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Les 144 000 et la grande foule : L’éternité aux cieux ou sur la terre ?

Une doctrine distinctive des Témoins de Jéhovah concerne un chiffre qui se trouve dans le dernier livre du Nouveau Testament, l’Apocalypse. Selon une publication officielle de leur organisation :

« En 1935, les Témoins eurent une intelligence plus claire de ce qu’étaient la classe du Royaume céleste, qui régnera avec le Christ, et les sujets terrestres de ce Royaume. Ils savaient déjà que le nombre des chrétiens oints de l’esprit appelés à régner avec le Christ depuis les cieux se limiterait à 144 000. Quelle espérance aurait donc le reste de l’humanité ? Un gouvernement a besoin de sujets pour justifier son existence. Ce gouvernement céleste, le Royaume, aurait aussi des millions de sujets obéissants sur la terre. Il s’agirait de la « grande foule que personne ne pouvait dénombrer, de toutes les nations et tribus et peuples et langues », qui crie : « Le salut, nous le devons à notre Dieu [Jéhovah] qui est assis sur le trône, et à l’Agneau [Jésus-Christ]. » – Révélation 7.4,9,10; 14.1-3; Romains 8.16,17. » (L’Humanité à la recherche de Dieu, page 358, ©1990)

On pourrait donc dire que, selon cette doctrine, il y a deux espérances distinctes pour ceux qui font la volonté de Dieu : 144 000 seront aux cieux avec Jésus pour régner ; les autres, la « grande foule », espèrent vivre sur une terre transformée en paradis. Les Témoins disent en plus que ceux qui feront partie de la « grande foule » ne deviennent pas membres du corps de Christ, ne naissent pas de nouveau, n’entreront pas dans le royaume céleste, ne sont pas baptisés du Saint-Esprit, n’ont pas droit à la Sainte Cène et n’ont pas part à la nouvelle alliance. Le nombre des 144 000 étant atteint depuis 1935, la prédication des Témoins met l’accent sur l’espérance terrestre de la « grande foule ».

L’espace ne permet pas d’explorer tous les aspects de cette doctrine, mais nous allons souligner quand même plusieurs problèmes dans l’explication assez unique que les Témoins de Jéhovah nous offrent à l’égard du sort final des hommes justes.

Où se trouvent les 144 000 et la « grande foule » ?

Apocalypse 7 est le passage biblique qui parle des cent quarante-quatre mille et de la grande foule. Il s’ouvre avec un ordre adressé aux quatre anges qui s’apprêtaient à « faire du mal à la terre, et à la mer » : « Ne faites pas de mal à la terre, ni à la mer, ni aux arbres, jusqu’à ce que nous ayons marqué du sceau le front des serviteurs de notre Dieu. Et j’entendis le nombre de ceux qui avaient été marqués du sceau, cent quarante-quatre mille » (Apoc. 7.3,4). La raison pour laquelle les anges destructeurs devaient attendre avant de faire du mal à la terre, c’est que les 144 000 serviteurs de Dieu en question se trouvaient sur la terre et devaient être épargnés du châtiment qui venait.

Le passage suivant, qui commence au verset 9 du même chapitre, parle de la grande foule : « Après cela, je regardai, et voici, il y avait une grande foule, que personne ne pouvait compter, de toute nation, de toute tribu, de tout peuple, et de toute langue. Ils se tenaient devant le trône et devant l’agneau, revêtus de robes blanches, et des palmes dans leurs mains. Et ils criaient d’une voix forte, en disant : Le salut est à notre Dieu qui est assis sur le trône, et à l’agneau. Et tous les anges se tenaient autour du trône et des vieillards et des quatre êtres vivants ; et ils se prosternèrent sur leurs faces devant le trône, et ils adorèrent Dieu » (Apoc. 7.9-11). La foule nombreuse dans ce passage se trouve devant le trône de Dieu, là où se trouvaient également les anges – c’est-à-dire aux cieux !

Le seul autre verset de l’Apocalypse qui fait mention d’une grande foule se trouve au chapitre 19.1 : « Après cela, j’entendis dans le ciel comme une voix forte d’une foule nombreuse qui disait : Alléluia ! Le salut, la gloire, et la puissance sont à notre Dieu. »

Quelle que soit l’identité de cette grande foule, absolument rien dans la Bible ne permet de la considérer comme étant composée de personnes situées sur une terre devenue paradis.

Combien d’espérances et de troupeaux ?

Il est intéressant de noter que le Nouveau Testament insiste beaucoup sur l’unité. Tandis qu’il y avait eu au temps de l’ancienne alliance une distinction très nette entre les Juifs et les non-juifs, tel n’est plus le cas. « C’est pourquoi, vous autrefois païens dans la chair… vous étiez jadis éloignés, mais maintenant vous avez été rapprochés par le sang de Christ. Car il est notre paix, lui qui des deux n’en a fait qu’un, et qui a renversé le mur de séparation » (Éph. 2.11-14). « Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni libre, il n’y a plus ni homme ni femme ; car tous vous êtes un en Jésus-Christ » (Gal. 3.28). « J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cette bergerie ; celles-là, il faut que je les amène ; elles entendront ma voix, et il y aura un seul troupeau, un seul berger » (Jean 10.16). « Nous avons tous, en effet, été baptisés dans un seul Esprit, pour former un seul corps » (1 Cor. 12.13). Alors que ces passages célèbrent l’unité et la paix que Jésus-Christ a créées pour tous ceux qu’il sauve, la doctrine des Témoins de Jéhovah en ce qui concerne les 144 000 et la grande foule met en place une barrière infranchissable et divise en deux les serviteurs de Dieu. En Éphésiens 4, Paul encourage la paix parmi les fidèles à Éphèse en leur rappelant sept choses fondamentales qu’ils avaient en commun. « Vous efforçant de conserver l’unité de l’esprit par le lien de la paix. Il y a un seul corps et un seul Esprit, comme aussi vous avez été appelés à une seule espérance par votre vocation ; il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de tous, et parmi tous, et en tous » (Éphésiens 4.4-6). Remarquez que la doctrine des Témoins enlève certaines choses de cette liste. Les membres de la foule ne seraient pas dans le corps de Christ, ne seraient pas oints du même Esprit et n’auraient pas d’espérance d’être avec Christ dans les cieux comme les 144 000. Selon cette doctrine, les bases de l’unité chrétienne ne s’appliquent qu’au groupe privilégié. On doit se demander à quoi cela a servi de « renverser le mur de séparation » entre païen et Juif, et de déclarer que « Dieu ne fait pas d’acception de personnes, mais qu’en toute nation celui qui le craint et qui pratique la justice lui est agréable » (Actes 10.34,35), pour tout de suite après redresser un mur de séparation et refuser toute une liste d’avantages à un groupe qui craint Dieu et pratique la justice, avantages que l’on accorde librement à l’autre groupe.

À qui l’espérance du ciel est-elle offerte ?

Selon les publications des Témoins de Jéhovah, les 144 000 sont choisis parmi les disciples éprouvés de Christ, les chrétiens qui ont été fidèles au cours des années. Les fidèles serviteurs de Dieu qui ont vécu avant la naissance de Christ, tout comme les disciples de Jésus qui ne sont pas destinés à régner avec Christ dans les Cieux, feraient partie de la « grande foule ».

En Jean 17 Jésus a prié, d’abord pour lui-même, puis pour les apôtres qu’il allait bientôt quitter, et ensuite pour nous tous qui croyons en lui. Après avoir prié spécialement pour les apôtres, Jésus dit : « Ce n’est pas pour eux seulement que je prie, mais encore pour ceux qui croiront en moi par leur parole, afin que tous soient un… Père, je veux que là où je suis, ceux que tu m’as donnés soient aussi avec moi, afin qu’ils voient ma gloire, la gloire que tu m’as donnée, car tu m’as aimé avant la fondation du monde » (Jean 17.20,21,24). Jésus voulait que nous tous qui croyons en lui soient un et que nous soyons avec lui là où il serait, afin que nous puissions contempler sa gloire.

Selon l’Épître aux Hébreux, l’espérance d’une demeure aux cieux n’était pas seulement pour quelques-uns qui ont vécu depuis la venue du Christ. L’auteur dit que les patriarches de l’Ancien Testament – Abraham, Isaac, et Jacob – attendaient « la cité qui a de solides fondements, celle dont Dieu est l’architecte et le constructeur. » Ils reconnaissaient qu’ils étaient « étrangers et voyageurs sur la terre. Ceux qui parlent ainsi montrent qu’ils cherchent une patrie. S’ils avaient eu en vue celle d’où ils étaient sortis, ils auraient eu le temps d’y retourner. Mais maintenant ils en désirent une meilleure, c’est-à-dire une céleste. C’est pourquoi Dieu n’a pas honte d’être appelé leur Dieu, car il leur a préparé une cité » (Hébreux 11.10,13-16).

À maintes reprises Jésus et ses apôtres font appel à l’espérance céleste pour motiver leurs auditeurs et leurs lecteurs à penser et agir de certaines manières. Par exemple, le chrétien ne doit être ni avare ni matérialiste : ce n’est pas la peine de nous attacher aux biens de ce monde quand des richesses nous attendent aux cieux. Jésus dit : « Ne vous amassez pas des trésors sur la terre, où la teigne et la rouille détruisent, et où les voleurs percent et dérobent ; mais amassez-vous des trésors dans le ciel […] Car là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur » (Matt. 6.19-21). « Vendez ce que vous possédez, et donnez-le en aumônes. Faites-vous des bourses qui ne s’usent point, un trésor inépuisable dans les cieux » (Luc 12.33). L’auteur de l’Épître aux Hébreux rappelle à ses lecteurs la bonne attitude qu’ils avaient manifestée précédemment : « Vous avez accepté avec joie l’enlèvement de vos biens, sachant que vous avez des biens meilleurs et qui durent toujours » (Héb. 10.34). Si la plupart des chrétiens n’ont pas droit d’entrer dans le ciel et accéder aux trésors qui s’y trouvent, ou s’ils n’ont pas vraiment la possibilité d’y amasser des trésors, ces textes et bien d’autres ne leur offrent pas de motivation pour ne pas amasser les trésors sur terre ou ne pas s’affliger quand leurs biens sont arrachés.

C’est la citoyenneté céleste du chrétien qui l’aide à ne pas participer à la corruption morale de ce monde. Paul dit aux Philippiens : « Car il en est plusieurs qui marchent en ennemis de la croix de Christ, je vous en ai souvent parlé… Leur fin sera la perdition ; ils ont pour dieu leur ventre, ils mettent leur gloire dans ce qui fait leur honte, ils ne pensent qu’aux choses de la terre. Mais notre cité à nous est dans les cieux, d’où nous attendons aussi comme Sauveur le Seigneur Jésus-Christ » (Phil. 3.18-20). Qu’est-ce qui permet qu’on ne pense pas uniquement aux choses de la terre ? C’est le fait qu’on est citoyen des cieux. (Or, quel citoyen n’a pas droit d’entrer dans le pays dont il est citoyen ?) « Affectionnez-vous aux choses d’en haut, et non à celles qui sont sur la terre… Faites donc mourir les membres qui sont sur la terre, l’impudicité, l’impureté, les passions, les mauvais désirs, et la cupidité » (Colossiens 3.2,5).

Les membres de la « grande foule » n’auraient-ils pas droit de trouver dans une espérance céleste le courage de persévérer face à la persécution et aux diverses épreuves ? Car, c’est exactement la sorte d’encouragement qui est proposé du début à la fin du Nouveau Testament. Jésus dit en Matthieu 5.11,12 : « Heureux serez-vous, lorsqu’on vous outragera, qu’on vous persécutera et qu’on dira faussement de vous toute sorte de mal, à cause de moi. Réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse, parce que votre récompense sera grande dans les cieux ; car c’est ainsi qu’on a persécuté les prophètes qui ont été avant vous. » Pierre parle de la joie du chrétien qui est éprouvé : « C’est là ce qui fait votre joie, quoique maintenant, puisqu’il le faut, vous soyez attristés par diverses épreuves » (1 Pi. 1.6). Et qu’est-ce qui fait cette joie ? « Nous avons ainsi une espérance vivante et pouvons nous réjouir des biens que Dieu réserve aux siens. Ce sont des biens qui ne peuvent ni se gâter, ni se salir, ni perdre leur éclat. Dieu les réserve dans les cieux pour vous » (1 Pi. 1.3,4, FC).

Que deviendra la terre ?

