Ce que Dieu a déclaré pur

Un musulman m’a demandé récemment pourquoi certains chrétiens mangent du porc. Il voulait savoir si Jésus avait autorisé cela.

Règles alimentaires et la religion

En fait, les questions du manger ont toujours été d’actualité un peu partout au monde, et les différentes religions ont leurs règles ou leurs principes à cet égard.

Bon nombre d’hindous, de bouddhistes et de sikhs pratiquent le végétarisme. Le régime ital des rastafariens, lui aussi, recommande l’abstinence de tout aliment d’origine animale.

Le véganisme (appelé également le végétalisme intégral) est une « philosophie et mode de vie qui tend à exclure, autant qu’il est possible, toutes formes d’exploitation et de cruauté faites aux animaux afin de se nourrir, se vêtir ou dans n’importe quel autre but » (wikipedia.fr). Bien que dans la population de l’état moderne d’Israël on trouve le pourcentage le plus élevé au monde qui pratique le véganisme, un tel système n’est pas imposé dans la religion juive. Dieu a bien interdit aux Israélites plusieurs sortes de viande, mais il n’a jamais ordonné au peuple de pratiquer le végétarisme.

En fait, l’Éternel imposa un grand nombre de restrictions alimentaires aux Juifs (Lévitique 11, Deutéronome 14.3-21). Parmi les animaux terrestres, ils ne devaient manger que ceux qui ont le pied fourchu et qui ruminent (par exemple, le bœuf, la brebis, la chèvre, le cerf, la gazelle, la girafe, etc.). Défendus étaient le chameau, le lièvre, et le porc (Lév. 11.1-8). Parmi les animaux marins, les Israélites ne devaient manger que ceux qui avaient des nageoires et des écailles (Lév. 11.9-12). La liste d’oiseaux impurs est assez longue et comporte pratiquement tous les oiseaux de proie (Lév. 11.13-19). Les insectes ayant des ailes et des pattes étaient impurs, sauf ceux qui sautent, comme la sauterelle et le criquet (Lév. 11.20-25).

Les règles semblent assez compliquées chez les musulmans aussi.

« En règle générale, la nourriture licite est dite “halal”. La viande est halal s’il s’agit d’animaux autorisés et abattus rituellement en prononçant la formule : “Au Nom de Dieu, Dieu est Le plus Grand” Bismilah, allaho akbar, en dirigeant l’animal vers la Mecque. Toutefois, le Coran, dans la sourate 5, Al Maïda, La Table servie, au verset 3 énumère des aliments dits “haram” ou illicites : Vous sont interdits la bête trouvée morte, le sang, la chair de porc, ce sur quoi on a invoqué un autre nom que celui d’Allah.

L’on y ajoute les dérivés du sang (boudin…), la graisse de porc, les animaux nécrophages, l’âne domestique, les félidés, le mulet, l’aigle, l’éléphant, le singe, les oiseaux carnassiers et en général tout omnivore. » (islamfrance.com)

Quant à ceux qui se réclament du nom chrétien, plusieurs groupes, y compris les adventistes, les harristes, les chrétiens célestes, les mormons, les orthodoxes éthiopiens et d’autres, recommandent de s’abstenir de certains aliments (porc, oiseaux blancs ou même la viande en général) afin de plaire à Dieu. Certains se basent sur les mêmes passages de l’Ancien Testament que nous avons évoqués plus haut en parlant des Juifs.

La majorité de ceux qui croient en Jésus, par contre, se considèrent libres de manger de tout. Mais qu’en dit la Bible ? C’est elle qui doit avoir le dernier mot.

Lors de la création, Dieu dit à l’homme et la femme : « Voici, je vous donne toute herbe portant de la semence et qui est à la surface de toute la terre, et tout arbre ayant en lui du fruit d’arbre et portant de la semence : ce sera votre nourriture » (Genèse 1.29). En revanche, après le déluge Dieu modifia ses instructions à cet égard. Il dit à Noé et ses descendants : « Tout ce qui se meut et qui a vie vous servira de nourriture : je vous donne tout cela comme l’herbe verte. Seulement, vous ne mangerez point de chair avec son âme, avec son sang » (Gen. 9.3,4). Ce principe devait s’appliquer évidemment à toute l’humanité.

La loi mosaïque et les aliments impurs

Des siècles plus tard Dieu fit une alliance avec un peuple particulier, les enfants d’Israël. Ce peuple devait désormais appartenir à Dieu d’une manière spéciale et jouer un rôle très important dans son plan pour les hommes. Dans un monde porté vers l’idolâtrie, Israël devait rester fidèle au seul vrai Dieu et être ainsi une sorte de lumière aux nations. Et de ce peuple sortirait un jour la véritable lumière du monde, le Messie, Jésus-Christ.

Dieu donna donc aux Israélites un ensemble de commandements que nous appelons la loi de Moïse. Cette loi avait plusieurs fonctions : entre autres, elle donnait aux Israélites une idée plus correcte de la vraie justice ; elle faisait ressentir la distance qui sépare le Dieu saint et l’homme pécheur et donc le besoin d’un sauveur ; elle aidait le peuple d’Israël à conserver son identité unique parmi les nations jusqu’à l’arrivée du Sauveur de tous les hommes. Les lois alimentaires semblent avoir joué un rôle dans cela, et les Juifs reconnaissent que leurs pratiques alimentaires les aident dans ce sens jusqu’à ce jour. Dieu semble associer ces règlements au fait qu’Israël devait rester à part : « Vous observerez la distinction entre les animaux purs et impurs… que je vous ai appris à distinguer comme impurs. Vous serez saints pour moi, car je suis saint, moi, l’Éternel ; je vous ai séparés des peuples afin que vous soyez à moi » (Lévitique 20.25,26). Malgré de multiples fois où Israël s’est détourné de Dieu, il était toujours, lorsque Jésus est venu, un peuple distinct et qui était en gros très zélé pour la loi que Dieu avait donnée.

Une bonne partie de la loi mosaïque concernait la pureté, mais une pureté que nous appelons souvent cérémonielle. Certains aliments, certaines conditions corporelles, le contact avec des cadavres, etc., rendaient des personnes impures devant Dieu. Parfois la condition impure passait après un certain délai, mais souvent un sacrifice ou une cérémonie était nécessaire pour que la personne soit purifiée.

Se trouver dans un état d’impureté, bien que ce soit lié à l’idée du péché, n’était pas toujours un péché. Certaines souillures ne pouvaient même pas être évitées, telles que les règles d’une femme ou son accouchement. Tandis que le péché vient du fait de céder à la tentation (Jacques 1.14,15), cela n’était pas toujours le cas de l’impureté traitée dans la loi de Moïse. Néanmoins, on devait éviter le plus possible de se trouver dans une condition souillée.

Certaines lois de Dieu sont liées à sa nature même ou la nature du monde tel qu’il l’a créé. Par exemple, Dieu ne peut pas mentir (Tite 1.2), et il ne tolère pas le mensonge chez les hommes. Il a créé l’homme à son image, et il exige que la vie humaine soit respectée. D’autres lois auraient pu être différentes. Cela se verra dans la suite de cette étude dans le fait qu’elles ne sont plus en vigueur.

Il a été suggéré que les lois sur l’impureté se rapportent aux principes de santé et d’hygiène. La lèpre est contagieuse, les cadavres et les excréments peuvent répandre la maladie, la viande de porc qui n’est pas bien cuite peut transmettre des parasites, et ainsi de suite. Dieu, pourtant, n’a pas précisé les raisons pour lesquelles il déclarait impure telle ou telle chose. Il n’a pas jugé nécessaire de dire aux Israélites les raisons pour certains commandements. Il leur demandait tout simplement d’obéir. [Et il faut remarquer qu’il y avait de nombreux commandements dans cette loi qui ne concernaient pas les non-Israélites, y compris les règlements alimentaires. Par exemple : « Vous ne mangerez d’aucune bête morte ; tu la donneras à l’étranger qui sera dans tes portes, afin qu’il la mange, ou tu la vendras à un étranger ; car tu es un peuple saint pour l’Éternel, ton Dieu » (Deutéronome 14.21).]

Une nouvelle alliance

Déjà dans l’Ancien Testament Dieu a fait comprendre que l’alliance faite avec Israël au mont Sinaï serait remplacée par une nouvelle alliance (Jérémie 31.31,32). Quand Jésus est venu, il a signalé que la distinction entre les Juifs et les non-Juifs était sur le point de disparaître. « J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cette bergerie ; celles-là, il faut que je les amène ; elles entendront ma voix, et il y aura un seul troupeau, un seul berger » (Jean 10.16). Il dit à la femme samaritaine qu’il ne serait plus nécessaire d’adorer à Jérusalem, comme la loi juive ordonnait : « Femme, lui dit Jésus, crois-moi, l’heure vient où ce ne sera ni sur cette montagne ni à Jérusalem que vous adorerez le Père… Mais l’heure vient, et elle est déjà venue, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité ; car ce sont là les adorateurs que le Père demande » (Jean 4.21,23). Il ordonna à ses apôtres de « faire de toutes les nations des disciples » (Matthieu 28.19). Et il a indiqué clairement que les restrictions alimentaires qui distinguaient les Juifs des non-Juifs s’en allaient :

« Ne comprenez-vous pas que rien de ce qui du dehors entre dans l’homme ne peut le souiller ? Car cela n’entre pas dans son cœur, mais dans son ventre, puis s’en va dans les lieux secrets. Il déclarait ainsi tous les aliments purs. Il dit encore : Ce qui sort de l’homme, c’est ce qui souille l’homme. Car c’est du dedans, c’est du cœur des hommes, que sortent les mauvaises pensées, les adultères, les actes immoraux, les meurtres, les vols, les cupidités, les méchancetés, la fraude, le dérèglement, le regard envieux, la calomnie, l’orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans, et souillent l’homme. » (Marc 7.18b-23)

Il y a bien des principes moraux qui figuraient dans la loi de Moïse et qui sont incorporés dans la nouvelle alliance sous laquelle vit le chrétien aujourd’hui, mais la distinction entre aliments purs et impurs ne fait pas partie de la moralité que Dieu cherche en tous les hommes. Hébreux 9.10 nous dit que les lois sur les aliments « étaient des ordonnances charnelles imposées seulement jusqu’à une époque de réforme ».

