Les 144 000 et la grande foule : L’éternité aux cieux ou sur la terre ?

Une doctrine distinctive des Témoins de Jéhovah concerne un chiffre qui se trouve dans le dernier livre du Nouveau Testament, l’Apocalypse. Selon une publication officielle de leur organisation :

« En 1935, les Témoins eurent une intelligence plus claire de ce qu’étaient la classe du Royaume céleste, qui régnera avec le Christ, et les sujets terrestres de ce Royaume. Ils savaient déjà que le nombre des chrétiens oints de l’esprit appelés à régner avec le Christ depuis les cieux se limiterait à 144 000. Quelle espérance aurait donc le reste de l’humanité ? Un gouvernement a besoin de sujets pour justifier son existence. Ce gouvernement céleste, le Royaume, aurait aussi des millions de sujets obéissants sur la terre. Il s’agirait de la « grande foule que personne ne pouvait dénombrer, de toutes les nations et tribus et peuples et langues », qui crie : « Le salut, nous le devons à notre Dieu [Jéhovah] qui est assis sur le trône, et à l’Agneau [Jésus-Christ]. » – Révélation 7.4,9,10; 14.1-3; Romains 8.16,17. » (L’Humanité à la recherche de Dieu, page 358, ©1990)

On pourrait donc dire que, selon cette doctrine, il y a deux espérances distinctes pour ceux qui font la volonté de Dieu : 144 000 seront aux cieux avec Jésus pour régner ; les autres, la « grande foule », espèrent vivre sur une terre transformée en paradis. Les Témoins disent en plus que ceux qui feront partie de la « grande foule » ne deviennent pas membres du corps de Christ, ne naissent pas de nouveau, n’entreront pas dans le royaume céleste, ne sont pas baptisés du Saint-Esprit, n’ont pas droit à la Sainte Cène et n’ont pas part à la nouvelle alliance. Le nombre des 144 000 étant atteint depuis 1935, la prédication des Témoins met l’accent sur l’espérance terrestre de la « grande foule ».

L’espace ne permet pas d’explorer tous les aspects de cette doctrine, mais nous allons souligner quand même plusieurs problèmes dans l’explication assez unique que les Témoins de Jéhovah nous offrent à l’égard du sort final des hommes justes.

Où se trouvent les 144 000 et la « grande foule » ?

Apocalypse 7 est le passage biblique qui parle des cent quarante-quatre mille et de la grande foule. Il s’ouvre avec un ordre adressé aux quatre anges qui s’apprêtaient à « faire du mal à la terre, et à la mer » : « Ne faites pas de mal à la terre, ni à la mer, ni aux arbres, jusqu’à ce que nous ayons marqué du sceau le front des serviteurs de notre Dieu. Et j’entendis le nombre de ceux qui avaient été marqués du sceau, cent quarante-quatre mille » (Apoc. 7.3,4). La raison pour laquelle les anges destructeurs devaient attendre avant de faire du mal à la terre, c’est que les 144 000 serviteurs de Dieu en question se trouvaient sur la terre et devaient être épargnés du châtiment qui venait.

Le passage suivant, qui commence au verset 9 du même chapitre, parle de la grande foule : « Après cela, je regardai, et voici, il y avait une grande foule, que personne ne pouvait compter, de toute nation, de toute tribu, de tout peuple, et de toute langue. Ils se tenaient devant le trône et devant l’agneau, revêtus de robes blanches, et des palmes dans leurs mains. Et ils criaient d’une voix forte, en disant : Le salut est à notre Dieu qui est assis sur le trône, et à l’agneau. Et tous les anges se tenaient autour du trône et des vieillards et des quatre êtres vivants ; et ils se prosternèrent sur leurs faces devant le trône, et ils adorèrent Dieu » (Apoc. 7.9-11). La foule nombreuse dans ce passage se trouve devant le trône de Dieu, là où se trouvaient également les anges – c’est-à-dire aux cieux !

Le seul autre verset de l’Apocalypse qui fait mention d’une grande foule se trouve au chapitre 19.1 : « Après cela, j’entendis dans le ciel comme une voix forte d’une foule nombreuse qui disait : Alléluia ! Le salut, la gloire, et la puissance sont à notre Dieu. »

Quelle que soit l’identité de cette grande foule, absolument rien dans la Bible ne permet de la considérer comme étant composée de personnes situées sur une terre devenue paradis.

Combien d’espérances et de troupeaux ?

