La bienfaisance

Il n’y a aucun doute que la mission de l’Église, comme celle de Jésus lui-même, vise le salut des âmes. Avant de remonter au ciel, Jésus chargea ses disciples d’évangéliser le monde : « Il leur dit : Allez par tout le monde, et prêchez la bonne nouvelle à toute la création. Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé, mais celui qui ne croira pas sera condamné » (Marc 16.15,16). Il ajouta : « Et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit » (Matthieu 28.20). Notre mission primordiale, c’est de prêcher le message du salut à tous ceux qui sont perdus dans le péché, et d’aider ceux qui obéissent à cet Évangile à croître dans leur connaissance et leur foi afin de persévérer jusqu’au bout pour atteindre le ciel.

Il y a cependant un autre aspect au travail de l’Église, et il correspond à un autre aspect du ministère de Jésus. L’Église n’existe pas pour faire ce travail, comme Jésus n’est pas venu dans le monde pour faire ce travail. Pourtant, il s’agit de quelque chose que Jésus, tout comme son Église, ne pourrait omettre de faire. Il s’agit de la bienfaisance, ou des bonnes œuvres, c’est-à-dire le fait de venir en aide à ceux qui ont divers problèmes et en souffrent. Il est vrai que les bonnes œuvres ouvrent parfois les cœurs de telle sorte que certaines personnes sont mieux disposées à écouter et à accepter l’Évangile, mais ce n’est pas là la raison pour laquelle Jésus faisait le bien. Jésus faisait du bien aux hommes parce qu’il est amour, parce qu’il est rempli de compassion, parce qu’il se soucie des hommes et de tous leurs problèmes. Cela fait partie de son caractère. L’Église doit être motivée par le même amour quand elle fait le bien. Nourrir ceux qui sont physiquement affamés, par exemple, n’est pas la mission de l’Église, et cela ne doit pas la détourner de la prédication de l’Évangile qui donne la vie éternelle. Néanmoins, c’est un travail que des chrétiens entreprennent naturellement par amour et par compassion et qui est tout à fait en harmonie avec la volonté de Dieu.

L’importance de la bienfaisance

Jésus a toujours enseigné à ses disciples de faire de bonnes œuvres. En Luc 14.12-14, par exemple, il dit :

« Lorsque tu donnes à dîner ou à souper, n’invite pas tes amis, ni tes frères, ni tes parents, ni des voisins riches, de peur qu’ils ne t’invitent à leur tour et qu’on ne te rende la pareille. Mais, lorsque tu donnes un festin, invite des pauvres, des estropiés, des boiteux, des aveugles. Et tu seras heureux de ce qu’il ne peuvent pas te rendre la pareille ; car elle te sera rendue à la résurrection des justes. »

À une autre occasion, il a raconté, en Luc 10.25-37, la parabole du bon Samaritain pour montrer l’importance de l’amour du prochain, l’amour qui se manifeste concrètement dans les actes. En Matthieu 25.31-46 Jésus décrit le dernier jugement, où les uns se verront condamnés au feu éternel et les autres accueillis dans le royaume de gloire. Aux condamnés qui auraient manqué de faire du bien aux autres, Jésus dira :

« Car j’ai eu faim, et vous ne m’avez pas donné à manger ; j’ai eu soif, et vous ne m’avez pas donné à boire, j’étais étranger, et vous ne m’avez pas recueilli ; j’étais nu, et vous ne m’avez pas vêtu ; j’étais malade et en prison, et vous ne m’avez pas visité. Ils répondront aussi : Seigneur, quand t’avons-nous vu ayant faim, ou ayant soif, ou étranger, ou nu, ou malade, ou en prison, et ne t’avons-nous pas assisté ? Et il leur répondra : Je vous le dis en vérité, toutes les fois que vous n’avez pas fait ces choses à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous ne les avez pas faites. » (Matthieu 25.42-45)

Les apôtres, dans leur enseignement, ont insisté autant que Jésus sur les bonnes œuvres. Jacques 1.27 les présente comme étant nécessaires à la vraie religion :

« Voici ce que Dieu le Père considère comme la religion pure et authentique : prendre soin des orphelins et des veuves dans leur souffrance, et se garder de toute tache produite par la mauvaise influence du monde. » (FC)

Dans le chapitre suivant, il affirme que les bonnes œuvres sont nécessaires pour rendre notre foi efficace et vivante :

« Si un frère ou une sœur sont nus et manquent de la nourriture de chaque jour, et que l’un d’entre vous leur dise : Allez en paix, chauffez-vous et vous rassasiez ! et que vous ne leur donniez pas ce qui est nécessaire au corps, à quoi cela sert-il ? Il en est ainsi de la foi : si elle n’a pas les œuvres, elle est morte en elle-même. » (Jacques 2.15-17)

L’apôtre Jean parle de la même manière :

« Si quelqu’un possède les biens du monde, et que voyant son frère dans le besoin, il lui ferme ses cœurs, comment l’amour de Dieu demeure-t-il en lui ? Petits enfants, n’aimons pas en paroles et avec la langue, mais en actions et avec vérité. » (1 Jean 3.17,18)

L’Épître de Paul à Tite contient de nombreuses références aux bonnes œuvres. Il dit au 3.14 : « Il faut que les nôtres apprennent à pratiquer de bonnes œuvres pour subvenir aux besoins pressants, afin qu’ils ne soient pas sans produire des fruits. »

