Pourquoi une nouvelle loi et à quoi sert l’ancienne aujourd’hui?

Introduction

Depuis le premier siècle, beaucoup de chrétiens ont été dans la confusion à l’égard de la loi de Moïse. Beaucoup n’ont pas voulu admettre le caractère temporaire de cette loi. Beaucoup ont voulu conserver des parties de la loi qui ne font pas partie de la doctrine de Christ et de ses apôtres. D’autres reconnaissent que la loi n’est plus en vigueur, mais ne comprennent pas pourquoi le Dieu parfait aurait donné une loi « imparfaite » ayant besoin d’être remplacée par la suite. Quelle était son imperfection et quel serait le but de cette loi imparfaite ? Si elle n’est plus en vigueur, pourquoi la conserver dans nos Bibles aujourd’hui ? Voilà des questions auxquelles nous essayerons de répondre dans ce numéro.

Le chrétien ne vit pas sous la loi de Moïse

Comme nous venons de le dire, beaucoup de chrétiens dès le premier siècle ont eu du mal à accepter que la loi mosaïque ait été enlevée. Ce fait explique la présence de nombreux passages du Nouveau Testament qui soulignent justement cet enseignement. Il est affirmé à maintes reprises et de plusieurs manières que la loi était passagère.

Matthieu 5.17,18 – Voici un passage qui, pour certaines personnes, soutient que la loi est éternelle. Jésus dit qu’il n’est pas venu abolir la loi et les prophètes, mais pour les accomplir. Il dit que la moindre partie de la loi ne disparaîtrait pas jusqu’à ce que tout soit accompli. Or, en disant cela, Jésus affirme que la loi disparaîtrait, puisque tout au long de son ministère il accomplissait ce qui était écrit dans la loi et les prophètes (Matt. 2.15,17,23; 4.14; 8.17; 13.14,35; 21.4; 26.56; 27.9,35; Jean 12.38; 13.18), et à la fin il prétend que tout avait été accompli (Jean 19.30; Luc 24.44-47).

Remarquez que ce n’est pas seulement le code légal contenu dans les livres de Moïse qui fut accompli à la mort du Christ : Jésus parle de l’accomplissement de ce qui était écrit « dans la loi de Moïse, dans les prophètes et dans les psaumes ». Toutes ces Écritures se rapportent à ce que nous appelons l’ancienne alliance, l’ancienne loi, ou l’Ancien Testament. Si la loi de Moïse est encore en vigueur, tout l’Ancien Testament est en vigueur ; si la loi n’est plus en vigueur, c’est que nous ne vivons plus sous l’Ancien Testament dans son ensemble.

Romains 7.1-6 – Dans ce passage la relation avec la loi mosaïque est comparée au mariage. Une femme mariée est libre de prendre un autre mari si son premier mari meurt, parce que cette union est dissoute par la mort. De la même manière, le chrétien, étant mort avec Christ par le baptême, est dégagé de son union à la loi. Vouloir être uni à la loi et au Christ à la fois serait une sorte de polygamie, ou adultère spirituel.

2 Corinthiens 3.6-11 – Paul glorifie Dieu ici de l’avoir rendu capable d’être ministre d’une nouvelle alliance. Il compare ces deux alliances ainsi : la première était un ministère de la mort et la condamnation, la deuxième de la réconciliation ; la première était glorieuse, la deuxième plus glorieuse ; la première était passagère, la deuxième est permanente.

Galates 4.1-7 – La condition d’un héritier qui est encore enfant n’est pas trop différente de celle d’un esclave, jusqu’au temps marqué par le père. C’était aussi la condition de ceux qui étaient sous la loi. Or, le temps marqué est déjà venu, et nous ne sommes plus esclaves (de la loi).

Galates 5.1-5 – La justification est par la foi en Christ. Chercher à être rendu juste par l’observation de la loi de Moïse nous sépare de Christ. Nous avons été affranchis de la loi et ne devons pas nous mettre de nouveau sous le joug de la servitude.

Éphésiens 2.11-19 – Les païens et les Juifs étaient séparés auparavant par la loi qui avait été donnée aux Juifs mais non aux païens. Le Christ a fait de ces deux peuples un seul en anéantissant la loi juive qui créait un mur entre eux. Par le Christ, tous ont accès auprès de Dieu.

Colossiens 2.13-17 – Christ a effacé l’acte dont les ordonnances nous condamnaient ; il l’a détruit en le clouant à la croix. Ainsi, personne ne devrait juger les autres au sujet des dispositions de cette loi, telles que les aliments purs et impurs, les fêtes, etc.

Hébreux 7.11-14 – Jésus est notre souverain sacrificateur (Héb. 6.20). La loi de Moïse ordonnait que les sacrificateurs soient uniquement de la tribu de Lévi. Évidemment, ce n’est pas selon la loi de Moïse que Jésus a été établi sacrificateur. « Le sacerdoce étant changé, nécessairement aussi il y a un changement de loi. »

Hébreux 8.6-13 – Les défauts de la première alliance ont nécessité son remplacement par l’alliance plus excellente dont Jésus est le médiateur. Ce remplacement de l’ancienne alliance avait même été déclaré six cents ans d’avance par le prophète Jérémie (Jér. 31.31-34). D’ailleurs, parler d’une alliance nouvelle indique déjà que la première est considérée comme ancienne, prête à disparaître.

En quoi la loi n’était-elle pas parfaite ?

Ceux qui comprennent que la loi mosaïque avait besoin d’être remplacée et qu’elle ne pouvait pas amener les hommes à la perfection pensent trouver en elle des défauts là où, en fait, il n’y en a pas. Ils ne reconnaissent pas en quoi l’ancienne alliance était imparfaite, et les accusations qu’ils lancent contre la loi ne sont pas justes.

Considérons quelques critiques faites souvent à l’égard de la loi de Moïse qui manquent au but, qui n’identifient pas la vraie raison pour laquelle cette loi fut remplacée.