Il est intéressant de noter que le Nouveau Testament insiste beaucoup sur l’unité. Tandis qu’il y avait eu au temps de l’ancienne alliance une distinction très nette entre les Juifs et les non-juifs, tel n’est plus le cas. « C’est pourquoi, vous autrefois païens dans la chair… vous étiez jadis éloignés, mais maintenant vous avez été rapprochés par le sang de Christ. Car il est notre paix, lui qui des deux n’en a fait qu’un, et qui a renversé le mur de séparation » (Éph. 2.11-14). « Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni libre, il n’y a plus ni homme ni femme ; car tous vous êtes un en Jésus-Christ » (Gal. 3.28). « J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cette bergerie ; celles-là, il faut que je les amène ; elles entendront ma voix, et il y aura un seul troupeau, un seul berger » (Jean 10.16). « Nous avons tous, en effet, été baptisés dans un seul Esprit, pour former un seul corps » (1 Cor. 12.13). Alors que ces passages célèbrent l’unité et la paix que Jésus-Christ a créées pour tous ceux qu’il sauve, la doctrine des Témoins de Jéhovah en ce qui concerne les 144 000 et la grande foule met en place une barrière infranchissable et divise en deux les serviteurs de Dieu. En Éphésiens 4, Paul encourage la paix parmi les fidèles à Éphèse en leur rappelant sept choses fondamentales qu’ils avaient en commun. « Vous efforçant de conserver l’unité de l’esprit par le lien de la paix. Il y a un seul corps et un seul Esprit, comme aussi vous avez été appelés à une seule espérance par votre vocation ; il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de tous, et parmi tous, et en tous » (Éphésiens 4.4-6). Remarquez que la doctrine des Témoins enlève certaines choses de cette liste. Les membres de la foule ne seraient pas dans le corps de Christ, ne seraient pas oints du même Esprit et n’auraient pas d’espérance d’être avec Christ dans les cieux comme les 144 000. Selon cette doctrine, les bases de l’unité chrétienne ne s’appliquent qu’au groupe privilégié. On doit se demander à quoi cela a servi de « renverser le mur de séparation » entre païen et Juif, et de déclarer que « Dieu ne fait pas d’acception de personnes, mais qu’en toute nation celui qui le craint et qui pratique la justice lui est agréable » (Actes 10.34,35), pour tout de suite après redresser un mur de séparation et refuser toute une liste d’avantages à un groupe qui craint Dieu et pratique la justice, avantages que l’on accorde librement à l’autre groupe.

À qui l’espérance du ciel est-elle offerte ?

Selon les publications des Témoins de Jéhovah, les 144 000 sont choisis parmi les disciples éprouvés de Christ, les chrétiens qui ont été fidèles au cours des années. Les fidèles serviteurs de Dieu qui ont vécu avant la naissance de Christ, tout comme les disciples de Jésus qui ne sont pas destinés à régner avec Christ dans les Cieux, feraient partie de la « grande foule ».

En Jean 17 Jésus a prié, d’abord pour lui-même, puis pour les apôtres qu’il allait bientôt quitter, et ensuite pour nous tous qui croyons en lui. Après avoir prié spécialement pour les apôtres, Jésus dit : « Ce n’est pas pour eux seulement que je prie, mais encore pour ceux qui croiront en moi par leur parole, afin que tous soient un… Père, je veux que là où je suis, ceux que tu m’as donnés soient aussi avec moi, afin qu’ils voient ma gloire, la gloire que tu m’as donnée, car tu m’as aimé avant la fondation du monde » (Jean 17.20,21,24). Jésus voulait que nous tous qui croyons en lui soient un et que nous soyons avec lui là où il serait, afin que nous puissions contempler sa gloire.

Selon l’Épître aux Hébreux, l’espérance d’une demeure aux cieux n’était pas seulement pour quelques-uns qui ont vécu depuis la venue du Christ. L’auteur dit que les patriarches de l’Ancien Testament – Abraham, Isaac, et Jacob – attendaient « la cité qui a de solides fondements, celle dont Dieu est l’architecte et le constructeur. » Ils reconnaissaient qu’ils étaient « étrangers et voyageurs sur la terre. Ceux qui parlent ainsi montrent qu’ils cherchent une patrie. S’ils avaient eu en vue celle d’où ils étaient sortis, ils auraient eu le temps d’y retourner. Mais maintenant ils en désirent une meilleure, c’est-à-dire une céleste. C’est pourquoi Dieu n’a pas honte d’être appelé leur Dieu, car il leur a préparé une cité » (Hébreux 11.10,13-16).

À maintes reprises Jésus et ses apôtres font appel à l’espérance céleste pour motiver leurs auditeurs et leurs lecteurs à penser et agir de certaines manières. Par exemple, le chrétien ne doit être ni avare ni matérialiste : ce n’est pas la peine de nous attacher aux biens de ce monde quand des richesses nous attendent aux cieux. Jésus dit : « Ne vous amassez pas des trésors sur la terre, où la teigne et la rouille détruisent, et où les voleurs percent et dérobent ; mais amassez-vous des trésors dans le ciel […] Car là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur » (Matt. 6.19-21). « Vendez ce que vous possédez, et donnez-le en aumônes. Faites-vous des bourses qui ne s’usent point, un trésor inépuisable dans les cieux » (Luc 12.33). L’auteur de l’Épître aux Hébreux rappelle à ses lecteurs la bonne attitude qu’ils avaient manifestée précédemment : « Vous avez accepté avec joie l’enlèvement de vos biens, sachant que vous avez des biens meilleurs et qui durent toujours » (Héb. 10.34). Si la plupart des chrétiens n’ont pas droit d’entrer dans le ciel et accéder aux trésors qui s’y trouvent, ou s’ils n’ont pas vraiment la possibilité d’y amasser des trésors, ces textes et bien d’autres ne leur offrent pas de motivation pour ne pas amasser les trésors sur terre ou ne pas s’affliger quand leurs biens sont arrachés.