L’une des tâches de l’Église

Dans le Nouveau Testament il est clair que les bonnes œuvres étaient pratiquées non seulement individuellement par les chrétiens, mais aussi collectivement. L’aide aux démunis a fait partie des œuvres de l’Église dès les premiers jours après son établissement à Jérusalem. À cette époque, de nombreuses personnes, originaires d’autres régions, s’étaient rendues à Jérusalem pour la fête de la Pâque juive. Là ils avaient entendu l’Évangile et s’étaient convertis. Ils voulaient sûrement rester quelque temps pour approfondir leur nouvelle foi, mais ils ne disposaient pas des moyens nécessaires pour prolonger leur séjour. Dans un tel contexte nous lisons en Actes 2.44,45 : « Tous ceux qui croyaient étaient dans le même lieu, et ils avaient tout en commun. Ils vendaient leurs propriétés et leurs biens, et ils en partageaient le produit entre tous, selon les besoins de chacun. » En Actes 6.1, la situation avait changé, mais l’Église était toujours sensible aux besoins des nécessiteux : une distribution de nourriture aux veuves dans l’Église se faisait chaque jour. Plus loin, en Actes 11.27-30 nous lisons :

« En ce temps-là, des prophètes descendirent de Jérusalem à Antioche. L’un d’eux, nommé Agabus, se leva, et annonça par l’Esprit qu’il y aurait une grande famine sur toute la terre. Elle arriva, en effet, sous (l’empereur) Claude. Les disciples résolurent d’envoyer, chacun selon ses moyens, un secours aux frères qui habitaient la Judée. Ils le firent parvenir aux anciens par les mains de Barnabas et Saul. »

Tous ces cas montrent que la bienfaisance n’était pas seulement l’affaire de chaque chrétien pris individuellement, mais tous unissaient souvent leurs efforts pour ce genre de travail.

Quelques principes à retenir :

Les non-chrétiens peuvent en bénéficier

Bien que les exemples que nous avons dans le livre des Actes nous montrent l’Église en train de faire preuve de bienfaisance envers ses membres les plus pauvres, il est certainement permis que les non-chrétiens, eux aussi, bénéficient de cette charité. La priorité est aux chrétiens, mais les autres ne sont pas du tout exclus. L’apôtre Paul dit en Galates 6.9,10 :

« Ne nous lassons pas de faire le bien ; car nous moissonnerons au temps convenable, si nous ne nous relâchons pas. Ainsi donc, pendant que nous en avons l’occasion, pratiquons le bien envers tous, et surtout envers les frères en la foi. »

Un devoir plutôt qu’un droit

Il est important que les chrétiens considèrent la bienfaisance comme un devoir à accomplir, de préférence comme un devoir agréable ou même comme une grâce. Paul dit ceci au sujet des chrétiens de la Macédoine qui voulaient aider les Églises de la Judée :

« Nous vous faisons connaître, frères, la grâce de Dieu qui s’est manifestée dans les Églises de la Macédoine. Au milieu de beaucoup de tribulations qui les ont éprouvées, leur joie débordante et leur pauvreté profonde ont produit avec abondance de riches libéralités de leur part. Ils ont, je l’atteste, donné volontairement selon leurs moyens, et même au-delà de leurs moyens, nous demandant avec de grandes instances la grâce de prendre part à l’assistance destinée aux saints. » (2 Corinthiens 8.1-4)

Le chrétien doit penser à la bienfaisance comme une chose à accomplir, et non à recevoir, non pas un droit à réclamer. Certaines personnes considèrent leur contribution à la collecte comme une participation à une sorte de cagnotte (ou ce qu’on appelle en Afrique une tontine) : elles pensent que lorsque leur tour arrivera, lorsqu’elles auront besoin de puiser dans le fond commun, elles y auront pleinement droit. C’est pour cela elles y contribuent. Cette manière de penser n’a rien à voir avec l’esprit de générosité que le Christ nous enseigne.

Les pauvres, aussi, peuvent faire de la bienfaisance

Remarquez que les chrétiens macédoniens étaient très pauvres. Ils avaient, pourtant, un grand empressement pour participer à l’effort d’aider d’autres frères en Christ dont les besoins étaient encore plus importants. Dans des milieux où la pauvreté est en quelque sorte la norme, il est facile de se voir comme dispensé du devoir de faire de la bienfaisance. On trouve parfois l’attitude que l’aide devrait toujours venir des pays riches. Certes, ceux qui vivent dans l’abondance matérielle, quel que soit leur pays de résidence, devraient être prêts à partager ces biens que Dieu leur confie. Ils ont un devoir particulier « d’être riches en bonnes œuvres, d’avoir de la libéralité, de la générosité, et de s’amasser ainsi pour l’avenir un trésor placé sur un fondement solide, afin de saisir la vie véritable » (1 Timothée 6.18,19). Mais cela ne signifie pas que les pauvres ne peuvent rien donner. La plupart d’entre nous considèrent qu’un homme qui n’a que deux habits doit être assez pauvre. Mais Jean-Baptiste dit aux Juifs : « Que celui qui a deux tuniques partage avec celui qui n’en a point, et que celui qui a de quoi manger agisse de même » (Luc 3.11). La personne que Jésus a citée comme modèle en ce qui concerne la foi et la générosité était une veuve très pauvre (Luc 21.1-4).

Faire de la bienfaisance d’une manière responsable

Dans certains pays, le gouvernement essaie de pourvoir aux besoins des plus nécessiteux dans la société. Il peut y avoir des allocations pour les familles nombreuses, pour les logements, pour les handicapés, pour les chômeurs ; il y a des « food banks », la médecine socialisée, le « revenu minimum d’insertion », la caisse de prévoyance sociale, de l’aide pour les jeunes mères non mariées, etc. Sans vouloir ni déclarer notre adhésion à cette politique ni militer contre les programmes socialistes, nous pouvons faire un constat général : très souvent, une personne ne cherche pas à faire pour elle-même ce que les autres sont prêts à faire pour elle (même quand la personne qui en bénéficie est capable de se débrouiller sans aide). À force de faire pour quelqu’un ce qu’il pourrait et devrait faire pour lui-même, on le rend dépendant, et on l’habitue à considérer ces aides comme un « droit ». Quand un gouvernement, une Église ou un individu veut venir au secours d’une personne qui se trouve dans un besoin quelconque, il faut tenir compte de cet aspect de la nature humaine et essayer de l’aider d’une manière qui ne risque pas d’encourager à la paresse ou à négliger ses devoirs. En 2 Thessaloniciens 3.10-12 Paul enseigne que ceux qui sont capables de travailler, mais refusent de le faire ne devraient pas bénéficier de la bienfaisance :

« Car, lorsque nous étions chez vous, nous vous disions expressément : si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus. Nous apprenons, cependant, qu’il y en a parmi vous qui ne travaillent pas, mais qui s’occupent de futilités. Nous invitons ces gens-là, et nous les exhortons par le Seigneur Jésus-Christ, à manger leur propre pain, en travaillant paisiblement. »

De même, s’il est tout à fait normal que l’Église assiste les veuves qui sont sans ressources, la première responsabilité appartient cependant à la famille.