Il n’est pas facile de changer

Les Juifs avaient respecté ces lois alimentaires depuis fort longtemps, et ils ont eu du mal à accepter que la distinction entre l’aliment pur et l’aliment impur n’existait plus. Même l’apôtre Pierre n’avait pas changé sa façon de manger plusieurs années après l’établissement de l’Église. Actes 10 décrit une vision qu’il a eue :

« Il eut faim, et il voulut manger. Pendant qu’on lui préparait à manger, il tomba en extase. Il vit le ciel ouvert, et un objet semblable à une grande nappe attachée par les quatre coins, qui descendait et s’abaissait vers la terre, et où se trouvaient tous les quadrupèdes et les reptiles de la terre et les oiseaux du ciel. Et une voix lui dit : Lève-toi, Pierre, tue et mange. Mais Pierre dit : Non, Seigneur, car je n’ai jamais rien mangé de souillé ni d’impur. Et pour la seconde fois la voix se fit encore entendre à lui : Ce que Dieu a déclaré pur, ne le regarde pas comme souillé. » (Actes 10.10-15)

Pierre n’était pas le seul chrétien juif qui était lent à comprendre sur ce point. Voilà pourquoi plusieurs épîtres du Nouveau Testament insistent sur le fait que les commandements qui traitaient divers aliments comme étant impurs avaient été enlevés en même temps que la loi mosaïque dans son ensemble. Paul dit, par exemple, en Colossiens 2 que Dieu

« … a effacé l’acte dont les ordonnances nous condamnaient et qui subsistait contre nous [la loi de Moïse], et il l’a détruit en le clouant à la croix… Que personne donc ne vous juge au sujet du manger ou du boire, ou au sujet d’une fête, d’une nouvelle lune, ou des sabbats : c’était l’ombre des choses à venir, mais le corps est en Christ. » (Colossiens 2.14,16,17)

Selon 1 Timothée 4.1-5, ce serait propager une doctrine des démons que d’imposer aux hommes aujourd’hui de :

« s’abstenir d’aliments que Dieu a créés pour qu’ils soient pris avec actions de grâce par ceux qui sont fidèles et qui ont connu la vérité. Car tout ce que Dieu a créé est bon, et rien ne doit être rejeté, pourvu qu’on le prenne avec actions de grâces, parce que tout est sanctifié par la parole de Dieu et par la prière. » (1 Timothée 4.4,5)

Il est important de noter que même si l’apôtre Paul n’acceptait pas qu’une telle doctrine soit enseignée à l’Église, il demandait qu’on fasse preuve d’amour et de patience envers ceux qui n’étaient pas encore convaincus qu’ils avaient le droit de manger de tout. Paul qualifiait ces frères et sœurs de « faibles » : « Tel croit pouvoir manger de tout : tel autre, qui est faible, ne mange que des légumes. Que celui qui mange ne méprise point celui qui ne mange pas, et que celui qui ne mange pas ne juge point celui qui mange, car Dieu l’a accueilli » (Romains 14.2,3). Il dit clairement que celui qui ne croyait pas pouvoir manger de tout avait tort : « Je sais et je suis persuadé par le Seigneur Jésus que rien n’est impur en soi, et qu’une chose n’est impure que pour celui qui la croit impure » (Rom. 14.14). Mais Paul reconnaît qu’une personne qui croit de cette manière, bien qu’elle ait tort, commettra un péché devant Dieu si elle viole sa conscience en mangeant ce qu’elle croit être défendu. « Celui qui a des doutes au sujet de ce qu’il mange est condamné, parce qu’il n’agit pas par conviction. Tout ce qui n’est pas le produit d’une conviction est péché » (Rom. 14.23).

Une autre sorte de pureté

La question de pureté est toujours importante dans le Nouveau Testament, car Dieu est toujours saint, et il demande que son peuple soit, à cause de sa présence, pur et séparé du monde pécheur. Ainsi, Paul cite la loi (Exode 29.45) quand il écrit en 2 Corinthiens 6.16–7.1 :

« J’habiterai et je marcherai au milieu d’eux ; je serai leur Dieu et ils seront mon peuple. C’est pourquoi, sortez du milieu d’eux, et séparez-vous, dit le Seigneur ; ne touchez pas à ce qui est impur, et je vous accueillerai… Ayant donc de telles promesses, bien-aimés, purifions-nous de toute souillure de la chair et de l’esprit, en achevant votre sanctification dans la crainte de Dieu. »

Mais la pureté dont nous devons nous occuper en tant que chrétiens est plutôt du cœur, en nous gardant du péché. « Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu » (Matthieu 5.8).

Pour terminer, rappelons les paroles de Jésus que nous avons déjà vues :

« Rien de ce qui du dehors entre dans l’homme ne peut le souiller… C’est du dedans, c’est du cœur des hommes, que sortent les mauvaises pensées, les adultères, les actes immoraux, les meurtres, les vols, les cupidités, les méchancetés, la fraude, le dérèglement, le regard envieux, la calomnie, l’orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans, et souillent l’homme. » (Marc 7.18,21-23)


Deux choses à ne pas consommer

Bien que la nouvelle alliance ne qualifie aucun aliment d’« impur », il y a deux choses que le chrétien ne doit pas manger : la viande sacrifiée aux idoles et le sang.

En 1 Corinthiens 10 l’apôtre Paul répond à trois questions des Corinthiens concernant la viande sacrifiée :

  1. Peut-on s’asseoir dans un temple païen et manger de cette viande, sachant intérieurement que l’idole n’est rien et se disant qu’on ne l’adore pas ?
  2. Peut-on acheter au marché de la viande qui a été sacrifiée à un dieu païen ?
  3. Peut-on manger chez un païen ne sachant pas si la viande qu’il sert a été offerte en sacrifice ?

Pour la première question, Paul explique aux versets 14-22 que participer à un festin en honneur d’une idole, quelle que soit son intention personnelle, est un acte d’adoration qui met le participant en communion avec l’idole. Ce serait manger à la table des démons et provoquer la jalousie du Seigneur. La réponse est non.

Pour la deuxième question, Paul répond aux versets 25 et 26 que l’on pouvait manger de tout ce qui était vendu au marché, mais que l’on ne devait pas poser des questions pour savoir si la viande avait été sacrifiée. En ajoutant : « Car la terre est au Seigneur, et tout ce qu’elle renferme », il veut dire que la viande n’appartenait pas réellement à l’idole, même si elle lui avait été consacrée. Dieu est le propriétaire de toutes choses, et les actions des hommes ne peuvent rien changer à cette vérité. La viande n’était pas souillée en elle-même.

Pour la troisième question, Paul dit aux versets 27 et 28 que nous pouvons manger ce qu’on nous sert chez un païen, mais que si quelqu’un nous informe que la viande a été sacrifiée, nous ne devons pas en manger.

La conclusion est que le chrétien doit s’abstenir totalement de tout ce qui est identifié comme ayant été sacrifié à une idole, mais manger d’un sacrifice sans le savoir ne souille pas.

Le livre de l’Apocalypse appuie la conclusion qu’on ne doit jamais manger sciemment de ces choses. Après avoir reproché à l’Église de Pergame d’avoir toléré des gens comme Balaam, qui « enseignait à Balak à mettre une pierre d’achoppement devant les fils d’Israël, pour qu’ils mangent des viandes sacrifiées aux idoles » (Apocalypse 2.14), Jésus condamne l’Église de Thyatire pour une faute semblable. Le Seigneur dit :

« Mais ce que j’ai contre toi, c’est que tu laisses la femme Jézabel, qui se dit prophétesse, enseigner et séduire mes serviteurs, pour qu’ils se livrent à l’impudicité et qu’ils mangent des viandes sacrifiées aux idoles. » (Apoc. 2.20)

Pour ce qui est du sang, on remarque qu’il fut interdit avant la loi de Moïse (l’ère patriarcale), sous la loi de Moïse et sous la nouvelle alliance. Quand Dieu autorisa la consommation de viande au temps de Noé, il dit : « Tout ce qui se meut et qui a vie vous servira de nourriture : je vous donne tout cela comme l’herbe verte. Seulement, vous ne mangerez point de chair avec son âme, avec son sang » (Gen. 9.3,4). Sous la loi que Dieu donna aux Israélites, ce commandement s’appliquait aux étrangers aussi bien qu’aux Israélites :

« Si un homme de la maison d’Israël ou des étrangers qui séjournent au milieu d’eux mange du sang d’une espèce quelconque, je tournerai ma face contre celui qui mange le sang, et je le retrancherai du milieu de son peuple. Car l’âme de la chair est dans le sang. Je vous l’ai donné sur l’autel, afin qu’il servît d’expiation pour vos âmes. » (Lévitique 17.10,11)

Soulignons que le sang n’est pas dans la catégorie d’aliments impurs. Il n’était pas interdit d’en manger parce que le sang serait impur, mais parce qu’il était consacré par Dieu pour un usage spécial – pour expier les péchés. Ce n’était pas seulement le sang des animaux que l’on pouvait sacrifier qu’il ne fallait pas manger – le sang de n’importe quel animal ou oiseau était défendu (Lév. 17.13,14). Même si nous ne faisons pas de sacrifice d’animaux en tant que chrétiens, le principe reste toujours. Après l’établissement de l’Église, la défense de manger du sang devait être maintenue. En Actes 15 les apôtres et prophètes réunis à Jérusalem ont communiqué ce principe aux nouveaux convertis parmi les païens :

« Car il a paru bon au Saint-Esprit et à nous de ne vous imposer d’autre charge que ce qui est nécessaire, savoir, de vous abstenir des viandes sacrifiées aux idoles, du sang, des animaux étouffés, et de l’impudicité, choses contre lesquelles vous vous trouverez bien de vous tenir en garde. » (Actes 15.28,29)

B. B.
(Dans Vol. 16, No. 6)

Israël

Voici les questions qu’un chrétien est souvent amené à se poser concernant Israël :

  • La formation de l’État d’Israël a-t-elle une signification religieuse pour un chrétien ?
  • Sommes-nous, à notre époque, les témoins de l’accomplissement d’une prophétie biblique concernant le retour des Juifs en Palestine ?
  •  Le peuple juif est-il encore le peuple de Dieu dans le sens du peuple élu de l’Ancien Testament ?

Nous voulons répondre à ces questions aussi clairement que possible. Pour cela, il faut se servir de la Bible et remonter à la source où tout a commencé, c’est-à-dire jusqu’à Abraham, l’ami de Dieu.