C’est la citoyenneté céleste du chrétien qui l’aide à ne pas participer à la corruption morale de ce monde. Paul dit aux Philippiens : « Car il en est plusieurs qui marchent en ennemis de la croix de Christ, je vous en ai souvent parlé… Leur fin sera la perdition ; ils ont pour dieu leur ventre, ils mettent leur gloire dans ce qui fait leur honte, ils ne pensent qu’aux choses de la terre. Mais notre cité à nous est dans les cieux, d’où nous attendons aussi comme Sauveur le Seigneur Jésus-Christ » (Phil. 3.18-20). Qu’est-ce qui permet qu’on ne pense pas uniquement aux choses de la terre ? C’est le fait qu’on est citoyen des cieux. (Or, quel citoyen n’a pas droit d’entrer dans le pays dont il est citoyen ?) « Affectionnez-vous aux choses d’en haut, et non à celles qui sont sur la terre… Faites donc mourir les membres qui sont sur la terre, l’impudicité, l’impureté, les passions, les mauvais désirs, et la cupidité » (Colossiens 3.2,5).

Les membres de la « grande foule » n’auraient-ils pas droit de trouver dans une espérance céleste le courage de persévérer face à la persécution et aux diverses épreuves ? Car, c’est exactement la sorte d’encouragement qui est proposé du début à la fin du Nouveau Testament. Jésus dit en Matthieu 5.11,12 : « Heureux serez-vous, lorsqu’on vous outragera, qu’on vous persécutera et qu’on dira faussement de vous toute sorte de mal, à cause de moi. Réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse, parce que votre récompense sera grande dans les cieux ; car c’est ainsi qu’on a persécuté les prophètes qui ont été avant vous. » Pierre parle de la joie du chrétien qui est éprouvé : « C’est là ce qui fait votre joie, quoique maintenant, puisqu’il le faut, vous soyez attristés par diverses épreuves » (1 Pi. 1.6). Et qu’est-ce qui fait cette joie ? « Nous avons ainsi une espérance vivante et pouvons nous réjouir des biens que Dieu réserve aux siens. Ce sont des biens qui ne peuvent ni se gâter, ni se salir, ni perdre leur éclat. Dieu les réserve dans les cieux pour vous » (1 Pi. 1.3,4, FC).

Que deviendra la terre ?

Avant de regarder de plus près le texte en Apocalypse qui a été notre point de départ, il serait bien de considérer le sort de la terre. Les Témoins de Jéhovah enseignent qu’elle sera transformée en paradis et continuera d’être habitée. Ils citent souvent Ésaïe 45.18 qui dit : « Car ainsi parle l’Éternel, le créateur des cieux, le seul Dieu, qui a formé la terre, qui l’a faite et qui l’a affermie, qui l’a créée pour qu’elle ne fût pas déserte, qui l’a formé pour qu’elle fût habitée : Je suis l’Éternel, et il n’y en a point d’autre. » Certes, Dieu a créé la terre pour qu’elle soit habitée, mais ce verset ne dit rien concernant la durée de son existence. De la même manière, je pourrais dire que ma femme m’a cousu une chemise pour que je la porte et non pour que je la laisse au placard pour être gâtée par les mites. Mais le fait que je porte la chemise comme ma femme l’a voulu ne veut pas dire que cette chemise restera pour toujours. La Bible elle-même fait une comparaison entre la terre et un habit usé : « Toi, Seigneur, tu as au commencement fondé la terre, et les cieux sont l’ouvrage de tes mains ; ils périront, mais tu subsistes ; ils vieilliront tous comme un vêtement. Tu les rouleras comme un manteau et ils seront changés ; mais toi, tu restes le même et tes années ne finiront point » (Hébreux 1.10-12). Jésus, aussi, dit catégoriquement que « le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point » (Matt. 24.35). Ces passages, parlent-ils simplement, comme le prétendent certains, du système actuel des choses, de la société humaine et des structures politiques que nous connaissons ? Après tout, disent-ils, quand Dieu a « détruit » le monde par le déluge au temps de Noé, la planète est restée intacte tout en étant purifiée des hommes pécheurs et leurs œuvres. En fait, ce ne sont pas seulement les œuvres des hommes qui sont destinées à passer. Non, tout ce que nous voyons de nos yeux n’est que passager. Voilà pourquoi l’espérance d’une demeure céleste nous est si précieuse. « Car nos légères afflictions du moment présent produisent pour nous, au-delà de toute mesure, un poids éternel de gloire, parce que nous regardons, non point aux choses visibles, mais à celles qui sont invisibles ; car les choses visibles sont passagères, et les invisibles sont éternelles. Nous savons, en effet, que, si cette tente où nous habitons [notre corps physique] est détruite, nous avons dans le ciel un édifice qui est l’ouvrage de Dieu, une demeure éternelle qui n’a pas été faite de main d’homme. Aussi nous gémissons dans cette tente, désirant revêtir notre domicile céleste » (2 Cor. 4.17–5.2). Ainsi, c’est la terre, et non seulement les œuvres qu’elle renferme, qui sera détruite : « Le jour du Seigneur viendra comme un voleur ; en ce jour, les cieux passeront avec fracas, les éléments embrasés se dissoudront, et la terre avec les œuvres qu’elle renferme sera consumée » (2 Pierre 3.10).

