L’œuvre de l’évangéliste

Qui est évangéliste ?

Le mot « évangéliste » vient d’un mot grec qui veut dire simplement « quelqu’un qui annonce une bonne nouvelle », telle qu’une victoire militaire. Dans le contexte chrétien, le sens est, bien sûr, plus précis. Il s’agit de celui qui annonce la bonne nouvelle du salut en Jésus-Christ, la bonne nouvelle que Jésus est mort pour nos péchés et qu’il est ressuscité d’entre les morts. En effet, le mot « évangile » signifie, littéralement, bonne nouvelle, et il n’y a pas de meilleure nouvelle que celle-ci : notre Dieu nous offre le plein pardon et une place avec lui dans la gloire éternelle !

Il est certainement vrai que tous les chrétiens ont le privilège et la responsabilité d’annoncer aux hommes perdus cette merveilleuse nouvelle. Quand Jésus a donné aux apôtres l’ordre de prêcher l’Évangile et de baptiser ceux qui croiraient, il a ajouté : « Et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit » (Matthieu 28.20). Comme il venait de leur prescrire de faire de toutes les nations ses disciples, il va sans dire que tous ceux qui acceptaient l’Évangile devaient à leur tour le propager. Les chrétiens sont donc tous, dans un sens, des évangélistes – ou au moins ils devraient l’être.

Mais en lisant le Nouveau Testament, nous voyons que le mot évangéliste était employé dans un sens un peu plus limité que cela. En Actes 21.8, un certain homme est identifié comme « Philippe l’évangéliste ». Si tout le monde dans l’Église était évangéliste, ce terme n’aurait pas aidé à identifier ce Philippe parmi tous ceux qui portaient le même nom. Et comme on pourrait le déduire d’Éphésiens 4.11, les évangélistes pouvaient être distingués des apôtres, des prophètes et des pasteurs.

Si tous les chrétiens ont la responsabilité d’évangéliser, en quoi certains chrétiens seraient-ils appelés « évangélistes » et d’autres non ? Sans doute, ils étaient désignés « évangélistes » compte tenu, d’un côté d’une aptitude ou d’une formation reçue en ce qui concerne l’évangélisation, ou de l’autre côté, du fait qu’ils se donnaient spécialement à cet aspect du travail de l’Église. On est évangéliste parce qu’on a une capacité particulière pour annoncer la bonne nouvelle de Jésus ET parce qu’on exploite cette capacité, c’est-à-dire, qu’on fait « l’œuvre d’un évangéliste » (2 Timothée 4.5).

Son œuvre en faveur de l’Église

Il est évident qu’un évangéliste va vers ceux qui ne sont pas encore chrétiens afin de les gagner pour Christ. Mais Éphésiens 4 nous indique que l’évangéliste a également quelque chose à faire pour ceux qui sont déjà membres de l’Église.

« Et [Jésus] a donné les uns comme apôtres, les autres comme prophètes, les autres comme évangélistes, les autres comme pasteurs et docteurs, pour le perfectionnement des saints en vue de l’œuvre du ministère et de l’édification du corps de Christ, jusqu’à ce que nous soyons tous parvenus à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’homme fait, à la mesure de la stature parfaite de Christ, afin que nous ne soyons plus des enfants, flottant et emportés à tout vent de doctrine, par la tromperie des hommes, […] mais que […] nous croissions à tous égards en celui qui est le chef, Christ. » (Éphésiens 4.11-15)

Tous les conducteurs cités dans ce verset contribuent au « perfectionnement » des chrétiens, pour les amener à grandir en connaissance et en foi et à pouvoir servir. Que ferait un évangéliste pour ceux qui sont déjà sauvés ? Deux possibilités se présentent à l’esprit : (1) ayant une connaissance et une expérience pratiques dans le domaine de l’évangélisation, il est probable qu’un aspect du service rendu à l’Église par les évangélistes était le fait de former les autres chrétiens à pouvoir mieux répandre la bonne nouvelle et amener les gens à se convertir ; (2) il est certain que les évangélistes, après avoir fait des disciples, avaient la tâche de montrer aux nouveaux convertis les principes de base de la vie chrétienne, de les affermir dans la foi, et, là où l’Église n’existait pas encore, de regrouper les nouveaux chrétiens en assemblées locales. Il devait aussi, dans ce cas, leur montrer le bon fonctionnement d’une Église. Cette idée sera appuyée par ce que nous verrons en 1 et 2 Timothée et Tite.

Les conseils à Timothée et Tite

Dans le Nouveau Testament, nous avons, en effet, trois épîtres de l’apôtre Paul qui s’adressent à Timothée et à Tite. Ces deux serviteurs de Dieu, plus jeunes que Paul, avaient été chargés par ce dernier de travailler respectivement avec l’Église d’Éphèse et celles de l’île de Crète. On a l’habitude d’appeler ces trois livres du Nouveau Testament « les épîtres pastorales », mais en fait, Timothée et Tite ne sont pas décrits comme étant des « pasteurs ». Paul exhorte Timothée à faire, par contre, l’œuvre d’un évangéliste ; il devait évangéliser. Mais les instructions de Paul semblent confirmer que les évangélistes devaient amener les convertis et les assemblées à un certain niveau de maturité.

Timothée et Tite devaient enseigner. Paul dit en 1 Timothée 4.13,16 : « Applique-toi à la lecture, à l’exhortation, à l’enseignement […] Veille sur toi-même et sur ton enseignement ; persévère dans ces choses, car, en agissant ainsi, tu te sauveras toi-même et ceux qui t’écoutent. » Dans ces épîtres Paul précise certaines choses que Timothée, à Éphèse, et Tite, sur l’île de Crète, devaient enseigner à différents groupes au sein de l’Église : les serviteurs, les riches, les vieillards, les femmes âgées, les jeunes femmes, les jeunes hommes, les veuves, etc. Paul insiste beaucoup sur la saine doctrine (ou enseignement) qu’il fallait dispenser.