Voici la première promesse faite à cet ancêtre du peuple juif, alors qu’il s’appelait encore Abram :

« L’Éternel dit à Abram : Va-t’en de ton pays, de ta patrie et de la maison de ton père, dans le pays que je te montrerai. Je ferai de toi une grande nation, et je te bénirai ; je rendrai ton nom grand, et tu seras une source de bénédiction. Je bénirai ceux qui te béniront, et je maudirai ceux qui te maudiront ; et toutes les familles de la terre seront bénies en toi. Abram partit comme l’Éternel le lui avait dit […] Abram parcourut le pays jusqu’au lieu nommé Sichem, jusqu’aux chênes de Moré. Les Cananéens étaient alors dans le pays. L’Éternel apparut à Abram et dit : Je donnerai ce pays à ta postérité. » (Genèse 12.1-4,6,7)

C’est ici la première promesse explicite relative au pays de Canaan. Plus tard, cette même promesse sera renouvelée, mais en des termes encore plus forts :

« Lève les yeux, et, du lieu où tu es, regarde vers le nord et le sud, vers l’est et l’ouest ; car tout le pays que tu vois, je le donnerai à toi et à ta postérité pour toujours. […] Lève-toi, parcours le pays dans sa longueur et dans sa largeur ; car je te le donnerai. » (Genèse 13.14-17)

Selon la promesse, ce pays appartiendrait à Abraham. C’est d’ailleurs là que reposent ses cendres en attendant la résurrection. Mais ce pays n’était pas une fin en soi. Il ne constituait pas le but suprême. C’est souvent ce que l’on oublie lorsqu’on évoque ce sujet. Le pays de Canaan n’était que le symbole du Royaume que Dieu donnera en partage à tous ses élus. Il est d’ailleurs intéressant de lire l’Épître aux Hébreux sur ce point, dans le Nouveau Testament. Au chapitre 11, il est révélé que

« … c’est par la foi qu’il [Abraham] vint s’établir dans la terre promise comme dans une terre étrangère, habitant sous des tentes, ainsi qu’Isaac et Jacob, les cohéritiers de la même promesse. Car il attendait la cité qui a de solides fondements, celle dont Dieu est l’architecte et le constructeur. » (Héb. 11.9,10)

Abraham comme ses descendants se sentait « étranger et voyageur sur la terre ». Leurs pérégrinations montrent qu’ils cherchaient une patrie. Or il est écrit que

« … s’ils avaient eu en vue celle d’où ils étaient sortis, ils auraient eu le temps d’y retourner. Mais maintenant ils en désirent une meilleure, c’est-à-dire une céleste. C’est pourquoi Dieu n’a pas honte d’être appelé leur Dieu, car il leur a préparé une cité. » (Hébreux 11.15,16)

Trois erreurs fondamentales

Ceux qui aujourd’hui prétendent que la réintégration de la Palestine par les Juifs est l’accomplissement de la promesse faite à Abraham commettent trois erreurs fondamentales :

  1. Ils font de la Palestine le but suprême. Le Paradis en quelque sorte. Ce n’était certes pas l’avis des patriarches comme nous venons de le voir, car ils avaient en vue quelque chose de meilleur.
  2. Ils ne semblent pas avoir lu dans leur Bible que la promesse faite à Abraham a déjà été réalisée dans sa totalité.
  3. Ils oublient aussi la réalisation profondément spirituelle de cette promesse.

Mais revenons à une autre répétition de cette promesse en Genèse 15. Elle comporte un élément prophétique très intéressant. En effet,

« En ce jour-là, l’Éternel fit alliance avec Abram et dit : Je donne ce pays à ta postérité depuis le fleuve d’Égypte jusqu’au grand fleuve, au fleuve d’Euphrate. » (Genèse 15.18)

Certains font remarquer que cette promesse n’est pas encore totalement réalisée puisque les Israélites n’ont jamais occupé un territoire aussi vaste que celui que Dieu avait promis, à savoir du fleuve de l’Égypte jusqu’au fleuve d’Euphrate. Ceux qui font cette remarque se plaisent évidemment à voir dans les événements du Moyen-Orient l’accomplissement définitif de cette promesse. Ils n’ont apparemment pas lu le texte biblique qui les renseigne pourtant suffisamment. En effet, après leur sortie d’Égypte sous la conduite de Moïse, après avoir retrouvé leur terre promise, Josué, successeur de Moïse, déclare dans son livre « que l’Éternel donna à Israël tout le pays qu’il avait juré de donner à leurs pères ; ils en prirent possession et s’y établirent » (Josué 21.43).

N’est-il pas écrit en outre que

« Salomon dominait encore sur tous les royaumes depuis le fleuve [Euphrate] jusqu’au pays des Philistins et jusqu’à la frontière d’Égypte » (1 Rois 4.21) !?

Où se trouvent donc ces promesses non encore réalisées ? N’est-ce pas faire preuve d’obstination insensée que de vouloir prétendre que Dieu n’a pas encore tenu toute sa promesse sur cette question territoriale alors que la Bible dit expressément :

« De toutes les bonnes paroles que l’Éternel avait dites à la maison d’Israël, aucune ne resta sans effet : toutes s’accomplirent. » (Josué 21.45)

Nous savons qu’à cause de l’infidélité du peuple, Dieu permit qu’il soit déporté par les Babyloniens et tenu prisonnier pendant 70 ans ; Moïse et Josué et les prophètes avaient mis le peuple en garde : Dieu le chasserait du pays et le disperserait sur la face de la terre s’ils s’écartaient de sa loi. La promesse devenait conditionnelle.

« Lorsque tu auras des enfants, et des enfants de tes enfants, et que vous serez depuis longtemps dans le pays, si vous vous corrompez, si vous faites des images taillées, des représentations de quoi que ce soit, si vous faites ce qui est mal aux yeux de l’Éternel, votre Dieu, pour l’irriter – j’en prends aujourd’hui à témoin contre vous le ciel et la terre – vous disparaîtrez par une mort rapide du pays dont vous allez prendre possession au-delà du Jourdain, vous n’y prolongerez pas vos jours, car vous serez entièrement détruits. L’Éternel vous dispersera parmi les peuples, et vous ne resterez qu’un petit nombre au milieu des nations où l’Éternel vous emmènera. » (Deutéronome 4.25-27)

« Soyez certains que l’Éternel, votre Dieu, ne continuera pas à chasser ces nations devant vous […] jusqu’à ce que vous ayez péri de dessus ce bon pays que l’Éternel, votre Dieu, vous a donné. » (Josué 23.13)

C’est ce qui se produisit. Une partie du peuple réintégra la Palestine, mais dix tribus étaient perdues.

Il est vrai que plusieurs passages de l’Ancien Testament prédisent un retour des Juifs dans leur patrie. Nous lisons, par exemple, en Ésaïe 43.5,6 :

« Ne crains rien, car je suis avec toi ; je ramènerai ta descendance de l’est, et je te rassemblerai de l’ouest. Je dirai au nord : Donne ! Et au sud : Ne retiens point ! Fais venir mes fils des pays lointains, et mes filles de l’extrémité de la terre. »

Mais ces prophéties d’un retour vers la Palestine ont déjà trouvé, elles aussi, leur accomplissement. Elles se rapportent, en effet, à ce qui s’est passé à la fin des 70 ans de la captivité des Juifs en Babylonie, entre 606 et 536 av. J.‑C. Ceci est très souvent évident quand on regarde le contexte des prophéties. Pour ce qui est du passage que nous venons de citer en Ésaïe 43, on peut lire quelques versets plus loin :

« Voici ce que le Seigneur déclare, lui qui prend votre cause en main, lui le Saint d’Israël : Par amour pour vous j’envoie quelqu’un à Babylone pour faire tomber tous les verrous. Alors, chez les Babyloniens, les cris de joie se changeront en lamentations. » (v. 14, Bible de Jérusalem)

Après avoir châtié son peuple, Dieu suscita les Mèdes et les Perses qui renversèrent l’Empire babylonien et permirent aux Juifs de regagner Jérusalem et reconstruire le temple de l’Éternel. Il donna ainsi à son peuple une autre occasion de se montrer fidèle.

Malheureusement, installés de nouveau dans le pays de Palestine, les Israélites se rebellèrent contre Dieu et provoquèrent encore sa colère. Dans leur ensemble, ils rejetèrent le plus grand envoyé de Dieu, son Fils unique, Jésus-Christ. Les conséquences en furent énormes. Jésus pensait à ces conséquences quand il entra dans la ville de Jérusalem le dimanche avant sa crucifixion :

« Quand Jésus fut près de la ville et qu’il la vit, il pleura sur elle, en disant : Si seulement tu comprenais toi aussi, en ce jour, ce qui peut te donner la paix ! Mais maintenant, cela t’est caché, tu ne peux pas le voir ! Car des jours vont venir pour toi où tes ennemis t’entoureront d’ouvrages fortifiés, t’assiégeront et te presseront de tous côtés. Ils te détruiront complètement, toi et ta population ; ils ne te laisseront pas une seule pierre posée sur une autre, parce que tu n’as pas reconnu le temps où Dieu est venu te secourir ! » (Luc 19.41-44, Français courant)

Un peu plus tard, Jésus raconta la parabole des vignerons méchants qui refusèrent de donner au propriétaire (Dieu) le produit de sa vigne (Matthieu 21.33-44). Le maître leur envoya des serviteurs (les prophètes), mais les vignerons battirent l’un, tuèrent l’autre, et lapidèrent le troisième. Quand le propriétaire envoya son propre fils (Jésus), ils se saisirent de lui, le jetèrent hors de la vigne, et le tuèrent. Le maître fit donc périr ces misérables et loua la vigne à d’autres vignerons. Jésus en a fait l’application : « C’est pourquoi, je vous le dis, le royaume de Dieu vous sera enlevé et sera donné à une nation qui en rendra les fruits » (Matt 21.43). Le pays de Palestine, la ville de Jérusalem, et la position privilégiée de peuple de Dieu n’appartiendraient plus spécialement aux Juifs. Et cette fois-ci, quand les Romains détruiraient la ville, massacreraient la population et banniraient les survivants, aucune promesse d’un retour éventuel ne serait donnée.

La postérité d’Abraham

Abordons maintenant la réalisation profonde, spirituelle, de la promesse faite à Abraham. Ici je vous demande de prêter particulièrement attention à ce texte que nous tirons de la lettre de Paul aux Galates :

« Comme Abraham crut à Dieu, et que cela lui fut imputé à justice, reconnaissez donc que ce sont ceux qui ont la foi qui sont fils d’Abraham. Aussi l’Écriture, prévoyant que Dieu justifierait les païens par la foi, a d’avance annoncé cette bonne nouvelle à Abraham : Toutes les nations seront bénies en toi ! de sorte que ceux qui croient sont bénis avec Abraham le croyant. […] Or les promesses ont été faites à Abraham et à sa postérité […] c’est-à-dire à Christ. […]

Car vous êtes tous fils de Dieu par la foi en Jésus-Christ ; vous tous qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu Christ. Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni libre, il n’y a plus ni homme ni femme ; car tous vous êtes un en Jésus-Christ. Et si vous êtes à Christ, vous êtes donc la postérité d’Abraham, héritiers selon la promesse. » (Galates 3.6-9,16,26-29)

Cette déclaration de l’apôtre montre clairement que les Juifs ne sont plus le peuple élu de Dieu. Il n’y a plus désormais de distinction entre Juif et païen (Actes 10.34,35). S’ils croient en Christ, Dieu leur accorde la même grâce. L’Israël de Dieu n’est plus uniquement la nation juive circoncise dans sa chair.

« Le Juif, ce n’est pas celui qui en a les dehors ; et la circoncision, ce n’est pas celle qui est visible dans la chair. Mais le Juif, c’est celui qui l’est intérieurement ; et la circoncision, c’est celle du cœur, selon l’esprit et non selon la lettre. La louange de ce Juif ne vient pas des hommes, mais de Dieu. » (Romains 2.28,29)

L’Israël de Dieu est le peuple des sauvés en Christ, composé de toutes les races et de toutes les nations, portant en lui la marque de l’Esprit de Christ.