Une autre explication des textes en Apocalypse

Il est bien de pouvoir reconnaître qu’une interprétation d’un passage biblique est fausse parce qu’elle ne peut pas se concilier avec d’autres enseignements clairs de la Bible. Mais il faut essayer aussi de déterminer le vrai sens du texte. C’est ce que nous voulons faire à l’égard d’Apocalypse 7, qui parle des 144 000 et de la grande foule. De quoi parle au juste ce passage ?

Il est particulièrement important, avant d’aborder un texte dans l’Apocalypse, de tenir compte du contexte du livre entier, et notamment du contexte historique dans lequel l’apôtre Jean l’a écrit.

Le vaste Empire romain qui dominait le monde au temps du Nouveau Testament avait établi le culte des empereurs. Chaque empereur fut déclaré dieu lors de sa mort. On considérait qu’une révolte serait moins probable parmi des gens qui adoraient les chefs de l’empire. On prenait ce culte très au sérieux vers la fin du 1er siècle, et cela fut la cause d’une grande persécution contre l’Église. Brûler un peu d’encens sur l’autel dans le temple de l’empereur et dire qu’il était « Seigneur et Dieu » était vu comme une preuve de loyauté. Refuser de le faire marquait une personne comme irréligieuse et traîtresse. Cette politique rendit inévitable le conflit entre l’Église et l’empire. Pour les chrétiens, Jésus était le seul Seigneur (1 Cor. 8.5,6, Éphésiens 4.4,5 et Actes 4.19).

Les chrétiens devinrent l’objet de la haine, des boycottes économiques, et de la persécution jusqu’à la mort. Les empereurs se sont donné l’objectif de faire disparaître de la terre le nom de chrétien. L’Apocalypse fut écrit aux chrétiens dans cette crise, afin de les exhorter à la patience et les consoler dans leurs souffrances. Il sert également à avertir les ennemis de l’Église de leur destruction. Le livre se rapporte donc surtout au conflit que vivaient ses premiers destinataires.

Dans les versets qui précèdent la mention des 144 000, l’apôtre Jean voit dans sa vision quatre anges qui retiennent les quatre vents de la terre (est, ouest, sud, nord). Dans les livres prophétiques, le vent représente souvent les jugements de Dieu contre une nation méchante (voir par exemple, Jér. 23.19; 49.36; 51.1,2). Ces jugements sont prêts à s’abattre sur les hommes, mais doivent attendre que les serviteurs de Dieu soient marqués. Cette scène suit la même idée qu’une vision donnée au prophète Ézéchiel. Dieu allait punir Jérusalem pour son péché. Mais avant que les destructeurs ne s’élancent, l’ordre fut donné de faire une marque sur le front de tous ceux « qui soupirent et qui gémissent à cause de toutes les horreurs qui s’y commettent. » Le prophète a vu ensuite les destructeurs frapper tous ceux dans la ville qui n’avaient pas une telle marque (Ézéchiel 9.1-7).

En Apocalypse 7, l’ange a ordonné que la destruction de Rome soit retardée jusqu’à ce que les innocents soient marqués. La raison pour cela est la même que dans la vision d’Ézéchiel : Dieu voulait épargner ses serviteurs de la condamnation des pécheurs.

Cette marque ou ce sceau n’est pas un signe physique mis littéralement ou visiblement sur chaque vrai croyant. Notez que les serviteurs de Satan aussi reçoivent une marque (13.16,17; 14.9; 16.2). L’image signifie simplement que les deux chefs dans la grande lutte entre le bien et le mal connaissent leurs serviteurs. Le sceau de Dieu montre que celui qui le porte appartient à Dieu et qu’il est sous la protection de Dieu. Il peut toujours souffrir physiquement dans ce monde et même subir le martyre, mais la mort ne peut lui faire aucun vrai mal ni lui faire perdre sa récompense céleste.

Le nombre de ceux qui reçoivent la marque est de 144 000. Il est composé de 12 000 personnes de chacune des 12 tribus d’Israël. Qui sont ces personnes ?

Faut-il les identifier aux Israélites selon la chair, les Juifs ? Cela est douteux en vue du fait que Jean a déjà deux fois (2.9 et 3.9) refusé le titre de Juifs à des Israélites selon la chair qui, par leur incrédulité, ont perdu leur statut de peuple de Dieu. En plus de cela, le fait que deux tribus (Dan et Éphraïm) ne sont pas mentionnées indique qu’il ne s’agit pas ici des douze tribus littérales de l’Ancien Testament. (Ces deux tribus sont omises peut-être à cause de leur association avec l’apostasie dans l’histoire d’Israël – Juges 18 pour Dan, et la position dominante d’Éphraïm dans le royaume idolâtre d’Israël du Nord.) L’interprétation la plus raisonnable semble être que les 144 000 sont tous ces croyants – juifs et gentils – qui resteraient fidèles face aux persécutions. Il s’agit de l’Israël spirituel, composé de chrétiens de toutes les nations.