« La loi ne tenait pas compte de l’homme intérieur, des motifs du cœur. »

Il est peut-être vrai que Jésus et ses apôtres insistaient plus que la loi sur l’importance de la pureté et la sincérité du cœur. Cela est probablement dû non pas au fait que l’homme intérieur n’est pas visé dans la loi, mais parce que les chefs religieux parmi les Juifs s’étaient occupés des exigences extérieures et cérémonielles au point de négliger les principes fondamentaux de la moralité (Matt. 9.13; 23.23). C’étaient les dirigeants, et pas la loi, qui mettaient l’accent uniquement sur les apparences (Matt. 6.1-4; 23.14). Ils se cachaient derrière une façade de justice qui masquait la pourriture intérieure (Matt. 23.25-28).

En réalité, la loi parlait de l’homme intérieur, des motifs, des sentiments, du cœur. Considérez ces exemples :

« Tu ne convoiteras point la maison de ton prochain ; tu ne convoiteras point la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf, ni son âne, ni aucune chose qui appartienne à ton prochain. » (Ex. 20.17)

« Tu ne haïras point ton frère dans ton cœur… Tu ne te vengeras point, et tu ne garderas point de rancune contre les enfants de ton peuple. Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » (Lév. 19.17,18)

« Tu aimeras l’Éternel, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force. » (Deut. 6.5)

« La moralité exigée par la loi n’était pas suffisamment élevée. »

Il est vrai que Jésus met en contraste ce qui avait été dit et ce qu’il disait lui-même. Jésus appelait les hommes à une moralité plus élevée, plus spirituelle. Mais pour la plupart, au lieu de contredire les principes de la loi, il ne faisait que les approfondir et leur redonner le sens que Dieu avait voulu. Ce sont les hommes qui s’étaient éloignés du vrai sens des commandements. Jésus les rappelle à l’esprit de la loi.

Par exemple, la loi demandait aux hommes non seulement de ne pas tuer (Matt. 5.21s), mais aussi de ne pas haïr ou garder rancune – Lév. 19.17,18. Elle disait non seulement de ne pas commettre l’adultère avec la femme de son prochain (Matt. 5.27s), mais aussi de ne pas convoiter la femme de son prochain – Ex. 20.17. Jésus dit que Moïse permettait le divorce à cause de la dureté de cœur des hommes (Matt. 19.8). Quand il dit que l’infidélité était la seule cause du divorce, il confirmait l’interprétation de certains rabbins de ce que Moïse lui-même avait commandé : le divorce au cas où l’homme trouve en sa femme « quelque chose de honteux » – c’est-à-dire l’infidélité (Deut. 24.1). Il est vrai que Jésus enseigne de ne même pas jurer, mais le sens de ses paroles s’aligne avec l’exigence de la loi d’être complètement véridique, et il est possible qu’il défend les serments à cause des abus (Matt. 23.16-22). La loi disait bien de suivre le principe « œil pour œil, dent pour dent » dans un cadre juridique (Deut. 19.15-21; Lév. 24.13-20; Ex. 21), mais en ce qui concerne les relations personnelles, on oublie que la loi aussi disait : « Tu ne te vengeras point » (Lév. 19.18), ou : « Si tu rencontres le bœuf de ton ennemi ou son âne égaré, tu le lui ramèneras » (Ex. 23.4).

« Elle est trop négative : Tu ne feras pas ceci, tu ne feras pas cela. »

Tandis qu’il est vrai que parmi les dix commandements il y en a huit qui sont négatifs, la loi dans son ensemble contenait beaucoup d’exigences positives : aimer Dieu ; donner aux pauvres ; célébrer des fêtes en l’honneur de l’Éternel ; se lever devant le vieillard ; avoir des poids exacts pour le commerce ; etc.

En même temps, le Nouveau Testament contient de nombreuses défenses (1 Cor. 6.9,10; Gal. 5.19-21; Jacques 4.1-12, etc.) sans que ce fait enlève quoi que ce soit de sa valeur.

« Elle est trop difficile à respecter. »

Cette réponse est plus proche de la vérité, mais elle n’est pas tout à fait juste. Oui, l’apôtre Pierre a dit que la loi était « un joug que ni nos pères ni nous n’avons pu porter » (Actes 15.10). Mais le problème n’est pas avec la loi elle-même. Paul écrit en Romains 7.12,14,16 : « La loi donc est sainte, et le commandement est saint, juste, et bon… nous savons que la loi est spirituelle… je reconnais que la loi est bonne. » Si la loi ne condamnait pas le péché, ce serait facile de l’observer, mais elle ne serait plus sainte et juste.

La loi de Christ n’est pas plus facile que celle de Moïse dans le degré de sainteté qu’elle demande. Jésus n’a pas placé la barre plus bas. Il nous dit, au contraire : « Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait » (Matt. 5.48).

Le vrai problème

Le vrai problème dans la loi n’est pas qu’elle est trop difficile, mais que (1) l’homme est trop faible, et que (2) cette loi sainte n’a pas de provision pour compenser la faiblesse de l’homme.

Pour le premier point notez ces versets :

« La loi est spirituelle, mais moi, je suis charnel, vendu au péché… je ne fais pas ce que je veux, et je fais ce que je hais. » (Romains 7.14,15; aussi Galates 5.17)

« Car – chose impossible à la loi, car la chair la rendait sans force – Dieu a condamné le péché dans la chair, en envoyant, à cause du péché, son propre Fils dans une chair semblable à celle du péché, et cela afin que la justice de la loi fût accomplie en nous, qui marchons, non selon la chair, mais selon l’esprit. » (Romains 8.3,4)

« Car c’est avec l’expression d’un blâme que le Seigneur dit à Israël : … je ferai avec la maison d’Israël et la maison de Juda une alliance nouvelle… car ils n’ont pas persévéré dans mon alliance. » (Hébreux 8.8,9)

Les versets suivants soutiennent le second point :

« Car nul ne sera justifié devant lui par les œuvres de la loi. » (Romains 3.20)

« S’il eût été donné une loi qui pût procurer la vie, la justice viendrait réellement de la loi. Mais l’Écriture a tout renfermé sous le péché. » (Gal. 3.21,22)

« Si la perfection avait été possible par le sacerdoce lévitique… qu’était-il encore besoin que parût un autre sacrificateur selon l’ordre de Melchisédek ? » (Héb. 7.11)

« La loi, qui possède une ombre des biens à venir, et non l’exacte représentation des choses, ne peut jamais, par les mêmes sacrifices qu’on offre perpétuellement chaque année, amener les assistants à la perfection. » (Héb. 10.1)

« Car il est impossible que le sang des taureaux et des boucs ôte le péché. » (Héb. 10.4)

« Tout sacrificateur fait chaque jour le service et offre souvent les mêmes sacrifices qui ne peuvent jamais ôter les péchés. » (Héb. 10.11)

L’imperfection de la loi réside dans le fait que l’homme n’arrive pas à la garder parfaitement et qu’elle ne contient pas de provision qui puisse effacer la faute de l’homme.