« Si une veuve a des enfants ou des petits-enfants, qu’ils apprennent avant tout à exercer la piété envers leur propre famille, et à rendre à leurs parents ce qu’ils ont reçu d’eux ; car cela est agréable à Dieu… Si quelque fidèle, homme ou femme, a des veuves, qu’il les assiste, et que l’Église n’en soit point chargée, afin qu’elle puisse assister celles qui sont véritablement veuves. » (1 Timothée 5.4,16)

Paul conseilla dans ce même chapitre de ne pas inscrire certaines femmes « sur le rôle » de veuves que l’Église assisterait de manière continue, notamment les « jeunes veuves » qui tendaient à devenir « oisives » quand elles recevaient cette aide, alors qu’elles auraient pu facilement se remarier et s’occuper d’une famille.

Moyens de financer l’œuvre bénévole

Dans d’autres numéros de Chemin de Vérité nous avons démontré de quelle manière l’Église doit financer l’œuvre qu’elle entreprend : chaque premier jour de la semaine (dimanche), chaque chrétien donne volontairement tout ce qu’il peut, selon ses moyens, sa foi et son amour pour Dieu. La collecte qui se fait de cette manière sert à beaucoup de choses. Elle permet souvent à l’assemblée de se fournir un lieu de réunion. Elle peut servir à soutenir des évangélistes à plein temps (ou des évangélistes en formation) pour qu’ils puissent consacrer plus de temps à l’étude et à la prédication. Elle peut servir à répandre la bonne nouvelle au moyen de la radio, de la littérature, ou des déplacements de ceux qui voyagent pour enseigner la Parole. Elle peut aussi servir à la bienfaisance, ainsi que plusieurs passages bibliques l’attestent (Actes 2.45; 4.34,35; 6.1; 11.27-30; etc.).

Dans des pays où la pauvreté est particulièrement répandue, les besoins légitimes semblent sans limites, et les assemblées sont loin de disposer des moyens pour satisfaire à tous ces besoins d’aide matérielle ou financière. Une assemblée pourrait chaque semaine épuiser toute sa collecte pour aider des membres ou des voisins à payer des ordonnances, des frais scolaires, des vivres, et des factures de tout genre. Évidemment, rien ne resterait pour que l’assemblée ait les moyens de répondre aux autres besoins, tels qu’un lieu de culte ou le travail d’évangélisation. La réaction de certaines Églises devant cette situation est de ne plus faire de bienfaisance du tout en tant qu’assemblée, mais cela n’est pas une solution acceptable. Nous avons déjà vu, en effet, plusieurs passages qui témoignent de l’importance de la bienfaisance dans l’Église du Nouveau Testament.

Pour éviter les deux extrêmes (tout dépenser dans la bienfaisance, ou renoncer complètement aux bonnes œuvres collectives), certaines assemblées ont trouvé des solutions pratiques. Certaines prélèvent un pourcentage fixe (10 %, par exemple) sur tout ce qui est contribué pendant le mois ; elles mettent cette somme dans un fond à part qui sert uniquement aux œuvres de bienfaisance (aide aux veuves, orphelins, malades, etc.). Dans d’autres assemblées, après la collecte principale, on fait passer les paniers une deuxième fois en signalant que ces fonds seront utilisés pour la bienfaisance. D’autres assemblées annoncent de temps en temps que la collecte entière de tel dimanche sera consacrée aux bonnes œuvres. Par exemple, chaque fois qu’il y a cinq dimanches dans un même mois, elles mettent à part la collecte du cinquième dimanche.

Soulignons enfin que les bonnes œuvres ne nécessitent pas toujours de l’argent ; parfois les autres ont plus besoin de notre temps ou de notre travail. Il y a des assemblées en Afrique où ceux qui sont plus jeunes s’organisent pour ramasser des fagots pour les vieilles personnes dans l’Église qui n’ont personne pour les assister. Des assemblées aux États-Unis offrent gratuitement des cours d’anglais pour aider les étrangers à s’adapter. D’autres se rendent dans les hôpitaux pour prier avec les malades ou dans les maisons de retraite pour encourager ceux qui se sentent seuls. D’autres collectionnent des habits d’occasion qu’ils distribuent à ceux qui en ont besoin. Il y a des personnes qui sont malades et qui n’ont pas de force pour nettoyer leur maison ou laver leurs habits : on peut les aider même si l’on n’a pratiquement pas d’argent.

Conclusion

Il y a toutes sortes de personnes que l’Église peut aider : les veuves, les réfugiés de guerre, les malades, les victimes de la famine, les prisonniers, les sourds ou les aveugles, les orphelins, ceux qui n’ont ni toit ni vêtements. L’Église n’existe pas pour résoudre les problèmes de toutes ces personnes, mais comme Jésus est son modèle et son chef, elle ne pourra jamais rester indifférente aux souffrances des êtres humains. Terminons par les mots d’un cantique peu connu mais très beau, écrit par Ed Ritchie :

« Tu naquis pour servir, et servir fut ta gloire ; servir est à jamais le sceau de tes enfants. Celui qui, sans agir, se contente de croire, ne sait pas croire encore, ô Sauveur des croyants !