Timothée et Tite devaient également armer les jeunes Églises contre la fausse doctrine. En 1 Timothée 4.1,2 il donne cet avertissement :

« Mais l’Esprit dit expressément que, dans les derniers temps, quelques-uns abandonneront la foi, pour s’attacher à des esprits séducteurs et des doctrines de démons, par l’hypocrisie de faux docteurs… »

Il signale par la suite deux exemples de ces fausses doctrines, et ajoute au verset 6 :

« En exposant ces choses aux frères, tu seras un bon ministre de Jésus-Christ, nourri des paroles de la foi et de la bonne doctrine que tu as exactement suivie. »

Paul avait dit au début de son épître, d’ailleurs, qu’il avait engagé Timothée à rester à Éphèse « afin de recommander à certaines personnes de ne pas enseigner d’autres doctrines » (1 Timothée 1.3).

Un troisième devoir de l’évangéliste que nous trouvons dans ces épîtres est celui de préparer d’autres hommes à pouvoir enseigner dans l’Église. Paul dit en 2 Timothée 2.2 :

« Ce que tu as entendu de moi en présence de beaucoup de témoins, confie-le à des hommes fidèles, qui soient capables de l’enseigner aussi à d’autres. »

Enfin, une autre responsabilité que Paul a confiée à Tite est citée en Tite 1.5 :

« Je t’ai laissé en Crète, afin que tu mettes en ordre ce qui reste à régler, et que, selon mes instructions, tu établisses des anciens dans chaque ville. »

Paul et Barnabas avaient fait la même chose dans la Galatie, selon Actes 14.23 :

« Ils firent nommer des anciens dans chaque Église, et, après avoir prié et jeûné, ils les recommandèrent au Seigneur, en qui ils avaient cru. »

Tite n’avait pas besoin de choisir personnellement des anciens pour chaque Église locale. Il aurait sans doute procédé de la même manière que les apôtres ont fait en Actes 6 où il était question de désigner des hommes pour une autre tâche dans l’Église : ils ont parlé à l’assemblée en ces termes :

« C’est pourquoi, frères, choisissez parmi vous sept hommes, de qui l’on rende un bon témoignage, qui soient pleins d’Esprit-Saint et de sagesse, et que nous chargerons de cet emploi. » (Actes 6.3)

Dans l’Épître à Tite, Paul a, en effet, donné une liste de critères à remplir par ceux qui seraient appelés à servir leurs assemblées comme anciens. Tite devait enseigner ces critères dans chaque assemblée locale, afin que les membres eux-mêmes, qui connaissaient les leurs, puissent savoir choisir leurs propres anciens.

Rien dans le texte ne suggère que Tite devait par la suite superviser les anciens dans leur travail. Il jouait simplement un rôle pour amener les assemblées à une plus grande maturité spirituelle. Il était un serviteur parmi tant d’autres que le Seigneur avait donnés à son Église pour « le perfectionnement des saints en vue de l’œuvre du ministère et de l’édification du corps de Christ, jusqu’à ce que nous soyons tous parvenus à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’homme fait, à la mesure de la stature parfaite de Christ » (Éphésiens 4.12,13).

Les rapports entre évangéliste et assemblée

Le soutien financier ?

La Parole de Dieu enseigne clairement qu’il est normal de soutenir matériellement ceux qui nous enseignent dans les choses spirituelles. En envoyant ses disciples pour prêcher dans tous les lieux où lui-même devait aller, Jésus leur dit d’accepter d’être hébergés et nourris par ceux à qui ils annonceraient la bonne nouvelle, « car l’ouvrier mérite son salaire » (Luc 10.7). L’apôtre Paul enseigna le même principe : « Que celui à qui l’on enseigne la parole fasse part de tous ses biens à celui qui l’enseigne » (Galates 6.6). (Voir aussi Romains 15.26,27.) La discussion la plus longue de ce principe se trouve en 1 Corinthiens 9.1-19, où l’apôtre Paul affirme son droit en tant que prédicateur de l’Évangile de recevoir un soutien de la part de ceux qu’il enseignait. Au verset 14 il va jusqu’à dire que « le Seigneur a ordonné à ceux qui annoncent l’Évangile de vivre de l’Évangile ». Le contexte montre, pourtant, que cette phrase doit être comprise dans le sens d’une autorisation de recevoir du soutien matériel et non comme une obligation d’exiger un salaire de l’Église. Dans les versets 15 à 19, en effet, Paul explique pourquoi lui-même n’avait pas demandé aux Corinthiens de lui donner ce soutien quand il travaillait parmi eux. Mais bien que Paul n’ait pas « usé de son droit », et enseignait par son exemple qu’il y a des situations où il vaut mieux ne pas en user, il affirme clairement qu’un évangéliste peut travailler à plein temps à la prédication de l’Évangile et être soutenu par l’Église.

La valeur du service à plein temps

En fait, toute assemblée devrait chercher à soutenir au moins un évangéliste fidèle pour qu’il se donne pleinement à l’évangélisation – soit en travaillant au sein de l’assemblée qui lui donne les moyens de vivre, soit en travaillant dans un autre endroit où le besoin est plus grand, où il y a moins d’ouvriers pour le Seigneur. C’est ce que l’Église de Philippes faisait à l’égard de Paul (Philippiens 4.15,16; Actes 18.1-5). Ce dernier exerçait à Corinthe son métier de faiseur de tentes, tout en prêchant l’Évangile. Mais l’aide envoyée par les Philippiens lui permit de « se donner tout entier à la parole, attestant aux Juifs que Jésus était le Christ ». La possibilité d’évangéliser à plein temps permet de répandre la bonne nouvelle plus rapidement et de sauver plus d’âmes. En donnant généreusement pour que d’autres soient capables d’évangéliser davantage, les chrétiens qui donnent participent à la prédication tout comme ceux qui annoncent la Parole. L’apôtre Jean dit à Gaïus, concernant certains frères qui se rendaient quelque part pour y apporter l’Évangile :

« Tu feras bien de pourvoir à leur voyage d’une manière digne de Dieu. Car c’est pour le nom de Jésus-Christ qu’ils sont partis, sans rien recevoir des païens. Nous devons donc accueillir de tels hommes afin d’être ouvriers avec eux pour la vérité. » (3 Jean 6-8)

La prédication de l’Évangile est un travail urgent qui demande des sacrifices de la part de chacun de nous ; des âmes éternelles sont en danger !