Avant de regarder de plus près le texte en Apocalypse qui a été notre point de départ, il serait bien de considérer le sort de la terre. Les Témoins de Jéhovah enseignent qu’elle sera transformée en paradis et continuera d’être habitée. Ils citent souvent Ésaïe 45.18 qui dit : « Car ainsi parle l’Éternel, le créateur des cieux, le seul Dieu, qui a formé la terre, qui l’a faite et qui l’a affermie, qui l’a créée pour qu’elle ne fût pas déserte, qui l’a formé pour qu’elle fût habitée : Je suis l’Éternel, et il n’y en a point d’autre. » Certes, Dieu a créé la terre pour qu’elle soit habitée, mais ce verset ne dit rien concernant la durée de son existence. De la même manière, je pourrais dire que ma femme m’a cousu une chemise pour que je la porte et non pour que je la laisse au placard pour être gâtée par les mites. Mais le fait que je porte la chemise comme ma femme l’a voulu ne veut pas dire que cette chemise restera pour toujours. La Bible elle-même fait une comparaison entre la terre et un habit usé : « Toi, Seigneur, tu as au commencement fondé la terre, et les cieux sont l’ouvrage de tes mains ; ils périront, mais tu subsistes ; ils vieilliront tous comme un vêtement. Tu les rouleras comme un manteau et ils seront changés ; mais toi, tu restes le même et tes années ne finiront point » (Hébreux 1.10-12). Jésus, aussi, dit catégoriquement que « le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point » (Matt. 24.35). Ces passages, parlent-ils simplement, comme le prétendent certains, du système actuel des choses, de la société humaine et des structures politiques que nous connaissons ? Après tout, disent-ils, quand Dieu a « détruit » le monde par le déluge au temps de Noé, la planète est restée intacte tout en étant purifiée des hommes pécheurs et leurs œuvres. En fait, ce ne sont pas seulement les œuvres des hommes qui sont destinées à passer. Non, tout ce que nous voyons de nos yeux n’est que passager. Voilà pourquoi l’espérance d’une demeure céleste nous est si précieuse. « Car nos légères afflictions du moment présent produisent pour nous, au-delà de toute mesure, un poids éternel de gloire, parce que nous regardons, non point aux choses visibles, mais à celles qui sont invisibles ; car les choses visibles sont passagères, et les invisibles sont éternelles. Nous savons, en effet, que, si cette tente où nous habitons [notre corps physique] est détruite, nous avons dans le ciel un édifice qui est l’ouvrage de Dieu, une demeure éternelle qui n’a pas été faite de main d’homme. Aussi nous gémissons dans cette tente, désirant revêtir notre domicile céleste » (2 Cor. 4.17–5.2). Ainsi, c’est la terre, et non seulement les œuvres qu’elle renferme, qui sera détruite : « Le jour du Seigneur viendra comme un voleur ; en ce jour, les cieux passeront avec fracas, les éléments embrasés se dissoudront, et la terre avec les œuvres qu’elle renferme sera consumée » (2 Pierre 3.10).

Une autre explication des textes en Apocalypse

Il est bien de pouvoir reconnaître qu’une interprétation d’un passage biblique est fausse parce qu’elle ne peut pas se concilier avec d’autres enseignements clairs de la Bible. Mais il faut essayer aussi de déterminer le vrai sens du texte. C’est ce que nous voulons faire à l’égard d’Apocalypse 7, qui parle des 144 000 et de la grande foule. De quoi parle au juste ce passage ?

Il est particulièrement important, avant d’aborder un texte dans l’Apocalypse, de tenir compte du contexte du livre entier, et notamment du contexte historique dans lequel l’apôtre Jean l’a écrit.

Le vaste Empire romain qui dominait le monde au temps du Nouveau Testament avait établi le culte des empereurs. Chaque empereur fut déclaré dieu lors de sa mort. On considérait qu’une révolte serait moins probable parmi des gens qui adoraient les chefs de l’empire. On prenait ce culte très au sérieux vers la fin du 1er siècle, et cela fut la cause d’une grande persécution contre l’Église. Brûler un peu d’encens sur l’autel dans le temple de l’empereur et dire qu’il était « Seigneur et Dieu » était vu comme une preuve de loyauté. Refuser de le faire marquait une personne comme irréligieuse et traîtresse. Cette politique rendit inévitable le conflit entre l’Église et l’empire. Pour les chrétiens, Jésus était le seul Seigneur (1 Cor. 8.5,6, Éphésiens 4.4,5 et Actes 4.19).

Les chrétiens devinrent l’objet de la haine, des boycottes économiques, et de la persécution jusqu’à la mort. Les empereurs se sont donné l’objectif de faire disparaître de la terre le nom de chrétien. L’Apocalypse fut écrit aux chrétiens dans cette crise, afin de les exhorter à la patience et les consoler dans leurs souffrances. Il sert également à avertir les ennemis de l’Église de leur destruction. Le livre se rapporte donc surtout au conflit que vivaient ses premiers destinataires.

Dans les versets qui précèdent la mention des 144 000, l’apôtre Jean voit dans sa vision quatre anges qui retiennent les quatre vents de la terre (est, ouest, sud, nord). Dans les livres prophétiques, le vent représente souvent les jugements de Dieu contre une nation méchante (voir par exemple, Jér. 23.19; 49.36; 51.1,2). Ces jugements sont prêts à s’abattre sur les hommes, mais doivent attendre que les serviteurs de Dieu soient marqués. Cette scène suit la même idée qu’une vision donnée au prophète Ézéchiel. Dieu allait punir Jérusalem pour son péché. Mais avant que les destructeurs ne s’élancent, l’ordre fut donné de faire une marque sur le front de tous ceux « qui soupirent et qui gémissent à cause de toutes les horreurs qui s’y commettent. » Le prophète a vu ensuite les destructeurs frapper tous ceux dans la ville qui n’avaient pas une telle marque (Ézéchiel 9.1-7).

En Apocalypse 7, l’ange a ordonné que la destruction de Rome soit retardée jusqu’à ce que les innocents soient marqués. La raison pour cela est la même que dans la vision d’Ézéchiel : Dieu voulait épargner ses serviteurs de la condamnation des pécheurs.

Cette marque ou ce sceau n’est pas un signe physique mis littéralement ou visiblement sur chaque vrai croyant. Notez que les serviteurs de Satan aussi reçoivent une marque (13.16,17; 14.9; 16.2). L’image signifie simplement que les deux chefs dans la grande lutte entre le bien et le mal connaissent leurs serviteurs. Le sceau de Dieu montre que celui qui le porte appartient à Dieu et qu’il est sous la protection de Dieu. Il peut toujours souffrir physiquement dans ce monde et même subir le martyre, mais la mort ne peut lui faire aucun vrai mal ni lui faire perdre sa récompense céleste.

Le nombre de ceux qui reçoivent la marque est de 144 000. Il est composé de 12 000 personnes de chacune des 12 tribus d’Israël. Qui sont ces personnes ?

Faut-il les identifier aux Israélites selon la chair, les Juifs ? Cela est douteux en vue du fait que Jean a déjà deux fois (2.9 et 3.9) refusé le titre de Juifs à des Israélites selon la chair qui, par leur incrédulité, ont perdu leur statut de peuple de Dieu. En plus de cela, le fait que deux tribus (Dan et Éphraïm) ne sont pas mentionnées indique qu’il ne s’agit pas ici des douze tribus littérales de l’Ancien Testament. (Ces deux tribus sont omises peut-être à cause de leur association avec l’apostasie dans l’histoire d’Israël – Juges 18 pour Dan, et la position dominante d’Éphraïm dans le royaume idolâtre d’Israël du Nord.) L’interprétation la plus raisonnable semble être que les 144 000 sont tous ces croyants – juifs et gentils – qui resteraient fidèles face aux persécutions. Il s’agit de l’Israël spirituel, composé de chrétiens de toutes les nations.

Le nombre 144 000 est évidemment symbolique et exprime non pas une limitation, mais le caractère complet de ce qui est compté. Ce nombre est formé à partir du chiffre 12, élevé au carré et multiplié par 1000 : 12 × 12 × 1000 = 144 000. Le chiffre 12 est souvent associé au peuple de Dieu (12 tribus, 12 apôtres, 12 fondements pour la cité céleste – Apoc. 21.14, etc.). Au temps du Nouveau Testament, l’expression « les 12 tribus d’Israël » indiquait la totalité de la communauté juive. Tout chiffre mis au carré garde la même signification avec une intensité plus forte : milliers de milliers, myriades de myriades. Mille est un nombre qui donne l’idée de plénitude. Le nombre 144 000 est simplement une manière de désigner la totalité de l’Église fidèle sur la terre. Au lieu d’exclure beaucoup de chrétiens des bénédictions, comme certains le disent, ce chiffre de plénitude nous assure qu’aucun ne sera oublié.

Ensuite Jean voit une grande foule qui se trouve, non pas sur la terre, comme les 144 000, mais au ciel, « devant le trône ». Les 144 000 sont toujours au milieu des souffrances, mais la grande foule est composée de ceux qui ont déjà vaincu – ils portent les robes blanches des vainqueurs et portent des palmes, signe de joie et d’adoration (Lév. 23.40, Matt. 21.8,9). Le fait qu’ils soient de toute nation, de toute tribu, de tout peuple, et de toute langue, les identifie à ceux qui ont été rachetés par le sang de l’agneau (Apoc 5.9). La foule se réjouit et reconnaît que son salut est dû à la grâce de Dieu, et non pas à son propre mérite.

L’un des vieillards demande à Jean d’où sont venus ceux qui composent la foule. Ce n’est pas pour s’informer, puisque lui-même va donner la réponse. C’est plutôt une manière de nous donner ce renseignement. Ce sont ceux qui sont sortis fidèles et donc victorieux de la tribulation, une multitude purifiée par le sang de Jésus. Dans la présence de Dieu lui-même, tous leurs désirs sont satisfaits. Et Dieu essuie toute larme de leurs yeux. Les souffrances sont oubliées.

En voyant les 144 000, Jean contemple des chrétiens qui devaient bientôt passer par une épreuve, mais sur qui Dieu veillait. En voyant la grande foule, Jean contemple des chrétiens qui sont déjà passés par l’épreuve et qui se trouvent maintenant dans les cieux. Les deux groupes représentent l’Église, mais la perspective a changé. Le premier groupe est l’Église sur terre, le deuxième est l’Église triomphante dans les cieux.

Voilà de quoi encourager tous les chrétiens qui doivent passer par des temps difficiles !

(avec des remerciements à Max DAUNER, auteur de Commentaire sur l’Apocalypse de Jean)

B. B.
(Dans Vol. 11, No. 5)

 

La polygamie

*Si vous trouvez que ce sujet n’est pas pertinent dans votre pays parce que la polygamie ne fait pas partie de vos mœurs, prenez quand même le temps de lire ce numéro. Plusieurs principes dans cette étude s’appliquent à la question du divorce et du remariage. En plus, les idées concernant le mariage sont constamment mises en question dans les sociétés occidentales. Si le mariage homosexuel se fait accepter aujourd’hui dans certains pays, il n’est pas invraisemblable que l’on voie demain des campagnes en faveur du droit de contracter des mariages polygames. Enfin, des immigrants en Europe ou en Amérique qui viennent de pays où le mariage polygame n’est pas accepté se sont mis à pratiquer une forme de polygamie : ils ont une femme et des enfants dans leur pays d’origine, et une autre famille dans leur pays adoptif.


Le problème

De nombreuses personnes en Afrique sont touchées par le problème de la polygamie. Bien que certains hommes continuent de prendre plusieurs femmes, d’autres ont vu que la polygamie est un piège. Les avantages qu’elle semble offrir sont moins importants que les malheurs qu’elle crée.

L’homme pense au prestige, au plaisir que lui procurerait une femme plus jeune et plus belle, et peut-être à l’aide de plusieurs femmes et de leurs enfants dans ses travaux champêtres. Il découvre plutôt que les charges d’une si grande famille dans le monde moderne sont lourdes : frais de scolarité, habillement, ordonnances médicales, nourriture, etc. Il a du mal à supporter les querelles entre ses épouses. Et il se voit toujours en train de mentir dans un effort de ne pas exciter la jalousie de l’une ou de l’autre.

La première femme a peut-être accepté l’idée d’un foyer polygame en pensant à l’aide dans ses devoirs domestiques. La nouvelle femme pensait à la sécurité matérielle et sociale d’un mariage avec un homme déjà établi dans la vie. Chacune s’est retrouvée dans une situation où elle doit lutter contre sa rivale afin d’avoir l’amour et l’argent de son mari pour elle-même et pour ses enfants.

L’enfant, qui n’a pas choisi de naître dans un foyer polygame, se voit négligé par son père, qui a peut-être déjà trop d’enfants pour bien s’occuper d’eux tous. Peut-être que l’enfant est méprisé par sa marâtre. Peut-être qu’il ne reçoit pas les mêmes avantages donnés à ses frères et sœurs parce que sa mère n’est pas la femme préférée.

Il existe sûrement des exceptions, des foyers polygames où l’on trouve une bonne entente, mais les témoignages négatifs abondent. Il suffit de considérer les foyers polygames cités dans la Bible pour trouver une confirmation : Abraham et ses femmes Sara et Agar (Gen. 16.1-6; 21.1-12), Jacob et ses femmes Léa et Rachel (Gen. 29.31–30.24), Elkana et ses femmes Anne et Peninna (1 Sam. 1.1-8) montrent tous le potentiel pour la discorde quand on se marie à plus d’une femme. Dans le cas du roi David, c’étaient les enfants de ses différentes femmes qui perpétuaient et même rendaient violente la rivalité.

La polygamie, pourtant, produit plus que des problèmes de mésentente domestique ; elle représente aussi un problème moral. Les différentes dénominations catholiques et protestantes ont pris toute une gamme de positions face à ce problème. Certaines Églises défendent à leurs membres de prendre plus d’une femme, mais acceptent et baptisent ceux qui se sont mariés à plus d’une femme avant d’entendre l’Évangile. D’autres demandent au polygame de se séparer de toutes ses femmes sauf la première avant de recevoir le baptême. D’autres refusent aux polygames le baptême et la communion, mais leur permettent de jouer un rôle actif dans la vie de l’Église locale. D’autres encore, généralement d’origine africaine, approuvent la polygamie, leurs fondateurs mêmes prenant plusieurs femmes.