En quoi la loi était-elle parfaite ? – Psaume 19.8

La loi était quand même parfaite en ce qui concernait ses vrais buts. Elle était incapable de résoudre le problème du péché, mais elle n’avait jamais été destinée à faire cela.

« C’est par la loi que vient la connaissance du péché. » (Rom. 3.20)

« Or, la loi est intervenue pour que l’offense abondât, mais là où le péché a abondé, la grâce a surabondé. » (Romains 5.20)

« Que dirons-nous donc ? La loi est-elle péché ? Loin de là ! Mais je n’ai connu le péché que par la loi. » (Romains 7.7)

« Pourquoi donc la loi ? Elle a été donnée ensuite à cause des transgressions, jusqu’à ce que vînt la postérité… » (Gal. 3.19)

« Ainsi la loi a été comme un pédagogue pour nous conduire à Christ, afin que nous fussions justifiés par la foi. » (Gal. 3.24)

Les païens sans la loi pouvaient reconnaître qu’ils étaient coupables, même dignes de la mort (Romains 2.15; 1.32), mais la loi devait renforcer mille fois ce sentiment. La loi de Moïse faisait ressentir profondément la grande distance qui sépare l’homme pécheur et le Dieu très saint. Elle montre de nombreuses manières la réalité du péché, la souillure de l’homme, la nature de tout péché, les conséquences du péché, le prix du péché, et en même temps la justice et la sainteté de Dieu. Celui qui comprend la loi se voit condamné au plus haut degré, éloigné de Dieu, incapable d’ôter ses propres péchés, dans le plus grand besoin de la grâce de Dieu, bref, dans le besoin de Jésus le Sauveur.

Le Christ étant venu et le monde entier étant maintenant sous l’autorité, non pas de la loi mosaïque, mais de la loi du Christ (Matthieu 28.18; 1 Cor. 9.21; Gal. 6.2; Héb. 7.12; Jacques 2.12), l’ancienne loi a atteint son but. Elle a fait l’œuvre pour laquelle Dieu l’a donnée.

L’utilité de l’étude de la loi aujourd’hui

La connaissance du péché

Avant que Jésus ne vienne, la loi montrait aux hommes qu’ils étaient pécheurs. Le Nouveau Testament, comme l’Ancien Testament, identifie et condamne le péché. L’étude de l’Ancien Testament peut toujours aider les chrétiens à clarifier la nature de certains péchés. En plus, tout le système mosaïque soulignait la gravité du péché en faisant ressentir la séparation de l’homme pécheur et de Dieu. L’accès auprès de Dieu était strictement limité (Héb. 9.8).

L’Ancien Testament rend donc plus claires nos idées du péché, nous décrit bien notre état perdu et augmente notre appréciation de notre salut.

Son témoignage sur Jésus

Le Nouveau Testament affirme à plusieurs reprises que l’Ancien Testament parle de Jésus (Jean 1.45; 5.39; Luc 24.27; Actes 10.43). Cela augmente notre foi en Jésus que de voir que tout ce qu’il a fait était en conformité avec les Écritures données auparavant par Dieu (2 Pierre 1.18-21). L’Ancien Testament en parle de plusieurs manières : 1) par des prophéties (Actes 26.22,23) ; 2) par le fait de démontrer le besoin d’un Sauveur (Gal. 3.22-24) ; 3) par les symboles qui préfiguraient l’œuvre du Christ (Jean 1.29; 1 Cor. 5.7; Héb. 9.11,12; etc.). Un livre inspiré qui nous parle tant de Jésus-Christ mérite forcément qu’on l’étudie.

Les leçons de l’histoire

Des récits contenus dans la loi de Moïse nous enseignent beaucoup sur les relations de Dieu avec les hommes et sur la manière dont les hommes agissent entre eux. Il faut, bien sûr, interpréter l’histoire et dégager ses leçons en tenant compte du fait que nous ne vivons pas sous la même loi qu’eux. Voici plusieurs sortes de leçons : la patience de Dieu, le rôle actif qu’il joue dans les affaires des nations, sa justice et son châtiment du mal, les conséquences du péché dans la vie du pécheur et des autres, les exemples de soumission à Dieu, de foi, et de piété, la supériorité de Dieu par rapport aux idoles, la nécessité de servir Dieu du cœur et non seulement dans les actes extérieurs, l’importance de respecter les choix de Dieu, la bienveillance de Dieu envers son peuple, le danger de l’orgueil, etc. Le Nouveau Testament nous recommande la lecture de l’Ancien pour renforcer de telles leçons (1 Cor. 10.1-12 – surtout verset 11; Romains 15.4; Héb. 11).

Son enseignement sur Dieu

Le Nouveau Testament suppose que les lecteurs connaissent déjà Dieu et ce qu’il a fait. C’est l’Ancien Testament qui nous parle en détail de sa création du monde, de sa sainteté, de sa puissance, de sa fidélité, de sa haine pour le péché, etc. Par contre, les connaissances révélées dans l’Ancien Testament sont approfondies par la révélation faite dans la personne de Jésus-Christ (Héb. 1.1-3).

Conclusion

J’espère que cette étude nous aidera tous à faire usage légitime de la loi. Si nous voulons apprendre l’organisation de l’Église du Seigneur, le plan du salut auquel nous devons obéir, les actes d’adoration chrétienne, et beaucoup d’autres sujets, c’est surtout au Nouveau Testament que nous devons nous référer. Nous ne vivons plus sous l’ancienne alliance. La loi reste, néanmoins, très utile comme sujet d’étude pour le chrétien. La négliger c’est choisir de ne pas s’enrichir spirituellement de tout ce qu’elle peut nous offrir.