Il faut retenir, cependant, qu’il ne doit pas y avoir de honte pour un évangéliste de faire autre travail pour subvenir à ses besoins. Il peut se trouver dans une situation où, quelle que soit la raison, son assemblée ne le soutient pas matériellement. Paul écrivit à l’Église de Thessalonique :

« Vous savez vous-mêmes comment il faut nous imiter, car nous n’avons pas vécu parmi vous dans le désordre. Nous n’avons mangé gratuitement le pain de personne ; mais, dans le travail et dans la peine, nous avons été nuit et jour à l’œuvre, pour n’être à charge à aucun de vous. Ce n’est pas que nous n’en ayons le droit, mais nous avons voulu vous donner en nous-mêmes un modèle à imiter. » (2 Thessaloniciens 3.7-9)

Un prédicateur peut travailler de ses mains, tout en prêchant la Parole de Dieu.

Le respect

Nous devrions respecter et être reconnaissants envers ceux qui se consacrent de manière particulière à l’avancement de la cause de Christ et l’édification de son Église. Qu’ils soient des évangélistes, des anciens, des diacres ou des enseignants, la Bible nous dit à leur égard :

« Nous vous prions, frères, d’avoir de la considération pour ceux qui travaillent parmi vous, qui vous dirigent dans le Seigneur, et qui vous exhortent. Ayez pour eux beaucoup d’affection, à cause de leur œuvre. » (1 Thessaloniciens 5.12,13)

Il y a lieu de respecter l’évangéliste pour son travail, son service utile, les sacrifices qu’il fait pour la cause du Seigneur. Le respect qui est recommandé n’est pas pour un « poste » qu’il occupe, comme c’est le cas pour les rois et les gouverneurs, que l’on doit honorer qu’ils soient de bon caractère ou pas (Romains 13.1-7). Quand Paul dit à Timothée « Que personne ne méprise ta jeunesse », il a montré en même temps la manière d’éviter que les autres le méprisent : « Mais sois un modèle pour les fidèles, en parole, en conduite, en charité, en foi, en pureté » (1 Timothée 4.12). Le respect de ce genre ne se commande pas ; il est gagné par une vie pieuse et le travail dévoué.

L’évangéliste n’est pas un chef de l’Église, et l’autorité qu’il peut avoir ne réside pas dans sa personne ou dans son rang, mais dans la Parole de Dieu qu’il prêche. Pas plus qu’un autre membre, il n’a aucun droit d’imposer à l’Église sa propre volonté, son goût, ses opinions.

Les titres d’honneur

Beaucoup de prédicateurs ont besoin de relire souvent les paroles que Jésus adressa à ses apôtres en Matthieu 23.8-12 :

« Mais vous, ne vous faites pas appeler Rabbi ; car un seul est votre Maître, et vous êtes tous frères. Et n’appelez personne sur la terre votre Père ; car un seul est votre Père, celui qui est dans les cieux. Ne vous faites pas appeler directeurs ; car un seul est votre directeur, le Christ. Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. Quiconque s’élèvera sera abaissé, et quiconque s’abaissera sera élevé. »

Peu importe si le titre que l’on se donne ou que l’on accepte que les autres nous donnent est « Pasteur » ou « Serviteur de Dieu » plutôt que « Rabbi » ou « Père ». Les expressions que nous employons comme titres d’honneur n’ont pas de place parmi nous. Le désir de se faire honorer ou exalter est contraire à l’attitude que nous enseigne la Parole de Dieu.

Remarquons en passant que, selon la Bible, un évangéliste n’est pas la même chose qu’un pasteur. Si les membres de l’Église appellent l’évangéliste « pasteur », ou si lui-même accepte qu’on l’appelle ainsi, ce n’est pas correct. Nous devons « faire les choses bibliques de la manière biblique et appeler les choses bibliques par des noms bibliques ». Autrement nous ajoutons à la confusion qui empêche aux hommes de comprendre la Bible.

Le rôle des écoles de formation biblique

Comment devient-on qualifié comme évangéliste ? Il n’y a pas un seul moyen d’acquérir les connaissances et l’expérience qui permettent à un homme de faire l’œuvre d’un évangéliste. On peut faire une sorte d’apprentissage auprès d’un évangéliste expérimenté. Il semble que l’apôtre Paul formait ainsi des hommes sur le terrain, comme il l’a fait pour Timothée. On peut faire partie d’un groupe de personnes formées ensemble. Jésus formait douze hommes à la fois (sans compter les 70 disciples qu’il prépara et envoya prêcher selon Luc 10). Beaucoup aujourd’hui ont l’occasion de fréquenter une école de formation biblique pour approfondir leurs connaissances et apprendre à mieux travailler. Une telle école peut rendre un grand service aux Églises en fournissant cette formation.

Il faut comprendre, pourtant, que l’école biblique n’est pas le siège de l’Église dans le pays où il se trouve ; son directeur n’est pas un arbitre pour les assemblées ; l’école n’a pas le rôle de placer ou affecter des évangélistes. Ces écoles existent tout simplement comme l’effort de certains évangélistes ou certaines assemblées pour satisfaire au besoin identifié en 2 Timothée 2.2, où Paul dit :

« Ce que tu as entendu de moi en présence de beaucoup de témoins, confie-le à des hommes fidèles qui soient capables de l’enseigner aussi à d’autres. »

Mais comme nous l’avons dit : ces écoles ne sont pas le seul moyen d’être formé ; certains frères qui n’ont jamais fréquenté une telle école connaissent mieux la Bible et la prêchent de manière plus efficace que la plupart de ceux qui les ont fréquentées. Ajoutons que le diplôme ou certificat octroyés par une école ne confère aucune autorité à celui qui le reçoit et ne met ni l’Église ni les formateurs sous une obligation quelconque d’engager l’étudiant qui achève la formation.

Conclusion

Le rôle de l’évangéliste est souvent mal compris, non seulement par l’Église, mais aussi par de nombreux évangélistes eux-mêmes. Son travail n’est pas : de diriger les assemblées locales, d’organiser leurs activités, de fournir ou de trouver des moyens financiers pour l’œuvre, de superviser quoi que ce soit. L’évangéliste est essentiellement quelqu’un qui se donne à la proclamation de l’Évangile pour amener des pécheurs à se convertir et qui continue d’enseigner la Parole pour amener les convertis et les assemblées vers la maturité. Que ce travail soit rémunéré financièrement ou pas, que l’évangéliste soit honoré ou pas, c’est un travail noble dont on ne peut jamais mesurer la valeur. Beaucoup de choses auxquelles on peut se consacrer dans la vie sont, en fin de compte, pour utiliser le terme du roi Salomon, « vanité des vanités », sans valeur sur le plan éternel. Mais le travail de porter aux hommes perdus l’Évangile qui peut les sauver – voilà un ministère « glorieux » (2 Corinthiens 3.6-9).