« Car ce n’est rien que d’être circoncis ou incirconcis ; ce qui est quelque chose, c’est d’être une nouvelle créature. Paix et miséricorde sur tous ceux qui suivront cette règle, et sur l’Israël de Dieu ! » (Galates 6.15,16)

« Car les circoncis, c’est nous, qui rendons à Dieu notre culte par l’Esprit de Dieu, qui nous glorifions en Jésus-Christ, et qui ne mettons point notre confiance en la chair. » (Philippiens 3.3)

Lorsque Pierre écrit : « Vous êtes une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple acquis », ce n’est pas à la nation juive qu’il s’adresse, mais au peuple des chrétiens. Il ajoute d’ailleurs : « Vous qui autrefois n’étiez pas un peuple [parce qu’ils étaient païens] et qui maintenant êtes le peuple de Dieu » (1 Pierre 2.9,10).

Cette vérité Jésus l’avait annoncé en parabole en Jean 10 :

« J’ai encore d’autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie [les païens]. Celles-là, il faut que je les amène ; elles entendront ma voix, et il y aura un seul troupeau, un seul berger. » (v. 16)

La même vérité est enseignée en Éphésiens 2.13,14, où Paul dit aux chrétiens d’origine païenne :

« Mais maintenant, en Jésus-Christ, vous qui étiez jadis éloignés, vous avez été rapprochés par le sang de Christ. Car il est notre paix, lui qui des deux n’en a fait qu’un, et qui a renversé le mur de séparation. »

Il n’y a ni Juif ni païen

Il est évident que tout ce qui précède ne signifie pas que Dieu a rejeté le peuple juif. Paul met ses lecteurs en garde contre une telle pensée. L’idée principale en Romains 11 est que le rejet d’Israël n’est ni total ni inaltérable. Dans ce chapitre Paul répond à la question : Dieu a-t-il rejeté son peuple ? C’est-à-dire, l’a-t-il rejeté en bloc et pour toujours ? À cette question la réponse est « loin de là », « pas du tout ». Leur rejet n’est pas total puisqu’il y avait des Juifs qui étaient sauvés (l’apôtre Paul lui-même par exemple), et puisque la porte leur resterait ouverte pour accepter l’Évangile.

Une illustration que Paul emploie pour soutenir ses idées est celle de l’olivier. Si la racine de l’arbre était bonne, tout l’arbre serait bon. L’arbre, le peuple de Dieu, avait pour racine Abraham. La racine était sainte. L’arbre entier, donc, la postérité d’Abraham, était saint également. Certaines branches de l’arbre, des Juifs, avaient été retranchées à cause de leur incrédulité. Ils n’étaient plus du peuple de Dieu. Des branches d’olivier sauvage, des païens, furent greffées à leur place à cause de leur foi. Les païens ne devaient pas être orgueilleux, cependant, mais plutôt se rappeler que le salut avait été donné à travers le peuple juif. Les branches dépendent de la racine. En plus, si les branches naturelles pouvaient être retranchées, certainement les branches de l’olivier sauvage pouvaient être retranchées aussi. Elles ne subsistaient que par leur foi. (Leur salut n’était pas inconditionnel, mais dépendait de leur fidélité.)

La leçon principale à tirer de la comparaison est que les branches naturelles, les Juifs, pourraient être greffées à nouveau sur l’arbre – à condition de ne pas persister dans l’incrédulité : « S’ils ne persistent pas dans l’incrédulité, ils seront greffés ; car Dieu est puissant pour les greffer de nouveau » (v. 23). Cette condition est donnée si clairement qu’il est étonnant de trouver ceux qui considèrent que les Juifs sont sauvés, qu’ils soient chrétiens ou pas.

Au verset 25 Paul dit à ses lecteurs « un mystère », c’est-à-dire une vérité qui n’avait pas été révélée auparavant et qui ne pourrait pas être découverte par la simple sagesse humaine. La traduction de ce qui suit est malheureuse dans la plupart des versions, qui la rendent : « Une partie d’Israël est tombée dans l’endurcissement. » Cela n’était pas un secret. N’importe qui aurait pu constater cette réalité. La traduction de J. N. Darby est plus fidèle à l’original : « Un endurcissement partiel est arrivé à Israël. » L’idée essentielle est que l’endurcissement d’Israël incrédule ne serait pas total. Il ne conduirait pas à la destruction du peuple juif, comme cela avait été le cas pour les autres qui avait subi « l’endurcissement judiciaire de Dieu ». Dans tous les autres cas, où Dieu avait endurci ceux qui s’étaient endurcis eux-mêmes, ce jugement a conduit à une destruction totale et une disparition en tant que peuple. Tel fut le cas pour Sodome, Gomorrhe, Tyr, Sidon, Ninive, Babylone et d’autres. Dans le cas d’Israël, cet endurcissement serait partiel « jusqu’à ce que la totalité des païens soit entrée ». En d’autres termes, les Juifs seront là tant qu’il y a des païens en train d’être sauvés. Israël continuerait de subsister afin de bénéficier, s’il se repentait, des promesses faites aux patriarches. À cause de son amour pour leurs pères, Dieu accorderait toujours aux Juifs l’occasion de répondre à son appel et recevoir ses dons (v. 29).

« Ainsi, tout Israël sera sauvé, selon qu’il est écrit : Le libérateur viendra de Sion » (v. 26). En disant qu’il sera sauvé, Paul indique déjà qu’il parle d’Israël spirituel, d’origine juive comme non juive. Tout Israël sera sauvé par Jésus, le libérateur qui est venu de Sion. Ceux qui ne se laissent pas sauver par Jésus ne seront pas sauvés. Tout Israël sera sauvé en conformité avec l’alliance par laquelle Dieu ôte les péchés, c’est-à-dire la nouvelle alliance (v. 27). Si les Juifs doivent se convertir, leur conversion est soumise aux mêmes conditions que les autres « créatures » vers lesquelles le Christ avait envoyé ses disciples. « Allez par tout le monde » avait-il dit « et prêchez l’Évangile à toute la création » (Marc 16.15). « Allez faites de toutes les nations des disciples » (Matthieu 28.19). « Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé. Celui qui ne croira pas sera condamné » (Mark 16.16).

Il n’y a pas d’exception. Le Christ est mort pour tous. Il exige de tous foi et obéissance. Comme le dit l’apôtre Paul, si les Juifs « ne persistent pas dans l’incrédulité » (Romains 11.23), ils peuvent retrouver la faveur de Dieu. Mais le temps est court. Lorsque le Christ reviendra, il sera trop tard.

Pour nous résumer, nous dirons que :

  1. Toutes les promesses faites à Israël concernant la Terre Promise ont toutes eu leur réalisation complète.
  2. La formation d’un État juif en Palestine en nos temps modernes n’a donc aucune signification religieuse pour les chrétiens ; elle ne constitue certes pas l’achèvement de la réalisation de la promesse faite à Abraham, ou de quelque autre prophétie.
  3. Devant Dieu, il n’y a plus ni Juif ni païen. Ils sont tous appelés à former un seul corps en Christ, la véritable Israël de Dieu.

adapté d’un article par Richard ANDREJEWSKI
(Dans Vol. 11, No. 3)

Jésus, plus qu’un prophète ?

Jésus de Nazareth est, bien sûr, au cœur du Nouveau Testament. Il occupe une place importante dans le Coran également. Les deux livres lui accordent le titre de prophète. Issa, la version coranique du nom Jésus, paraît 25 fois dans le Coran, sans parler des passages qui emploient d’autres termes pour le désigner. On ne peut nier l’importance de Jésus, ni pour les chrétiens ni pour les musulmans. Mais aurait-on raison d’élever Jésus en importance au-dessus des autres prophètes de Dieu ? Pourquoi recevrait-il plus d’attention que tous les autres ?

La venue de Jésus fut prophétisée

Une première chose qui nous frappe au sujet de Jésus est que sa venue avait été prédite par les autres prophètes de Dieu, non pas une seule fois ou d’une manière obscure et contestée, mais clairement et dans différents écrits. Le peuple juif ne comprenait pas bien le caractère du Messie et de l’œuvre que Dieu lui donnerait à faire, mais certaines choses étaient claires pour eux comme nous le voyons en Matthieu 2.1-6 :

« Jésus naquit à Bethléhem, localité du pays de Judée, à l’époque où Hérode était roi. Après sa naissance, des savants, spécialistes des étoiles, vinrent de l’Est et arrivèrent à Jérusalem. Ils demandèrent :Où est l’enfant qui vient de naître et qui sera le roi des Juifs ? Nous avons vu son étoile apparaître à l’Est et nous sommes venus pour l’adorer.” Quand le roi Hérode apprit cela, il fut très inquiet, ainsi que tous les habitants de Jérusalem. Il assembla tous les chefs des prêtres et les maîtres de la loi de son peuple, et leur demanda où devait naître le Messie. Ils lui répondirent :À Bethléhem, en Judée. Car voici ce que le prophète a écrit :Et toi, Bethléhem, du pays de Judée, tu n’es certainement pas la moins importante des localités de Judée ; car c’est de toi que viendra un chef qui conduira mon peuple, Israël.’” »

Le passage auquel les prêtres et les maîtres de la loi se sont référés se trouve dans le livre du prophète Michée et fut écrit sept cents ans avant la naissance de Jésus !

L’aspect miraculeux de la naissance de Jésus avait également été prédit. C’est le prophète Ésaïe qui avait annoncé qu’une vierge se trouverait enceinte et accoucherait d’un fils qu’on appellerait Emmanuel, l’un des noms qui ont toujours été employés pour Jésus. Cette prophétie date du huitième siècle avant Christ (És. 7.14).

Jésus était réputé pour les miracles extraordinaires qu’il faisait. Les prophètes en avaient parlé bien auparavant. En Ésaïe 35.4b-6 nous lisons : « Il viendra lui-même et vous sauvera. Alors s’ouvriront les yeux des aveugles, s’ouvriront les oreilles des sourds ; alors le boiteux sautera comme un cerf, et la langue du muet éclatera de joie. » Après avoir été mis en prison par Hérode, Jean-Baptiste se demandait s’il s’était trompé concernant Jésus. Si le Messie était là, comment Jean pourrait-il subir une si grande injustice pour avoir prêché la vérité ? Il envoya donc des messagers pour demander à Jésus s’il était bien celui qu’ils attendaient. « Jésus leur répondit : “Allez raconter à Jean ce que vous entendez et voyez : les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont guéris, les sourds entendent, les morts reviennent à la vie et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres. Heureux celui qui n’abandonnera pas la foi en moi !” » (Matt. 11.4-6). Jean avait demandé à Jésus s’il était bien celui dont on savait qu’il devait venir. Jésus fait remarquer les miracles qu’il faisait et qui étaient l’accomplissement d’une prophétie concernant celui qui devait venir.