Le nombre 144 000 est évidemment symbolique et exprime non pas une limitation, mais le caractère complet de ce qui est compté. Ce nombre est formé à partir du chiffre 12, élevé au carré et multiplié par 1000 : 12 × 12 × 1000 = 144 000. Le chiffre 12 est souvent associé au peuple de Dieu (12 tribus, 12 apôtres, 12 fondements pour la cité céleste – Apoc. 21.14, etc.). Au temps du Nouveau Testament, l’expression « les 12 tribus d’Israël » indiquait la totalité de la communauté juive. Tout chiffre mis au carré garde la même signification avec une intensité plus forte : milliers de milliers, myriades de myriades. Mille est un nombre qui donne l’idée de plénitude. Le nombre 144 000 est simplement une manière de désigner la totalité de l’Église fidèle sur la terre. Au lieu d’exclure beaucoup de chrétiens des bénédictions, comme certains le disent, ce chiffre de plénitude nous assure qu’aucun ne sera oublié.

Ensuite Jean voit une grande foule qui se trouve, non pas sur la terre, comme les 144 000, mais au ciel, « devant le trône ». Les 144 000 sont toujours au milieu des souffrances, mais la grande foule est composée de ceux qui ont déjà vaincu – ils portent les robes blanches des vainqueurs et portent des palmes, signe de joie et d’adoration (Lév. 23.40, Matt. 21.8,9). Le fait qu’ils soient de toute nation, de toute tribu, de tout peuple, et de toute langue, les identifie à ceux qui ont été rachetés par le sang de l’agneau (Apoc 5.9). La foule se réjouit et reconnaît que son salut est dû à la grâce de Dieu, et non pas à son propre mérite.

L’un des vieillards demande à Jean d’où sont venus ceux qui composent la foule. Ce n’est pas pour s’informer, puisque lui-même va donner la réponse. C’est plutôt une manière de nous donner ce renseignement. Ce sont ceux qui sont sortis fidèles et donc victorieux de la tribulation, une multitude purifiée par le sang de Jésus. Dans la présence de Dieu lui-même, tous leurs désirs sont satisfaits. Et Dieu essuie toute larme de leurs yeux. Les souffrances sont oubliées.

En voyant les 144 000, Jean contemple des chrétiens qui devaient bientôt passer par une épreuve, mais sur qui Dieu veillait. En voyant la grande foule, Jean contemple des chrétiens qui sont déjà passés par l’épreuve et qui se trouvent maintenant dans les cieux. Les deux groupes représentent l’Église, mais la perspective a changé. Le premier groupe est l’Église sur terre, le deuxième est l’Église triomphante dans les cieux.

Voilà de quoi encourager tous les chrétiens qui doivent passer par des temps difficiles !

(avec des remerciements à Max DAUNER, auteur de Commentaire sur l’Apocalypse de Jean)

B. B.
(Dans Vol. 11, No. 5)

 

La doctrine de la Trinité

On entend beaucoup d’idées contradictoires sur la nature de Dieu. Les musulmans croient généralement que le christianisme enseigne l’existence de trois Dieux. Certains évangéliques disent qu’il n’y a qu’un seul Dieu, dont le nom personnel est Jésus. Pour eux cette seule personne joue trois rôles différents, ceux de Père, Fils et Saint-Esprit. Les Témoins de Jéhovah croient que le Père seul est Dieu depuis l’éternité. Ils enseignent que Jésus est l’archange Michel que Dieu a exalté. Ils croient que le Saint-Esprit, au lieu d’être une personne divine, n’est que la force impersonnelle que Dieu exerce dans le monde quand il agit. Et puis il y a une explication de Dieu qu’on appelle la doctrine de la Trinité.

En essayant de comprendre la nature de Dieu, il faut tenir compte de trois idées fondamentales contenues dans la Bible : l’unité de Dieu, la diversité en Dieu et la personnalité de l’Esprit. Dans cet article nous verrons les explications offertes par Harvey Floyd dans son livre Le Saint-Esprit est-il pour moi ? Que Dieu nous aide à comprendre ce qu’il a dit concernant sa propre nature. Ne soyons pas comme les trois amis de Job contre qui Dieu s’est fâché parce qu’ils n’ont pas dit la vérité à son sujet (Job 42.8).

– B. B.


(1) L’unité de Dieu

(Deutéronome 6.4)

« Écoute, Israël ! L’Éternel, notre Dieu, est le seul Éternel. » Voici ce que l’on appelle le Shéma. Shéma est un mot hébreu qui signifie « Écoute ». C’est le premier mot de ce passage en hébreu. Au culte dans les synagogues les juifs récitent régulièrement ce passage. Il est très important dans le judaïsme. Il est aussi très important dans le christianisme.