« Que de maux, de périls et de besoins m’appellent ! Que de frères, d’amis, tu jettes dans mes bras ! Que d’œuvres à fonder, que d’œuvres qui chancellent ! Garde à jamais nos cœurs d’être des cœurs ingrats. »

B. B.
(Dans Vol. 10, No. 2)

La dîme

La dîme est un sujet qui est partout mal compris, même dans l’Église du Seigneur. Il s’agit tout simplement de la pratique de garder pour Dieu la dixième part de ce qu’on gagne. Dans l’Ancien Testament, cette pratique était la base, le point de départ en ce qui concerne les dons matériels offerts à Dieu. Nous la voyons pour la première fois, non pas dans la loi de Moïse, mais 400 ans plus tôt, au temps d’Abraham. En Genèse 14, Abraham avait pris 318 de ses serviteurs pour se battre contre des soldats de Mésopotamie et sauver son neveu Lot et les autres habitants de Sodome qui avaient été pris captifs. Quand Abraham revenait avec Lot, les autres captifs qu’il avait délivrés et beaucoup de butin, Melchisédek, « sacrificateur du Dieu Très-Haut », est allé à sa rencontre. Il bénit Abraham, et Abraham lui a donné la dîme de tout le butin. Plus tard, quand Jacob, petit-fils d’Abraham, quittait le pays de Canaan pour séjourner chez son oncle Laban, il a fait cette promesse en Genèse 28.20-22 : « Si Dieu est avec moi et me garde pendant ce voyage que je fais, s’il me donne du pain à manger et des habits pour me vêtir, et si je retourne en paix à la maison de mon père, alors l’Éternel sera mon Dieu ; cette pierre, que j’ai dressée pour monument, sera la maison de Dieu, et je te donnerai la dîme de tout ce que tu me donneras. » Dans ces deux cas, Abraham et Jacob ne semblent pas avoir reçu de commandement de donner la dîme, mais il est possible qu’ils suivaient une pratique ou un principe qui leur était déjà connu.

Plus tard, quand Dieu donna la loi par Moïse, il en a fait un commandement direct. En fait, il a ordonné trois dîmes. La première, appelée la dîme de l’Éternel, est ordonné en Lévitique 27.30,32. Elle devait être remise aux Lévites, qui étaient chargés d’assister les sacrificateurs dans le service de Dieu. La deuxième dîme est décrite en Deutéronome 14.22-27 ; elle est parfois appelée la dîme festin parce qu’on devait la transporter au temple et la manger là devant l’Éternel comme élément d’une fête de réjouissance et de reconnaissance à Dieu. Tous les trois ans, il y avait une troisième dîme que l’on devait apporter pour les Lévites encore, mais surtout pour les pauvres, les étrangers, et les orphelins (Deutéronome 14.28,29). D’une part il est vrai que la dîme était une obligation pour les Israélites, un commandement direct. D’autre part, on ne trouve pas de police établie pour veiller à ce que chacun paie sa dîme. Aucune punition n’était appliquée par les hommes à la personne qui négligeait de payer (sauf le fait d’exiger 12 % au lieu de 10 % de la personne qui avait manqué de donner la dîme quand elle devait le faire). Sinon, c’est Dieu lui-même qui bénirait celui qui donnerait la dîme, et qui ne ferait pas prospérer celui qui ne la donnait pas.

À nous les chrétiens, Dieu n’a pas donné un commandement qui prescrit de donner forcément la dîme. Malgré les pratiques des dénominations, dans l’Église du Christ nous ne nous permettons pas d’enseigner le contraire. Il n’y a pas un verset dans le Nouveau Testament qui dit clairement que le chrétien a l’obligation de verser la dîme à l’Église. Malheureusement, au lieu de dire que l’on n’est pas obligé par une loi à donner la dîme, certains membres de l’Église affirment parfois que l’on ne doit pas donner la dîme. Et même si l’on reconnaît que l’on peut donner la dîme ou même plus que la dîme, il n’y a pas beaucoup qui le font. En fait, dans de nombreuses assemblées locales, on constate que la collecte ne représente qu’au maximum entre 3 % et 4 % de ce que les membres gagnent, ou souvent moins que cela. Dans les assemblées rurales où il y a une période de l’année où les revenus sont nettement plus élevés (la moisson ou la traite), les montants qui entrent dans la caisse de l’Église sont généralement pareils à ce qui est donné pendant le reste de l’année. En ville comme à la campagne, on est très loin de donner « plus que la dîme ».

Évidemment si chacun donnait au moins 10 % de ce que Dieu lui confiait, l’Église aurait beaucoup plus d’argent pour soutenir des évangélistes dans les assemblées qui existent déjà et pour envoyer des évangélistes ailleurs dans le but de créer des assemblées là où il n’y en a pas encore. Les Églises pourraient construire des lieux de culte convenables. Elles pourraient faire plus de bonnes œuvres en faveur des plus nécessiteux. Elles pourraient faire beaucoup plus pour avancer la cause de Christ et glorifier Dieu. Voilà autant de bonnes raisons qui devraient pousser chaque chrétien à se résoudre à contribuer à l’Église un minimum de 10 % de ce qu’il gagne.

Alors pourquoi tant de chrétiens n’acceptent-ils pas de donner volontairement la dîme ?