Que faut-il enseigner et pratiquer à cet égard ? Comme pour toute autre question de moralité, la Bible seule doit faire autorité. Il est important de signaler dès le départ de nos recherches que Dieu nous dit : « Mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos voies ne sont pas mes voies, dit l’Éternel. Autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre, autant mes voies sont élevées au-dessus de vos voies, et mes pensées au-dessus de vos pensées » (Ésaïe 55.8,9). C’est Dieu seul qui peut nous montrer ce qui est réellement selon la justice, la charité et la sainteté.

Le mariage et l’adultère

La Bible déclare sans équivoque : « Que le mariage soit honoré de tous, et le lit conjugal exempt de souillure, car Dieu jugera les impudiques et les adultères » (Héb. 13.4). Dieu exige que les hommes respectent le mariage, une institution qu’il a lui-même ordonnée. Violer ses principes, c’est souiller quelque chose de pur. Se rendre coupable de l’impudicité (fornication, débauche) ou de l’adultère mérite la condamnation de Dieu. Ceux qui commettent ces péchés se souillent (Marc 7.21-23), doivent être ôtés du milieu de l’Église (1 Cor. 5.11-13), n’hériteront pas le royaume de Dieu (1 Cor. 6.10), pratiquent des œuvres de la chair (Gal. 5.19), et seront jetés dans l’étang de feu (Apoc. 21.8). Il n’est pas étonnant que Paul dise : « Fuyez l’impudicité ! » (1 Cor. 6.18). Au vu d’un si grand danger, nous devons nous garder avec soin de participer à ou d’approuver des actes de péché sexuel.

Mais est-ce que la polygamie est égale à l’adultère ? Voyons de quelle manière la Bible présente la nature du mariage et de l’adultère.

1 Corinthiens 7.2-5 : « Toutefois, pour éviter l’impudicité, que chacun ait sa femme et que chaque femme ait son mari. Que le mari rende à sa femme ce qu’il lui doit, et que la femme agisse de même envers son mari. La femme n’a pas autorité sur son propre corps, mais c’est le mari ; et pareillement, le mari n’a pas autorité sur son propre corps, mais c’est la femme. Ne vous privez point l’un de l’autre, si ce n’est d’un commun accord pour un temps, afin de vaquer à la prière ; puis retournez ensemble, de peur que Satan ne vous tente par votre manque de maîtrise de soi. »

Pour éviter la tentation d’avoir des rapports sexuels en dehors du mariage, la Bible recommande de se marier. Dans le mariage selon Dieu, chaque homme a sa propre femme et chaque femme a son propre mari. Dans le mariage polygame, la femme partage un mari avec d’autres femmes. Selon Dieu, quand un homme se marie, il n’a plus autorité sur son propre corps. Son corps appartient à sa femme, et il a le devoir de satisfaire aux désirs sexuels de sa femme. Le corps de la femme appartient à son mari, et elle a le devoir de satisfaire à ses besoins sexuels. De cette manière les tentations de chercher la satisfaction ailleurs sont diminuées.

Un homme déjà marié n’a plus le droit de donner son corps à une autre femme. Faire une cérémonie de mariage avec l’autre femme ne change pas le fait que la première a l’autorité sur le corps de cet homme. Il est évident que la sexualité devait s’exprimer dans une relation monogame. En dehors de ce cadre, les rapports ne sont pas approuvés de Dieu.

En Matthieu 19.4,5 le Seigneur dit : « N’avez-vous pas lu que le Créateur, au commencement, fit l’homme et la femme et qu’il dit : C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme, et les deux deviendront une seule chair. » En donnant son enseignement sur le mariage Jésus s’est basé sur ce que Dieu avait ordonné au commencement. Il s’agit de l’union permanente de deux personnes, un homme et sa femme. Ces deux deviennent une seule chair. Une troisième personne n’a pas de place dans l’union intime que Dieu a voulue. Il n’y a aucun doute que Dieu a prévu pour l’homme la monogamie. Il n’a créé qu’une femme pour Adam. Bien que les hommes se soient égarés du plan originel, Jésus les rappelle au modèle donné lors de la création.

Romains 7.2,3 dit : « Ainsi, une femme mariée est liée par la loi à son mari tant qu’il est vivant : mais si le mari meurt, elle est dégagée de la loi qui la liait à son mari. Si donc, du vivant de son mari, elle devient la femme d’un autre homme, elle sera appelée adultère ; mais si le mari meurt, elle est affranchie de la loi, de sorte qu’elle n’est point adultère en devenant la femme d’un autre. » La Bible définit l’adultère très clairement dans ce passage. Une femme déjà liée à un homme dans le mariage commet l’adultère en se joignant à un autre homme. Une femme ayant plusieurs maris est forcément adultère.

Est-ce que la femme seule peut se rendre coupable de l’adultère, ou bien est-ce que Dieu exige que l’homme aussi soit fidèle à son conjoint ? Y a-t-il deux mesures différentes de fidélité : une mesure pour la femme qui a droit à un seul mari, et une autre mesure pour l’homme qui peut se permettre toutes les femmes qu’il désire épouser ? En Marc 10.11,12 Jésus dit : « Celui qui répudie sa femme et qui en épouse une autre, commet un adultère à son égard ; et si une femme quitte son mari et en épouse un autre, elle commet un adultère. » Évidemment, la même règle s’applique aux hommes comme aux femmes. Il n’y a pas de distinction qui donne aux hommes un droit qui serait refusé aux femmes. Le même acte rendrait coupable d’adultère homme ou femme.

Notez bien que Jésus dit que l’homme qui répudie sa femme et qui en épouse une autre commet un adultère « à son égard », c’est-à-dire à l’égard de sa femme. L’homme commet l’adultère, non seulement quand il séduit la femme d’autrui, mais aussi quand il n’est pas fidèle à sa propre femme. Si celui qui répudie sa première femme avant de prendre une deuxième commet un adultère à l’égard de la première, il est encore plus sûr que celui qui fait venir à la maison la deuxième femme pendant que la première est toujours avec lui commet aussi un adultère et provoque par son infidélité la jalousie de sa femme légitime.

En Matthieu 19.9 Jésus déclare : « Mais je vous dis que celui qui répudie sa femme, sauf pour infidélité, et qui en épouse une autre, commet un adultère. » La seule cause légitime pour laquelle un homme pourrait prendre une autre femme du vivant de sa première femme est donc l’infidélité de celle-ci. Le mot grec utilisé dans ce verset est « porneia » (« fornicatio » dans la version latine) et signifie un acte sexuel, la fornication. Ainsi, la version TOB rend l’expression dans ce verset « sauf en cas d’union illégale ». Il ne s’agit pas d’une infidélité en matière de religion, mais d’une infidélité sexuelle.

Si un homme divorce d’avec sa femme et en épouse une autre, tandis que la première femme n’avait pas commis la fornication, Dieu ne reconnaît pas ce divorce. Ainsi, cet homme est toujours lié à sa femme et se rend infidèle envers elle en prenant la deuxième. Répudier la femme innocente, c’est du péché, mais ce n’est pas l’adultère. L’adultère se commet en prenant la deuxième femme.

Matthieu 5.32 ajoute que « celui qui répudie sa femme, sauf pour cause d’adultère, l’expose à devenir adultère, et celui qui épouse une femme répudiée commet un adultère ». Cet élément s’accorde avec la manière dont nous avons déjà présenté les liens du mariage. Si un homme divorce d’avec sa femme pour une cause quelconque, c’est-à-dire quand elle n’a pas commis d’adultère, il la prive des rapports sexuels (et de son soutien matériel) et la met dans une situation ou elle sera tentée d’avoir des rapports avec un autre homme ou même de se marier à un autre. Puisque Dieu ne reconnaît pas leur droit de se divorcer, ils sont toujours liés par le mariage. Le fait d’avoir des rapports avec un autre homme après ce divorce non reconnu par Dieu serait un adultère. L’homme qui épouse la femme ainsi divorcée se rend coupable aussi en prenant une femme qui est toujours mariée aux yeux de Dieu.

Quand on est lié à un conjoint par le mariage, on n’a le droit ni au mariage ni aux rapports sexuels avec d’autres personnes. Toute violation de ce principe est un adultère.

Quelques objections à la condamnation de la polygamie

Certaines objections peuvent venir à l’esprit quand il est dit que la polygamie est un péché. Examinons-les pour voir si elles pourraient annuler les principes que nous venons de présenter.

– En voyant que l’on ne trouve ni le terme « polygame » ni l’exemple d’un polygame dans le Nouveau Testament, certains chrétiens ont cru que la Bible se tait sur le sujet et que nous ne pouvons donc pas condamner la polygamie.

Mais est-ce que la Bible est silencieuse au sujet de ce que Dieu accepte dans le mariage ? Loin de là. Elle montre clairement que c’est le mariage monogame que Dieu approuve, et elle définit avec suffisamment de précision ce qui constitue l’adultère. Le mariage à plusieurs femmes ne correspond pas à ce que Dieu ordonne (les deux deviendront une seule chair), mais plutôt à ce qu’il condamne (qui en épouse une autre commet un adultère).

– Certaines personnes soutiennent la polygamie en se référant à des hommes de Dieu dans l’Ancien Testament qui étaient polygames (Abraham, Jacob, David, etc.). Si Dieu leur a permis d’avoir plusieurs femmes et ne les a pas condamnés, se disent-ils, pourquoi dirait-on maintenant que c’est un péché ? C’est une question tout à fait naturelle.

Les pharisiens ont posé une telle question quand Jésus leur disait de ne pas divorcer d’avec leurs femmes (« Que l’homme donc ne sépare pas ce que Dieu a joint »). « Pourquoi donc, lui dirent-ils, Moïse a-t-il prescrit de donner à la femme une lettre de divorce et de la répudier ? Jésus leur répondit : C’est à cause de la dureté de votre cœur que Moïse vous a permis de répudier vos femmes ; au commencement, il n’en était pas ainsi. Mais je vous dis que celui qui répudie sa femme, sauf pour infidélité, et qui en épouse une autre commet un adultère » (Matt. 19.6-9). Dieu avait permis certains éloignements de sa volonté sur le plan du mariage, mais Jésus déclarait que cela ne serait plus le cas. Rappelons-nous que toute autorité lui a été donnée (Matt. 28.18). C’est sous le Nouveau Testament que nous vivons (Héb. 8.6-13).

– Un autre argument offert en faveur de la tolérance de la polygamie est basé sur la culture. On peut remarquer que dans une culture donnée, on ne considère pas qu’un homme marié qui épouse d’autres femmes tout en gardant la première commet un acte d’infidélité. Si en Afrique on ne pense pas que la polygamie soit un adultère, les chrétiens ne doivent pas imposer aux Africains la conception européenne ou américaine du mariage.

Dans chaque société, qu’elle soit africaine, occidentale, ou asiatique, on trouve des valeurs communes et des pratiques répandues qui sont condamnées par Dieu. C’est pourquoi le chrétien, où qu’il se trouve, est appelé à sortir du monde et faire partie d’un peuple séparé (1 Cor. 6.17). Afin d’être le peuple de Dieu, il faut accepter une moralité plus élevée que celle de nos voisins qui sont du monde.

Il y a, en plus de la polygamie, beaucoup de pratiques et de valeurs relatives au mariage qui sont contraires aux enseignements du Christ et de ses apôtres. Par exemple, beaucoup s’attendent à ce qu’un homme fréquente des copines ou même des prostituées si sa femme est en voyage, parce que, se disent-ils, « les hommes sont faits comme ça ». Encore, certaines cultures acceptent difficilement que la stérilité d’une femme n’est pas une cause légitime pour le divorce. Dans la société actuelle, la majorité des jeunes rejettent l’idée qu’il faut attendre le mariage avant d’avoir des rapports sexuels. Toutes ces attitudes sont contraires aux principes bibliques. L’Église doit tenir courageusement aux commandements de Dieu. « Ne vous conformez pas au siècle présent, mais soyez transformés par le renouvellement de l’intelligence, afin que vous discerniez quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, agréable et parfait » (Rom. 12.2).

Ce n’est pas la société occidentale qui nous pousse à croire que la Bible enseigne la monogamie. C’est l’influence de la Bible qui a amené la société occidentale à croire que le mariage doit être monogame. L’Afrique doit bénéficier de la même bonne influence.

La repentance

La polygamie, étant une forme d’adultère, est bien un péché que Dieu jugera, qui exclut le coupable du royaume de Dieu, et qui doit être pardonné pour que l’homme accède au ciel. Le polygame, peut-il recevoir le pardon de Dieu et être sauvé ? Bien sûr. Mais on ne peut pas parler de pardon sans parler de la repentance.

En envoyant ses disciples évangéliser le monde entier, Jésus a bien parlé de la nécessité de croire et d’être baptisé pour être sauvé (Marc 16.15,16), mais il a aussi parlé de la repentance : « Il leur dit : Ainsi il est écrit que le Christ souffrirait, et qu’il ressusciterait des morts le troisième jour, et que la repentance et le pardon des péchés seraient prêchés en son nom à toutes les nations, à commencer par Jérusalem » (Luc 24.46,47). Nous voyons donc l’accent mis sur la repentance dans la prédication des apôtres. Pierre prêcha : « Repentez-vous donc et convertissez-vous, pour que vos péchés soient effacés » (Actes 3.19).