(2) La diversité en Dieu

(Matthieu 28.19, 2 Corinthiens 13.13, Jean 1.1, Jean 14.16, Jean 17.24, Matthieu 3.16,17)

Jésus confia à ses disciples la mission de baptiser des disciples au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit (Matthieu 28.19). Au baptême sont établies des relations entre le croyant et Dieu le Père, et le Fils, et le Saint-Esprit. On ne noue pas de relations avec Dieu en plusieurs phases différentes, premièrement avec le Père, puis avec le Fils, et enfin avec l’Esprit Saint, mais plutôt avec tous en même temps. Au baptême, des relations sont établies avec Dieu le Père, et le Fils, et le Saint-Esprit. Ce passage indique quelque chose de très important au sujet de la nature de Dieu. Il montre qu’il y a de la diversité dans l’unité de Dieu. Dieu est Dieu le Père et Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit. Autrement, on arrive à une conclusion qui n’est pas convenable, c’est-à-dire que nos relations sont décrites comme étant avec le Créateur et avec deux créatures, que les créatures sont associées au Créateur par un même nom (au singulier), et que l’on vient à tous les trois par une seule action. Car le Fils est ou bien Dieu le Fils ou bien une créature, et l’Esprit est ou bien Dieu l’Esprit ou bien une créature. Il n’y a pas d’état intermédiaire.

Paul termine la deuxième lettre aux Corinthiens par cette prière : « Que la grâce du Seigneur Jésus-Christ, l’amour de Dieu, et la communion du Saint-Esprit, soient avec vous tous ! » (2 Corinthiens 13.13). Là encore, on voit ou bien la diversité en Dieu ou bien l’union de créature et Créateur, ce qui ne convient pas. En d’autres termes, cette triade, cette trinité, peut-elle se composer d’un être créé, plus le Créateur, plus un autre être créé ?

« Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu et la Parole était Dieu » (Jean 1.1). Voilà une déclaration précise que la diversité est une différence de personnes ; et elle affirme que les deux personnes sont Dieu. « Et moi, je prierai le Père – dit Jésus – et il vous donnera un autre consolateur » (Jean 14.16). Pesez attentivement les mots « un autre ». Ils affirment une différence de personnes entre le Fils et l’Esprit. Le fait que Jésus adresse sa prière au Père (« je prierai le Père ») est significatif aussi. Cela veut dire que le Père et le Fils ne peuvent pas être une seule personne. Le fait que le Père aime le Fils prouve la même chose (Jean 17.24).

Au baptême de Jésus, trois personnes distinctes sont présentes, et il y a de la communication entre eux : le Père, qui le déclare être son Christ ; l’Esprit, qui vient vers lui symbolisé par une colombe ; et bien entendu, Jésus lui-même, qui est conscient de ce que dit le Père et de la venue de l’Esprit. « Dès que Jésus eut été baptisé, il sortit de l’eau. Et voici, une voix fit entendre des cieux ces paroles : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis toute mon affection » (Matthieu 3.16,17; parallèles en Marc 1.9-11, Luc 3.21-22, Jean 1.32-34).

(3) La personnalité de l’Esprit

(Éphésiens 4.30, 1 Corinthiens 2.10, et 1 Corinthiens 12.11)

« N’attristez pas le Saint-Esprit de Dieu, par lequel vous avez été scellés pour le jour de la rédemption » (Éphésiens 4.30). N’attristez pas le Saint-Esprit, ne lui causez pas de chagrin par une vie chrétienne indigne, y compris des choses telles que le mensonge, la colère non maîtrisée, le vol, l’amertume ou la méchanceté (Éphésiens 4.25-31). Le fait que l’Esprit Saint éprouve de la tristesse établit clairement qu’il est conscient et personnel. Une personne est un être qui peut penser, vouloir, raisonner, sentir, connaître. Le Saint-Esprit a la connaissance parfaite, même des « profondeurs de Dieu » (1 Corinthiens 2.10). Il est impossible, donc, qu’il soit un être fini, limité, ou tout simplement l’énergie impersonnelle de Dieu. L’Esprit n’est non plus simplement Dieu en action, car l’Esprit lui-même a une volonté (1 Corinthiens 12.11).

L’unité de Dieu

Passons maintenant à une discussion de l’unité de Dieu. Cette unité doit être le point de départ de toute discussion de la nature de Dieu. La déclaration fondamentale de l’unité de Dieu est Deutéronome 6.4 : « Écoute, Israël ! L’Éternel, notre Dieu, est le seul Éternel. » Quelles que soient les conclusions que nous tirons à l’égard de la nature de Dieu, nous devons respecter ce passage – nos conclusions ne doivent pas le contredire. Il n’y a qu’un seul Dieu ; il n’y a pas trois Dieux. Il n’y a pas une multiplicité de Dieux ; il y en a un seul. Cette vérité est primordiale dans le christianisme aussi bien que dans le judaïsme. Quand on a demandé à Jésus d’identifier le premier commandement de la loi, il a répondu (en citant Deutéronome 6.4,5) : « Voici le premier : Écoute, Israël, le Seigneur, notre Dieu, est l’unique Seigneur ; et : Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta pensée, et de toute ta force » (Marc 12.29,30). Il y a un seul Dieu, et l’homme doit l’aimer de tout son être. Ceci est le premier commandement : reconnaître que Dieu est unique et qu’il est le seul objet digne de notre dévotion absolue.