1. Certains citent comme raison le fait que la dîme n’est pas une loi pour le chrétien. Il est vrai que la loi de Moïse n’est plus en vigueur (Galates 3.21-25; 2 Corinthiens 3.7-11; Hébreux 8.6-13; etc.), et le Nouveau Testament n’a pas introduit « une dîme chrétienne ». La dîme n’est plus une obligation légale. Pourtant, ce n’est pas là un argument contre la pratique de donner la dîme volontairement. Nous faisons d’autres choses que nous ne sommes pas légalement obligés de faire, pourvu que nous reconnaissions leur utilité pour notre vie spirituelle ou pour l’œuvre de Dieu. Il n’est pas précisé dans la Bible qu’une assemblée doit se réunir pour l’étude biblique le mercredi soir ou pour la prière le vendredi soir, mais beaucoup d’Églises organisent de telles réunions pour l’édification de leurs membres. Le Nouveau Testament n’a nulle part ordonné de jeûner. Ce n’est pas une obligation. Mais de nombreux chrétiens jeûnent parce qu’ils reconnaissent que c’est utile.

Quand nous sommes motivés par l’amour, nous ne cherchons pas à faire le minimum qui nous est imposé. Nous ne demandons pas : « Combien dois-je donner ? » mais plutôt : « Combien puis-je donner ? »

2. D’autres disent qu’ils ne donnent pas la dîme parce que c’est une pratique des dénominations, c’est-à-dire des Églises d’origine humaine. Il est vrai que notre modèle doit être l’Église du Nouveau Testament et non pas les dénominations. Mais ce n’est pas parce qu’une personne ou une Église croit à une erreur que tout ce qu’elle fait ou croit est contraire à la vérité. Ce n’est pas une erreur que d’encourager les hommes à donner au moins 10 % de leurs revenus à Dieu. L’erreur c’est d’introduire la contrainte, de vouloir forcer les gens à donner la dîme. Dieu n’a pas dit : « Ne donnez pas 10 %. » Il a dit « Ne donnez pas par contrainte » (2 Corinthiens 9.7).

3. D’autres encore disent : « Je ne donne pas la dîme parce que je n’aurais pas assez pour satisfaire à mes besoins et accomplir mes responsabilités. » On se dit que déjà on n’arrive pas à joindre les deux bouts ; comment ferait-on si l’on enlevait 10 % de son maigre salaire pour le donner à Dieu ? On peut facilement comprendre ce souci quand on dresse une liste de ses dépenses légitimes : loyer, factures de courant et d’eau, nourriture, savon, scolarité des enfants, aide aux parents âgés, habillement pour toute sa famille, économie pour les urgences (médicaments, funérailles, autres imprévus), transport, diverses cotisations au travail ou aux associations auxquelles on appartient, remboursement de dettes, etc. Même quand son salaire est assez élevé, on peut être financièrement serré. Salomon dit : « Quand le bien abonde, ceux qui le mangent abondent ; et quel avantage en revient-il à son possesseur, sinon qu’il le voit de ses yeux ? » (Ecclésiaste 5.10). Celui qui a un bon salaire a souvent plus de personnes à sa charge.

Après s’être occupé de toutes ces dépenses nécessaires, le chrétien trouve souvent qu’il ne reste rien pour Dieu. Pour calmer sa conscience, il trouvera quelques jetons pour mettre dans la collecte chaque dimanche, mais il ne voit pas comment il peut accorder un pourcentage fixe de son salaire à Dieu quand tout est déjà consacré aux autres besoins.

Ceux qui raisonnent de cette manière ont besoin de reconnaître deux principes fondamentaux de la Parole de Dieu :

(A) Il faut donner la part de Dieu avant de s’occuper de soi-même (Lévitique 23.10-14). Tout appartient à Dieu ; tout ce que nous avons lui appartient (Lévitique 25.23; Psaume 50.10-12; Aggée 2.8; 1 Chronique 29.11-14), mais il nous le confie et nous demande de le gérer selon sa volonté (1 Corinthiens 4.2; Luc 16.12). Pour nous rappeler cette réalité, Dieu ordonnait à son peuple de lui apporter les prémices, la première partie de leurs récoltes (Exode 23.19; 34.26; Deutéronome 26.1-11; Proverbes 3.9,10). Dieu est au-dessus de tout et il mérite ce qui est meilleur ; on ne lui offre ni les miettes ni ce qui est de qualité inférieure (Malachie 1.6-9,14). L’offrande à Dieu doit être la première chose sur notre liste de dépenses à faire.

(B) Dieu promet subvenir à tous nos besoins si nous montrons notre confiance en lui par nos dons. Il ne dit pas que nous serons forcément riches, mais nous aurons le nécessaire pour la vie et même plus afin d’abonder en bonnes œuvres.

« Honore l’Éternel avec tes biens, et avec les prémices de tout ton revenu : alors tes greniers seront remplis d’abondance, et tes cuves regorgeront de moût. » (Proverbes 3.9,10)

« Apportez à la maison du trésor toutes les dîmes, afin qu’il y ait de la nourriture dans ma maison ; mettez-moi de la sorte à l’épreuve, dit l’Éternel des armées. Et vous verrez si je n’ouvre pour vous les écluses des cieux, si je ne répands sur vous la bénédiction en abondance. Pour vous je menacerai celui qui dévore, et il ne vous détruira pas les fruits de la terre, et la vigne ne sera pas stérile dans vos campagnes, dit l’Éternel des armées. Toutes les nations vous diront heureux. » (Malachie 3.10-12)

« Cherchez premièrement le royaume et la justice de Dieu ; et toutes ces choses vous seront données par-dessus. » (Matthieu 6.33)

« Donnez, et il vous sera donné : on versera dans votre sein une bonne mesure, serrée, secouée et qui déborde ; car on vous mesurera avec la mesure dont vous vous serez servis. » (Luc 6.38)

« J’ai été comblé de biens, en recevant par Épaphrodite ce qui vient de vous comme un parfum de bonne odeur, un sacrifice que Dieu accepte, et qui lui est agréable. Et mon Dieu pourvoira à tous vos besoins selon sa richesse, avec gloire, en Jésus-Christ. » (Philippiens 4.18,19)