Quand on se repent de ses péchés, on cesse de les pratiquer. La repentance est la ferme résolution que l’on prend de changer sa pensée et son comportement. Étant triste devant l’iniquité de ses actes, on se repent (2 Cor. 7.10). Cette repentance produit par la suite des fruits qui en sont dignes, un comportement nouveau (Matt. 3.8). Celui qui vole s’arrête de voler et si possible restitue ce qu’il a pris (Luc 19.7-9). Celui qui adore les idoles s’en débarrasse. Celui qui s’enivre renonce à l’ivresse. Et celui qui commet l’adultère cesse d’avoir des rapports avec d’autres femmes que sa femme légitime, sa première.

En Marc 6.17,18 nous lisons que le roi Hérode fit arrêter Jean-Baptiste « à cause d’Hérodias, femme de Philippe, son frère, parce qu’il l’avait épousée, et que Jean lui disait : Il ne t’est pas permis d’avoir la femme de ton frère ». Pour se soumettre à la prédication de Jean, il n’aurait pas suffi pour Hérode de simplement renoncer à épouser d’autres femmes de ses frères à l’avenir. Jean s’attendait à ce qu’Hérode se sépare d’Hérodias. Il n’a pas dit : « Il ne t’était pas permis de la prendre », mais : « Il ne t’est pas permis de l’avoir. »

Est-ce que Dieu exigerait réellement à un homme de répudier des femmes qu’il a épousées et avec qui il a fait des enfants ? Si l’homme n’avait pas le droit de les épouser au départ, oui. C’est ce qui a été exigé au temps d’Esdras. En Esdras chapitre 9 il est dit que des hommes parmi les Juifs revenus en Israël après la captivité babylonienne avaient péché en prenant pour femmes des filles parmi les peuples païens qui les entouraient. Esdras 10.44 ajoute que « plusieurs en avaient eu des enfants ». Or, la loi de Moïse avait formellement interdit de tels mariages. Le chapitre 10 montre ce que ces hommes décidèrent de faire quand ils virent leur faute. Ils dirent : « Faisons maintenant une alliance avec notre Dieu pour le renvoi de toutes ces femmes et de leurs enfants, selon l’avis de mon seigneur et de ceux qui tremblent devant les commandements de notre Dieu. Et que l’on agisse d’après la loi » (Esdras 10.3). Évidemment, comme il a déjà été dit, nous ne vivons plus sous la loi de Moïse. Ce cas n’est pas cité pour que l’on applique cette loi contre le mariage avec d’autres ethnies. Mais le récit nous montre que la repentance d’un mariage interdit par Dieu exige la séparation. De la même manière, on ne peut pas se repentir du péché de la polygamie et continuer de vivre dans la polygamie.

Quelques objections à l’exigence de se séparer de toute sauf la première femme

Certains chrétiens acceptent le fait que la polygamie n’est pas conforme à la volonté de Dieu, mais croient que celui qui a déjà plus d’une femme avant de devenir chrétien doit garder toutes ses femmes après sa conversion. Examinons les arguments qui sont avancés.

– L’apôtre Paul dit en 1 Cor. 7.24 : « Que chacun, frères, demeure devant Dieu dans l’état où il était lorsqu’il a été appelé. » Au verset 27 il dit même : « Es-tu lié à une femme, ne cherche pas à rompre ce lien. » On conclut donc que le polygame ne doit pas rompre les liens avec ses multiples femmes, mais plutôt demeurer dans l’état où il était quand il a été appelé. (On ne souligne pas, pourtant, que la deuxième partie du verset 27 dit : « N’es-tu pas lié à une femme, ne cherche pas une femme, » ce qui empêcherait au chrétien célibataire de pouvoir se marier.)

Si l’on ne considère pas le contexte de ce chapitre, on risque de mettre la Bible en contradiction avec elle-même. Si le verset 24 n’est pas qualifié par le contexte, il enlève la nécessité de toute repentance. L’homosexuel, le brigand, l’idolâtre, et le rebelle à ses parents auraient tous à demeurer dans leur état de péché. Mais en réalité, Paul parle de conditions qui ne sont pas pécheresses. Les exemples qu’il cite sont l’état circoncis ou incirconcis, l’état esclave ou libre, et l’état marié ou célibataire. On n’a pas besoin de s’inquiéter, car on peut servir Dieu de manière acceptable dans n’importe lequel de ces états. Un état d’adultère n’est pas en vue dans ces versets.

– D’autres attachent beaucoup d’importance au fait que celui qui aspire à la charge d’évêque doit être, selon 1 Timothée 3.2 et Tite 1.6, « mari d’une seule femme ». On définit cette expression comme « non-polygame ». On suppose donc qu’il y avait des hommes polygames dans les Églises et que cela était acceptable tant que ces hommes ne cherchaient pas à devenir évêques.

Au moins deux problèmes enlèvent la force de cette objection. Premièrement, le fait de préciser un péché qui disqualifie un homme de la charge d’évêque ne signifie pas que ce péché était tolérable chez les membres « ordinaires » de l’Église. Au contraire, il y a une correspondance remarquable entre les listes de péchés dans la discussion de la discipline en 1 Corinthiens 5 et celle des qualifications des évêques en 1 Timothée 3 et Tite 1. Paul dit à l’Église en 1 Corinthiens 5.11 de ne pas avoir de relations avec un soi-disant frère qui serait impudique, cupide, outrageux, ivrogne ou ravisseur. On ne devait pas tolérer ces péchés dans l’Église. Et pourtant, Paul se donne la peine de disqualifier ces mêmes personnes du ministère de l’évêque. On doit s’éloigner du frère cupide, et choisir comme évêque un homme « désintéresse » (littéralement, « n’aimant pas l’argent » ; la version TOB dit « ni cupide »). On doit s’éloigner du frère outrageux (insulteur), et choisir comme évêque un homme qui n’est pas « coléreux », mais plutôt « pacifique ». On doit s’éloigner du frère ivrogne, et choisir comme évêque un homme qui n’est pas « adonné au vin » (la version TOB dit « buveur »). On doit s’éloigner du frère ravisseur (voleur, filou) et choisir comme évêque un homme qui n’est pas « porté à un gain déshonnête ». De même, il faut s’éloigner du frère impudique, et choisir comme évêque un homme qui est « mari d’une seule femme ». Paul ne suppose nullement que ces différents péchés seront tolérés parmi les chrétiens. Il insiste seulement sur la pureté morale qui doit caractériser ceux qui sont chargés de surveiller le troupeau de Dieu. Comment pourraient-ils conduire et parfois corriger les autres si eux-mêmes vivaient en violation des lois de Dieu ?

Le deuxième problème dans le raisonnement cité plus haut est la définition de « mari d’une seule femme ». En fait, le terme n’est pas simplement le contraire de polygame. Les mots qui sont utilisés en grec sont très généraux : « un homme » (pas « un mari ») « à une seule femme » (pas « à une seule épouse »). L’expression disqualifie en même temps le polygame, l’adultère, et celui qui répudie sa femme pour autre cause que la fornication et qui en épouse une autre ; l’expression ne se réfère pas exclusivement à la polygamie. En effet, Paul utilise l’inverse exact de cette expression en 1 Timothée 5.9 où il dit qu’une veuve soutenue par l’Église devait avoir été « femme d’un seul mari ». Ce n’est pas que certaines femmes avaient eu plusieurs maris à la fois ; Paul parle simplement de la fidélité envers son conjoint.

L’évangélisation

Pour beaucoup de chrétiens, le vrai problème en ce qui concerne la polygamie, c’est l’évangélisation. Ils trouvent que l’exigence de renoncer à la polygamie est un obstacle insurmontable au salut de ceux qui ont déjà plus d’une femme. On veut annoncer une bonne nouvelle, mais on se voit plutôt comme celui qui vient pour briser un foyer. On veut que ses parents ou ses amis polygames se donnent au Seigneur, mais on est certain qu’ils rejetteront l’Évangile s’ils doivent se séparer de leurs femmes.

Certes, on ne trouve aucun plaisir à informer quelqu’un que son mariage n’est pas acceptable devant Dieu. On a raison de penser qu’il lui serait très difficile de changer de vie. Pourtant, cela ne doit pas nous empêcher d’enseigner, avec de la prière et de l’amour sincère, ce que la Parole de Dieu demande. Nous devons être convaincus que quiconque peut se repentir du péché et devenir enfant de Dieu (1 Tim. 1.15,16). Ce n’est pas à nous de décider qu’une personne n’obéirait pas à la volonté de Dieu, et donc refuser de lui annoncer la bonne nouvelle. De nombreuses personnes que l’on aurait cru trop enfoncées dans le péché pour changer sont aujourd’hui des chrétiens fidèles. Il y a des anciens polygames qui se sont repentis et sont devenus par la suite des prédicateurs de l’Évangile. Ce n’est pas à nous non plus de diluer la Parole pour faciliter la « conversion » (2 Tim. 4.1-5).

Au premier siècle la persécution contre l’Église était très sévère. Ne pas participer aux cultes païens pouvait exclure le chrétien entièrement de la vie économique et sociale. Jésus condamnait pourtant ceux qui encourageaient le compromis parmi les chrétiens (Apoc. 2.19-23). Devenir chrétien quand l’Empire romain avait déclaré la guerre contre l’Église, c’était choisir l’emprisonnement, l’enlèvement des biens, et parfois la mort. Les premiers chrétiens continuaient pourtant de prêcher au nom de Jésus. Ils n’ont pas modifié le message et ils n’ont pas raisonné que leurs auditeurs trouveraient la vie chrétienne trop difficile.

B. B.
(Dans Vol. 11, No. 4)

Israël

Voici les questions qu’un chrétien est souvent amené à se poser concernant Israël :

  • La formation de l’État d’Israël a-t-elle une signification religieuse pour un chrétien ?
  • Sommes-nous, à notre époque, les témoins de l’accomplissement d’une prophétie biblique concernant le retour des Juifs en Palestine ?
  •  Le peuple juif est-il encore le peuple de Dieu dans le sens du peuple élu de l’Ancien Testament ?

Nous voulons répondre à ces questions aussi clairement que possible. Pour cela, il faut se servir de la Bible et remonter à la source où tout a commencé, c’est-à-dire jusqu’à Abraham, l’ami de Dieu.

Voici la première promesse faite à cet ancêtre du peuple juif, alors qu’il s’appelait encore Abram :

« L’Éternel dit à Abram : Va-t’en de ton pays, de ta patrie et de la maison de ton père, dans le pays que je te montrerai. Je ferai de toi une grande nation, et je te bénirai ; je rendrai ton nom grand, et tu seras une source de bénédiction. Je bénirai ceux qui te béniront, et je maudirai ceux qui te maudiront ; et toutes les familles de la terre seront bénies en toi. Abram partit comme l’Éternel le lui avait dit […] Abram parcourut le pays jusqu’au lieu nommé Sichem, jusqu’aux chênes de Moré. Les Cananéens étaient alors dans le pays. L’Éternel apparut à Abram et dit : Je donnerai ce pays à ta postérité. » (Genèse 12.1-4,6,7)

C’est ici la première promesse explicite relative au pays de Canaan. Plus tard, cette même promesse sera renouvelée, mais en des termes encore plus forts :

« Lève les yeux, et, du lieu où tu es, regarde vers le nord et le sud, vers l’est et l’ouest ; car tout le pays que tu vois, je le donnerai à toi et à ta postérité pour toujours. […] Lève-toi, parcours le pays dans sa longueur et dans sa largeur ; car je te le donnerai. » (Genèse 13.14-17)

Selon la promesse, ce pays appartiendrait à Abraham. C’est d’ailleurs là que reposent ses cendres en attendant la résurrection. Mais ce pays n’était pas une fin en soi. Il ne constituait pas le but suprême. C’est souvent ce que l’on oublie lorsqu’on évoque ce sujet. Le pays de Canaan n’était que le symbole du Royaume que Dieu donnera en partage à tous ses élus. Il est d’ailleurs intéressant de lire l’Épître aux Hébreux sur ce point, dans le Nouveau Testament. Au chapitre 11, il est révélé que

« … c’est par la foi qu’il [Abraham] vint s’établir dans la terre promise comme dans une terre étrangère, habitant sous des tentes, ainsi qu’Isaac et Jacob, les cohéritiers de la même promesse. Car il attendait la cité qui a de solides fondements, celle dont Dieu est l’architecte et le constructeur. » (Héb. 11.9,10)

Abraham comme ses descendants se sentait « étranger et voyageur sur la terre ». Leurs pérégrinations montrent qu’ils cherchaient une patrie. Or il est écrit que

« … s’ils avaient eu en vue celle d’où ils étaient sortis, ils auraient eu le temps d’y retourner. Mais maintenant ils en désirent une meilleure, c’est-à-dire une céleste. C’est pourquoi Dieu n’a pas honte d’être appelé leur Dieu, car il leur a préparé une cité. » (Hébreux 11.15,16)

Trois erreurs fondamentales

Ceux qui aujourd’hui prétendent que la réintégration de la Palestine par les Juifs est l’accomplissement de la promesse faite à Abraham commettent trois erreurs fondamentales :

  1. Ils font de la Palestine le but suprême. Le Paradis en quelque sorte. Ce n’était certes pas l’avis des patriarches comme nous venons de le voir, car ils avaient en vue quelque chose de meilleur.
  2. Ils ne semblent pas avoir lu dans leur Bible que la promesse faite à Abraham a déjà été réalisée dans sa totalité.
  3. Ils oublient aussi la réalisation profondément spirituelle de cette promesse.