B. B.
(Dans Vol. 9, No. 2)

« Toutes les Églises du Christ vous saluent. » Romains 16.16

On estime qu’il y a actuellement plus de 30 000 assemblées locales qui s’identifient comme des Églises du Christ. Quelques-unes ont plusieurs milliers de membres ; d’autres n’ont qu’une poignée de fidèles. Elles se trouvent dans plus de 150 pays partout dans le monde, mais dans beaucoup d’endroits elles ne sont pas bien connues. Ce numéro de Chemin de Vérité cherche donc à vous fournir des explications utiles concernant qui nous sommes et en quoi nous sommes différents des autres. Bien sûr, il y a de nombreuses ressemblances entre l’Église du Christ et les Églises que vous connaissez peut-être mieux. Par exemple, nous croyons en Dieu et à la Bible ; nous croyons que Jésus-Christ est le Fils de Dieu, qu’il est mort pour nos péchés et ressuscité d’entre les morts ; nous nous réunissons chaque dimanche pour prier, pour louer Dieu, pour écouter sa parole. Mais, de plusieurs manières, nous sommes distinctifs, différents de la plupart des groupes religieux que vous avez rencontrés.

Différences remarquées lors de la première visite

Quand les gens assistent pour la première fois au culte d’une Église du Christ, ils sont généralement frappés par plusieurs choses.

D’abord il y a le fait que nous n’employons pas d’instruments de musique dans notre adoration – ni tam-tams, ni piano, ni guitare, ni autre instrument. Nous aimons chanter, que nous le fassions bien ou pas. Mais que ce soit une assemblée de cinq personnes ou de 5 000 personnes, nos chants sont « a cappella », c’est-à-dire de la musique vocale, sans instruments. En effet, le Nouveau Testament nous recommande de chanter pour louer Dieu et nous exhorter les uns les autres. Éphésiens 5.19 dit : « Entretenez-vous par des psaumes, par des hymnes, et par des cantiques spirituels, chantant et célébrant de tout votre cœur les louanges du Seigneur. » Colossiens 3.16 parle dans le même sens : « Que la parole de Christ habite parmi vous abondamment ; instruisez-vous, et exhortez-vous les uns les autres en toute sagesse, par des psaumes, par des hymnes, par des cantiques spirituels, chantant à Dieu dans vos cœurs sous l’inspiration de la grâce. » Hébreux 13.15 dit : « Par lui, offrons sans cesse à Dieu un sacrifice de louange, c’est-à-dire, le fruit de lèvres qui confessent son nom. »

Comme vous le voyez dans ces passages, l’accent devrait être mis sur le sens des paroles que nous chantons. Puisque rien dans la Bible ne recommande aux chrétiens d’employer des instruments de musique pour louer Dieu, nous ne prenons pas la liberté de les ajouter. Il est vrai que les instruments étaient employés par les Juifs dans leur temple à Jérusalem, mais pour ce qui concerne les premiers chrétiens, et la Bible et l’histoire s’accordent pour dire qu’ils chantaient sans accompagnement instrumental.

Une autre différence que les visiteurs, surtout en Afrique, tendent à remarquer quand ils adorent avec nous pour la première fois est que notre adoration se passe dans le calme et l’ordre. Les gens ne sont pas toujours favorables à cette différence. Ils sont habitués à trouver dans d’autres Églises une certaine ambiance de fête où « ça bouge » et « ça danse ». Ils s’attendent à ce que, au moment de la prière, tout le monde se mette à parler à la fois, à haute voix. D’autres sont en train de crier ; d’autres parlent de façon incompréhensible ; d’autres tombent en transe. Ne sachant pas vraiment comment l’Esprit de Dieu se manifeste, ceux qui sont habitués à ces choses pensent à tort que l’Esprit n’est pas parmi nous, puisque personne parmi nous n’agit de cette manière.

Mais en fait, une autre façon de faire reflète mieux la nature de Dieu et la présence de son Esprit. En 1 Corinthiens 14.33, l’apôtre Paul écrit : « Car Dieu n’est pas un Dieu de désordre, mais de paix. » Il dit au verset 40 du même chapitre, pour conclure un passage où il donne des instructions très précises concernant les cultes chrétiens : « Que tout se fasse avec bienséance et avec ordre. » Quelles instructions avait-il données ? Il dit aux versets 27 et 28 : « En est-il qui parlent en langue ? Que deux ou trois au plus parlent, chacun à son tour, et que quelqu’un interprète ; s’il n’y a point d’interprète, qu’on se taise dans l’Église. » Une personne à la fois devait parler. Ensuite il parle de ceux qui donnaient des messages par inspiration, et il donne la même règle : « Si un autre qui est assis a une révélation, que le premier se taise. Car vous pouvez tous prophétiser successivement, afin que tous soient instruits et que tous soient exhortés » (vs. 29-31). Même les prières lors du culte suivaient cette règle afin que l’assistance entière soit édifiée. Aux versets 16,17 on voit clairement qu’une personne élevait la voix pour parler à Dieu au nom de l’Église ; les autres écoutaient et disaient « amen » pour exprimer leur accord avec celui qui les avait tous conduits en prière. Tout était donc « avec bienséance et avec ordre ».

Une autre différence par rapport à beaucoup d’Églises de nos jours est que dans les Églises du Christ, les femmes ne prennent pas la parole dans l’adoration pour s’adresser à l’assemblée. Elles ne deviennent pas pasteurs ou prédicateurs. Ce n’est pas pour dire qu’elles n’ont pas de service à rendre dans l’Église. Loin de là ! Elles servent Dieu de beaucoup de manières. Nous avons des sœurs qui font autant pour le Seigneur que quiconque parmi nous. Que ce soit la bienfaisance, l’évangélisation, l’enseignement des femmes et des enfants, ou bien d’autres services, ces sœurs n’ont jamais cessé de travailler pour Dieu. Mais elles ne prêchent pas devant l’Église, elles ne conduisent pas les hommes en prière, et elles cherchent à respecter la place que Dieu a désignée pour les femmes. En effet, ce n’est pas nous, c’est la Bible qui dit, en 1 Corinthiens 14.34 : « Comme dans toutes les Églises des saints, que les femmes se taisent dans les assemblées, car il ne leur est pas permis d’y parler ; mais qu’elles soient soumises, selon que le dit aussi la loi. » 1 Timothée 2.12 contient le même enseignement : « Je ne permets pas à la femme d’enseigner, ni de prendre de l’autorité sur l’homme ; mais elle doit demeurer dans le silence. »