Quand il s’agit de sa mort, les prophéties concernant le Christ se multiplient. Il fut annoncé d’avance qu’il entrerait dans Jérusalem assis sur un âne, qu’il serait trahi par un ami et abandonné par les autres, que ses mains et ses pieds seraient percés, qu’on tirerait au sort pour se partager ses vêtements, qu’il aurait soif et on lui donnerait du vinaigre à boire, que ses os ne seraient pas brisés et qu’on lui percerait le côté. Les prophètes avaient même prédit les mots exacts que les moqueurs emploieraient pour l’humilier : « Il a remis son sort au Seigneur, eh bien, que le Seigneur le tire d’affaire ! Le Seigneur l’aime, eh bien, qu’il le sauve » (Psaume 22.9; Matt. 27.43). Le prophète Zacharie écrivit ceci environ quatre cents ans avant la mort de Jésus : « Ils pesèrent pour mon salaire trente siècles d’argent. L’Éternel me dit : Jette-le au potier, ce prix magnifique auquel ils m’ont estimé ! Et je pris les trente siècles d’argent, et je les jetai dans la maison de l’Éternel, pour le potier » (Zacharie 11.12,13). Ceux qui connaissent déjà l’histoire savent que Judas, celui qui a trahi Jésus, avait reçu exactement trente pièces d’argent pour avoir donné aux ennemis du Seigneur les renseignements qu’ils voulaient pour pouvoir arrêter Jésus loin des foules. Mais quand il a vu comment les choses se sont déroulées par la suite, Judas a été pris de remords. La Bible dit que Judas rapporta les trente pièces d’argent et les jeta dans le temple avant d’aller se pendre. Les chefs des prêtres ramassèrent l’argent et achetèrent avec cette somme le champ du potier pour y établir un cimetière d’étrangers (Matt. 27.3-7).

Dans le chapitre 53 du livre du prophète Ésaïe, nous trouvons que le Messie serait méprisé des hommes, habitué à la souffrance et rejeté par son propre peuple, mais aussi qu’il serait châtié pour les péchés des autres, qu’il intercéderait pour les coupables, qu’il serait mis au nombre des criminels, que son tombeau serait avec le riche et qu’il ressusciterait d’entre les morts.

Le ministère de Jean-Baptiste

En plus de toutes ces prophéties, Dieu envoya un messager spécial juste pour annoncer l’arrivée de Jésus. Le Coran reconnaît cet individu comme un prophète, un homme intègre, un homme qui disait la vérité au peuple. Ce messager, que la Bible appelle Jean et que les musulmans connaissent sous le nom de Yahya, s’identifiait simplement comme une voix, la voix de quelqu’un qui criait : « Préparez un chemin bien droit pour le Seigneur » (Jean 1.23). Disons en passant que même cet aspect de la vie de Jésus avait été prophétisé. Malachie, le dernier livre de l’Ancien Testament, contient l’annonce que Dieu enverrait son messager afin d’ouvrir le chemin en appelant le peuple à la repentance (Mal. 3.1). Quand un chef d’état se rend quelque part, il est de coutume d’y envoyer des gens bien à l’avance afin qu’il soit accueilli d’une manière qui convienne à sa dignité. Voilà ce que Jean faisait pour Jésus, le roi qui venait pour apporter une bénédiction aux uns et un jugement sur les autres. L’Évangile de Luc 3.15-17 dit :

« Le peuple attendait, plein d’espoir : chacun pensait que Jean était peut-être le Messie. Jean leur dit alors à tous : “Moi, je vous baptise avec de l’eau ; mais quelqu’un de plus puissant que moi va venir : je ne suis pas même assez bon pour délier la courroie de ses sandales. Il vous baptisera avec le Saint-Esprit et avec du feu. Il tient en sa main la pelle à vanner pour séparer le grain de la paille. Il amassera le grain dans son grenier, mais il brûlera la paille dans un feu qui ne s’éteint jamais.” »

Quand Jésus est venu se faire baptiser, Jean dit à la foule : « Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde. C’est de lui que j’ai parlé en disant : “Un homme vient après moi, mais il est plus grand que moi” » (Jean 1.29,30). La mission de Jean était de préparer le peuple à recevoir dignement cet autre prophète, Jésus.

Juste la préparation pour la venue de Jésus doit nous impressionner profondément. Sa vie et ses œuvres le feront davantage.

Une vie sans péché

Plusieurs passages de la Bible soulignent l’idée que Jésus n’a pas péché. En 2 Corinthiens 5.21 l’apôtre Paul écrit : « Le Christ était sans péché, mais Dieu l’a chargé de notre péché. » L’apôtre Pierre, aussi, affirme la même vérité : « Il n’a pas commis de péché ; on n’a jamais entendu de mensonge sortir de sa bouche » (1 Pierre 2.22). Pierre cite ici une parole du prophète Ésaïe concernant le Christ : « On a mis son sépulcre parmi les méchants, son tombeau avec le riche, quoiqu’il n’eût point commis de violence et qu’il n’y eût point eu de fraude dans sa bouche » (Ésaïe 53.9). Mais ce n’est pas simplement les autres qui ont prétendu que Jésus n’avait pas de péché. Jésus lui-même a lancé ce défi à ses adversaires : « Qui parmi vous peut prouver que j’ai péché ? Et si je dis la vérité, pourquoi ne me croyez-vous pas ? » (Jean 8.46).

Muhammad n’a pas essayé de prouver que Jésus avait commis du péché. Au contraire, nous voyons dans la Sourate 19:19 du Coran que l’ange dit à Marie : « Je suis en fait un messager de ton Seigneur pour te faire don d’un fils pur. » L’un des commentateurs musulmans, du nom d’Er-Razi, dit que le titre de Messie fut donné à Jésus parce qu’il était libre de la souillure du péché. Étrangement, cet état de pureté n’est attribué à aucun autre prophète dans le Coran. Dans la Bible nous voyons les faiblesses et parfois même les péchés des autres prophètes. Adam a mangé le fruit défendu ; Noé s’est enivré ; Abraham a menti ; Jacob a trompé son père ; David a commis l’adultère ; Salomon a adoré les idoles de ses femmes. Même Muhammad reconnaît avoir du péché dans sa vie. Plus d’un verset du Coran l’exhorte à implorer le pardon de son péché. La 48e Sourate commence par ces mots qu’Allah adresse à Muhammad : « En vérité Nous t’avons accordé une victoire éclatante afin qu’Allah te pardonne tes péchés, passés et futurs, qu’il parachève sur toi Son bienfait et te guide sur une voie droite. » En plus, Muhammad lui-même avoue qu’il ne connaît pas son sort éternel : « Dis : Je ne suis pas une innovation (une merveille ou quelqu’un de spécial) parmi les messagers ; et je ne sais pas ce qu’on fera de moi, ni de vous. Je ne fais que suivre ce qui m’est révélé » (46:9).

L’apôtre Jean dit : « Si nous disons que nous sommes sans péché, nous nous trompons nous-mêmes et la vérité n’est pas en nous » (1 Jean 1.8). Mais ce même Jean dit au sujet de Jésus : « Il n’y a point de péché en lui » (1 Jean 3.5). Certainement, Jésus se distingue nettement de tous les autres que les hommes ont reconnus comme prophètes.

Sa pré-existence

Personne ne trouvait de quoi condamner dans les actions de Jésus. Il est le seul Juif qui ait jamais gardé parfaitement la loi que Dieu leur avait donnée. Les paroles de Jésus étaient, par contre, souvent très surprenantes, pour ne pas dire choquantes. Un jour en parlant avec les Juifs, Jésus leur dit :

« “Celui qui obéira à mes paroles ne mourra jamais.”

Les Juifs lui dirent : “Maintenant nous sommes sûrs que tu es possédé d’un esprit mauvais ! Abraham est mort, les prophètes sont morts, et toi, tu dis : ‘Celui qui obéit à ce que je dis ne mourra jamais.’ Abraham, notre père, est mort : penses tu être plus grand que lui ? Les prophètes aussi sont morts. Pour qui te prends-tu ?” Jésus répondit : “Si je me glorifiais moi-même, ma gloire ne vaudrait rien. Celui qui me glorifie, c’est… lui dont vous dites : ‘Il est notre Dieu’, mais que vous ne connaissez pas. Moi je le connais… Abraham votre père s’est réjoui en pensant qu’il devait voir mon jour ; il l’a vu et en a été heureux.” Les Juifs lui dirent : “Tu n’as pas encore cinquante ans et tu as vu Abraham ?” [Le patriarche Abraham avait vécu presque deux mille ans avant le temps de Jésus.] Jésus leur répondit : “Je vous le déclare, c’est la vérité : avant qu’Abraham soit né, ‘je suis.’” » (Jean 8.51-58)

Cette parole de Jésus rejoint le témoignage que Jean-Baptiste avait rendu. Rappelez-vous que l’ange Gabriel avait annoncé à Zacharie, le père de Jean, que sa femme Élisabeth aurait un fils. Rappelez-vous aussi qu’elle était déjà dans son sixième mois de grossesse quand ce même ange de Dieu s’est rendu auprès de Marie pour lui dire qu’elle serait la mère du Christ. Jean était donc de six mois plus âgé que Jésus. Mais qu’est-ce que Jean dit dans l’Évangile de Jean 1.30 ? Quand il vit Jésus, Jean-Baptiste dit : « C’est de lui que j’ai parlé en disant :Un homme vient après moi, mais il est plus grand que moi, car il existait déjà avant moi.” »

En parlant avec Nicodème, un chef des Juifs, Jésus était encore un peu plus précis. Il dit : « Personne n’est monté au ciel, excepté le Fils de l’homme qui est descendu du ciel » (Jean 3.13). « Fils de l’homme » était l’expression que Jésus utilisait le plus pour parler de lui-même.

Le prophète Jérémie dit que Dieu le connaissait quand il était encore dans le ventre de sa mère (Jér. 1.5). Mais Jésus prétend avoir été au ciel avant sa naissance et d’avoir parlé avec Abraham.