Mais revenons à une autre répétition de cette promesse en Genèse 15. Elle comporte un élément prophétique très intéressant. En effet,

« En ce jour-là, l’Éternel fit alliance avec Abram et dit : Je donne ce pays à ta postérité depuis le fleuve d’Égypte jusqu’au grand fleuve, au fleuve d’Euphrate. » (Genèse 15.18)

Certains font remarquer que cette promesse n’est pas encore totalement réalisée puisque les Israélites n’ont jamais occupé un territoire aussi vaste que celui que Dieu avait promis, à savoir du fleuve de l’Égypte jusqu’au fleuve d’Euphrate. Ceux qui font cette remarque se plaisent évidemment à voir dans les événements du Moyen-Orient l’accomplissement définitif de cette promesse. Ils n’ont apparemment pas lu le texte biblique qui les renseigne pourtant suffisamment. En effet, après leur sortie d’Égypte sous la conduite de Moïse, après avoir retrouvé leur terre promise, Josué, successeur de Moïse, déclare dans son livre « que l’Éternel donna à Israël tout le pays qu’il avait juré de donner à leurs pères ; ils en prirent possession et s’y établirent » (Josué 21.43).

N’est-il pas écrit en outre que

« Salomon dominait encore sur tous les royaumes depuis le fleuve [Euphrate] jusqu’au pays des Philistins et jusqu’à la frontière d’Égypte » (1 Rois 4.21) !?

Où se trouvent donc ces promesses non encore réalisées ? N’est-ce pas faire preuve d’obstination insensée que de vouloir prétendre que Dieu n’a pas encore tenu toute sa promesse sur cette question territoriale alors que la Bible dit expressément :

« De toutes les bonnes paroles que l’Éternel avait dites à la maison d’Israël, aucune ne resta sans effet : toutes s’accomplirent. » (Josué 21.45)

Nous savons qu’à cause de l’infidélité du peuple, Dieu permit qu’il soit déporté par les Babyloniens et tenu prisonnier pendant 70 ans ; Moïse et Josué et les prophètes avaient mis le peuple en garde : Dieu le chasserait du pays et le disperserait sur la face de la terre s’ils s’écartaient de sa loi. La promesse devenait conditionnelle.

« Lorsque tu auras des enfants, et des enfants de tes enfants, et que vous serez depuis longtemps dans le pays, si vous vous corrompez, si vous faites des images taillées, des représentations de quoi que ce soit, si vous faites ce qui est mal aux yeux de l’Éternel, votre Dieu, pour l’irriter – j’en prends aujourd’hui à témoin contre vous le ciel et la terre – vous disparaîtrez par une mort rapide du pays dont vous allez prendre possession au-delà du Jourdain, vous n’y prolongerez pas vos jours, car vous serez entièrement détruits. L’Éternel vous dispersera parmi les peuples, et vous ne resterez qu’un petit nombre au milieu des nations où l’Éternel vous emmènera. » (Deutéronome 4.25-27)

« Soyez certains que l’Éternel, votre Dieu, ne continuera pas à chasser ces nations devant vous […] jusqu’à ce que vous ayez péri de dessus ce bon pays que l’Éternel, votre Dieu, vous a donné. » (Josué 23.13)

C’est ce qui se produisit. Une partie du peuple réintégra la Palestine, mais dix tribus étaient perdues.

Il est vrai que plusieurs passages de l’Ancien Testament prédisent un retour des Juifs dans leur patrie. Nous lisons, par exemple, en Ésaïe 43.5,6 :

« Ne crains rien, car je suis avec toi ; je ramènerai ta descendance de l’est, et je te rassemblerai de l’ouest. Je dirai au nord : Donne ! Et au sud : Ne retiens point ! Fais venir mes fils des pays lointains, et mes filles de l’extrémité de la terre. »

Mais ces prophéties d’un retour vers la Palestine ont déjà trouvé, elles aussi, leur accomplissement. Elles se rapportent, en effet, à ce qui s’est passé à la fin des 70 ans de la captivité des Juifs en Babylonie, entre 606 et 536 av. J.‑C. Ceci est très souvent évident quand on regarde le contexte des prophéties. Pour ce qui est du passage que nous venons de citer en Ésaïe 43, on peut lire quelques versets plus loin :

« Voici ce que le Seigneur déclare, lui qui prend votre cause en main, lui le Saint d’Israël : Par amour pour vous j’envoie quelqu’un à Babylone pour faire tomber tous les verrous. Alors, chez les Babyloniens, les cris de joie se changeront en lamentations. » (v. 14, Bible de Jérusalem)

Après avoir châtié son peuple, Dieu suscita les Mèdes et les Perses qui renversèrent l’Empire babylonien et permirent aux Juifs de regagner Jérusalem et reconstruire le temple de l’Éternel. Il donna ainsi à son peuple une autre occasion de se montrer fidèle.

Malheureusement, installés de nouveau dans le pays de Palestine, les Israélites se rebellèrent contre Dieu et provoquèrent encore sa colère. Dans leur ensemble, ils rejetèrent le plus grand envoyé de Dieu, son Fils unique, Jésus-Christ. Les conséquences en furent énormes. Jésus pensait à ces conséquences quand il entra dans la ville de Jérusalem le dimanche avant sa crucifixion :

« Quand Jésus fut près de la ville et qu’il la vit, il pleura sur elle, en disant : Si seulement tu comprenais toi aussi, en ce jour, ce qui peut te donner la paix ! Mais maintenant, cela t’est caché, tu ne peux pas le voir ! Car des jours vont venir pour toi où tes ennemis t’entoureront d’ouvrages fortifiés, t’assiégeront et te presseront de tous côtés. Ils te détruiront complètement, toi et ta population ; ils ne te laisseront pas une seule pierre posée sur une autre, parce que tu n’as pas reconnu le temps où Dieu est venu te secourir ! » (Luc 19.41-44, Français courant)

Un peu plus tard, Jésus raconta la parabole des vignerons méchants qui refusèrent de donner au propriétaire (Dieu) le produit de sa vigne (Matthieu 21.33-44). Le maître leur envoya des serviteurs (les prophètes), mais les vignerons battirent l’un, tuèrent l’autre, et lapidèrent le troisième. Quand le propriétaire envoya son propre fils (Jésus), ils se saisirent de lui, le jetèrent hors de la vigne, et le tuèrent. Le maître fit donc périr ces misérables et loua la vigne à d’autres vignerons. Jésus en a fait l’application : « C’est pourquoi, je vous le dis, le royaume de Dieu vous sera enlevé et sera donné à une nation qui en rendra les fruits » (Matt 21.43). Le pays de Palestine, la ville de Jérusalem, et la position privilégiée de peuple de Dieu n’appartiendraient plus spécialement aux Juifs. Et cette fois-ci, quand les Romains détruiraient la ville, massacreraient la population et banniraient les survivants, aucune promesse d’un retour éventuel ne serait donnée.

La postérité d’Abraham

Abordons maintenant la réalisation profonde, spirituelle, de la promesse faite à Abraham. Ici je vous demande de prêter particulièrement attention à ce texte que nous tirons de la lettre de Paul aux Galates :

« Comme Abraham crut à Dieu, et que cela lui fut imputé à justice, reconnaissez donc que ce sont ceux qui ont la foi qui sont fils d’Abraham. Aussi l’Écriture, prévoyant que Dieu justifierait les païens par la foi, a d’avance annoncé cette bonne nouvelle à Abraham : Toutes les nations seront bénies en toi ! de sorte que ceux qui croient sont bénis avec Abraham le croyant. […] Or les promesses ont été faites à Abraham et à sa postérité […] c’est-à-dire à Christ. […]

Car vous êtes tous fils de Dieu par la foi en Jésus-Christ ; vous tous qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu Christ. Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni libre, il n’y a plus ni homme ni femme ; car tous vous êtes un en Jésus-Christ. Et si vous êtes à Christ, vous êtes donc la postérité d’Abraham, héritiers selon la promesse. » (Galates 3.6-9,16,26-29)

Cette déclaration de l’apôtre montre clairement que les Juifs ne sont plus le peuple élu de Dieu. Il n’y a plus désormais de distinction entre Juif et païen (Actes 10.34,35). S’ils croient en Christ, Dieu leur accorde la même grâce. L’Israël de Dieu n’est plus uniquement la nation juive circoncise dans sa chair.

« Le Juif, ce n’est pas celui qui en a les dehors ; et la circoncision, ce n’est pas celle qui est visible dans la chair. Mais le Juif, c’est celui qui l’est intérieurement ; et la circoncision, c’est celle du cœur, selon l’esprit et non selon la lettre. La louange de ce Juif ne vient pas des hommes, mais de Dieu. » (Romains 2.28,29)

L’Israël de Dieu est le peuple des sauvés en Christ, composé de toutes les races et de toutes les nations, portant en lui la marque de l’Esprit de Christ.

« Car ce n’est rien que d’être circoncis ou incirconcis ; ce qui est quelque chose, c’est d’être une nouvelle créature. Paix et miséricorde sur tous ceux qui suivront cette règle, et sur l’Israël de Dieu ! » (Galates 6.15,16)

« Car les circoncis, c’est nous, qui rendons à Dieu notre culte par l’Esprit de Dieu, qui nous glorifions en Jésus-Christ, et qui ne mettons point notre confiance en la chair. » (Philippiens 3.3)

Lorsque Pierre écrit : « Vous êtes une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple acquis », ce n’est pas à la nation juive qu’il s’adresse, mais au peuple des chrétiens. Il ajoute d’ailleurs : « Vous qui autrefois n’étiez pas un peuple [parce qu’ils étaient païens] et qui maintenant êtes le peuple de Dieu » (1 Pierre 2.9,10).

Cette vérité Jésus l’avait annoncé en parabole en Jean 10 :

« J’ai encore d’autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie [les païens]. Celles-là, il faut que je les amène ; elles entendront ma voix, et il y aura un seul troupeau, un seul berger. » (v. 16)

La même vérité est enseignée en Éphésiens 2.13,14, où Paul dit aux chrétiens d’origine païenne :

« Mais maintenant, en Jésus-Christ, vous qui étiez jadis éloignés, vous avez été rapprochés par le sang de Christ. Car il est notre paix, lui qui des deux n’en a fait qu’un, et qui a renversé le mur de séparation. »

Il n’y a ni Juif ni païen

Il est évident que tout ce qui précède ne signifie pas que Dieu a rejeté le peuple juif. Paul met ses lecteurs en garde contre une telle pensée. L’idée principale en Romains 11 est que le rejet d’Israël n’est ni total ni inaltérable. Dans ce chapitre Paul répond à la question : Dieu a-t-il rejeté son peuple ? C’est-à-dire, l’a-t-il rejeté en bloc et pour toujours ? À cette question la réponse est « loin de là », « pas du tout ». Leur rejet n’est pas total puisqu’il y avait des Juifs qui étaient sauvés (l’apôtre Paul lui-même par exemple), et puisque la porte leur resterait ouverte pour accepter l’Évangile.

Une illustration que Paul emploie pour soutenir ses idées est celle de l’olivier. Si la racine de l’arbre était bonne, tout l’arbre serait bon. L’arbre, le peuple de Dieu, avait pour racine Abraham. La racine était sainte. L’arbre entier, donc, la postérité d’Abraham, était saint également. Certaines branches de l’arbre, des Juifs, avaient été retranchées à cause de leur incrédulité. Ils n’étaient plus du peuple de Dieu. Des branches d’olivier sauvage, des païens, furent greffées à leur place à cause de leur foi. Les païens ne devaient pas être orgueilleux, cependant, mais plutôt se rappeler que le salut avait été donné à travers le peuple juif. Les branches dépendent de la racine. En plus, si les branches naturelles pouvaient être retranchées, certainement les branches de l’olivier sauvage pouvaient être retranchées aussi. Elles ne subsistaient que par leur foi. (Leur salut n’était pas inconditionnel, mais dépendait de leur fidélité.)

La leçon principale à tirer de la comparaison est que les branches naturelles, les Juifs, pourraient être greffées à nouveau sur l’arbre – à condition de ne pas persister dans l’incrédulité : « S’ils ne persistent pas dans l’incrédulité, ils seront greffés ; car Dieu est puissant pour les greffer de nouveau » (v. 23). Cette condition est donnée si clairement qu’il est étonnant de trouver ceux qui considèrent que les Juifs sont sauvés, qu’ils soient chrétiens ou pas.

Au verset 25 Paul dit à ses lecteurs « un mystère », c’est-à-dire une vérité qui n’avait pas été révélée auparavant et qui ne pourrait pas être découverte par la simple sagesse humaine. La traduction de ce qui suit est malheureuse dans la plupart des versions, qui la rendent : « Une partie d’Israël est tombée dans l’endurcissement. » Cela n’était pas un secret. N’importe qui aurait pu constater cette réalité. La traduction de J. N. Darby est plus fidèle à l’original : « Un endurcissement partiel est arrivé à Israël. » L’idée essentielle est que l’endurcissement d’Israël incrédule ne serait pas total. Il ne conduirait pas à la destruction du peuple juif, comme cela avait été le cas pour les autres qui avait subi « l’endurcissement judiciaire de Dieu ». Dans tous les autres cas, où Dieu avait endurci ceux qui s’étaient endurcis eux-mêmes, ce jugement a conduit à une destruction totale et une disparition en tant que peuple. Tel fut le cas pour Sodome, Gomorrhe, Tyr, Sidon, Ninive, Babylone et d’autres. Dans le cas d’Israël, cet endurcissement serait partiel « jusqu’à ce que la totalité des païens soit entrée ». En d’autres termes, les Juifs seront là tant qu’il y a des païens en train d’être sauvés. Israël continuerait de subsister afin de bénéficier, s’il se repentait, des promesses faites aux patriarches. À cause de son amour pour leurs pères, Dieu accorderait toujours aux Juifs l’occasion de répondre à son appel et recevoir ses dons (v. 29).