« Sachez-le, celui qui sème peu moissonnera peu, et celui qui sème abondamment moissonnera abondamment… Et Dieu peut vous combler de toutes sortes de grâces, afin que, possédant toujours en toutes choses de quoi satisfaire à tous vos besoins, vous ayez encore en abondance pour toute bonne œuvre, selon qu’il est écrit : Il a fait des largesses, il a donné aux indigents, sa justice subsiste à jamais. Celui qui fournit de la semence au semeur, et du pain pour sa nourriture, vous fournira et vous multipliera la semence, et il augmentera les fruits de votre justice. Vous serez de la sorte enrichis à tous égards pour toute espèce de libéralités. » 2 Corinthiens 9.6,8-11)

Si nous ne donnons pas 10 % parce que nous craignons ne pas avoir assez pour nos besoins, il faut dire que nous ne croyons tout simplement pas aux promesses de Dieu. Où est donc notre foi ? Et pourtant les témoignages abondent pour attester que Dieu a tous les moyens pour nous bénir matériellement quand nous montrons notre confiance en lui de cette manière. Les Juifs, qu’ils soient riches ou pauvres, donnaient bien au-delà de 10 % de leurs revenus à Dieu, et il s’occupait d’eux. Des membres des dénominations donnent la dîme, bien que ce soit souvent par contrainte ; ils ne sont pas pour cela plus appauvris que leurs prochains. Pourquoi douter de la fidélité de Dieu ?

Si vous donnez déjà 10 % à Dieu, vous savez sûrement que Dieu vous bénit. Mais au lieu de vous contenter de la dîme comme si vous aviez accompli une exigence légale, pourquoi ne pas chercher à faire encore mieux ? Prenez 10 % comme un minimum et non pas un maximum à donner à Dieu.

Conclusion

Une Église du Christ n’introduira jamais un élément de contrainte pour obliger qui que ce soit à donner la dîme. Nous n’essayerons pas de forcer quelqu’un à faire ce qu’il n’a pas assez d’amour ou de foi pour faire. Mais nous avons besoin de nous mettre sérieusement au défi les uns les autres pour donner plus à notre Dieu. Cherchons à lui donner de façon qu’il soit honoré.

Prions Dieu de nous aider à grandir là où nous sommes faibles. Que ce soit l’amour ou la foi qui nous manque, qu’il nous pardonne et qu’il nous fortifie.

B. B.
(Dans Vol. 6, No. 2)

Le financement de l’œuvre de l’Eglise

On n’a pas besoin de dire qu’il est presque impossible de vivre dans le monde aujourd’hui sans argent. C’est une évidence. Mais l’argent n’est pas seulement très important pour la vie des individus, il est aussi important pour certaines activités religieuses. Par exemple, une assemblée a généralement besoin de se pourvoir un lieu pour ses réunions. Ou bien elle loue un local ou bien elle paie ou construit son propre lieu de culte. L’Église est appelée à faire de bonnes œuvres en assistant les plus nécessiteux et ceux qui souffrent. L’Église a la tâche de propager la Parole de Dieu – quand l’argent est disponible, elle a la possibilité de faire travailler des évangélistes à plein temps, à distribuer de la littérature chrétienne, ou à employer les médias de masse. D’autres besoins qui nécessitent de l’argent pourraient être ajoutés à cette liste.

Mais où doit-on trouver ces fonds pour l’œuvre de l’Église ? Comment faut-il financer les activités religieuses ? Si nous considérons les groupes religieux qui nous entourent, nous constaterons plusieurs méthodes. Certains groupes imposent un taux annuel que chaque homme ou chaque femme doit payer. Les membres doivent aussi payer de l’argent s’ils désirent certains offices spirituels, tels que le baptême ou des prières spéciales. D’autres Églises organisent ce qu’elles appellent une fête des moissons, où l’on propose divers articles en vente aux enchères et ceux qui assistent acceptent de payer des prix exagérés, sachant que l’argent doit servir aux activités de l’Église. D’autres imposent des cotisations, d’autres vendent des objets qui sont censés avoir un pouvoir spirituel, d’autres font des collectes plusieurs fois chaque semaine, et d’autres encore s’engagent dans des activités qui peuvent leur rapporter de l’argent, telles que l’agriculture. Beaucoup insistent sur la dîme et enseignent à leurs membres qu’ils ont l’obligation de donner à l’Église 10% de ce qu’ils gagnent.

Est-ce que la Bible dit comment l’œuvre de Dieu doit être financée ? Oui. En fait, la Bible nous dit beaucoup à ce sujet.

En lisant le Nouveau Testament, la première chose que nous constatons concernant le financement de l’Église, c’est qu’il y avait une seule méthode employée : les offrandes, c’est-à-dire les dons volontaires des membres.

Quand on dit « volontaires », il faut entendre ce qui est donné sans contrainte. Deux Corinthiens 9.7 dit clairement : « Que chacun donne comme il l’a résolu en son cœur, sans tristesse ni contrainte ; car Dieu aime celui qui donne avec joie. » Il faut donc donner librement, parce qu’on veut donner. On doit décider soi-même combien on va donner. Quand nous donnons parce qu’on nous a imposé de donner une certaine somme, cela devient une sorte d’impôt, et pratiquement personne n’aime payer des impôts. On les paie parce qu’il le faut, mais ce n’est généralement pas avec joie. Quand on fait un cadeau à quelqu’un qu’on aime parce qu’on veut lui faire plaisir, là c’est autre chose. Dans ce cas on découvre, comme Jésus l’a dit en Actes 20.35, qu’« il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir ».