Sa prétention de pardonner les péchés

Le prophète Jésus a fait d’autres prétentions qui choquaient les auditeurs de son époque et qui continuent de choquer certains qui les lisent aujourd’hui. Un exemple clair se trouve dans l’Évangile de Marc 2.1-12 :

« Jésus revint à Capernaüm, et l’on apprit qu’il était à la maison. Une si grande foule s’assembla qu’il ne restait plus de place, pas même dehors devant la porte. Jésus leur donnait son enseignement. Quelques hommes arrivèrent, lui amenant un paralysé porté par quatre d’entre eux. Mais ils ne pouvaient pas le présenter à Jésus, à cause de la foule. Ils ouvrirent alors le toit au-dessus de l’endroit où était Jésus ; par le trou qu’ils avaient fait, ils descendirent le paralysé étendu sur sa natte. Quand Jésus vit la foi de ces hommes, il dit au paralysé : “Mon fils, tes péchés sont pardonnés.” Quelques maîtres de la loi, qui étaient assis là, pensaient en eux-mêmes :Comment cet homme ose-t-il ainsi parler contre Dieu ? Qui peut pardonner les péchés ? Dieu seul le peut !” Jésus sut aussitôt ce qu’ils pensaient et leur dit : “Pourquoi avez-vous de telles pensées ? Est-il plus facile de dire au paralysé : ‘Tes péchés sont pardonnés’, ou de dire : ‘Lève-toi, prends ta natte et marche’ ? Mais je veux que vous sachiez que le Fils de l’homme a le pouvoir sur la terre de pardonner les péchés.” Il adressa alors ces mots au paralysé : “Je te le dis, lève-toi, prends ta natte, et rentre chez toi.” Aussitôt, tandis que tout le monde le regardait, l’homme se leva, prit sa natte et partit. Ils furent tous frappés d’étonnement ; ils louaient Dieu et disaient : “Nous n’avons jamais rien vu de pareil !” »

Ses miracles

Mais que dire de ces miracles opérés par Jésus ? Y a-t-il une différence entre ce qu’il a fait et ce que les autres ont pu faire ? Les Évangiles sont remplis des récits de miracles opérés par Jésus. Le Coran, aussi, lui attribue des miracles. Dans la Sourate 5, aya 110, Allah lui dit : « Ô Jésus, fils de Marie, rappelle-toi Mon bienfait sur toi et sur ta mère quand Je te fortifiais du Saint-Esprit…. tu guérissais par Ma permission, l’aveugle-né et le lépreux. Et par Ma permission, tu faisais revivre les morts. Je te protégeais contre les Enfants d’Israël pendant que tu leur apportais les preuves. » Les différentes œuvres miraculeuses de Jésus manifestaient non seulement son pouvoir sur les forces de la nature, sur les démons, sur la maladie et la mort ; non seulement elles démontraient sa connaissance même des pensées secrètes des hommes ; non seulement elles constituaient très souvent des preuves de sa grande compassion devant la souffrance ; mais elles témoignaient aussi de son identité. Et Jésus n’hésitait pas de tirer l’attention des hommes sur ce que signifiaient ses miracles. Dans l’Évangile de Jean nous lisons : « Les Juifs l’entourèrent, et lui dirent : Jusques à quand tiendras-tu notre esprit en suspens ? Si tu es le Christ, dis-le-nous franchement. Jésus leur répondit : Je vous l’ai dit, et vous ne croyez pas. Les œuvres que je fais au nom de mon Père rendent témoignage de moi » (Jean 10.24,25). Les ennemis de Jésus reconnaissaient la réalité des miracles de Jésus, mais ils n’étaient pas prêts à croire, malgré les preuves. Jean 11.47,48 dit : « Alors les principaux sacrificateurs et les pharisiens assemblèrent le sanhédrin, et dirent : Que ferons-nous ? Car cet homme fait beaucoup de miracles. Si nous le laissons faire, tous croiront en lui. »

D’autres prophètes avaient fait des miracles avant Jésus, mais comme nous l’avons suggéré, un de ses miracles dépasse tous les autres. Dans l’Évangile de Jean 2.18-22 nous lisons :

« Alors les chefs juifs lui demandèrent : “Quel miracle peux-tu faire pour nous prouver que tu as le droit d’agir ainsi ?” Jésus leur répondit : “Détruisez ce temple et en trois jours je le rebâtirai.” – “On a mis quarante-six ans pour bâtir ce temple, et toi, tu vas le rebâtir en trois jours ?” lui dirent-ils. Mais le temple dont parlait Jésus était son corps. Quand Jésus revint de la mort à la vie, ses disciples se rappelèrent qu’il avait dit cela ; et ils crurent à l’Écriture et aux paroles que Jésus avait dites. »

Ces disciples « crurent aux Écritures » parce qu’ils ont compris que la résurrection de Jésus faisait partie des choses qui avaient été annoncées d’avance à son égard. L’apôtre Pierre a prêché au peuple de Jérusalem quelques semaines après la mort et la résurrection de Jésus. Il dit :

« Dieu l’a ramené à la vie, il l’a délivré des douleurs de la mort, car il n’était pas possible que la mort le retienne en son pouvoir. En effet, David a dit à son sujet : …tu ne m’abandonneras pas dans le monde des morts, tu ne permettras pas que moi, ton fidèle, je pourrisse dans la tombe… Frères, il m’est permis de vous parler très clairement au sujet du patriarche David : il est mort, il a été enterré et sa tombe se trouve encore aujourd’hui parmi nous. Il était prophète et il savait que Dieu lui avait promis avec serment d’accorder à l’un de ses descendants la position de roi qui était la sienne. David a vu d’avance ce qui allait arriver et il a donc parlé de la résurrection du Messie…. Dieu a ramené à la vie ce Jésus dont je parle, et nous en sommes tous témoins. » (Actes 2.24,25,27,29-32)

L’apôtre Paul, aussi, insistait particulièrement sur ce miracle. Quand il prêchait dans la ville d’Athènes, en Grèce, il dit :

« Dieu ne tient plus compte des temps où les hommes étaient ignorants, mais il appelle maintenant tous les hommes, en tous lieux, à changer de comportement. Il a en effet fixé un jour où il jugera le monde entier avec justice, par un homme qu’il a désigné. Il en a donné la preuve à tous en ramenant cet homme de la mort à la vie ! » (Actes 17.30,31)

Quel autre prophète annonça d’avance qu’il serait mis à mort et ressusciterait le troisième jour ? Ce qui est plus important, quel autre prophète a pu réaliser une telle promesse ?

Le titre de Messie

Le mot prophète désigne quelqu’un qui reçoit un message directement de la part de Dieu, un message inspiré qu’il est censé transmettre aux hommes. Bien sûr, il y a toujours eu des hommes qui prétendent parler pour Dieu mais qui, en fait, trompent leur auditeurs. Le Coran traite Jésus de vrai prophète, mais en même temps il insiste sur l’idée que Jésus n’était pas plus qu’un prophète, qu’il n’était qu’un simple messager. Mais il faut dire aussi que le Coran parle de « al-Masih » (3:28) ou « le Messie, Jésus, le fils de Marie » (4:171). Alors, si Muhammad reconnaissait en Jésus le Messie, cela vaut la peine d’examiner le sens de ce titre.

Dans l’Évangile selon Jean, nous voyons aux premiers chapitres deux futurs apôtres de Jésus, André et son frère Simon Pierre. Jean-Baptiste venait de rendre témoignage à Jésus de Nazareth, et André, qui était déjà un disciple de Jean-Baptiste, l’entendit. Jean 1.41 dit : « Ce fut lui qui rencontra le premier son frère Simon, et il lui dit : Nous avons trouvé le Messie (ce qui signifie Christ). » Dans ce verset nous avons un mot hébreu et un mot grec qui ont tous les deux été francisés. Le mot hébreu, mashiah, et le mot grec, christos, ont le même sens : ils signifient « oint », ou « celui qui a été oint ». Mais quel est le sens de ce terme curieux ?

Dans la Bible on trouve trois catégories de personnes qui recevaient une onction d’huile, c’est-à-dire qu’on leur versait de l’huile sur la tête quand ils entraient dans leurs fonctions. Ces trois catégories étaient les prêtres, chargés de présenter à Dieu les sacrifices de son peuple, les prophètes, chargés de transmettre au peuple des messages de la part de Dieu, et les rois, chargés de gouverner et conduire le peuple au nom de Dieu, le véritable roi des rois. Mais le terme, le Messie, est encore plus spécial. Il était l’objet de diverses prophéties dans l’Ancien Testament. Le Messie serait à la fois prophète, prêtre et roi. Celui-ci serait oint, non pas de la main d’un homme, mais de Dieu lui-même. Dans les Psaumes (connu comme le Zabour par les musulmans), David a écrit à l’égard des ennemis de Dieu : « Celui qui siège dans les cieux rit, Le Seigneur se moque d’eux. Puis il leur parle dans sa colère, Il les épouvante dans sa fureur : C’est moi qui ai oint mon roi sur Sion, ma montagne sainte » (Psaume 2.4-6). Tout le peuple juif du temps de Jésus attendait ardemment la venue de cet individu oint par Dieu. Même parmi le peuple samaritain, peuple métisse dont les ancêtres païens s’étaient mariés avec des Juifs, on était au courant de Celui qui devait venir. En Jean 4.25,26 une femme samaritaine qui s’entretenait avec Jésus affirma : « Je sais que le Messie doit venir (celui qu’on appelle Christ) ; quand il sera venu, il nous annoncera toutes choses. Jésus lui dit : “Je le suis, moi qui te parle.” »

L’importance de ce qu’on croit de Jésus

Ayant vu tous ces faits, nous devons souligner la nécessité absolue de tirer la conclusion correcte concernant l’identité de Jésus. C’est Jésus lui-même qui a insisté dessus. Dans l’Évangile de Jean 8.23,24 il dit : « Vous êtes d’en bas ; moi, je suis d’en haut. Vous êtes de ce monde ; moi, je ne suis pas de ce monde. C’est pourquoi je vous ai dit que vous mourrez dans vos péchés ; car si vous ne croyez pas ce que je suis, vous mourrez dans vos péchés. » En fait, tout au long de l’Évangile de Jean, Jésus dit clairement que si l’on veut avoir la vie, il faut venir à lui (Jean 5.40). Il emploie plusieurs images pour communiquer cette réalité. En Jean 6.47-51 il dit : « En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi a la vie éternelle. Je suis le pain de vie… Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement ; et le pain que je donnerai pour la vie du monde, c’est ma chair. » Au chapitre 7.37,38 Jésus s’écria : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive. Celui qui croit en moi, des fleuves d’eau vive couleront de son sein, comme dit l’Écriture. » En Jean 14.6 Jésus répond à une question de son apôtre, Thomas. Il lui dit : « Je suis le chemin, la vérité et la vie. Nul ne vient au Père que par moi. »

Jésus parla, bien sûr, de la foi en Dieu, mais aucun autre prophète n’a insisté comme lui sur sa propre personne et la nécessité de croire en lui. Jésus osait dire que la destinée éternelle de chacun de nous dépend de la conclusion que nous tirons en ce qui concerne son identité et de notre foi en lui. Ne serait-il pas bien plus qu’un prophète ? Peut-être que le plus grand danger pour nous, que nous soyons des lecteurs de la Bible ou du Coran ou simplement des personnes ayant grandi dans une société dite « chrétienne », serait d’adopter l’attitude des habitants de Nazareth. Quand Jésus, après avoir commencé son ministère, se rendit dans la ville où il avait grandi, les gens étaient étonnés. Ils disaient : « D’où a-t-il cette sagesse ? Comment peut-il accomplir ces miracles ? N’est-ce pas le fils du charpentier ? Marie n’est-elle pas sa mère ? Jacques, Joseph, Simon et Jude ne sont-ils pas ses frères ? Et ses sœurs ne vivent-elles pas toutes parmi nous ? D’où a-t-il donc ce pouvoir ? Et cela les empêchait de croire en lui…. Jésus n’accomplit là que peu de miracles à cause de leur manque de foi » (Matthieu 13.54-58). Ces gens pensaient connaître déjà qui était Jésus. Mais leur conception de lui était bien trop limitée. Ils n’ont pas découvert sa vraie identité, parce qu’ils avaient trop d’idées préconçues à son égard. Leurs préjugés les ont empêchés de profiter de ce que Jésus aurait fait pour eux.

Selon la Sourate 3 – Al-Imram, « Allah dit : “Ô Jésus, je te ferai subir la mort, je t’élèverai à moi, je te délivre des infidèles et ceux qui te suivront seront au-dessus de ceux qui ne te croient pas jusqu’au jour de la résurrection” » (aya 55). Si vous ne l’avez pas déjà fait, procurez-vous une copie de l’Évangile et découvrez en profondeur ce Jésus.