« Ainsi, tout Israël sera sauvé, selon qu’il est écrit : Le libérateur viendra de Sion » (v. 26). En disant qu’il sera sauvé, Paul indique déjà qu’il parle d’Israël spirituel, d’origine juive comme non juive. Tout Israël sera sauvé par Jésus, le libérateur qui est venu de Sion. Ceux qui ne se laissent pas sauver par Jésus ne seront pas sauvés. Tout Israël sera sauvé en conformité avec l’alliance par laquelle Dieu ôte les péchés, c’est-à-dire la nouvelle alliance (v. 27). Si les Juifs doivent se convertir, leur conversion est soumise aux mêmes conditions que les autres « créatures » vers lesquelles le Christ avait envoyé ses disciples. « Allez par tout le monde » avait-il dit « et prêchez l’Évangile à toute la création » (Marc 16.15). « Allez faites de toutes les nations des disciples » (Matthieu 28.19). « Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé. Celui qui ne croira pas sera condamné » (Mark 16.16).

Il n’y a pas d’exception. Le Christ est mort pour tous. Il exige de tous foi et obéissance. Comme le dit l’apôtre Paul, si les Juifs « ne persistent pas dans l’incrédulité » (Romains 11.23), ils peuvent retrouver la faveur de Dieu. Mais le temps est court. Lorsque le Christ reviendra, il sera trop tard.

Pour nous résumer, nous dirons que :

  1. Toutes les promesses faites à Israël concernant la Terre Promise ont toutes eu leur réalisation complète.
  2. La formation d’un État juif en Palestine en nos temps modernes n’a donc aucune signification religieuse pour les chrétiens ; elle ne constitue certes pas l’achèvement de la réalisation de la promesse faite à Abraham, ou de quelque autre prophétie.
  3. Devant Dieu, il n’y a plus ni Juif ni païen. Ils sont tous appelés à former un seul corps en Christ, la véritable Israël de Dieu.

adapté d’un article par Richard ANDREJEWSKI
(Dans Vol. 11, No. 3)

Pardonnez-vous les uns aux autres

Qu’est-ce que le pardon ?

Nous pensons connaître le sens d’un mot aussi simple que « pardonner », mais on rencontre pas mal de fausses conceptions à ce sujet.

Le pardon est plus que le fait de ne pas rendre le mal pour le mal. On pourrait s’abstenir de donner claque pour claque, tout en gardant de l’amertume et de l’hostilité dans son cœur.

Le pardon n’est pas le fait de fermer l’œil sur le péché. Dieu n’ignore pas le péché, et l’homme ne devrait pas l’ignorer non plus. Jésus ne dit pas de l’ignorer. Il dit en Luc 17.3 : « Si ton frère pèche, reprends-le ; et, s’il se repent, pardonne-lui. »

Enfin, le pardon n’est pas le fait de mettre l’offenseur « en liberté surveillée », une situation où nous parlons de combien son acte est inexcusable et promettons l’oublier pourvu que la personne ne commette pas d’autres fautes.

Nous pouvons identifier le pardon en observant ce que Dieu fait quand il pardonne. L’apôtre Pierre employa le mot « effacer » quand il exhorta des Juifs en Actes 3.19 : « Repentez-vous donc et convertissez-vous, pour que vos péchés soient effacés. » Dieu oublie la faute quand il la pardonne. Dieu promet en Hébreux 8.12 : « Je pardonnerai leurs iniquités et je ne me souviendrai plus de leurs péchés. » Il nous traite comme il le faisait avant que nous n’ayons péché, nous accueillant de tout son cœur. Voilà une idée qui ressort clairement de la célèbre parabole du fils prodigue dans l’Évangile de Luc 15.11-32.

Nous pouvons savoir si nous avons réellement pardonné à autrui en nous posant les questions suivantes : (a) Est-ce que je me réjouis intérieurement lorsque j’apprends qu’un malheur frappe celui qui m’a offensé ? (b) Est-ce que je fais exprès pour éviter de me trouver en présence de la personne qui m’a offensé ? (c) Est-ce que je lui parle seulement après hésitation et sous contrainte ? (d) Est-ce que je me souviens de façon précise l’offense que j’ai subie ? M’arrive-t-il de méditer sombrement le tort qu’on m’a infligé ? (e) Si l’occasion se présentait où l’offenseur voulait qu’on prie pour lui, accepterais-je facilement et avec joie de prier Dieu en sa faveur ?

Pourquoi est-il si important de se pardonner les uns aux autres ?

Nous pouvons constater premièrement qu’il s’agit d’un commandement de Dieu. La Bible dit en Colossiens 3.13 :

« Supportez-vous les uns les autres, et, si l’un a sujet de se plaindre de l’autre, pardonnez-vous réciproquement. De même que Christ vous a pardonné, pardonnez-vous aussi. »

Deuxièmement, comme ce même verset le suggère, l’exemple de Jésus-Christ nous pousse à pardonner. Notre Seigneur pria lorsqu’on le mettait à mort : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font » (Luc 23.34). C’est lui qui est notre modèle. Pierre nous rappelle : « Christ aussi a souffert pour vous, vous laissant un exemple, afin que vous suiviez ses traces » (1 Pi. 2.21). Nous suivons son exemple en étant baptisés, en adorant Dieu et en bien d’autres choses. Ne suivrons-nous pas son exemple en pardonnant aux autres ? Étienne, l’un des premiers chrétiens, a pu imiter le Seigneur. Quand ses persécuteurs le lapidaient à mort, il pria : « Seigneur, ne leur impute pas ce péché ! » (Actes 7.60).

Nous devons pardonner parce que nous sommes aussi des pécheurs qui ne pourrions vivre sans recevoir nous-mêmes le pardon. Jésus insista plusieurs fois sur le fait que notre pardon dépend du pardon que nous accordons aux autres. Dans la prière modèle qu’on appelle souvent « le Notre Père », le Seigneur nous apprend à prier : « Pardonne-nous nos offenses, comme nous aussi, nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés. » Puis il explique : « Si vous pardonnez aux hommes leurs offenses, votre Père céleste vous pardonnera aussi ; mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père ne vous pardonnera pas non plus vos offenses » (Matthieu 6.12,14,15).

Plus tard Jésus dit une parabole qui présente cette vérité de façon très mémorable, et qui montre que même celui qui a déjà reçu le pardon de Dieu pour ses péchés peut se voir révoquer ce pardon s’il refuse d’accorder le pardon aux autres. Il dit cette parabole en réponse à une question. Voici le récit en Matthieu 18, à partir du verset 21 :

« Alors Pierre s’approcha de Jésus et lui demanda : « Seigneur, combien de fois devrai-je pardonner à mon frère lorsqu’il péchera contre moi ? Jusqu’à sept fois ?

— Non, lui répondit Jésus, je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois. C’est pourquoi, voici à quoi ressemble le Royaume des cieux : Un roi décida de régler ses comptes avec ses serviteurs. Il venait de se mettre à compter quand on lui amena un qui lui devait soixante millions de pièces d’argent. Cet homme n’avait pas de quoi rendre l’argent ; son maître ordonna alors de le vendre comme esclave et de vendre aussi sa femme, ses enfants et tout ce qu’il possédait, afin de rembourser la dette. Le serviteur tomba à genoux devant son maître pour le supplier : ‘Prends patience envers moi, lui dit-il, et je te paierai tout !’ Le maître en eut pitié : il lui remit sa dette et le laissa partir. Le serviteur sortit et rencontra un de ses compagnons de service qui lui devait cent pièces d’argent. Il le saisit à la gorge et le serrait à l’étouffer en disant : ‘Paie ce que tu me dois !’ Son compagnon tomba à ses pieds et le supplia en ces termes : ‘Prends patience envers moi et je te paierai !’ Mais il ne voulut pas : il le fit au contraire jeter en prison en attendant qu’il ait payé sa dette. Quand les autres serviteurs virent ce qui était arrivé, ils en furent profondément attristés et allèrent tout raconter à leur maître. Alors le maître fit venir ce serviteur et lui dit : ‘Méchant serviteur ! je t’ai remis toute ta dette parce que tu m’as supplié de le faire. Tu devais toi aussi avoir pitié de ton compagnon, comme j’ai eu pitié de toi.’ Le maître était très en colère et il envoya le serviteur en prison pour y être puni en attendant qu’il ait payé toute sa dette. »

Et Jésus ajouta : « C’est ainsi que mon Père qui est au ciel vous traitera si chacun de vous ne pardonne pas à son frère de tout son cœur. » » (Matthieu 18.21-35, FC)

Il faut pardonner, car il est peut-être plus tard que vous ne le pensez. Le Christ peut revenir d’un instant à l’autre (Marc 13.32). Et qui aimerait être trouvé par lui à son retour séparé de son prochain par la haine et la rancune ? Ou bien, l’objet de votre esprit de vengeance et de votre haine peut mourir. Thackeray et Dickens, les deux grands auteurs anglais du 19e siècle, devinrent des rivaux. Après plusieurs années de séparation, ils se rencontrèrent par hasard à Londres, se faisant froidement face l’un à l’autre. Impulsivement, Thackeray se retourna et saisit la main de Dickens, qui fut ému par ce geste. Ils se sont séparés par la suite souriants, l’ancienne jalousie ayant été détruite. Juste quelques jours plus tard Thackeray mourut ; et la prochaine fois que Dickens l’a vu, ce fut lorsqu’il contempla sa forme dans un cercueil. Un écrivain, qui rappelait plus tard cette histoire, dit : « N’est-ce pas toujours mieux de chercher le pardon maintenant ? » Vous-même, vous vous tenez toujours sur le bord de l’éternité ; il est possible que votre mort survienne à n’importe quel moment. Ne mourrez pas comme « un être non pardonné et sans pardon pour les autres ».

Enfin, il faut reconnaître que le refus de pardonner empoisonne toute la vie. Je connaissais une vieille dame qui était pratiquement seule dans la vie, triste, remplie d’amertume. Pourquoi était-elle si malheureuse ? Parce qu’elle n’avait jamais appris à pardonner. À l’âge de soixante-dix-neuf ans, elle caressait toujours le souvenir d’injustices qu’elle croyait avoir subies quand elle n’avait que douze ans ! On avait acheté un vélo pour son grand frère, mais elle n’en avait pas eu. Plus tard, ses parents n’ont pas apprécié l’homme qu’elle avait choisi comme mari. Et puis, une fois, sa sœur lui avait dit telle chose qui l’a blessée et qu’elle n’aurait pas dû dire. Les membres de l’Église ne lui rendaient pas visite dans sa solitude. (Ne mentionnons pas le fait qu’elle non plus ne leur rendait pas visite, et qu’elle était souvent impolie quand ces membres venaient pour s’occuper de ses besoins.) Chaque fois que j’allais la voir, cette dame me récitait les torts qu’elle avait subis de la part des autres. Quelle triste existence ! Le refus de pardonner est réellement une maladie du cœur qui empoisonne toute la vie.

J’avais une tante qui perdit sa petite fille de seize ans dans un accident de voiture. L’accident avait été provoqué par un chauffeur intoxiqué. Ma tante est restée inconsolable jusqu’à sa mort. Elle ne verrait plus sa petite fille, si charmante, si pleine de considération pour les autres, si animée de joie de vivre et si capable d’ensoleiller l’existence de son entourage. Le chauffeur a fait la prison pour avoir causé la mort d’une personne innocente. Mais cela ne suffisait pas pour ma tante. Elle lui envoyait des lettres jusque dans la prison pour lui rappeler à maintes reprises combien il l’avait fait souffrir et combien il ne méritait pas d’être encore en vie. Son refus de pardonner à cet homme l’a maintenue dans un état de deuil pendant des années.

Dans une autre ville, un couple a perdu son fils, abattu par un jeune homme délinquant. Ce couple chrétien se rendit à la prison pour lui exprimer le pardon. Plus tard, lorsque le jeune homme fut relâché, ces parents qui avaient perdu l’enfant qu’ils chérissaient invitèrent le coupable à loger chez eux. Ils l’ont pris comme leur fils adoptif et lui ont payé les études. Ce jeune homme les a aimés en retour, il est devenu chrétien et la vie de tous les trois a été bénie. Quelle différence le pardon fait dans la vie !

Comment pouvons-nous donc cultiver l’esprit du pardon ?

Pour apprendre l’art de pardonner, il faut se débarrasser d’abord de certaines attitudes :

Il y a des gens qui se disent : « Je ne peux pas pardonner. » Mais ne soyons pas injustes avec Dieu. Nous avons déjà vu que le pardon est un commandement. Le Seigneur nous ordonne de le faire et promet que nous n’obtiendrons pas le pardon si nous ne pardonnons pas. Mais Dieu n’exige pas l’impossible ! Au lieu de dire : « Je ne peux pas pardonner », il faut reconnaître qu’en réalité, je refuse de pardonner.