Au commencement de l’Église de Jérusalem, l’attitude des chrétiens envers leurs biens leur permettait d’être très généreux : « Nul ne disait que ses biens lui appartinssent en propre, mais tout était commun entre eux » (Actes 4.32). On parle de ceux qui allaient jusqu’à vendre des champs et des maisons afin de subvenir aux besoins des plus pauvres. Mais il ne faut pas penser que cela leur avait été imposé comme dans certains pays communistes. Le chapitre suivant nous parle d’un couple nommé Ananias et Saphira, qui a vendu une propriété, mais a menti concernant le prix de vente. Ils ont retenu une partie de l’argent, ce qu’ils avaient le droit de faire, mais ils voulaient qu’on pense qu’ils avaient été aussi généreux que les autres. Les paroles que l’apôtre Pierre a adressées à Ananias montrent qu’il n’y avait pas de contrainte en ce qui concernait les dons : « S’il n’eût pas été vendu, ne te restait-il pas ? Et, après qu’il a été vendu, le prix n’était-il pas à ta disposition ? […] Ce n’est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu » (Actes 5.4).

Le petit livre de Philémon souligne aussi que ce que nous faisons pour Dieu doit être fait de bon cœur, volontairement. Voici la mise en scène. Philémon, un chrétien de la ville de Colosse et ami proche de l’apôtre Paul, avait un esclave nommé Onésime. Ce dernier, ayant peut-être volé son maître, s’était évadé et s’est enfui à la ville de Rome. À Rome, il est entré en contact avec Paul, qui y était emprisonné à cause de sa prédication. Paul lui a annoncé la Bonne Nouvelle de Jésus, et Onésime s’est converti. Par la suite, Onésime s’est rendu très utile à Paul, qui n’avait pas la liberté de se déplacer. Mais au lieu de garder Onésime auprès de lui pour qu’il continue de lui rendre service, Paul l’a renvoyé à Philémon, avec une lettre, en lui demandant de pardonner à son ancien esclave et de le recevoir maintenant comme un frère en Christ. Aux versets 13 et 14 Paul écrit : « J’aurais désiré le retenir auprès de moi, pour qu’il me servît à ta place, pendant que je suis dans les chaînes pour l’Évangile. Toutefois, je n’ai rien voulu faire sans ton avis, afin que ton bienfait ne soit pas comme forcé, mais qu’il soit volontaire. » Ce que nous faisons de bien perd sa valeur si nous le faisons parce qu’on nous force à le faire.

Tout ceci n’est pas pour dire qu’il n’y a pas d’obligation de donner à Dieu, mais l’obligation est d’ordre moral. La contrainte vient de notre conscience et non de la politique de ceux qui nous conduisent. Considérez les paroles de Paul en 2 Corinthiens 8.8,9 qui font leur appel à l’exemple de Jésus lui-même. Après avoir cité l’exemple de la générosité des Églises de la Macédoine pour exhorter celle de Corinthe à bien participer à une œuvre de bienfaisance, l’apôtre écrit : « Je ne dis pas cela pour donner un ordre, mais pour éprouver, par le zèle des autres, la sincérité de votre charité. Car vous connaissez la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ, qui pour vous s’est fait pauvre, de riche qu’il était, afin que par sa pauvreté vous fussiez enrichis. »

Concernant ce même effort bénévole, Paul écrit en Romains 15.26,27 : « Car la Macédoine et l’Achaïe ont bien voulu s’imposer une contribution en faveur des pauvres parmi les saints de Jérusalem. Elles l’ont bien voulu, et elles le leur devaient ; car si les païens ont eu part à leurs avantages spirituels, ils doivent aussi les assister dans les choses temporelles. » On voit clairement dans ces versets qu’il y avait la libre volonté de donner et en même temps la reconnaissance d’une obligation morale de donner.

En envoyant ses apôtres pour prêcher, Jésus leur a dit en Matthieu 10.8 : « Vous avez reçu gratuitement ; donnez gratuitement. » Quand le chrétien considère tout ce que Dieu lui a donné et continue de lui donner dans sa grâce, il devrait vouloir donner en retour avec joie et reconnaissance. S’il ne peut pas le faire avec un tel esprit, Dieu ne veut pas de son offrande.

On devrait réexaminer plusieurs pratiques dans les Églises à la lumière de cette insistance biblique sur l’importance de donner sans contrainte. Quand les membres de l’Église doivent faire marquer dans un carnet qu’ils ont donné ce qui est exigé, quand on va chez les membres à domicile pour réclamer une dîme ou une cotisation qu’ils n’ont pas données d’eux-mêmes, quand on déduit une contribution automatiquement du bulletin de salaire de ceux qui travaillent pour l’Église ou ses ministères telles que les écoles primaires et secondaires – quand on fait ces choses, on introduit la contrainte, on enlève la joie et on transforme des dons d’amour en impôt.

Un autre principe concernant le financement de l’Église est le jour pour les collectes. Les Écritures précisent que ces dons volontaires sont réunis le premier jour de la semaine, c’est-à-dire le dimanche. « Pour ce qui concerne la collecte en faveur des saints, agissez, vous aussi, comme je l’ai ordonné aux Églises de la Galatie. Que chacun de vous, le premier jour de la semaine, mette à part chez lui ce qu’il pourra, selon sa prospérité, afin qu’on n’attende pas mon arrivée pour recueillir les dons » (1 Corinthiens 16.1,2). Puisque le jour où toute l’Église se réunissait pour prendre la Sainte Cène était le dimanche (Actes 20.7), c’était l’occasion naturelle pour faire la collecte en même temps. Aucun autre jour de la semaine n’est mentionné dans le Nouveau Testament pour réunir les dons des membres. S’ils savent qu’il n’y aura pas de collecte le mercredi quand ils viennent ensemble pour étudier la Bible, ou le vendredi quand ils se réunissent pour la prière, ils apporteront le dimanche tout ce qu’ils ont à donner pour la semaine. Inutile donc de faire des collectes à chaque réunion.

Cela ne veut pas dire que le chrétien ne peut pas faire un don à un nécessiteux ou faire une bonne œuvre quelconque un autre jour de la semaine. Sur le plan individuel, « pendant que nous en avons l’occasion, pratiquons le bien envers tous, et surtout envers les frères en la foi » (Galates 6.10).