B. B.
(Dans Vol. 10, No. 6)


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La certitude de notre foi

Le scandale de la croix

Selon l’apôtre Paul en 1 Corinthiens 15.3,4, l’Évangile se résume en trois faits : Jésus-Christ est mort pour nos péchés, selon les Écritures, il a été enseveli (ou enterré) et il est ressuscité le troisième jour, selon les Écritures. L’ensevelissement de Jésus est important comme confirmation de sa mort. Il fut enterré parce qu’il était réellement mort. Et là, c’est une idée que certains ont eu du mal à accepter, surtout parce que Jésus est mort d’une manière humiliante, attaché à une croix comme les plus vils des malfaiteurs. C’est ce qui est parfois appelé « le scandale de la croix ». Paul dit en 1 Corinthiens 1.22-24 :

« Les Juifs demandent des miracles et les Grecs cherchent la sagesse : nous, nous prêchons Christ crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les païens, mais puissance de Dieu et sagesse de Dieu pour ceux qui sont appelés, tant Juifs que Grecs. »

La plupart des Juifs ne voulaient pas d’un Messie souffrant et humilié. Ils voulaient plutôt un Messie conquérant qui se servirait du pouvoir miraculeux de Dieu pour les délivrer de l’oppression politique et militaire des Romains. La plupart des Grecs ne voulaient pas du Sauveur non plus – ils voulaient un philosophe qui puisse les impressionner par sa connaissance et son éloquence.

La version des musulmans

Mais les Grecs et les Juifs du premier siècle n’ont pas été les seuls à être prédisposés contre le message de la mort et la résurrection du Christ. La plupart des musulmans n’acceptent pas l’idée que Jésus, qu’ils reconnaissent pourtant comme prophète, est mort sur la croix. L’argument le plus important se base sur la quatrième sourate du Coran, qui dit au sujet des Juifs :

« (Nous les avons maudits) à cause de leur rupture de l’engagement, leur mécréance aux révélations d’Allah, leur meurtre injustifié des prophètes, et leur parole : “Nos cœurs sont (enveloppés) et imperméables.” En réalité, c’est Allah qui a scellé leurs cœurs à cause de leur mécréance, car ils ne croyaient que très peu. Et à cause de leur mécréance et de l’énorme calomnie qu’ils prononcent contre Marie, et à cause de leur parole : “Nous avons vraiment tué le Christ, Jésus, fils de Marie, le Messager d’Allah”… Or, ils ne l’ont ni tué ni crucifié ; mais ce n’était qu’un faux semblant ! Et ceux qui ont discuté sur son sujet sont vraiment dans l’incertitude : ils n’en ont aucune connaissance certaine, ils ne font que suivre des conjectures et ils ne l’ont certainement pas tué. Mais Allah l’a élevé vers Lui. Et Allah est Puissant et Sage. » (an-Nisa’, 4:155-158)

Ce passage a été expliqué de plusieurs manières par les musulmans. Certains disent que Jésus s’est caché ou qu’un ange l’a protégé, alors que l’un de ses compagnons est mort à sa place. Certains disent que Dieu a fait que Judas Iscariot prenne l’apparence de Jésus, et que c’est lui qui fut tué. D’autres disent que Simon de Cyrène, qui porta la croix derrière Jésus, fut substitué pour lui sur le chemin du Calvaire. D’autres encore disent simplement que les Juifs ont essayé de le tuer, mais ne l’ont pas pu, et que Dieu l’a fait monter au ciel sans passer par la mort.

Toutes ces explications ont certains problèmes. Il y a, par exemple, un problème moral si nous disons que Dieu a employé ruse ou tromperie pour faire croire délibérément un mensonge. Dieu est parfaitement saint, pur et sans péché. La Bible dit clairement en Hébreux 6.18 : « Il est impossible que Dieu mente », et en Tite 1.2 : « Dieu ne ment point. » Il avait ordonné dans la loi de Moïse : « Vous n’userez ni de mensonge ni de tromperie les uns envers les autres. » Lui qui dit à l’homme de ne pas user de tromperie, userait-il, lui, de tromperie avec les hommes ? Comment pourrait-on désormais lui faire confiance ? Loin de Dieu, le Dieu de Vérité – loin de lui l’idée de tromper des hommes et leur faire croire ce qui est faux. Il n’aurait pas employé sa puissance miraculeuse pour tromper des hommes. C’est Satan qui agit de cette façon. Ne déshonorons pas Dieu.

Mais peut-on croire que, sans intervention miraculeuse de la part de Dieu, on aurait pu crucifier et enterrer un autre à la place de Jésus ? Pendant qu’il était sur la croix, il était reconnu par le centenier romain et ses soldats, les passants qui l’avaient entendu prêcher, les chefs des Juifs, et les deux brigands. Il y avait aussi ceux qui le connaissaient intimement : des femmes qui l’avaient accompagné depuis la Galilée, sa propre mère et son disciple Jean. Son corps devait être facilement reconnaissable après avoir été enlevé de la croix, non seulement par son visage, mais aussi par les cicatrices de la couronne d’épines que les soldats avaient placée sur sa tête. D’ailleurs, Joseph d’Arimathée et Nicodème, qui l’ont enterré, ainsi que les femmes qui observaient quand on préparait le corps, connaissaient tous très bien Jésus. Sans tromperie miraculeuse, ils n’auraient pas pu prendre un autre pour lui.

Signalons qu’il y a une autre manière de comprendre le passage coranique que nous avons lu. Dans le contexte, il s’agit d’un reproche adressé aux Juifs qui avaient rejeté les prophètes de Dieu, parlé contre Marie, et se vantaient d’avoir fait crucifier Jésus-Christ. En réfutant les Juifs, le Coran dit : « Ils ne l’ont ni tué ni crucifié ; mais ce n’était qu’un faux semblant ! » Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas eu de crucifixion, mais que, même si elle a eu lieu, c’est Dieu qui en fut responsable. Les Juifs n’ont fait que ce que Dieu, le Tout-Puissant, leur a permis de faire pour accomplir son plan. La même sorte de langage se trouve dans la huitième sourate du Coran qui parle des actions des musulmans à la Bataille de Badr :

« Ce n’est pas vous qui les avez tués : mais c’est Allah qui les a tués. Et lorsque tu lançais (une poignée de terre), ce n’est pas toi qui lançais : mais c’est Allah qui lançait, et ce pour éprouver les croyants d’une belle épreuve de Sa part ! » (al-Anfal, 8:17)

Les fidèles musulmans ont, en fait, tué leurs adversaires, mais ce fut uniquement, selon l’idée de ce verset, avec l’aide et selon la volonté d’Allah.

Cette façon de comprendre le passage sur la crucifixion de Jésus s’accorde mieux avec certains autres passages du Coran qui parlent de la mort de Jésus. Par exemple, dans la Sourate 19, Jésus, encore bébé dans les bras de Marie, prononce ces paroles : « Que la paix soit sur moi le jour où je naquis, le jour où je mourrai, et le jour où je serai ressuscité vivant. » Et dans la Sourate 3, Dieu dit : « O Jésus, certes, Je vais mettre fin à ta vie terrestre… » (al-Imran, 3:55). 

Sa mort dans le plan de Dieu

Oui, Jésus fut crucifié et mis à mort, mais c’était selon la volonté et le plan éternel de Dieu. Au cours de son ministère, Jésus avait plusieurs fois averti ses disciples concernant la mort qui l’attendait. En Luc 18.31-33, par exemple, nous lisons :

« Jésus prit les douze auprès de lui, et leur dit : Voici, nous montons à Jérusalem, et tout ce qui a été écrit par les prophètes au sujet du Fils de l’homme s’accomplira. Car il sera livré aux païens ; on se moquera de lui, on l’outragera, on crachera sur lui, et, après l’avoir battu de verges, on le fera mourir ; et le troisième jour il ressuscitera. »

Quand il était sur la croix, Jésus a dit : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Matthieu 27.46). Ces paroles viennent du Psaume 22. En les citant, Jésus portait à l’attention de tous que ce psaume avait prédit mille ans d’avance les souffrances qu’il subissait. Ce passage contient les mots exacts qui seraient employés par ceux qui se moquaient de Jésus (v. 8,9) ; il parle de la soif d’un crucifié, du fait que les mains et pieds du Seigneur seraient percés, que ses os se sépareraient, et qu’on tirerait au sort en se partageant ses vêtements. Dieu avait vu et annoncé tout cela dans ce seul psaume de David.

Mais revenons à ces paroles : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Ce n’était pas juste une manière de dire, « lisez le Psaume 22 et vous verrez que ma mort a été prédite en détail. » Jésus, pour la première fois depuis l’éternité, était séparé du Père, réellement abandonné. Il portait en ce moment les péchés du monde entier. Deux Corinthiens 5.21 dit au sujet de Jésus : « Celui qui n’a point connu le péché, il l’a fait devenir péché pour nous, afin que nous devenions justice de Dieu. » Or, Dieu ne peut tolérer le péché ni être en communion avec le péché. L’Ancien Testament dit : « Tes yeux sont trop purs pour voir le mal, et tu ne peux pas regarder l’iniquité » (Habacuc 1.13). Au jour du jugement, le Seigneur dira aux coupables : « Retirez-vous de moi, maudits » (Matthieu 25.41). « Ils auront pour châtiment une ruine éternelle, loin de la face du Seigneur et de la gloire de sa force » (2 Thessaloniciens 1.9). La mort physique, c’est la séparation du corps et de l’âme ; la mort spirituelle, c’est la séparation de l’homme d’avec Dieu. Jésus a subi toutes les deux pour nous, afin que nous ayons la vie éternelle.

Le message de l’Évangile – la mort, l’ensevelissement et la résurrection de Jésus – est peut-être un scandale pour certains, mais pour nous qui croyons il est véritablement la puissance et la sagesse de Dieu pour notre salut. Pourquoi nier la mort de Christ ? Non seulement elle est attestée par l’histoire et par la Parole de Dieu, mais sans elle nous n’avons aucun espoir.

La certitude de la résurrection

Dès l’aube du premier jour de la semaine après la crucifixion, les disciples de Jésus ont constaté que le tombeau où avait été déposé son corps était vide. En plus, différentes personnes se sont mises à témoigner que Jésus, revenu à la vie, s’était présenté à elles. Il y a eu d’abord Marie de Magdala, puis certaines autres femmes ; ensuite, Cléopas et un autre disciple ont parlé avec Jésus sur la route d’Emmaüs. À leur retour à Jérusalem, ils apprirent que Pierre, aussi, disait avoir vu le Seigneur. Enfin, Jésus s’est présenté à dix apôtres à la fois. Judas s’était déjà donné la mort, et Thomas ne se trouvait pas avec les autres. Mais les dix autres ont pu, ce premier dimanche soir après la mort de Jésus, parler avec lui, le toucher et le voir manger pour savoir que ce n’était pas un fantôme. D’autres apparitions du Seigneur ressuscité suivraient pendant une période de quarante jours. Ces deux faits attestent pleinement la réalité de la résurrection de Jésus de Nazareth : le tombeau vide et les témoins oculaires.