Une autre attitude que l’on rencontre parfois est celle-ci : « Je vais vous pardonner, mais à l’avenir je n’aurai plus de relations avec vous. » Cela fait penser à la personne qui, lorsque vous êtes en train de parler, vous interrompt en disant : « Je ne vous coupe pas la parole, mais… » La personne qui prétend pardonner, tout en ayant l’intention de ne plus avoir de relations avec l’autre, ne comprend pas le sens du pardon. Nous devons pardonner de la même manière que Christ l’a fait. Éphésiens 4.32 nous dit : « Pardonnez-vous réciproquement, comme Dieu vous a pardonné en Christ. »

Une attitude qui ressemble à cette dernière consiste à dire : « Je vous pardonnerai, mais je ne l’oublierai jamais. » C’est comme si l’on « enterrait la hache de guerre » tout en laissant exposée sa manche. C’est comme si l’on balayait la pièce, mais qu’on laissait les balayures juste derrière la porte. Évitez de garder « un dossier » dans votre esprit où sont inscrits les torts que vous avez subis. Dire que nous oublions un acte du passé signifie que nous décidons de ne pas y penser.

Suggestions pratiques

Certes, il n’est pas toujours facile pour nous les êtres humains de pardonner comme Dieu le fait. Qu’est-ce qui peut nous aider à cultiver l’esprit du pardon ? Voici quelques suggestions :

(1) Souvenez-vous que, comme nous l’avons vu, la haine, la mauvaise volonté et la rancune font du mal à leur objet, mais qu’elles font encore plus de mal à celui qui hait.

(2) Vous le trouverez plus facile de pardonner si vous considérez combien Dieu vous a pardonné. Rappelez-vous la parabole du serviteur impitoyable dont la dette énorme fut pardonnée, mais qui n’a pas voulu pardonner la modeste somme que son prochain lui devait. Les torts que nous avons à nous pardonner les uns aux autres sont minimes par rapport au mal que nous avons commis envers notre Créateur.

(3) Un troisième conseil est de demander à Dieu de vous aider à pardonner au coupable. Mais il faut vraiment vouloir pardonner. Il y a parfois une différence entre réciter une prière et prier sincèrement.

(4) En même temps que vous priez Dieu pour vous-même, il faut vous entraîner à prier pour celui qui vous offense. Soyez précis et dites son nom. Jésus a prié pour ceux qui péchaient contre lui ; non pour qu’ils soient punis, mais pour que le pardon leur soit accordé (Luc 23.34). Au moyen de la prière sincère pour l’offenseur, nous parvenons à cultiver l’amour et créer un sentiment qui viendrait autrement avec beaucoup de difficulté. Essayez de parler avec bonté, non seulement quand vous parlez à Dieu, mais aussi quand vous parlez aux autres de la personne qui vous a fait du tort.

(5) Une autre suggestion est de développer l’habitude de chercher à comprendre son prochain. Il y a généralement une cause qui explique pourquoi une personne agit, par exemple, sans courtoisie. Elle n’a peut-être pas reçu une bonne éducation de la part de ses parents ; ou bien elle avait affaire à des pressions incroyables dont vous n’étiez pas au courant ; ou bien on lui a peut-être donné une fausse impression d’une situation, ce qui l’a amené à se comporter de manière offensive. Ce n’est pas que les circonstances excusent le péché, mais il est plus facile de pardonner quand nous reconnaissons que nous aurions peut-être agi de la même mauvaise manière si nous étions à la place de l’autre personne.

Combien de fois devons-nous pardonner ?

Combien de fois faut-il pardonner à son prochain ? Nous avons vu que l’apôtre Pierre pensait que sept fois étaient suffisantes. Certains rabbis au temps de Jésus disaient de pardonner trois fois. Pierre pensait probablement qu’il était généreux en proposant sept fois. Mais Jésus dit : « Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois » (Matthieu 18.21,22). Il veut dire qu’il ne faut pas garder un registre mental, car le pardon n’est pas une question de mathématique ou de comptabilité, mais d’amour ; et l’amour n’a pas de bornes. Évitons de dire : « Cela ne servira à rien de lui pardonner ; il répétera la faute. » Aussi longtemps et aussi souvent qu’un frère se tournera et dira :« Je me repens », nous devons lui pardonner (Luc 17.3,4).

Qui doit prendre l’initiative pour que le pardon ait lieu ?

Parfois la réconciliation entre deux personnes n’a pas lieu parce que chacun attend que l’autre fasse le premier pas. Selon Matthieu 5.23,24, celui qui est en faute devrait se rendre auprès de l’autre. Jésus dit :

« Si donc tu viens présenter ton offrande à Dieu à l’autel, et que là tu te souviennes que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande devant l’autel, et va d’abord faire la paix avec ton frère ; puis reviens et présente ton offrande à Dieu. »

Oui, avant que l’offenseur ne puisse adorer bibliquement, il doit d’abord régler les choses avec celui qu’il a offensé. Ainsi, le chemin le plus court vers Dieu pourrait être le chemin vers la maison de votre prochain.

Mais Matthieu 18.15 montre que l’offensé a aussi le devoir de faire le premier pas. Dans ce passage Jésus dit : « Si ton frère se rend coupable à ton égard, va le trouver et montre-lui sa faute, mais en demeurant seul avec lui. S’il t’écoute, tu auras gagné ton frère. » Pourtant, nous avons souvent l’attitude, « Et bien, c’est lui qui a péché contre moi ; que ce soit donc lui qui prenne l’initiative. » Le Seigneur n’était-il pas l’offensé ; cependant n’a-t-il pas quitté le ciel pour chercher et sauver les pécheurs que nous sommes ?

Supposons un cas : Voici le frère Jean et le frère Pierre. Jean pèche contre Pierre. Quand la Bible est suivie, tous les deux prennent l’initiative et se rencontrent à mi-chemin ; la réconciliation s’en suit.

Rappelons-nous aussi que pardonner peut être votre devoir, mais recevoir votre pardon n’est pas mon droit. Nous ne méritons pas d’être pardonnés, ni par Dieu, ni par les autres – c’est pour cela que le pardon est appelé une grâce. En plus, le pardon n’enlève pas toujours toutes les conséquences que je peux avoir à supporter à cause de mon péché. On peut me pardonner d’avoir gaspillé dans l’alcool et les jeux de hasard l’argent qui devait servir aux besoins de ma famille ; mais recevoir le pardon ne restitue pas l’argent que j’ai gaspillé. Être pardonné par une personne dont j’ai volé les biens n’empêche pas toujours que j’expie une peine en prison. Une femme peut pardonner et ne pas garder rancune envers son mari pour avoir commis de l’adultère contre elle, mais la confiance qu’elle avait en lui peut avoir été détruite pour du bon. Bien que le pardon de Dieu me permette d’avoir la vie éternelle au lieu d’être condamné à l’enfer, Dieu ne m’épargnera pas forcément des conséquences de tous mes actes ici sur la terre.

Conclusion

Terminons en faisant remarquer que vous n’aurez pas beaucoup à pardonner si vous refusez d’avoir la sensibilité à fleur de peau. L’amour « ne s’irrite point » selon 1 Corinthiens 13.5. Les petits esprits s’offensent par de petites choses. Pareillement, vous n’aurez pas beaucoup à pardonner si vous vous donnez corps et âme à une grande cause. La vie d’un homme doit toujours avoir un centre. Tant que « soi-même » est le centre de la vie d’une personne, elle sera facilement offensée. Si, par contre, on se perd dans l’œuvre du Seigneur et de son l’Église, on n’aura pas de temps à perdre pour les petites offenses et les insultes imaginées.

Certes, il y a des actes d’injustice dans la vie dont la victime ne peut pas échapper aux conséquences, des actes qui nous coûtent les fruits de plusieurs années de travail, qui nous coûtent la santé ou nos êtres chers. Quoi qu’il en soit, nous pouvons, avec l’aide du Dieu du pardon, parvenir à pardonner, à surmonter la rancune et à vivre la paix dans le cœur.

par Wendell WINKLER
traduit et adapté par B. B.
(Dans Vol. 11, No. 2)


Voir aussi Recevoir le pardon de Dieu.

Le jour du Seigneur

Après avoir examiné la question du sabbat, nous abordons la question suivante :

Pourquoi les chrétiens se réunissent-ils le dimanche ?

Toutefois, avant d’entamer le sujet, il faut clarifier un point important : la question du sabbat et la question du dimanche sont deux questions différentes.

Dans la Bible, le dimanche n’est jamais appelé le sabbat. On entend dire parfois que le dimanche est le sabbat chrétien. Cette affirmation n’est pas fondée. Je crois qu’elle relève plutôt de l’effet de style que de la théologie. Le sabbat était le dernier jour de la semaine juive. Il commençait le vendredi soir au coucher du soleil et finissait le samedi soir au coucher du soleil. Durant cet intervalle, toute activité devait cesser sous peine d’exclusion ou de mort (Exode 31.14). Nous avons vu toutes les interdictions et les prescriptions qui régissaient ce septième jour. Nous avons vu également comment le jour du sabbat est absorbé en Christ, en qui il s’accomplit. Il faisait partie de ce que Paul appelle « l’ombre des choses à venir » – l’ombre qui fait place à la réalité, c’est-à-dire à Christ (Colossiens 2.16,17).

Or, en se réunissant le dimanche, les chrétiens ne changent pas le jour du sabbat. Ils ne le transfèrent pas à un autre jour. Il n’y eut qu’un seul sabbat, et ce fut le septième jour du calendrier juif, correspondant à notre samedi. Ce jour, avec toutes ses restrictions, est effacé. Le dimanche est le premier jour de la semaine. Il n’a rien à voir avec le sabbat.

Quelle importance, quelle signification les premières communautés chrétiennes attachaient-elles à ce premier jour de la semaine ? C’est ce que nous allons voir présentement.

La résurrection

Plusieurs événements importants, mémorables, se sont produits le premier jour de la semaine. Notons tout d’abord le plus marquant : la résurrection du Seigneur. L’Évangile de Matthieu rapporte qu’« après le sabbat, à l’aube du premier jour de la semaine, Marie Madeleine et l’autre Marie allèrent voir le sépulcre » (Matt. 28.1). L’Évangile de Jean témoigne du même fait (20.1). Marc déclare clairement, ainsi que Luc (24.1,2) : « Jésus, ressuscité le matin du premier jour de la semaine, apparut d’abord à Marie Madeleine » (Marc 16.9). « Elle alla en porter la nouvelle à ceux qui avaient été avec lui… ils ne la crurent pas » (Marc 16.9-11). Alors Jésus apparaîtra personnellement à ses disciples. Voici comment l’apôtre Jean nous décrit cet événement dont il a été témoin, cet événement qui va tous les transformer :

« Le soir de ce jour, qui était le premier de la semaine, les portes du lieu où se trouvaient les disciples étant fermées, par la crainte qu’ils avaient des Juifs, Jésus vint, et debout au milieu d’eux, il dit : Que la paix soit avec vous ! » (Jean 20.19)

Mais « Thomas, appelé Didyme, l’un des douze, n’était pas avec eux » (Jean 20.24), et Jésus apparaîtra aussi à Thomas lorsqu’il se trouvera réuni avec les douze dans cette même maison où il leur était apparu la première fois. Jean nous précise que cette seconde apparition se fit « huit jours après » (Jean 20.26), c’est-à-dire de nouveau le premier jour de la semaine.

Je n’affirme pas que Jésus entendait par là faire du premier jour de la semaine un jour spécial de célébration de sa résurrection (quoique cette hypothèse ne soit pas dénuée de raison). Les Écritures ne nous disent pas s’il a donné un commandement spécifique à ce sujet. Mais cela explique naturellement la pratique que les apôtres inspirés ont évidemment enseigné aux Églises de garder, car ce jour-là revêtait un caractère particulièrement solennel.

Établissement de l’Église

Il faut signaler un autre événement marquant qui se produisit un dimanche. Il s’agit de l’établissement de l’Église qui eut lieu lors de la fête de la Pentecôte juive à Jérusalem sept semaines après la résurrection du Seigneur. Cette fête tombait en effet toujours le premier jour de la semaine (Lév. 23.11-15). Ce jour-là, l’Esprit de Dieu promis par le Christ (Jn. 14.25,26; Ac. 1.8) descendit sur les apôtres qui furent revêtus de sa puissance (Actes 2). Pour la première fois l’Évangile fut annoncé avec son message de salut au nom de Christ. Ce fut en ce jour de la Pentecôte que l’Église fut définitivement établie, que 3000 personnes furent baptisées au nom de Jésus-Christ…

La pratique des premiers chrétiens

Des passages tels que Hébreux 10.25 et 1 Corinthiens 11.17-29 nous montrent qu’à la suite du commencement de l’Église les chrétiens se réunissaient régulièrement. Y a-t-il des indications quant au jour de ces réunions ? Oui.

En Actes 20 l’apôtre Paul se trouve en Macédoine et se dirige vers l’Asie Mineure, plus précisément vers la ville de Troas. Plusieurs de ses compagnons qui avaient pris les devants s’y trouvent déjà. Luc, l’évangéliste, qui accompagne l’apôtre, écrit ceci : « Nous nous sommes embarqués à Philippes, et au bout de cinq jours nous les avons rejoints à Troas, où nous avons passé sept jours. Le premier jour de la semaine, nous étions assemblés pour rompre le pain » (Actes 20.6,7). On sait que l’expression rompre le pain désignait le repas du Seigneur, la Sainte Cène, dans les milieux chrétiens (1 Cor. 10.16; Actes 2.42). Le délai de sept jours que l’apôtre s’accorda à Troas s’explique parfaitement : il tenait à être présent le dimanche pour participer au saint repas avec ses frères de l’Église de Troas. Il est fort probable que ce fut pour cette même raison que l’apôtre tint à passer sept jours parmi les chrétiens de la ville de Tyr (Actes 21.4) et que ceux de la ville de Pouzzoles en Italie le « prièrent de rester sept jours avec eux » (Ac. 28.14).

