « Ne vous inquiétez de rien ; mais en toute chose faites connaître vos besoins à Dieu par des prières et des supplications, avec des actions de grâce. Et la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos pensées en Jésus-Christ. » Nous savons que Dieu est capable de guérir toute maladie, de résoudre tout problème, que ce soit matériel ou spirituel.

Mais, est-ce que la Parole de Dieu promet réellement que le chrétien verra se résoudre tous ses problèmes dans cette vie ? Est-ce que l’expérience des premiers chrétiens nous montre que la souffrance n’existe plus pour celui qui se donne à Dieu ? Est-ce que le message « Arrêtez de souffrir », imprimé sur des banderoles au-dessus de certains lieux de culte, est le message que le Seigneur nous a demandé de prêcher au monde ?

Les chrétiens fidèles souffrent dans cette vie.

Plusieurs exemples bibliques nous montrent que les chrétiens, tout comme le reste des hommes, tombent parfois malades. Paul dit, par exemple : « J’ai laissé Trophime malade à Milet » (2 Timothée 4.20). Épaphrodite, un autre compagnon de voyage de l’apôtre Paul, est tombé également malade. Il était près de la mort, « mais Dieu a eu pitié de lui » (Philippiens 2.25-27). Paul avait une maladie que Dieu n’a pas guérie, malgré plusieurs prières. Il fut obligé de continuer de vivre avec ce qu’il appelait son « écharde dans la chair » (2 Corinthiens 12.7). Les chrétiens comme les autres hommes subissent les effets de la vieillesse. Ils deviennent plus faibles avec l’âge, ils éprouvent les mêmes douleurs physiques que les autres. En plus des maladies, nous savons que les chrétiens ne sont pas tous épargnés quand il y a des guerres et des catastrophes naturelles telles que les tremblements de terre, les feux de brousse et les inondations.

Non seulement cela, mais le chrétien peut subir certaines souffrances, non pas malgré sa relation avec Dieu, mais plutôt parce qu’il est enfant de Dieu : il s’agit de la persécution. Jésus avait prévenu ses disciples : « Alors on vous livrera aux tourments, et l’on vous fera mourir ; et vous serez haïs de toutes les nations, à cause de mon nom » (Matthieu 24.9). L’apôtre Paul énumère en 1 Corinthiens 4.11-13 quelques-unes des souffrances que lui et les autres apôtres subissaient pour le Seigneur :

« Jusqu’à cette heure nous souffrons la faim, la soif, la nudité ; nous sommes maltraités, errants çà et là ; nous nous fatiguons à travailler de nos propres mains ; injuriés, nous bénissons ; persécutés, nous supportons ; calomniés, nous parlons avec bonté ; nous sommes devenus comme les balayures du monde, le rebut de tous, jusqu’à maintenant. »

Évidemment Paul n’aurait pas été trop convaincant en prêchant un évangile de succès, de prospérité et de confort sur la terre. Il souffrait trop lui-même. Et pourtant on ne trouverait pas un chrétien plus fidèle que lui.

Oui, les chrétiens peuvent aussi souffrir dans cette vie, parfois plus que les non-chrétiens.

Les souffrances ont une valeur pour le chrétien.

Mais pourquoi Dieu permettrait-il à ses enfants de souffrir dans cette vie ? Les païens ne diraient-ils pas que notre Dieu n’est pas puissant ? N’est-ce pas une honte pour Dieu quand ceux qui le servent sont dans la misère ? À quoi cela peut-il servir ?

La Bible nous assure que la souffrance peut avoir une valeur réelle dans la vie du chrétien. Paul, qui, comme nous l’avons vu, a tant souffert lui-même, a écrit ceci : « Nous savons du reste, que toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son dessein » (Romains 8.28). Toutes choses, même la souffrance, peuvent être utilisées par Dieu pour produire du bien.

Quel bien, par exemple ?