Combien fallait-il que chacun contribue à l’œuvre de Dieu ? Le principe qu’on trouve partout dans le Nouveau Testament est que chacun donne selon ses moyens, ou selon sa prospérité. Nous avons déjà lu que Paul dit en 1 Corinthiens 16.2 que chacun doit mettre à part « ce qu’il pourra, selon sa prospérité ». En Actes 11, les chrétiens à Antioche ont appris qu’une famine allait se produire et peser beaucoup sur les habitants de la Judée. Le verset 29 dit : « Les disciples résolurent d’envoyer, chacun selon ses moyens, un secours aux frères qui habitaient la Judée. »

Ce principe est contre l’idée d’imposer dans l’Église des cotisations où chaque homme doit payer la même somme. Tous n’ont ni les mêmes revenus ni les mêmes charges. Tous ne devraient pas donner la même chose.

Dire que l’on doit donner selon sa prospérité ne veut pas dire que certains sont exclus du devoir de donner à Dieu. Même les pauvres montraient leur foi et leur amour par leur façon de donner. Les Macédoniens étaient très pauvres, mais ils donnaient avec libéralité, c’est-à-dire avec générosité – ils donnaient beaucoup.

« Nous vous faisons connaître, frères, la grâce de Dieu qui s’est manifestée dans les Églises de la Macédoine. Au milieu de beaucoup de tribulations qui les ont éprouvées, leur joie débordante et leur pauvreté profonde ont produit avec abondance de riches libéralités de leur part. Ils ont, je l’atteste, donné volontairement selon leurs moyens, et même au-delà de leurs moyens […] Et non seulement ils ont contribué comme nous l’espérions, mais ils se sont d’abord donnés eux-mêmes au Seigneur » (2 Corinthiens 8.1-3,5).

L’histoire de la pauvre veuve en Luc 21.1-4 montre aussi que les pauvres ne sont pas exclus de cette question d’offrandes à Dieu. Cette femme n’a donné que deux petites pièces d’argent, mais c’était tout ce qu’elle avait pour vivre. Le Seigneur le savait, et il l’a louée pour le sacrifice qu’elle a fait.

Quand on parle de donner selon nos moyens, l’expression « nos moyens » ne se réfère pas à ce qui nous reste après avoir fait ce que nous voulons faire. « Nos moyens » veut dire tout ce que Dieu nous donne. Or, nous devons donner à Dieu, Celui de qui nous avons tout reçu, avant de commencer à satisfaire à nos besoins personnels. Dans l’Ancien Testament, Dieu avait donné cet ordre à son peuple : « Vous ne mangerez ni pain, ni épis rôtis ou broyés, jusqu’au jour même où vous apporterez l’offrande à votre Dieu. C’est une loi perpétuelle pour vos descendants, dans tous les lieux où vous habiterez » (Lévitique 23.14). Même chez les païens on reconnaît qu’il faut honorer son dieu avant de se servir soi-même. Ainsi, ils ne mangent pas d’ignames, par exemple, sans avoir observé leur fête des ignames. Si les Juifs et les païens ont assez de respect pour leurs dieux pour les mettre en premier lieu, nous les chrétiens devrions pouvoir faire autant. Donner selon nos moyens veut dire donner selon ce que Dieu nous a donné et non selon ce qui nous reste à la fin.

Mais combien de nos moyens faut-il donner ? La loi mosaïque ordonnait en Lévitique 27.30,32 de donner la dîme, ou 10% de tous ses revenus. Cette loi n’a pas été reprise dans le Nouveau Testament, qui nous parle de donner avec générosité : « Que celui qui donne le fasse avec libéralité » (Romains 12.8). (Ne confondons pas librement, qui veut dire sans contrainte, et libéralement, qui veut dire généreusement.) « N’oubliez pas la bienfaisance et la libéralité, car c’est à de tels sacrifices que Dieu prend plaisir » (Hébreux 13.16). Pour le chrétien il n’y a pas de taux fixe, tel que la dîme, mais chacun doit s’examiner pour voir s’il est vraiment généreux avec Dieu. La dîme peut servir de point de repère pour s’évaluer. Par exemple, on pourrait se dire que, si Dieu exigeait un minimum de 10% de ses serviteurs dans le passé, donner 3 ou 4% de nos revenus aujourd’hui ne serait probablement pas généreux à ses yeux. Si TOUS les Juifs devaient forcément donner la dîme, quelle que soit leur position sociale, je ne pourrais pas dire que pour moi il n’est pas possible de donner autant. C’est une question de foi et de volonté. Il ne faut pas faire de la dîme une loi pour l’Église, mais la dîme peut me servir personnellement de point de départ en ce qui concerne mes dons. Dans l’amour que j’ai pour Dieu, j’essaierai de donner le plus possible.

Enfin, pour la gérance de l’argent qui est collecté, il faut que ce soit fait avec intégrité et transparence. Paul a parlé des précautions prises avec l’argent donné pour aider les pauvres de la Judée. Il dit : « Nous agissons ainsi, afin que personne ne nous blâme au sujet de cette abondante collecte, à laquelle nous donnons nos soins ; car nous recherchons ce qui est bien, non seulement devant le Seigneur, mais aussi devant les hommes » (2 Corinthiens 8.20,21). Les assemblées locales étant autonomes, chacune doit gérer ce qui est donné. Les membres devraient savoir comment l’argent est utilisé. Tous devraient reconnaître que ce qui est dans la caisse de l’Église appartient à Dieu lui-même et doit être employé de manière à le glorifier.

Le plan de Dieu pour financer son œuvre est donc très simple et très beau. Chaque dimanche, chaque chrétien donne volontairement tout ce qu’il peut, selon sa foi, son amour pour le Seigneur, et sa reconnaissance pour la grâce de Dieu, « car Dieu aime celui qui donne avec joie ».

B. B.
(Dans Vol. 6, No. 1)