B. B.
(Dans Vol. 4, No. 2)

L’ancienne alliance: est-elle toujours en vigueur

Une lecture même superficielle des Écritures nous montre clairement que l’ancienne alliance faite entre Dieu et Israël était appelée à disparaître pour faire face à une loi meilleure. Jérémie le prophète l’annonce plusieurs siècles avant Jésus-Christ, on ne peut plus nettement (Jérémie 31.31ss). Plus tard, lorsque le Christ aura accompli sa mission parmi les hommes, l’écrivain d’Hébreux consacrera la quasi totalité de sa lettre à l’explication du rapport qui existe entre l’ancienne alliance et la nouvelle inaugurée par le Christ. C’est là que nous lisons :

« Il y a ainsi abolition d’une ordonnance antérieure, à cause de son impuissance et de son inutilité, – car la loi n’a rien amené à la perfection – et introduction d’une espérance par laquelle nous nous approchons de Dieu. » (Hébreux 7.18,19)

Puis après avoir parlé du rôle de Moïse sous l’ancien régime, il déclare que Jésus « a obtenu un ministère d’autant plus supérieur qu’il est le médiateur d’une alliance plus excellente, qui a été établie sur de meilleures promesses. En effet, si la première alliance avait été sans défaut, il n’aurait pas été question de la remplacer par une seconde » (Hébreux 8.6,7).

Ce langage ne permet plus aucun doute sur cette question. Il est clair que le système de l’ancienne loi a été aboli, abrogé, et remplacé, avec le Christ, par une meilleure alliance. Il est également clair que c’est toute l’ancienne loi qui a disparu et non une partie seulement. (Nous reviendrons plus tard à cet aspect de la question.)

Pour accomplir

À ce point, quelqu’un dira peut-être : N’y a-t-il pas une contradiction frappante entre ce que nous venons de lire et ce que Jésus dit lui-même, a savoir :

« Ne croyez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes ; je suis venu non pour abolir mais pour accomplir. Car, je vous le dis en vérité, il ne disparaîtra pas de la loi un seul iota ou un seul trait de lettre jusqu’à ce que tout soit arrivé. » (Matthieu 5.17,18)

Jésus ne souligne-t-il pas ici la durabilité de la loi, jusqu’à la fin du monde ? Ce n’est pas du tout l’enseignement qu’il veut donner.

Notons encore la seconde partie de la déclaration ; elle est la clé de ce texte : « Il ne disparaîtra pas de la loi un seul iota ou un seul trait de lettre jusqu’à ce que tout soit arrivé. » (Certaines traductions disent : « jusqu’à ce que tout soit accompli ».) Jésus déclare ici qu’il est venu réaliser tout ce qui est dit de lui dans l’Écriture et que rien ne pourra l’empêcher de le faire. Car tout l’Ancien Testament est comme une chrysalide qui attend de s’ouvrir pour laisser sortir le papillon accompli. C’est ainsi que nous rencontrons souvent dans les pages des Évangiles cette expression significative : afin que s’accomplisse ce qui avait été dit par le prophète. Voyez Matthieu 2.15,17,23; 4.14; 8.17; 13.14,35; 21.4; 26.56; 27.9; 27.35; Jean 12.38; 13.18, etc.

Les derniers mots du crucifié

Vers la fin de son ministère terrestre, après sa résurrection, il déclare à ses disciples émerveillés

« C’est là ce que je disais lorsque j’étais encore avec vous, qu’il fallait que s’accomplisse tout ce qui est écrit de moi dans la loi de Moïse, dans les prophètes et dans les psaumes. Alors, il leur ouvrit l’esprit afin qu’ils comprennent les Écritures. Et il leur dit : Ainsi il est écrit que le Christ souffrirait, et qu’il ressusciterait des morts le troisième jour, et que la repentance et le pardon des péchés seraient prêchés en son nom à toutes les nations. » (Luc 24.44-47)

La loi ne devait pas disparaître « jusqu’à ce que tout soit réalisé ». Or, tout était maintenant accompli. Ce sont les derniers mots du crucifié (Jean 19.30).

Le voile du temple se déchira

À la lumière de ces textes, nous pouvons mieux comprend pourquoi le voile du temple se déchira depuis le haut jusqu’en bas tandis qu’expirait le réalisateur de la loi. Nous pouvons mieux saisir toute la portée de ces mots de Paul : « Christ est la fin de la loi » (Rom. 10.4). « Vous avez été, par le corps de Christ, mis à mort en ce qui concerne la loi, pour que vous apparteniez à un autre… Nous avons été dégagés de la loi » (Romains 7.4,6).

Une autre question s’éclaire également ; sous l’ancienne loi, avant la venue du Christ, il y avait d’une part les Juifs et d’autre part les païens, c’est-à-dire tous les non Juifs. Le mur de séparation était la loi, accordée aux Juifs, et inconnue des païens. Mais à présent, en Jésus-Christ, il n’y a plus de différence, car Juifs comme païens sont également appelés à former un seul peuple par la foi en Christ. Paul explique comment cela a été réalisé :

« Il est notre paix, lui qui des deux n’en a fait qu’un, et qui a renversé le mur de séparation, l’inimitié, […] afin de créer en lui-même avec les deux un seul homme nouveau. » (Éphésiens 2.14,15)

Un pédagogue

En disant que la loi a été comme un pédagogue pour nous amener à Christ, les Écritures expliquent clairement que la loi a eu un rôle temporaire, et que ce rôle est accompli. (Un pédagogue est une sorte de précepteur, un tuteur, responsable de la formation d’un élève jusqu’à son émancipation.) Le texte ajoute :

« La foi étant venue [c’est-à-dire l’Évangile par le Christ], nous ne sommes plus sous ce pédagogue. Car vous êtes tous fils de Dieu par la foi en Jésus-Christ ; vous tous, qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu Christ. Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni libre, il n’y a plus ni homme ni femme ; car tous vous êtes un en Jésus-Christ. » (Galates 3.25-28)

Une seule loi

À ce point, il faut signaler, sinon dénoncer, une théorie tout à fait erronée en ce qui concerne la loi de l’Ancien Testament. Comme de trop nombreux textes déclarent sans confusion possible que la loi ancienne a été abolie, on a imaginé qu’il y a dans l’Ancien Testament deux sortes de loi : la loi cérémoniale, de caractère temporaire, abolie effectivement par le Christ ; et la loi morale, qui dure à jamais. On ajoute à cela que la première est appelée « la loi de Moïse » et que les Écritures désignent la seconde par l’expression « la loi de Dieu ».