Souvent les difficultés nous permettent de grandir spirituellement, de développer du bon caractère. Nous reconnaissons ce principe en ce qui concerne l’homme physique et intellectuel. Peut-on supposer, par exemple, qu’un sportif deviendra un athlète sans entraînement, sans sacrifices, sans abstinences pénibles, sans effort ?

1. C’est ce principe que la Bible applique à la vie spirituelle dans l’Épître de Jacques 1.2-4 :

« Mes frères, regardez comme un sujet de joie complète les diverses épreuves auxquelles vous pouvez être exposés, sachant que l’épreuve de votre foi produit la patience. Mais il faut que la patience accomplisse parfaitement son œuvre, afin que vous soyez accomplis, sans faillir en rien. »

Les épreuves peuvent donc cultiver en nous la patience ou la persévérance.

2. Elles peuvent aussi nous apprendre à compatir aux souffrances des autres. Parce que nous aussi, nous connaissons la douleur d’avoir perdu un enfant, nous sommes plus sensibles en voyant un autre parent en deuil. Parce que nous avons connu l’échec, nous pouvons consoler notre frère dans son découragement. Parce que nous vivons avec une maladie chronique, nous savons aider le voisin quand il est malade. En 2 Corinthiens 1.3,4 Paul dit :

« [Dieu] nous réconforte dans toutes nos souffrances, afin que nous puissions réconforter ceux qui passent par toutes sortes de souffrances, en leur apportant le réconfort que nous avons nous-mêmes reçu de lui. »

3. En plus de la patience et la compassion, les épreuves nous apprennent souvent l’humilité et la prière.

Il est vrai que nous devrions prier en tout moment. Quand tout va bien, nous devrions prier pour remercier Dieu, et aussi prier pour les autres. Mais parfois, surtout quand tout va bien, nous négligeons de prier. Nous pensons suffire en nous-mêmes. Quand ça ne va pas, nous voyons notre propre faiblesse, notre besoin de l’aide et de la force de Dieu.

Dieu s’était beaucoup servi de l’apôtre Paul. Il lui avait donné beaucoup de révélations. En effet, une grande partie du Nouveau Testament a été écrite par Paul. Une telle distinction aurait pu rendre un homme orgueilleux. Paul dit en 2 Corinthiens 12.7-9 :

« Et pour que je ne sois pas enflé d’orgueil, à cause de ces révélations, il m’a été mis une écharde dans la chair, un ange de Satan pour me souffleter et m’empêcher de m’enorgueillir. Trois fois j’ai prié le Seigneur de l’éloigner de moi, et il m’a dit : Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse. »

Dieu a béni matériellement son peuple Israël, mais il était conscient du danger dans l’abondance, et il a mis les Israélites en garde de cette manière :

« Lorsque tu mangeras et te rassasieras, lorsque tu bâtiras et habiteras de belles maisons, lorsque tu verras multiplier ton gros et ton menu bétail, s’augmenter ton argent et ton or, et s’accroître tout ce qui est à toi, prends garde que ton cœur ne s’enfle, et que tu n’oublies l’Éternel ton Dieu… Garde-toi de dire en ton cœur : Ma force et la puissance de ma main m’ont acquis ces richesses. Souviens-toi de l’Éternel, ton Dieu, car c’est lui qui te donnera la force pour les acquérir. » (Deutéronome 8.12-14,17,18)

Que ce soit la maladie ou la pauvreté, les difficultés nous rappellent que tout ne dépend pas de nous, que Dieu seul est la source de vie et de tout ce qui est bien.