« Tu crois qu’il y a un seul Dieu, tu fais bien » (Jacques 2.19). Il est vrai, selon le livre de Jacques, qu’il y avait ceux qui se reposaient sur ce seul principe de base. Bien qu’il ne suffise pas de croire à ce principe seul, il est essentiel de reconnaître qu’il y a un seul Dieu. Un musulman m’a une fois demandé : « Est-il une croyance chrétienne que Dieu est un ? » Il pensait que les chrétiens ne croyaient pas en un seul Dieu, mais en trois dieux. « Oui, bien sûr que c’est une croyance chrétienne – lui assurai-je – il y a un seul Dieu, il n’y en a pas trois. »

En Romains 3.30 Paul démontre qu’il y a un seul plan de salut pour tous. Et sur quoi repose cette conclusion ? Sur le fait qu’il y a un seul Dieu. Il n’y a pas un plan de salut pour les Juifs et un autre pour les gentils. Et pourquoi pas ? Parce que Dieu est un. Il justifiera le Juif par la foi, et il justifiera le gentil de la même façon, par la même foi. Le fait qu’il y a un seul Dieu est fondamental dans le christianisme, et l’unité de Dieu n’est pas enseignée seulement dans l’Ancien Testament, mais aussi dans le Nouveau Testament.

L’unité dans la diversité

Ayant établi l’importance de l’unité de Dieu, nous avons un deuxième point à examiner : quelle est la nature de l’unité de Dieu ? Est-elle l’unité d’un monolithe ? « Monolithe » est dérivé de deux mots grecs : monos et lithos. Monos veut dire « seul » et lithos veut dire « pierre ». Un monolithe est une grande pierre. Elle n’est pas différenciée ; elle est pareille partout, sans différence de part et d’autre. Ce qui a le caractère d’un monolithe n’a pas de diversité dans son unité ; il n’y a qu’une masse qui n’est pas différenciée. L’unité de Dieu, ressemble-t-elle à l’unité d’un monolithe ? Ou bien, est-elle une unité complexe ? L’unité de Dieu ressemble-t-elle à l’unité d’un organisme vivant, tel un corps de personnes unifiées ? Ou bien, ressemble-t-elle à l’unité simpliste d’un monolithe ?

La prière de Jésus que tous ses disciples soient « un » peut nous aider à comprendre une unité qui permet la diversité en elle-même (Jean 17.20-23). Quelle sera la nature de leur unité ? L’unité des disciples, sera-t-elle semblable à l’unité d’un monolithe ? Ce serait impossible : dans cette unité seront plusieurs éléments, plusieurs composants. Il y aura un en plusieurs dans cette sorte d’unité. « Afin que tous soient un – pria-t-il – comme toi, Père, tu es en moi, et comme je suis en toi… pour que le monde croie que tu m’as envoyé. » Jésus dit que l’unité de Dieu et lui-même doit être le modèle de l’unité de ses disciples.

Et quelle est la nature de l’unité des disciples ? « Car, comme le corps est un et a plusieurs membres, et comme tous les membres du corps, malgré leur nombre, ne forment qu’un seul corps, ainsi en est-il de Christ » (1 Corinthiens 12.12). (Dans cette phrase le mot « Christ » est employé pour l’Église.) L’unité de l’Église est une unité complexe ; c’est une unité composée de plusieurs éléments. On se sert de ce passage tout simplement comme un exemple d’unité complexe. Certainement, l’unité de Dieu est plus profondément complexe que la nôtre, mais il s’agit bien d’unité. Son unité est comme celle d’un organisme vivant ou d’une grande œuvre d’art, de littérature ou de musique. Il n’y a qu’un seul Dieu, un seul Être Divin, mais il y a de la diversité dans son unité. Dieu est une triade ; il y a trois personnes. Ce langage nous cause de la difficulté. Quand nous pensons à trois personnes, nous avons une tendance à penser à trois êtres séparés, mais nous devons résister à cette tendance. L’idée de trois êtres séparés (ou dieux) n’est pas ce qu’on cherche à communiquer par ce langage, et ce qui est plus important, ce n’est pas la réalité que le langage est appelé à décrire.

La complexité de la nature de Dieu ne devrait pas nous étonner. Toute réalité, y compris notre propre nature, est extrêmement complexe. On devrait s’attendre à ce que la nature de Dieu, lui qui est réalité suprême, soit bien plus complexe que celle de sa création. Lorsque l’on apprend pour la première fois que Dieu n’est pas une personne, mais plutôt trois – Père, Fils et Saint-Esprit – on n’apprend pas qu’il y a trois Dieux tandis que l’on avait cru qu’il y en avait un seul. On apprend seulement que Dieu est beaucoup plus grand que ce que l’on s’était imaginé. Ce fait concernant Dieu – qu’il est un et pourtant existe éternellement dans la triple relation personnelle de Père, Fils et Saint-Esprit – est ce que signifie la doctrine de la Trinité.

Questions et réponses

1. Le Saint-Esprit, comment est-il venu en existence ? Jésus est né ; Dieu a toujours existé ; d’où est venu le Saint-Esprit ?

La naissance de Jésus ne marque pas le début de son existence ; elle ne marque que son entrée dans le monde (Jean 1.14). Il est éternel (Jean 1.1). De même, l’Esprit n’est pas venu en existence ; il a toujours été Dieu l’Esprit et a toujours été avec Dieu le Père et le Fils. Si l’Esprit est venu en existence, il est une créature ou une force impersonnelle – un point de vue qui ne peut pas s’harmoniser avec les évidences bibliques.