D’autres remarquent une certaine égalité parmi tous les membres. Personne parmi nous ne porte un titre d’honneur tel que Père, Pasteur ou Révérend. Nous gardons à l’esprit que Jésus lui-même a enseigné en Matthieu 23.9-12 : « N’appelez personne sur la terre votre père ; car un seul est votre Père, celui qui est dans les cieux. Ne vous faites pas appeler directeurs ; car un seul est votre Directeur, le Christ. Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. Quiconque s’élèvera sera abaissé, et quiconque s’abaissera sera élevé. » Non seulement nous ne portons pas de titres d’honneur, mais quand nous employons des expressions bibliques telles que « pasteur » ou « évêque », nous les réservons pour ceux qui sont qualifiés selon les critères donnés dans les Écritures, en 1 Timothée 3 et Tite 1. Les conducteurs spirituels d’une assemblée sont choisis par les autres membres. L’assemblée doit évaluer l’enseignement des hommes qu’elle choisirait – sont-ils dans la bonne doctrine ? Elle doit considérer leur caractère – est-ce qu’ils peuvent être des modèles à suivre pour les chrétiens ? Elle doit prendre en compte leur vie familiale – pour être pasteur on doit avoir une femme et des enfants qui sont chrétiens – arrivent-ils à bien les diriger ? Ont-ils l’amour des âmes ou bien est-ce que leur souci principal est leur propre intérêt matériel ? Dans les Églises du Christ, un homme ne se lève pas pour dire qu’il est pasteur parce qu’il pense que Dieu l’a appelé ou parce qu’il a suivi une formation. Et même quand des hommes sont désignés comme pasteurs dans une assemblée, le mot « pasteur » n’est pas un titre qu’ils portent, mais un rôle qu’ils doivent jouer, celui de bergers qui veillent sur les brebis.

Différences qu’on voit avec le temps

Le fait que nous n’employons pas d’instruments de musique, que nous ne prions pas dans le bruit et le désordre, que les femmes ne dirigent pas, et que personne parmi nous ne se fait appeler « mon Pasteur » ou « mon Père », tout cela peut se remarquer lors d’une première visite dans nos assemblées. Mais si vous continuez de nous fréquenter, vous remarquerez d’autres différences.

Par exemple, nous prenons le repas du Seigneur tous les dimanches plutôt qu’une seule fois dans le mois, le trimestre ou l’année. Selon le livre des Actes, les premiers chrétiens persévéraient dans la fraction du pain, le repas du Seigneur (Actes 2.42). Le but de leur réunion chaque premier jour de la semaine était de rompre le pain en mémoire de la mort du Seigneur Jésus pour les péchés de chacun de nous (Actes 20.7; 1 Corinthiens 11.20-22). Nous suivons la même pratique.

Pour ce qui est du financement de l’œuvre de l’Église, vous trouverez une absence de méthodes, si communes ailleurs, pour contraindre les membres à donner. Chaque dimanche, chacun donne (1 Corinthiens 16.1,2) généreusement (Romains 12.8), selon ses moyens (Actes 11.29), « comme il a résolu en son cœur » (2 Corinthiens 9.7). On ne parle pas de « payer » la dîme ou un denier de culte, de cotiser tel montant par tête, ou de faire des collectes tout au long de la semaine quand on se réunit pour des études bibliques ou la prière.

Vous remarquerez aussi que nous n’avons pas de siège, pas d’Église mère, pas de hiérarchie. Il n’y a pas d’organisation missionnaire distincte de l’Église. Il n’y a que des assemblées locales dans les différents villages, villes et quartiers. Chaque assemblée est autonome, responsable directement au Seigneur. Elle choisit ses propres enseignants, elle décide comment utiliser l’argent que les membres contribuent, elle détermine son propre programme de travail. Tant que ces différentes assemblées restent dans la vérité de l’enseignement biblique, elles sont attachées les unes aux autres par des liens de communion fraternelle. Elles sont libres de coopérer ensemble volontairement pour répandre la bonne nouvelle, mais elles ne reconnaissent pas d’autre structure d’organisation. Et tout cela est parce qu’elles suivent un modèle qui se trouve dans le Nouveau Testament.

Vous verrez aussi que ce que nous faisons et enseignons à l’égard du baptême est différent des pratiques et doctrines des autres communautés. Nous baptisons par immersion ; il y a beaucoup d’Églises qui font cela. Par contre, nous croyons que le baptême est, selon la Bible, une condition qu’il faut remplir pour être sauvé, pour devenir enfant de Dieu, pour recevoir le pardon des péchés. Jésus dit en Marc 16.16 : « Celui qui croira ET qui sera baptisé sera sauvé. » L’apôtre Pierre a prêché le jour de la Pentecôte : « Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ, pour le pardon de vos péchés, et vous recevrez le don du Saint-Esprit » (Actes 2.38). Ananias dit à Saul de Tarse en Actes 22.16 : « Et maintenant, que tardes-tu ? Lève-toi, sois baptisé et lavé de tes péchés, en invoquant le nom du Seigneur. » Paul dit aux Galates : « Vous tous qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu Christ » (Galates 3.7). Bien d’autres versets parlent dans le même sens. Nous prêchons donc que pour être sauvé et ajouté par Dieu à son Église, l’homme doit écouter la bonne nouvelle de la mort, l’enterrement et la résurrection de Jésus, il doit croire de tout son cœur que Jésus est le Fils de Dieu, il doit se repentir de ses péchés, il doit dire aux autres qu’il croit en Jésus, et il doit être baptisé dans le but de recevoir le pardon.

Afin de nous conformer aux exemples bibliques de conversion, nous n’ajoutons pas de conditions au baptême que Dieu n’a pas fixées : c’est-à-dire, nous n’imposons pas de catéchisme ou cours de baptême à suivre pendant des mois ou des années, et nous n’imposons pas un certain temps d’observation avant d’accepter de baptiser quelqu’un qui croit à l’Évangile et qui se repent. Il y a parmi nous des gens qui, comme le geôlier philippien en Actes 16, ont été baptisés au milieu de la nuit parce qu’ils ne voulaient pas rester dans leurs péchés jusqu’au lendemain. Là encore, c’est quelque chose qu’on n’a pas l’habitude de voir dans les autres Églises. Ce n’est pas simplement une question de goût. Nous croyons que le salut éternel de chaque personne est en jeu.