Il est vrai que l’Ancien Testament comprend plusieurs sortes de lois. Il y a des lois morales, des lois cérémoniales, des lois civiles, etc. Mais il est à noter qu’elles s’entremêlent au point de rendre toute distinction presque impossible ; et cela tout simplement parce que la loi est une et indivisible. Que ce soit un rite cérémonial, que ce soit un acte social, tout était réglé par Dieu dans la loi donnée par Moïse. Le langage biblique ne connaît pas de distinction entre loi morale et loi cérémoniale. Lorsque Jésus dit qu’il est venu accomplir la loi, il parle de la loi en entier, la loi dans sa totalité, de tout le système mosaïque. Quand Jésus dit qu’il ne disparaîtra pas de la loi un seul iota ou un seul trait de lettre jusqu’à ce que tout soit arrivé, il parle de toute la loi, voire de tout l’Ancien Testament. Les termes employés dans la Bible pour indiquer les divisions de l’Ancien Testament sont : la loi, les psaumes et les prophètes ; ou simplement : la loi et les prophètes (Matthieu 7.12; Luc 16.16; Luc 24.44; Actes 24.14). Ces expressions désignaient l’ensemble de la loi. Mais parler de loi morale et de loi cérémoniale pour donner à l’une un caractère passager et à l’autre un caractère éternel serait se servir d’un langage et de conceptions étrangers à la Bible. Nous devons nous garder de donner au vocabulaire biblique un sens qu’il n’avait pas dans l’esprit de ses auteurs.

Établissons donc bien ce fait dans nos esprits : lorsque Jésus, un apôtre, ou n’importe quel auteur biblique parle de la loi de Moïse, qu’il s’agisse de l’obéissance à cette loi ou de son abrogation, c’est de toute la loi qu’il parle.

Quant à la distinction que l’on fait entre loi de Dieu et loi de Moïse, le texte biblique ne l’autorise pas davantage. Voyez les textes suivants : Néhémie 8.18; 10.29; Esdras 7.6; 2 Chroniques 34.14, où la Bible parle tantôt de « la loi de Dieu donnée par Moïse » tantôt de « la loi de Moïse donnée par Dieu », et souvent dans le même contexte.

Les commandements : un résume

On insiste souvent sur le fait que la loi des dix commandements est une loi immuable. D’abord parce que c’est la « loi morale » ( !), ensuite parce que c’est Dieu lui-même qui l’a gravée dans la pierre. Cela n’est-il pas significatif ?

Lorsque Moïse descendit de la montagne, il tenait dans ses bras les tables de la loi. Elles étaient la preuve que Dieu lui avait parlé, que ces commandements étaient de Dieu lui-même, d’autant plus que son visage resplendissait d’un éclat insoutenable. C’est pourquoi ces tables sont appelées « le témoignage » (Exode 16.34; 25.16; 27.21; etc.) Mais ces tables n’étaient que le résumé de la loi donnée à Israël. Elles ne constituaient pas un recueil de la loi à part, destiné à survivre au reste des préceptes. Car, nous l’avons vu, la loi était toute la loi.

On insiste beaucoup dans certains groupes sur le caractère éternel des dix commandements, car ils renferment la loi du sabbat. C’est la seule vraie raison pour laquelle on tient tellement à ces tables de la loi.

Parler des tables de la loi, c’est évoquer toute la loi dont elles étaient le symbole. Ainsi, lorsque l’apôtre Paul parle du remplacement de la loi ancienne par la loi supérieure du Christ, il fait précisément intervenir les dix commandements dans son explication, et il en parle comme d’un ministère de mort et de condamnation par contraste avec le ministère de l’Esprit (c’est-à-dire l’Évangile du Christ). Voici ce qu’il écrit :

« Or, si le ministère de la mort, gravé avec des lettres sur des pierres, a été glorieux, au point que les fils d’Israël ne pouvaient fixer les regards sur le visage de Moïse, à cause de la gloire de son visage, bien que cette gloire soit passagère, combien le ministère de l’esprit ne sera-t-il pas plus glorieux !… Si le ministère de la condamnation a été glorieux, le ministère de la justice est de beaucoup supérieur en gloire. Et, sous ce rapport, ce qui a été glorieux ne l’a point été, à cause de cette gloire qui lui est supérieure. En effet, si ce qui était passager a été glorieux, ce qui est permanent est bien plus glorieux. » (2 Corinthiens 3.7-11)

Richard ANDREJEWSKI
(Dans Vol. 1, No. 3)

L’apocryphe

Pourquoi la Bible « de l’Église catholique » renferme-t-elle 73 livres tandis que la Bible « protestante » n’en contient que 66 ? Pourtant, le mouvement protestant est sorti du catholicisme. Ces livres additionnels, sont-ils inspirés ou pas ?

La Bible « catholique » contient certains livres appelés « deutérocanoniques », ce qui suggère qu’ils furent admis en dernier lieu dans la liste officielle de livres bibliques ; d’autres les appellent « apocryphes », un mot qui désigne ce qui est non authentique, suspect, ou douteux. Il y a eu beaucoup de discussion au sujet de ces livres au cours de l’histoire, mais pour plusieurs raisons on ne leur attribuait pas l’autorité des autres livres dont l’inspiration n’était pas contestée.

D’abord, les Juifs, de qui nous avons reçu les livres de l’Ancien Testament, ont exclu ces livres apocryphes de leurs Écritures dès le premier siècle de notre ère. Deuxièmement, Jésus et les apôtres, ainsi que les autres auteurs du Nouveau Testament, n’ont cité aucun de ces livres, tandis que le Nouveau Testament tire des citations (260 fois) ou fait des références (370 fois) à presque tous les livres de l’Ancien Testament. Troisièmement, aucun des auteurs de ces livres apocryphes ne prétend être inspiré, et quelques-uns disent franchement qu’il ne le sont pas. Ces livres ne furent reconnus officiellement par l’Église catholique qu’en 1546 au Concile de Trente, donc, après que la division s’était déclarée entre protestants et catholiques. Au début du protestantisme, même l’Église catholique n’avait pas encore décidé en faveur de ces livres « douteux ». Vu le manque de preuves en faveur de ces livres, on dirait que l’Église catholique devait garder sa première position du scepticisme à leur égard.