Le tombeau vide

Trois jours après la crucifixion de Jésus on a découvert son tombeau vide. C’est un fait historique, bien attesté. Si le corps de Jésus s’était trouvé dans le tombeau où on l’avait déposé, le christianisme serait mort-né. Qui aurait proclamé Jésus comme le Seigneur vivant tandis que son cadavre pourrissait dans le sépulcre ? Personne.

Ceux qui ne veulent pas accepter l’idée que Jésus est ressuscité ont proposé trois théories pour expliquer pourquoi le corps ne s’y trouvait plus.

1. Le corps volé par les disciples ? Certains nous disent que les disciples de Jésus ont volé son corps. Ce fut la première explication offerte par les non-croyants. Rappelons-nous qu’après la mort de Jésus, les principaux sacrificateurs juifs et les pharisiens étaient allés auprès de Pilate et dirent :

« Nous nous souvenons que cet imposteur a dit, quand il vivait encore : après trois jours je ressusciterai. Ordonne donc que le sépulcre soit gardé jusqu’au troisième jour, afin que ses disciples ne viennent pas dérober le corps, et dire au peuple : Il est ressuscité des morts. Cette dernière imposture serait pire que la première. Pilate leur dit : vous avez une garde ; allez, gardez-le comme vous l’entendez. » (Matthieu 27.63-65)

Toutes les précautions possibles ont donc été prises : le sépulcre était taillé dans le roc ; une grosse pierre, pesant au moins une tonne, a été roulée devant l’entrée pour la fermer ; le sceau du gouvernement romain fut mis sur la pierre comme avertissement contre toute personne qui penserait déranger le tombeau ; et des soldats furent placés, selon certains experts jusqu’à seize hommes dont quatre seraient de garde en tout moment. Selon la coutume romaine, un soldat pris en train de dormir pendant qu’il était chargé d’être à son poste devait être mis à mort pour sa faute. Malgré toutes ces précautions, d’aucuns ont parlé d’un vol du corps.

En Matthieu 28.11-15 la Bible nous parle de ce qui s’est passé après que certaines femmes ont vu le Seigneur : 

« Pendant qu’elles étaient en chemin, quelques hommes de la garde entrèrent dans la ville, et annoncèrent aux principaux sacrificateurs tout ce qui était arrivé. Ceux-ci, après s’être assemblés avec les anciens et avoir tenu conseil, donnèrent aux soldats une forte somme d’argent, en disant : Dites : Ses disciples sont venus de nuit le dérober, pendant que nous dormions. Et si le gouverneur l’apprend, nous l’apaiserons, et nous vous tirerons de peine. Les soldats prirent l’argent, et suivirent les instructions qui leur furent données. Et ce bruit s’est répandu parmi les Juifs, jusqu’à ce jour. »

Matthieu ne se donne même pas la peine de réfuter cette idée – après tout, qui peut dire ce qui se passe autour de lui quand il dort ? D’ailleurs, tous ces soldats n’auraient pas osé s’endormir au péril de leur vie. Les disciples n’auraient pas eu l’occasion de voler le corps de Jésus.

Si les disciples avaient pu voler le corps de Jésus, c’est qu’ils ont commis la plus grande fraude que l’histoire a jamais vue. C’est qu’ils mentaient sciemment. Mais leur comportement n’est pas celui de menteurs conscients : au contraire, presque tous les apôtres sont morts pour leur témoignage (et ils ont tous été battus et emprisonnés). On n’accepterait pas de subir cela et de donner sa vie pour ce qu’on savait être un mensonge délibéré. Non seulement ils ont donné leur propre vie au lieu de retirer leur parole, mais ils savaient que beaucoup de ceux qui accepteraient leur témoignage mourraient également pour avoir cru. Pourtant, aucun d’eux n’a renoncé à son témoignage concernant la résurrection de Jésus.

2. Le corps volé par les autorités juives ? Une deuxième théorie dit que le corps de Jésus fut volé par ses ennemis. Mais cette idée est encore plus invraisemblable que la première. Les autorités juives voulaient mettre fin à la prédication des chrétiens. Ils ont dit aux apôtres : « Ne vous avons-nous pas défendu expressément d’enseigner en ce nom-là ? Et voici, vous avez rempli Jérusalem de votre enseignement… ! » (Actes 5.28). S’ils avaient le corps de Jésus, ils auraient pu tout simplement le produire et le promener dans les rues de Jérusalem. Il n’y aurait même pas eu besoin de dire aux apôtres de ne pas prêcher – on se serait moqué d’eux. Plus personne ne se serait converti au christianisme. Le fait que les chefs n’ont pas produit le corps de Jésus prouve clairement qu’ils ne l’avaient pas volé.

3. Jésus n’était pas mort ? La troisième théorie offerte par les adversaires de l’Évangile est que Jésus n’était pas vraiment mort sur la croix – il s’était évanoui. C’est la fraîcheur du tombeau qui l’a ranimé. Mais encore il faut être réaliste : Jésus était bien mort. Il avait été battu sévèrement par des experts avant sa crucifixion. Les soldats romains savaient parfaitement manipuler leurs fouets de cuir munis de morceaux de verre et de pierre tranchante pour meurtrir tout le corps et laisser la peau suspendue en rubans sanglants. Ils connaissaient bien leur méthode d’exécution, l’une des méthodes les plus cruelles jamais inventées par les hommes. Ils savaient bien déterminer si leur victime était morte. Et dans le cas de Jésus ils l’ont aussi percé d’une lance (Jean 19.33,34). Ajoutons que Jésus fut enterré d’après la coutume juive :

« Nicodème, qui auparavant était allé de nuit vers Jésus, vint aussi, apportant un mélange d’environ cent livres de myrrhe et d’aloès. Ils prirent donc le corps de Jésus, et l’enveloppèrent de bandes, avec les aromates, comme c’est la coutume d’ensevelir chez les Juifs. » (Jean 19.39,40)

Même si l’on suppose que Jésus n’était pas mort, mais s’était évanoui, comment aurait-il pu survivre pendant trois jours enfermé dans un sépulcre humide, sévèrement blessé, enveloppé de plusieurs mètres de bandes de tissu attachées avec presque 50 kilos d’aromates gluants, sans nourriture, sans eau, sans soins quelconques ? Comment aurait-il eu la force de se dégager des bandes, rouler la pierre gigantesque devant l’entrée du sépulcre, se rendre maître des gardes, faire quelques kilomètres sur des pieds qui avaient été percés des pointes, et puis se présenter à ses disciples dans un état qui puisse les convaincre qu’il était le Seigneur de la vie ?

Soyons francs : à part la résurrection, il n’y a pas d’explication raisonnable du tombeau vide de Jésus. Mais il y a une autre preuve incontournable de la résurrection :

Les témoins oculaires

Rappelons-nous que, déjà le jour même de sa résurrection, Jésus se présenta à une variété de personnes et en différentes circonstances. Les témoins n’avaient pas tous le même tempérament. Il y a eu des hommes et aussi des femmes qui l’ont vu. Il s’est présenté à des individus et des groupes. Certaines apparitions ont eu lieu en des endroits fermés et d’autres en plein air, quelques-unes le matin et d’autres le soir.

Remarquons aussi que les témoins de la résurrection de Jésus ne s’attendaient pas à le voir. Malgré la promesse qu’il avait faite de revenir d’entre les morts, on ne peut pas dire que les disciples désiraient ardemment ou espéraient sa résurrection. Les femmes qui l’ont vu se rendaient au tombeau pour embaumer un corps et non pas pour retrouver un Seigneur vivant. Quand ces femmes sont revenues en disant qu’elles avaient vu Jésus ressuscité, les autres disciples se sont moqués d’elles. Avant que Jésus ne se fasse connaître aux deux disciples sur la route d’Emmaüs en Luc 24 à partir du verset 13, il les a trouvé tristes et abattus, sans aucun espoir, malgré le témoignage des femmes qu’ils avaient entendu. Tout ceci montre que, pour ce qui concerne les apparitions de Jésus, il ne s’agit pas d’hallucinations ou de mirage. Ce n’était pas comme la personne au désert qui croit voir une oasis avec beaucoup d’eau et des arbres tandis qu’il n’y a que du sable. De telles visions ne sont pas une activité de groupe où tout le monde voit et entend la même chose. En plus, on voit généralement ce qu’on espère ou désire très fort. Finalement, toutes ces apparitions ont cessé subitement 40 jours après la résurrection, après que Jésus est monté au ciel au vu de ses disciples.

Les témoins de la résurrection de Jésus étaient des hommes et des femmes qui le connaissaient très bien. Ils n’auraient pas pu se tromper sur son identité. C’étaient aussi des personnes pieuses qui n’ont jamais été accusées de malhonnêteté ou d’immoralité. Ils appelaient les autres, aussi, à vivre selon la justice absolue. S’ils mentaient délibérément, on a du mal à trouver un mobile. En effet, ils n’ont jamais tiré un avantage matériel de ce qu’ils proclamaient. Au contraire, on les a persécutés à la mort. S’il s’agissait d’un procès moderne, on ne trouverait aucune excuse pour les enlever du jury. Les historiens ne trouvent aucune raison pour ne pas accepter leurs écrits. Plusieurs historiens ont dit solennellement qu’aucun événement historique n’est mieux attesté que la résurrection de Jésus.

Conclusion

Selon Romains 5.8, la mort de Christ est la preuve de l’amour de Dieu pour chacun de nous. Selon Romains 1.4, la résurrection du Christ est la preuve de sa divinité. Paul écrit : « Il fut déclaré Fils de Dieu avec puissance, selon l’Esprit de sainteté, par sa résurrection d’entre les morts. » Parce qu’il est revenu à la vie pour toujours, nous savons qu’il n’était pas simplement un autre faux prophète ou faiseur de miracles, venu pour tromper les hommes et tirer avantage d’eux. Au contraire, il est venu pour nous réconcilier avec notre Créateur et nous donner la vie éternelle.

Pour être sauvé du péché, il faut croire que Jésus est bien ressuscité d’entre les morts et qu’il est donc le Fils de Dieu (Romains 10.9,10). Il faut se repentir de ses péchés si l’on veut qu’ils soient pardonnés (Actes 3.19). Il faut confesser ou dire devant les autres que l’on croit en Jésus (Romains 10.9,10). Et il faut être baptisé au nom de Jésus, c’est-à-dire immergé dans l’eau à l’image de la mort et la résurrection de Jésus pour le pardon de ses péchés (Actes 2.38). Mais tout cela est efficace pour notre salut seulement parce que Jésus est allé à la croix, il est mort pour nous, et il est ressuscité. Comme la Bible nous rappelle en 1 Pierre 3.21 :

« … Le baptême, qui n’est pas la purification des souillures du corps, mais l’engagement d’une bonne conscience envers Dieu… vous sauve, vous aussi, par la résurrection de Jésus-Christ. »

B. B.
(Dans Vol. 9, No. 1)