Pourquoi ces différences ?

Alors, pourquoi sommes-nous différents sur ces points et plusieurs autres ? Le principe qui explique ces différences est évoqué par une question que les chefs des Juifs ont adressée à Jésus : « Par quelle autorité fais-tu ces choses, et qui t’a donné l’autorité de les faire ? » (Marc 11.28). Voilà une question que chacun doit se poser concernant ce qu’il fait dans la religion. Dans sa réponse, Jésus a identifié les deux seules réponses possibles : soit notre autorité vient de Dieu, soit elle vient des hommes. Soit nous faisons ce que Dieu exige, soit nous suivons des commandements d’hommes.

Comment donc Dieu nous fait-il savoir sa volonté aujourd’hui ?

Disons d’abord que c’est par la Bible seule que Dieu fait connaître aux hommes ce qu’ils doivent faire. Elle est une révélation complète. Selon 2 Timothée 3.16,17, « Toute Écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit accompli et propre à toute bonne œuvre. » La parole de Dieu est donnée pour que nous soyons accomplis ou mûrs, complètement formés, et aptes ou préparés pour faire tout ce que Dieu veut. Cette parole « ne passera pas » et n’a pas besoin d’être modifiée. Jude 3 dit que la foi chrétienne « a été transmise aux saints une fois pour toutes ». Galates 1.8 prononce une malédiction sur quiconque annonce un évangile s’écartant de celui que Paul et les autres apôtres prêchaient. L’apôtre Jean déclare en 2 Jean 9 que quiconque va plus loin et ne demeure pas dans la doctrine de Christ n’a point Dieu. Ni les soi-disant prophètes modernes ni les traditions des différentes Églises n’ont rien à ajouter à ce qu’enseigne la Bible.

Précisons ensuite ceci : bien que toute la Bible soit la parole de Dieu, c’est le Nouveau Testament qui contient l’alliance entre Dieu et les hommes qui est actuellement en vigueur. La Bible dit en Hébreux 8.6,7 que Jésus « est le médiateur d’une alliance plus excellente, qui a été établie sur de meilleures promesses. En effet, si la première alliance avait été sans défaut, il n’aurait pas été question de la remplacer par une seconde. » Puisque l’ancienne alliance (l’Ancien Testament) a été, selon Colossiens 2.14, clouée à la croix de Christ, personne ne doit juger son prochain pour des questions telles que les sabbats et les lois alimentaires qui ne sont pas reprises dans le Nouveau Testament, car « c’était l’ombre des choses à venir, mais le corps est en Christ » (Colossiens 2.17). Jésus dit que la parole que lui-même a prononcée, c’est elle qui nous jugera au dernier jour (Jean 12.48).

Précisons enfin, en ce qui concerne l’autorité, que ce qui est autorisé est autorisé ; ce qui n’est pas autorisé est défendu. Quand le médecin vous fait une ordonnance, le pharmacien est autorisé de vous dispenser les médicaments que le médecin a ordonnés. Le docteur n’a pas besoin de citer tout ce que le pharmacien ne doit pas vous servir. Quand vous envoyez votre enfant à la boutique pour payer deux bouteilles de Fanta, il n’a pas le droit de payer aussi des bonbons et un jouet pour lui-même. Vous n’avez pas besoin de lui dire tout ce qu’il ne doit pas payer. Vous lui avez dit ce que vous voulez, et cela suffit.

Pareillement, Dieu nous dit dans sa parole ce qu’il veut que nous fassions dans son service. Il n’a pas besoin de défendre explicitement tout ce qu’il ne veut pas (Héb. 7.14; Lév. 10.1-3; Actes 15.24). Quand il dit que le repas du Seigneur se fait avec du pain et du « fruit de la vigne » (vin ou jus de raisin), il n’a pas besoin de spécifier que l’on ne doit pas ajouter du poulet rôti et des pommes frites à la table du Seigneur. Nous savons que cela n’est pas autorisé. Quand il dit de chanter, il n’a pas besoin de nous dire qu’il ne faut pas ajouter à nos cantiques des instruments de musique. Nous savons que cela n’a pas été autorisé.

Quand on respecte l’autorité de la Bible, on cherche à parler là où la Bible parle et à se taire là où elle se tait (Apocalypse 22.18,19). On veut être en mesure de montrer bibliquement pourquoi l’on croit ce que l’on croit et fait ce que l’on fait. On se garde d’accepter des pratiques qui n’ont pas de soutien dans le Nouveau Testament. Voilà pourquoi, même en ce qui concerne les noms que nous portons, nous n’acceptons pas d’étiquettes comme « protestant », « évangélique », ou « catholique ». Nous nous considérons comme des « chrétiens », tout court, comme l’étaient Pierre, Paul, Jean et tous les premiers disciples.

Conclusion

Le Seigneur ne jugera aucun groupe religieux sur le nombre de ses membres, la beauté et la taille de son lieu de prière, ou tout autre critère humain. C’est sa parole qui nous jugera. Au dernier jour il faudra avoir fait la volonté de Dieu, cette volonté qui est expliquée dans le Nouveau Testament.

Le Nouveau Testament ne parle pas de dénominations. Nous ne voulons pas en être une. La Bible parle d’une Église que Jésus a fondée (Matt. 16.18). Notre but est donc d’être, non pas une dénomination ou « nouvelle Église », mais la même Église que celle dont nous lisons dans la parole de Dieu, l’Église à laquelle le Seigneur ajoutait ceux qui étaient sauvés (Actes 2.47). Nous voulons nous soumettre humblement à sa parole et « faire tout d’après le modèle » qu’elle contient (Hébreux 8.5).