4. Les souffrances peuvent aussi nous empêcher de nous attacher trop à ce monde d’ici-bas. Il est vrai que le monde offre des plaisirs et des conforts. Mais les biens spirituels que Dieu veut nous donner sont d’une infiniment plus grande valeur. Ils sont éternels ; ils sont célestes. Quand nous n’avons pas de douleur, aucun sujet de tristesse, aucune difficulté, nous risquons de nous contenter de ce qui est moins bon, c’est-à-dire les conforts de cette vie terrestre. Les problèmes dans notre vie fixent nos regards sur la vie éternelle avec Dieu, là où « il essuiera toute larme de leurs yeux, et la mort ne sera plus, et il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur, car les premières choses ont disparu » (Apocalypse 21.4). C’est pour cela que nous ressemblons à Abraham et les autres patriarches de la Bible, qui ont quitté leur patrie parce qu’« ils en désiraient une meilleure, c’est-à-dire une céleste. C’est pourquoi Dieu n’a pas honte d’être appelé leur Dieu, car il leur a préparé une cité » (Hébreux 11.16). Paul dit aux Philippiens que certaines personnes « ne pensent qu’aux choses de la terre. Mais notre cité à nous est dans les cieux, d’où nous attendons aussi comme Sauveur le Seigneur Jésus-Christ » (Philippiens 3.19,20). Si le chrétien est séduit par la vie de ce monde, il n’aura plus les yeux fixés sur son objectif céleste et ne l’atteindra plus. La souffrance rend la vie sur terre moins séduisante.

Nous voyons donc que la souffrance n’est pas mauvaise en elle-même. Comme le médicament qui a un très mauvais goût, mais qui soigne efficacement une maladie, la souffrance est certes désagréable, mais elle peut nous faire du bien. Comme dit l’auteur de l’Épître aux Hébreux en parlant du châtiment : « Il est vrai que tout châtiment semble d’abord un sujet de tristesse et non de joie ; mais il produit plus tard pour ceux qui ont été ainsi exercés un fruit paisible de justice » (Hébreux 12.11). Tout dépend de notre réaction. On dit que le même soleil qui fond la cire endurcit l’argile. La même épreuve peut rendre une personne rebelle et amère, et faire qu’une autre personne apprenne à mettre sa confiance en Dieu, à compatir aux souffrances des autres, à persévérer dans la foi et à s’attacher à son espérance d’aller au ciel.

La Bible parle de plusieurs autres valeurs de l’épreuve, mais il est évident que ce n’est pas par manque d’amour que Dieu nous permet parfois de souffrir. Il veut toujours ce qui est bien pour nous. Or, ce qui est bien est ce qui nous rapproche de Dieu ; ce qui est mal, c’est ce qui nous éloigne de Dieu. Ce qui est difficile et douloureux peut nous aider, et ce qui est facile et agréable peut nous perdre. Nous devons donc faire confiance à Dieu en toute circonstance.

La fin des souffrances pour le chrétien viendra s’il tient bon.

Les épreuves de celui qui ne connaît pas Jésus peuvent toujours améliorer son caractère, mais seul le chrétien a la promesse d’une fin définitive à toute souffrance. Cette assurance est exprimée par Paul, qui dit en Romains 8.18 : « J’estime que les souffrances du temps présent ne sauraient être comparées à la gloire à venir qui sera révélée pour nous. » Il dit aux Corinthiens :

« C’est pourquoi nous ne perdons pas courage. Et lors même que notre homme extérieur se détruit, notre homme intérieur se renouvelle de jour en jour. Car nos légères afflictions du moment présent produisent pour nous, au-delà de toute mesure, un poids éternel de gloire, parce que nous regardons, non point aux choses visibles, mais à celles qui sont invisibles ; car les choses visibles sont passagères, et les invisibles sont éternelles. » (2 Corinthiens 4.16-18)

Qu’est-ce que Dieu veut faire pour nous ? Il veut notre salut. Il veut enlever la séparation que le péché a dressée entre nous et lui, afin que nous soyons avec lui éternellement. Si Dieu permet au chrétien de connaître les afflictions, parfois très dures, ce n’est pas parce qu’il n’est pas tout-puissant ; ce n’est pas qu’il ne s’intéresse pas à nos problèmes. C’est parce que dans sa sagesse et son amour, il fait ce qui peut nous préparer pour une gloire éternelle.

B. B.
(Dans Vol. 6, No. 4)