2. Comment la traduction littérale de Jean 1.1 « la parole était un dieu », changerait-elle notre compréhension du verset ? J’aurais compris que son sens littéral est « la parole était un dieu ».

Selon les Témoins de Jéhovah, il faut traduire Jean 1.1 « la parole était un dieu », parce que dans le texte grec, « Dieu » (theos) manque d’article dans cette instance. (La langue grecque n’a que l’article défini, le/la/les. Puisque l’article défini n’est pas employé ici, les Témoins de Jéhovah supposent qu’ils peuvent traduire « un dieu ».) Cette traduction ne peut pas se concilier au monothéisme. Il est impossible que le Christ soit « un dieu ». Selon les Écritures il y a un seul Dieu. Tous les autres n’existent que dans l’esprit des hommes. Le Christ est soit Dieu soit un faux dieu. Il y a donc des difficultés doctrinales dans la traduction « un dieu ». Et la grammaire ? Dans les premiers dix-huit versets de Jean « Dieu » (theos) apparaît au moins quatre fois de plus sans l’article (1.6,12,13,18). Devrait-on traduire le verset 6 « Il y eut un homme envoyé d’un dieu » ? Le verset 12 : « enfants d’un dieu » ? Le verset 13 : « nés… d’un dieu » ? le verset 18 : « Personne n’a jamais vu un dieu » ? De telles déclarations seraient à propos dans un milieu païen, mais pas dans la bouche d’un chrétien. Afin d’être fidèles à leurs propres règles, les Témoins doivent traduire theos dans tous ces versets « un dieu ». Ils ne le font pas.

Sans article, l’accent est mis sur la qualité et le caractère du mot « Dieu ». Il n’est pas indéfini. La présence de l’article aurait rendu le mot précis, elle l’aurait marqué comme spécifique. Le sens de la déclaration de Jean est : « La parole était divine » ; le Christ possédait pleinement la nature et les qualités de Dieu.

3. Si le Christ est éternel, dans quel sens a-t-il été « engendré » (Hébreux 1.5, Psaumes 2.7) ?

Le mot « engendré » signifie-t-il que le Christ a commencé à exister, qu’il n’est pas éternel, et qu’il est inférieur au Père, comme certains le prétendent ? Regardez le contexte qui entoure la déclaration (« je t’ai engendré aujourd’hui ») dans l’Épître aux Hébreux. Au verset 3 il est déclaré que le Christ est la représentation exacte de la nature de Dieu (« l’empreinte de sa personne »). Comment peut-il représenter exactement la nature de Dieu s’il n’est qu’une créature et qu’il est inférieur dans sa nature ? Hébreux 1.6 dit : « Que tous les anges de Dieu l’adorent. » Jésus affirma que Dieu seul est le vrai objet d’adoration (Matthieu 4.10, citation de Deutéronome 6.13). Pierre refusa l’adoration de Corneille (Actes 10.25,26). L’ange corrigea Jean quand celui-ci se prosterna devant lui pour l’adorer (Apocalypse 19.10; 22.9). Et pourtant, Jésus se permit d’être adoré (Matthieu 28.9,10). Il ne corrigea pas Thomas quand l’apôtre l’appela « Mon Seigneur et mon Dieu ! » (Jean 20.28). De plus, selon Hébreux, le Christ est appelé Dieu par le Père (1.8), il est le Créateur (1.10), et il est éternel et immuable (il ne change pas), un attribut incontestable de Dieu (Psaume 90.2). En Actes 13.33 Paul interprète l’expression « engendrer » quand elle concerne le Christ comme se référant, non pas à un commencement dans le temps, mais à la résurrection. Le Christ fut engendré quand Dieu l’a officiellement déclaré être le Messie et l’a installé comme Messie par sa résurrection d’entre les morts. (Voir aussi Romains 1.4)

4. Au vu de la doctrine de la Trinité, pourquoi Jésus a-t-il dit : « Le Père est plus grand que moi » ?

Jésus devint entièrement humain. Puisque nous sommes des créatures de chair et de sang, « il y a également participé lui-même » (Hébreux 2.14), et a été « rendu semblable en toutes choses à » nous (Hébreux 2.17). Dans sa pleine identification avec nous, il « croissait en sagesse, en stature, et en grâce, devant Dieu et devant les hommes » (Luc 2.52), s’étonnait (Marc 6.6), devenait fatigué (Jean 4.6), éprouvait le besoin de prier (Hébreux 5.7), était tenté (Matthieu 4.1), avait faim (Matthieu 4.2) et soif (Jean 19.28), ne savait pas l’heure de son deuxième avènement (Matthieu 24.36), souffrait et mourut (Hébreux 5.8 et 2.14). Toutes ces expériences de Jésus se réfèrent à son état d’humiliation, un état qui n’était pas le sien éternellement, mais dont il se chargea pour nous. Avant de s’humilier pour nous ressembler, il « existait en forme de Dieu » et possédait « l’égalité avec Dieu » (Philippiens 2.6-8). Les passages qui parlent de l’infériorité de Jésus par rapport au Père, tel que Jean 14.28, se réfèrent à son état temporaire d’humiliation.

Harvey FLOYD
(Dans Vol. 3, No. 5)