B. B.
(Dans Vol. 8, No. 4)

Les titres religieux

Nombreux sont les titres que les hommes portent dans la religion. Selon la dénomination on peut trouver « père », « pasteur », « devancier », « président », « apôtre », « diacre », « président de la jeunesse », « évangéliste suprême », « monseigneur » et bien d’autres. Pour celui qui veut suivre la Bible ces titres posent au moins trois sortes de problèmes : 1) Il s’agit souvent de titres et de rôles qui ne sont pas autorisés par la Parole de Dieu ; 2) quand il s’agit de titres ou de rôles bibliques, beaucoup de ceux à qui l’on donne les titres de nos jours n’ont pas les qualifications exigées par la Bible ; 3) ces titres sont généralement employés en violation de l’enseignement de Jésus en Matthieu 23 au sujet des honneurs.

I. La question de l’autorité biblique

Quand Jésus avait chassé ceux qui faisaient du commerce dans le temple de Dieu à Jérusalem, les responsables juifs vinrent à lui « et lui dirent : Par quelle autorité fais-tu ces choses, et qui t’a donné l’autorité de les faire ? Jésus leur répondit : Je vous adresserai aussi une question ; répondez-moi, et je vous dirai par quelle autorité je fais ces choses. Le baptême de Jean venait-il du ciel, ou des hommes ? » (Marc 11.28-30). Bien que les chefs juifs soient des hypocrites, leur question était valable. On devrait évaluer tout acte dans la religion pour savoir par quelle autorité il est fait. La réponse de Jésus identifie les seules réponses possibles à la question : Dieu ou les hommes. Tout acte, toute pratique, tout enseignement dans la religion sont autorisés soit par Dieu soit par des hommes.

Ce qui est basé sur des commandements humains rend notre adoration vaine. Dieu dit par le prophète Ésaïe : « C’est en vain qu’ils m’honorent, en enseignant des préceptes qui sont des commandements d’hommes » (Matthieu 15.9). Voilà pourquoi Dieu nous a donné tant d’avertissements concernant le danger d’aller plus loin que ce qui est enseigné dans les Écritures. « Quiconque va plus loin et ne demeure pas dans la doctrine de Christ n’a point Dieu » (2 Jean 9). « J’ai fait de ces choses une application à ma personne et à celle d’Apollos, afin que vous appreniez en nos personnes à ne pas aller au-delà de ce qui est écrit » (1 Corinthiens 4.6). « Vous n’ajouterez rien à ce que je vous prescris, et vous n’en retrancherez rien. Mais vous observerez les commandements de l’Éternel, votre Dieu, tels que je vous les prescris » (Deutéronome 4.2).

À l’exception des termes, « pasteur », « diacre », et « apôtre », tous les titres que nous avons mentionnés plus haut sont étrangers à la Bible. Quelques-uns désignent des postes qui donnent aux hommes de l’autorité sur plusieurs assemblées locales de l’Église. Cela est contraire à l’autonomie des assemblées enseignée dans le Nouveau Testament. Jésus est le seul chef sur toute l’Église (Éphésiens 1.22; 5.23). Il a délégué de l’autorité aux anciens en ce qui concerne les affaires de leurs assemblées locales respectives. Il n’y a pas de position intermédiaire, pas de poste qui supervise plusieurs Églises. C’est Jésus qui a dit : « Je bâtirai mon Église » (Matthieu 16.18), et c’est lui qui a donc déterminé l’organisation de cette Église. Nous n’avons pas le droit de modifier cette organisation à notre goût.

II. La question des qualifications

Pour ce qui concerne les positions de responsabilité dans l’Église qui sont nommées dans la Bible, le Seigneur a défini les qualifications qu’il faut posséder pour remplir ces positions. Beaucoup de ceux qui portent les titres aujourd’hui ne possèdent pas les qualifications requises par l’Écriture.

Prenons, par exemple, le rôle d’ancien. (Il faudrait noter en passant que la Bible emploie les termes « anciens », « évêques », et « pasteurs », pour parler du même groupe d’hommes. En Actes 20.17 il est dit que « Paul envoya chercher à Éphèse les anciens de l’Église ». Lorsqu’ils furent arrivés, Paul leur adressa le discours qui est contenu dans les versets 18 à 35 du même chapitre. Au cours de ce discours aux anciens, Paul leur dit au verset 28 : « Prenez donc garde à vous-même et à tout le troupeau sur lequel le Saint-Esprit vous a établis évêques, pour paître l’Église du Seigneur. » Les anciens étaient des évêques et devaient faire le travail de pasteurs.) Paul écrivit à Timothée (1 Tim. 3.1-7) et à Tite (Tite 1.5-9) les critères auxquels un homme devait satisfaire pour devenir ancien (évêque ou pasteur). Rien n’est dit au sujet de diplômes, de séminaires ou d’écoles de théologie. Il est vrai que l’évêque doit être « propre à l’enseignement » et « attaché à la vraie parole telle qu’elle a été enseignée, afin d’être capable d’exhorter selon la saine doctrine et de réfuter les contradicteurs ». Mais il doit aussi être un exemple pour les fidèles dans son caractère et sa vie chrétienne. Il doit être hospitalier, modéré, juste, désintéressé. Il ne doit être ni adonné au vin, ni violent, ni arrogant. En plus, il doit être marié. « Il faut que l’évêque soit… mari d’une seule femme » (1 Timothée 3.2). Il faut aussi que l’ancien ou le pasteur ait des enfants fidèles, ce qui implique qu’ils sont assez âgés pour être chrétiens (Tite 1.6). La raison pour cette exigence est apparemment que le foyer sert de terrain d’apprentissage pour l’ancien. « Il faut qu’il dirige bien sa propre maison, et qu’il tienne ses enfants dans la soumission et dans une parfaite honnêteté ; car si quelqu’un ne sait pas diriger sa propre maison, comment prendra-t-il soin de l’Église de Dieu ? » (1 Timothée 3.4,5).

Évidemment, beaucoup de ceux qui portent le titre d’évêque sont célibataires. Beaucoup de ceux qu’on appelle « pasteur » n’ont pas d’enfants croyants. Soit ils n’ont pas encore d’enfants, soit leurs enfants ne sont pas encore assez âgés pour obéir à l’Évangile.

Un homme qui est sans enfants ou qui est célibataire peut certainement prêcher l’Évangile. Paul se disait prédicateur, et il n’avait pas de femme, mais il ne s’est jamais appelé ancien, pasteur ou évêque. Attribuer ces titres à ceux qui ne sont pas qualifiés, c’est mal employer le vocabulaire de la Bible et ne pas se soumettre à son enseignement.