B. B.
(Dans Vol. 1, No. 3)

Est-il possible de comprendre la Bible?

Beaucoup de personnes affirment que la Bible est si mystérieuse qu’elle ne peut même pas être comprise, sauf par certains individus. On pense que ce sont seulement les représentants officiels d’une Église « infaillible » qui ont le droit de l’interpréter. Cette attitude a fait que pendant des siècles, la Bible était réservée pour les prêtres seuls. Tout le monde a maintenant accès à la Bible, mais les simples fidèles sont conseillés d’accepter sans question les explications qui leur sont données par l’Église.

La Bible, pourtant, ne s’adresse pas à une petite minorité d’hommes. L’Évangile de Jean fut écrit pour que les gens croient en Jésus. « Mais ces choses ont été écrites afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu’en croyant vous ayez la vie en son nom » (Jean 20.31). Les épîtres ne sont, elles non plus, destinées aux seuls dirigeants des assemblées. Paul adressa sa première épître aux Corinthiens « à l’Église de Dieu qui est à Corinthe, à ceux qui ont été sanctifiés en Jésus-Christ, appelés à être saints, et à tous ceux qui invoquent en quelque lieu que ce soit le nom de notre Seigneur Jésus-Christ, leur Seigneur et le nôtre » (1 Cor. 1.2). Voir aussi Rom. 1.1,7; 2 Cor. 1.1; Col. 1.1,2; etc.

La Bible loue les Juifs de la ville de Bérée parce qu’ils « examinaient chaque jour les Écritures, pour voir si ce qu’on leur disait était exact » (Actes 17.11). La Bible est compréhensible et peut donc nous permettre d’évaluer et contrôler les enseignements que nous recevons. En fin de compte, tout homme n’a pas seulement le droit, mais le devoir de connaître la Parole de Dieu.

B. B.
(Dans Vol. 1, No. 3)

Autorisé ou défendu?

Dans la Bible, Dieu nous fait connaître sa volonté de trois manières :

1) Par un commandement ou par une déclaration précise, Dieu révèle sa volonté. C’est le moyen le plus direct de faire savoir ce qu’il veut.

2) La volonté de Dieu est souvent connue par ce qu’il convient d’appeler la déduction logique.

Par exemple, si vous receviez une lettre vous annonçant qu’un ami arrivera à la gare de votre ville le 1er janvier à 17 h 30, par déduction logique vous pourriez conclure que ce jour-là, à cette heure-là, il sera inutile d’essayer de le joindre chez lui, car il n’y sera pas. Il ne vous l’a pas dit expressément, mais les renseignements qu’il vous a donnés vous permettent de faire cette déduction.

C’est ainsi qu’en se fondant sur des renseignements tirés de l’Ancien Testament, Jésus a fait une déduction logique qui lui a permis d’affirmer que la vie continue après la mort (Matthieu 22.29-32).

3) La Bible nous instruit, nous renseigne et nous dirige au moyen d’exemples (voir 1 Cor. 10.6).

Ainsi le récit des « Actes des Apôtres » rapporte que les premiers chrétiens s’étaient réunis le premier jour de la semaine (dimanche) pour prendre le repas du Seigneur (Actes 20.7). En l’absence d’un commandement exprès, cet exemple suffit, et il nous suffit de le suivre pour être agréables à Dieu.

Lorsque nous étudions la Bible, nous devons nous laisser guider par ce principe : parler quand la Bible parle et se taire quand la Bible se tait (1 Pierre 4.11).

Ce qui n’est pas autorisé par la Bible d’une de ces trois manières ne doit être ni enseigné ni pratiqué dans l’Église. Quand Dieu précise ce qu’il veut, il exclut en même temps d’autres choses, sans être obligé de citer tout ce qu’il ne veut pas. Ne pas autoriser, c’est défendre.

Par exemple, en Hébreux 6.20 il est affirmé que Jésus a été fait souverain sacrificateur. Cela est une preuve que la loi de Moïse n’est plus en vigueur, puisque selon cette loi, Jésus ne pourrait jamais servir comme sacrificateur. « En effet, celui de qui ces choses sont dites appartient à une autre tribu, dont aucun membre n’a fait le service de l’autel. Car il est notoire que notre Seigneur est sorti de Juda, tribu dont Moïse n’a rien dit pour ce qui concerne le sacerdoce » (Hébreux 7.13,14). Si Jésus est donc souverain sacrificateur, il s’agit d’une autre prêtrise (un autre sacerdoce) que celle que la loi de Moïse avait établie, et donc cette ancienne loi a été remplacée. « Car, le sacerdoce étant changé, nécessairement aussi il y a un changement de loi » (Hébreux 7.12).

Mais notons surtout que le silence de la loi de Moïse constituait une interdiction. Juda était une tribu « dont Moïse n’avait rien dit en ce qui concerne le sacerdoce ». Moïse n’avait pas défendu de nommer comme sacrificateur un membre de la tribu de Juda. Il avait tout simplement précisé que les sacrificateurs devaient être de la tribu de Lévi.

Quand Dieu dit à Noé de construire l’arche de bois de gopher (Genèse 6.14), les autres espèces de bois étaient exclues.

Par contre, quand Dieu est moins précis en donnant un commandement, il est possible de lui obéir de plusieurs manières. Par exemple, en Matthieu 28.19 Jésus dit à ses disciples : « ALLEZ, faites de toutes les nations des disciples… » En disant « Allez », Jésus n’a pas précisé un moyen de transport. Tous les moyens de transport sont donc autorisés. S’il avait dit : « Allez à dos d’âne », on serait obligé de voyager de cette manière, tandis que l’on aurait pu aller en avion. Ce qui nous permet de faire la chose ordonnée (ou qui nous aide à la faire) est autorisé.

Quand un médecin écrit une ordonnance, il mentionne seulement le médicament que le pharmacien doit dispenser. Le pharmacien sait que tout médicament qui n’est pas précisé sur l’ordonnance est exclu. Il sait également qu’en mettant les drogues dans une boîte, en y attachant une étiquette, et en mettant la boîte dans un sachet, il n’ajoute pas à l’ordonnance ; il facilite la livraison de ce qui a été précisé. Et nous, comment comprenons-nous les « ordonnances » de l’Éternel ?

Est-ce que la Bible permet d’établir un homme comme chef universel de l’Église ? Il n’y a pas de commandement qui défend aux chrétiens de le faire. Mais Dieu a précisé que c’est Jésus-Christ qui détient cet honneur : « Il l’a donné pour chef suprême à l’Église » (Éphésiens 1.22). Puisque la Bible précise que Jésus est le chef, il n’est pas autorisé d’en installer un autre.

Est-ce que le silence de la Bible nous autorise de prier Dieu par Marie, la mère de Jésus ? Aucun verset ne défend explicitement de le faire. Cependant, la Bible précise que c’est par Jésus que nous prions et nous nous approchons de Dieu. « Je suis le chemin, la vérité et la vie. Nul ne vient au Père que par moi » (Jean 14.6). « Car il y a un seul Dieu et un seul médiateur entre Dieu et les hommes, Jésus-Christ homme » (1 Timothée 2.5). Tout autre médiateur est donc exclu. La Bible ne permet pas d’affirmer que Marie est notre « médiatrice ».

Est-ce que le silence de la Bible permet à l’Église de construire un bâtiment ou de louer une salle pour s’y réunir ? La Bible nous dit simplement de nous assembler (Hébreux 10.25). Elle ne dit rien sur le lieu où nous devons tenir ces réunions. Quand l’Église se réunit dans son propre édifice ou dans une salle louée, elle n’est pas en train de faire autre chose que ce qui a été commandé. La salle de réunion facilite simplement l’obéissance à l’ordre de s’assembler.

Est-ce que le fait que le baptême des enfants n’est pas défendu dans la Bible signifie qu’il est autorisé ? Il est précisé que l’on doit croire afin d’être baptisé (Marc 16.16; Actes 8.36,37). Cette condition exclut, sans les énumérer, les athées, les poulets, les tabourets et les bébés comme candidats au baptême.

Est-ce que le Nouveau Testament autorise d’employer des pianos, des guitares, des tambours et d’autres instruments de musique pour adorer Dieu ? « Que la parole de Christ habite parmi vous abondamment ; instruisez-vous et exhortez-vous les uns les autres par des psaumes, par des hymnes, par des cantiques spirituels, chantant à Dieu dans vos cœurs sous l’inspiration de la grâce » (Colossiens 3.16). La musique qui est précisée partout dans le Nouveau Testament, c’est le chant, la musique vocale. Il ne serait pas juste de raisonner que l’emploi d’instruments de musique et l’emploi d’un recueil de cantiques sont tous deux simplement des aides dans le service de Dieu. Se servir d’un recueil de cantiques en chantant constitue un acte que Dieu a ordonné (ni plus ni moins), mais chanter n’est pas jouer : ce sont deux actes bien différents. Chacun peut exister sans l’autre. Dieu a autorisé de chanter dans le culte, mais pas de jouer des instruments.

Respecter l’autorité de la Bible, c’est faire et enseigner ce qu’elle autorise. C’est suivre le conseil divin de Deutéronome 4.2 : « Vous n’ajouterez rien à ce que je vous prescris, et vous n’en retrancherez rien ; mais vous observerez les commandements de l’Éternel, votre Dieu, tels que je vous les prescris. »

B. B.
(Dans Vol. 1, No. 2)

L’autorité

Une grande majorité de ceux qui se disent chrétiens reconnaissent que la Bible est la parole de Dieu. Malgré les différences entre les Églises, elles se réclament toutes de la même Bible ; elles acceptent que la Bible a une certaine autorité. Néanmoins, pour beaucoup, la Bible ne constitue qu’une seule source d’autorité parmi plusieurs. Selon ces personnes, elle donne les réponses à certaines de nos questions religieuses, mais on peut trouver d’autres réponses auprès des prophètes modernes, de la tradition, des chefs religieux, ou de la conscience de l’individu.

Ces autorités font que les Églises différentes se contredisent sur beaucoup de points, et la personne qui cherche la simple vérité se trouve dans la confusion.

Et pourtant, la Bible dit clairement qu’elle doit être notre seule guide en matière de religion. Elle n’admet pas d’autorités rivales. La Bible nous offre des réponses sûres qui ne se contredisent pas. Elle nous ouvre ainsi le seul chemin vers l’unité de tous les croyants.

Pourquoi accepter la Bible comme notre seul guide ?

1. La Bible contient tout le conseil de Dieu.

Jésus promit à ses apôtres : « Quand le Consolateur sera venu, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans toute la vérité » (Jean 16.13). Plus tard, l’apôtre Paul affirma que l’enseignement apostolique contenait toute la volonté de Dieu pour les hommes. En effet, il rappela aux anciens de l’Église d’Éphèse : « Je vous ai annoncé tout le conseil de Dieu, sans en rien cacher » (Actes 20.27).

Ces enseignements ont été conservés dans le Nouveau Testament. Pierre dit pour sa part : « J’aurai soin qu’après mon départ [c’est-à-dire, sa mort], vous puissiez toujours vous souvenir de ces choses » (2 Pierre 1.15). Parce que nous avons toujours par la Bible accès aux enseignements du Seigneur et de ses apôtres, Dieu n’a pas besoin de révéler une deuxième fois sa volonté en ce qui concerne les hommes. Jude parla donc de « la foi qui a été transmise aux saints une fois pour toutes » (Jude 3). L’ensemble des enseignements que nous croyons, c’est-à-dire « la foi », a été communiqué aux hommes du vivant des apôtres.