Quant au titre d’apôtre, Actes 1.15-26 enseigne que les apôtres furent choisis, par le Seigneur, parmi ceux qui avaient été avec Jésus de son vivant et qui étaient témoins oculaires de sa résurrection. Même Paul remplit cette qualification. Il demande en 1 Corinthiens 9.1 : « Ne suis-je pas apôtre ? N’ai-je pas vu Jésus notre Seigneur ? » Les apôtres étaient essentiellement des témoins. Or un témoin n’a pas de successeur. Il ne suffit pas de se dire apôtre pour l’être. Jésus félicita l’Église d’Éphèse en disant : « Tu as éprouvé ceux qui se disent apôtres et qui ne le sont pas, et… tu les as trouvés menteurs » (Apocalypse 2.2).

III. La question des honneurs

Enfin, il y a le problème posé par l’enseignement de Jésus en Matthieu 23. Il est vrai que la Bible nous encourage à garder un certain respect pour ceux qui conduisent l’Église spirituellement et qui nous enseignent la Parole de Dieu. 1 Thessaloniciens 5.12,13 dit : « Nous vous prions, frères, d’avoir de la considération pour ceux qui travaillent parmi vous, qui vous dirigent dans le Seigneur, et qui vous exhortent. Ayez pour eux beaucoup d’affection, à cause de leur œuvre. » Hébreux 13.17 ajoute : « Obéissez à vos conducteurs et ayez pour eux de la déférence, car ils veillent sur vos âmes comme devant en rendre compte. » Et en 1 Timothée 5.17 nous lisons : « Que les anciens qui dirigent bien soient jugés dignes d’un double honneur, surtout ceux qui travaillent à la prédication et à l’enseignement. » Il est normal que les chrétiens aient un respect particulier pour ceux qui les conduisent et enseignent dans l’Église. Il y a, pourtant, des honneurs que Jésus nous dit de ne ni rechercher ni accepter.

En Matthieu 23, Jésus condamne et met en garde contre plusieurs fautes de la secte des Pharisiens de son temps. Les versets 5 à 12 parlent spécialement de leur amour de la gloire des hommes et de leur habitude de se faire honorer et distinguer par rapport aux autres. Ses remarques sont très à propos pour les dirigeants religieux de nos jours aussi.

« Ils font toutes leurs actions pour être vus des hommes. Ainsi, ils portent de larges phylactères, et ils ont de longues franges à leurs vêtements ; ils aiment la première place dans les festins, et les premiers sièges dans les synagogues ; ils aiment à être salués dans les places publiques, et à être appelés par les hommes Rabbi, Rabbi. Mais vous, ne vous faites pas appeler Rabbi ; car un seul est votre Maître, et vous êtes tous frères. Et n’appelez personne sur la terre votre père, car un seul est votre Père, celui qui est dans les cieux. Ne vous faites pas appeler directeur ; car un seul est votre Directeur, le Christ. Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. Quiconque s’élèvera sera abaissé, et quiconque s’abaissera sera élevé. »

En citant les Pharisiens comme un mauvais exemple, Jésus nous enseigne ici de nous méfier du désir de nous distinguer de nos frères et de recevoir des honneurs de la part des hommes. Les Pharisiens se distinguaient dans leur habillement en portant de larges phylactères (petites boîtes contenant des versets bibliques et portés sur le front) et de longues franges à leurs vêtements. Beaucoup de chefs religieux de nos jours se distinguent soit par une soutane soit par un col blanc renversé. Les Pharisiens aimaient les salutations respectueuses en public. Certains chefs religieux de nos jours apprennent aux gens de les saluer de manière particulière, parfois en baisant une bague, parfois même en se prosternant. Les Pharisiens aimaient les titres d’honneur, tels que Rabbi. Les hommes d’aujourd’hui ont le même amour des titres honorifiques. Ils se donnent des titres tels que Révérend, Éminence ou Monseigneur. Même la description biblique, pasteur, est changée par certains en titre d’honneur à employer dans les salutations. On apprend aux fidèles et même aux non-croyants à saluer en disant : « Bonjour, mon Pasteur », ou « je vous présente Monsieur le Pasteur. »

Jésus nous enseigne de ne pas créer une classe plus élevée dans l’Église, comme les Rabbis. Il dit : « … car vous êtes tous frères. » Dans beaucoup de religions, on crée une distinction très nette entre « le clergé » – les responsables dans la religion, et « les laïques » – le peuple. Cette distinction n’existait pas dans l’Église au temps des apôtres et ne devrait donc pas exister de nos jours. Tous les chrétiens font partie du sacerdoce et sont donc prêtres (1 Pierre 2.9), et nous sommes tous frères.

Jésus nous dit clairement qu’il y a des honneurs et des titres qui ne nous appartiennent pas et que nous ne devons ni accorder aux hommes ni accepter de leur part. « Ne vous faites pas appeler Rabbi… N’appelez personne sur la terre votre père… Ne vous faites pas appeler directeurs. » Dans le livre des Actes nous voyons un exemple positif et un exemple négatif en ce qui concerne les honneurs. Au chapitre 12.20-23 le roi Hérode Agrippa 1 est frappé par Dieu et il meurt. Pourquoi ? Parce que, lorsque le peuple acclamait son discours en disant : « Voix d’un dieu et non d’un homme », il ne l’a pas repris. Il n’a pas corrigé le peuple, mais accepta par son silence qu’on lui accorde un honneur qui ne lui revenait pas. Au chapitre 10.24-26 l’apôtre Pierre va chez un non-Juif nommé Corneille pour lui prêcher l’Évangile. « Lorsque Pierre entra, Corneille, qui était allé au-devant de lui, tomba à ses pieds et se prosterna. Mais Pierre le releva, en disant, Lève-toi ; moi aussi, je suis un homme. »

Témoigner du respect pour ceux qui nous enseignent la Parole ou qui conduisent l’Église, c’est selon la volonté de Dieu. Établir une classe distincte au sein de l’Église, se faire désigner par des titres d’honneur et accepter des honneurs auxquels nous n’avons pas droit, c’est violer la Parole.

Faisons seulement ce que la Bible nous autorise de faire. Employons le vocabulaire biblique de la manière que la Bible l’emploie. Gardons-nous du désir de nous faire honorer par les hommes. « Quiconque s’élèvera sera abaissé, et quiconque s’abaisse sera élevé. »

B. B.
(Dans Vol. 3, No. 2)