La Bible nous avertit à plusieurs reprises que son contenu ne doit pas être modifié. Galates 1.6-9 prononce une malédiction sur quiconque, homme ou ange, oserait altérer l’Évangile. Paul rappelle aux Corinthiens que par l’Évangile « vous êtes sauvés, si vous le retenez tel que je vous l’ai annoncé ; autrement, vous auriez cru en vain » (1 Cor. 15.2). Il est formellement interdit d’ajouter ou de retrancher quoi que ce soit de la Bible (Deutéronome 4.2; Proverbes 30.6; Apocalypse 22.18,19). Il ne faut donc pas « aller au-delà de ce qui est écrit » (1 Cor. 4.6).

Au vu de tous ces passages, les prophètes modernes n’ont pas de raison d’être. Il ne leur reste aucune révélation à nous donner de la part de Dieu. Nous avons dans la Bible « tout ce qui contribue à la vie et la piété » (2 Pierre 1.3).

2. La Bible est la parole de Dieu et non celle des hommes.

Les Thessaloniciens reconnurent ceci au sujet de la prédication des apôtres. « C’est pourquoi nous rendons continuellement grâces à Dieu de ce qu’en recevant la parole de Dieu, que nous vous avons fait entendre, vous l’avez reçue, non comme la parole des hommes, mais ainsi qu’elle est véritablement, comme la parole de Dieu » (1 Th. 2.13). Le contraste entre la parole humaine et la parole divine est souligné encore par Pierre : « Car ce n’est pas par une volonté d’homme qu’une prophétie a jamais été apportée, mais c’est poussés par le Saint-Esprit que des hommes ont parlé de la part de Dieu » (2 Pierre 1.21). Pourquoi la Bible serait-elle notre seul guide ? Parce que « toute Écriture est inspirée de Dieu » (2 Tim. 3.16).

Ceci n’est pas le cas des traditions religieuses des hommes. La tradition est la transmission de doctrines, de coutumes, etc., pendant un long espace de temps, spécialement par la parole parlée et par l’exemple. Elle est souvent mise en contraste avec la parole écrite.

Pour les Juifs du temps de Jésus, la tradition avait autant de valeur et de force que les Écritures. En Matthieu 15.2 (et Marc 7.5) ils demandèrent à Jésus : « Pourquoi tes disciples transgressent-ils la tradition des anciens ? » Mais Jésus ne reconnaissait pas l’autorité des traditions. « Il leur répondit : Et vous, pourquoi transgressez-vous le commandement de Dieu au profit de votre tradition ? » Il les accusa ensuite d’avoir rejeté le commandement de Dieu pour garder leurs traditions qu’ils avaient établies eux-mêmes (Marc 7.9,13). Nombreuses sont les doctrines et pratiques qui trouvent leur origine dans les traditions des hommes : le purgatoire, le baptême par aspersion, les tenues spéciales pour les dirigeants de l’Église, la prière aux « saints » et aux anges, les noms « catholique » et « protestant », et bien d’autres.

La Bible nous met en garde contre ceux qui se servent de la tradition pour justifier leurs enseignements. « Prenez garde que personne ne fasse de vous sa proie par la philosophie et par une vaine tromperie, s’appuyant sur la tradition des hommes, sur les rudiments du monde, et non sur Christ » (Colossiens 2.8). Un exemple tiré de l’Évangile de Jean nous montre pourquoi la tradition n’est pas digne de foi :

« Pierre, s’étant retourné, vit venir après eux le disciple que Jésus aimait, celui qui, pendant le souper, s’était penché sur la poitrine de Jésus, et avait dit : Seigneur, qui est celui qui te livre ? En le voyant, Pierre dit à Jésus : Et celui-ci, Seigneur, que lui arrivera-t-il ? Jésus lui dit : Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe ? Toi, suis-moi. Là-dessus, le bruit courut parmi les frères que ce disciple ne mourrait point. Cependant, Jésus n’avait pas dit à Pierre qu’il ne mourrait point, mais : Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe ? » (Jean 21.20-23)

Les faits sont facilement déformés quand ils sont transmis oralement d’une génération à l’autre. Les traditions des hommes évoluent et se transforment. Par contre, Jésus dit : « Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point » (Matthieu 24.35).

3. La Bible est un guide sûr ; la conscience de l’homme peut se tromper.

« Telle voie paraît droite à un homme, mais son issue, c’est la voie de la mort. » (Prov. 14.12)

« Celui qui a confiance dans son propre cœur est un insensé. » (Prov. 28.26)

« Je le sais, ô Éternel ! La voie de l’homme n’est pas dans son pouvoir ; ce n’est pas à l’homme, quand il marche, à diriger ses pas. » (Jérémie 10.23)

La conscience est très importante et nous devons toujours éviter de la violer, d’aller contre ce que nous dit notre conscience. « Tout ce qui n’est pas le produit d’une conviction est péché » (Romains 14.23). Si dans mon cœur je considère que tel acte est contraire à la volonté de Dieu, je ne dois pas commettre cet acte. Ce serait pour moi un péché, même si Dieu n’avait pas défendu l’action en question.

Mais la conscience est un guide valable seulement dans la mesure où elle a été formée par la vérité. L’apôtre Paul a dit en Actes 23.1 : « C’est en toute bonne conscience que je me suis conduit jusqu’à ce jour devant Dieu. » Pourtant, en parlant de sa vie avant de se convertir au Seigneur, il dit : « J’avais cru devoir agir vigoureusement contre le nom de Jésus de Nazareth. C’est ce que j’ai fait à Jérusalem. J’ai jeté en prison plusieurs des saints… et quand on les mettait à mort, je joignis mon suffrage à celui des autres. Je les ai souvent châtiés dans toutes les synagogues, et je les forçais à blasphémer » (Actes 26.9-11). Paul croyait rendre un service à Dieu. Il avait la conscience pure. Or, il avait tort.

De même, beaucoup de personnes vivant même avec une bonne conscience sont dans l’erreur. Ils ont confiance dans leur propre cœur, mais leur vie n’est pas conforme à la parole de Dieu.

En vérité, la Bible doit être le seul guide de tout chrétien. Disons avec l’auteur des Psaumes : « Ta parole est une lampe à mes pieds, et une lumière sur mon sentier » (Psaume 119.105). Demeurons dans cette parole. Alors nous serons vraiment les disciples de Jésus.

B. B.
(Dans Vol. 1, No. 2)