C’est encore le premier jour de la semaine que l’apôtre Paul recommande aux Églises de la Galatie ainsi qu’à celle de Corinthe de faire une collecte en faveur de l’Église de Jérusalem (1 Cor. 16.1,2). Le fait qu’il a indiqué précisément le premier jour de la semaine n’est-ce pas un autre signe que ce jour avait une signification particulière au cœur des chrétiens ? C’était d’ailleurs tout à fait pratique de réunir leurs dons quand ils venaient ensemble déjà pour manger le repas du Seigneur.

Selon Apocalypse 1.10, ce jour est désigné par la très belle expression : « Le jour du Seigneur » autrement dit : « Le jour du Christ ». On la retrouve dans les écrits des chrétiens les plus anciens, des deux premiers siècles du christianisme (La Didaché, Ignace, Barnabas, Justin, etc.). Ces écrits témoignent sans aucune équivoque que l’Église primitive observait le premier jour de la semaine pour la célébration de son culte.

En fait, lorsque Constantin le Grand décrète au 4e siècle que le dimanche sera jour férié légal, il ne dérange en aucune façon les habitudes des chrétiens. Quelles qu’aient pu être ses intentions en prenant cette initiative, il ne fit que ratifier et légaliser une pratique déjà fermement établie depuis le premier siècle.

adapté d’un article par Richard ANDREJEWSKI
(Dans Vol. 11, No. 1)

Le sabbat

« Car l’amour de Dieu consiste à garder ses commandements, et ses commandements ne sont pas pénibles. » (1 Jean 5.3)

Bien que l’homme ne veuille souvent pas le reconnaître, les lois de Dieu ne sont pas faites pour l’opprimer, mais pour le bénir. Si les hommes se soumettaient aux commandements de Dieu, tous seraient heureux. Dieu, qui connaît parfaitement l’homme qu’il a créé, donne des lois qui lui conviennent, qui lui feront du bien s’il les respecte.

Ce principe est particulièrement manifeste en ce qui concerne le sabbat. Le mot « sabbat » vient de l’hébreu shabbath et signifie « repos ». Dieu dit aux Israélites en Exode 16.29 : « Considérez que l’Éternel vous a donné le sabbat. » En effet, le sabbat, le jour de repos à observer le septième jour de chaque semaine, était plus qu’un ordre ; c’était un don. Ainsi, Jésus rappela aux Juifs : « Le sabbat a été fait pour l’homme, et non l’homme pour le sabbat » (Marc 2.27).

L’homme a besoin d’un repos périodique, mais il a souvent le désir de négliger ce besoin réel afin de poursuivre d’autres intérêts, tel que l’argent. Dieu a donc prescrit aux Israélites une loi qui protège l’homme de ses propres tendances dangereuses en lui ordonnant de se reposer chaque samedi.

Comme beaucoup d’aspects de la loi mosaïque, cette loi n’a pas été reprise dans la nouvelle alliance. Et pourtant, plusieurs principes éternels s’y rapportent.

La nature du sabbat

Exode 16.13-30 décrit la première fois dans la Bible où des hommes sont appelés à observer le sabbat. (Il est signifié déjà en Genèse 2.1-3 qu’après avoir créé l’univers, Dieu se reposa et sanctifia le septième jour, mais ces versets ne constituent pas un commandement adressé aux hommes.) Exode 16 décrit la manière dont Dieu a nourri les Israélites qu’il avait délivrés de l’Égypte. Puisqu’ils se trouvaient au désert, Dieu fit tomber du ciel une nourriture spéciale pour les Israélites, la manne. Ils allaient trouver la manne par terre chaque matin, mais Dieu les avertit que le sixième jour ils devaient en ramasser une quantité double, car le septième jour serait le sabbat, consacré à l’Éternel. Le jour du sabbat, il n’y aurait pas de manne, et tous auraient à se reposer.

Quelques semaines plus tard, l’ordre de se reposer le septième jour réapparaît parmi les dix commandements (Exode 20.8-11). Ici, l’ordre est lié au fait que Dieu s’était reposé le septième jour, après son œuvre de création. Évidemment Dieu ne s’est pas reposé dans le sens de récupérer à cause de la fatigue (« C’est le Dieu d’éternité, l’Éternel, qui a créé les extrémités de la terre ; il ne se fatigue point, il ne se lasse point » – Ésaïe 40.28), mais dans le sens de cesser son activité de création après avoir atteint son objectif, et de marquer une pause pour contempler avec plaisir que ce qu’il avait fait de ses mains était « très bon ». En Exode 20, le commandement précise que l’on se souvienne du jour, qu’on le sanctifie, et que l’on ne fasse aucun ouvrage en ce jour.

Exode 31.12-17 reprend le même commandement et ajoute qu’il s’agit d’un signe entre Dieu et les Israélites, une alliance perpétuelle. Il servait à identifier et distinguer Israël comme le peuple sanctifié par l’Éternel.

En Deutéronome 5, les dix commandements sont répétés avant qu’Israël n’entre dans le pays de Canaan. Ici, l’ordre est lié au fait que Dieu avait délivré les Israélites de l’esclavage en Égypte (Deut. 5.12-15). Dieu leur avait donc donné du repos, et le sabbat rappelait cette grâce.

Le commandement était très général : « Tu ne feras aucun ouvrage » (Exode 20.10). Une précision s’ajoute en Exode 35.3 : « Vous n’allumerez point de feu, dans aucune de vos demeures, le jour du sabbat. » On ne devait pas non plus faire la cuisine le jour du sabbat, mais plutôt préparer ses repas la veille (Ex. 16.23). Dieu ordonna également une sainte convocation (Lév. 23.3) ; on offrait en sacrifice deux agneaux (Nb. 28.9), et l’on remplaçait les pains de proposition dans le tabernacle (Lév. 24.5-8).

Au temps de Jésus, la tradition juive avait ajouté beaucoup de lois relatives au sabbat, ce qui mettait Jésus très souvent en conflit avec les chefs religieux. Ceux-ci avaient désigné au moins 39 catégories d’activités comme étant défendues, y compris le fait de semer, moissonner, lier des gerbes, laver de la laine, faire un nœud, défaire un nœud, faire deux points (en couture), écrire deux lettres, éteindre un feu, transporter un objet d’une propriété à une autre, etc. En Matthieu 12.1-7, les disciples de Jésus furent accusés d’avoir violé le sabbat parce qu’ils avaient arraché des épis pour manger en traversant un champ. Le Seigneur dit, pourtant, qu’ils étaient « innocents », car ils n’avaient violé qu’une tradition humaine, et non pas un commandement divin. (Le roi David, par contre, avait mangé ce qu’il ne lui était pas permis de manger selon la loi de Dieu, mais les chefs juifs ne condamnaient pas son action.) Jésus, le Seigneur, était maître du sabbat, et mieux qualifié que tout homme de définir ce qui était réellement interdit par le commandement de ne pas travailler. Il n’était pas, par exemple, interdit de faire du bien en guérissant un malade le jour du sabbat (Marc 3.1-6; Luc 13.10-17; 14.1-5; Jean 5.1-18). Les restrictions ajoutées à la loi du sabbat sont un exemple de ce dont Jésus accusait les docteurs de la loi : « Vous chargez les hommes de fardeaux difficiles à porter, et vous n’y touchez pas vous-mêmes de l’un de vos doigts » (Luc 11.46).

Les principes moraux et spirituels

Le jour du sabbat était un jour sanctifié, consacré entièrement à Dieu. Les autres préoccupations de la vie devaient attendre pour que l’on puisse honorer Dieu de façon spéciale. Bien que le sabbat ne soit pas une obligation chrétienne et que Dieu n’ait pas désigné un jour dans la semaine où nous devons prendre notre repos, il nous demande, à nous aussi, de consacrer du temps au Seigneur (par la prière, l’étude, l’évangélisation, le service aux autres, etc.) et de nous réunir avec l’Église chaque dimanche.

Le fait de s’abstenir du travail et consacrer un jour sur sept à Dieu, et à Dieu seul, demandait de la confiance en Dieu pour certaines personnes. Il y a des moments dans la vie où l’on craint des pertes financières si l’on saute un jour de travail. La loi était pourtant claire : « Tu travailleras six jours, et tu te reposeras le septième jour ; tu te reposeras, même au temps du labourage et de la moisson » (Ex. 34.21). Dieu voulait que les hommes lui fassent confiance, plutôt que de chercher leurs intérêts immédiats. Ils les béniraient. Ainsi, Dieu dit par le prophète Ésaïe :

« Si tu retiens ton pied pendant le sabbat, pour ne pas faire ta volonté en mon saint jour, si tu fais du sabbat tes délices, pour sanctifier l’Éternel en le glorifiant, et si tu l’honores en ne suivant point tes voies… je te ferai monter sur les hauteurs du pays, je te ferai jouir de l’héritage de Jacob, ton père. » (Ésa. 58.13,14)

Le temps de repos et de la sainte convocation ne devait pas être négligé.

Dieu n’a pas fixé un jour de repos pour les chrétiens, mais nous ne devons pas négliger le repos et « les saintes convocations » non plus. Jésus disait à ses disciples de se reposer (Marc 6.31). Tout comme les Juifs, nous devons avoir suffisamment de confiance au Seigneur pour lui donner ce temps, même en période de moisson pour les cultivateurs, en période d’examens pour les élèves, en période de fête pour les tailleurs, etc.

Le quatrième des dix commandements insiste beaucoup sur le fait qu’un homme devait non seulement s’abstenir de travailler lui-même le jour du sabbat, mais aussi permettre à sa famille, ses serviteurs, et même ses animaux de se reposer (Deut. 5.14,15). Exode 23.12 dit « Mais le septième jour, tu te reposeras, afin que ton bœuf et ton âne aient du repos, afin que le fils de ton esclave et l’étranger aient du relâche. » Les Israélites avaient été opprimés en Égypte. Ils ne devaient pas opprimer les autres, mais reconnaître le besoin de repos qu’éprouvent tous les hommes. L’employeur chrétien, aussi, doit considérer les besoins de ses employés (Colossiens 4.1).

La réalité dont le sabbat était l’ombre

En partie parce que le sabbat figure parmi les dix commandements, certains croyants pensent que le commandement d’observer le sabbat s’est toujours appliqué à toute l’humanité, y compris les chrétiens. Pour soutenir cette idée ils font remarquer que ce commandement est décrit comme une alliance « perpétuelle », « un signe qui devra durer à perpétuité » (Ex. 31.16,17).

Le contexte de ces termes « signe » et « alliance » montre, pourtant, qu’il ne s’agit pas d’un devoir qui concerne tous les hommes. Il est bien dit que c’était un signe entre les enfants d’Israël et Dieu. Ézéchiel 20.12 indique aussi que le sabbat était un signe entre Israël et Dieu « pour manifester la relation qui les unit à moi et leur rappeler que moi, le Seigneur, je les consacre à mon service » (Français courant). Si le sabbat est une loi que toute l’humanité est censée observer, en quoi peut-il constituer un signe entre Dieu et Israël ? D’ailleurs, ceux qui ont vécu avant Moïse n’ont pas connu cette loi, puisque c’était au mont Sinaï que Dieu « fit connaître » à Israël son saint sabbat (Néhémie 9.13,14).

En quel sens le sabbat était-il alors à durer « à perpétuité » ? Dans le même sens que la circoncision (Gen. 17.13), le temple (2 Chroniques 7.16), le sacerdoce (Exode 12.14), la Pentecôte (Lév. 23.21), les holocaustes (Ex. 29.42), les lampes du tabernacle (Lév. 24.3,4), et l’encens (Ex. 30.8) étaient tous « à perpétuité », puisque la même expression est appliquée à toutes ces choses. Au lieu de signifier « sans fin », ce terme en hébreu désigne tout ce qui doit durer pour une longue période de temps indéterminée. Toutes ces choses devaient continuer jusqu’à ce que Dieu annonce leur fin.

Le sabbat était limité aux Juifs, mais même les Juifs ne sont plus obligés de le garder, puisque le Christ a effacé l’acte qui l’ordonnait, le clouant à la croix.

« Il a effacé l’acte dont les ordonnances nous condamnaient et qui subsistait contre nous, et il l’a détruit en le clouant à la croix… Que personne donc ne vous juge au sujet du manger ou du boire, ou au sujet d’une fête, d’une nouvelle lune, ou des sabbats : c’était l’ombre des choses à venir, mais le corps est en Christ. » (Colossiens 2.14,16,17)

De quoi alors le sabbat était-il une ombre ? C’est l’auteur de l’Épître aux Hébreux qui en donne la réponse. Après avoir comparé le repos hebdomadaire du sabbat au repos donné aux Israélites dans le pays de Canaan au temps de Josué (Héb. 3.16–4.8), il déclare :

« Il y a donc un repos de sabbat réservé au peuple de Dieu… Efforçons-nous donc d’entrer dans ce repos, afin que personne ne tombe en donnant le même exemple de désobéissance. » (Héb. 4.9,11)

Dieu donna la loi du sabbat pour bénir son peuple, Israël, mais il a préparé un repos plus parfait, céleste et éternel pour ses enfants. Soyons donc fidèles afin de pouvoir bénéficier de ce que Dieu veut nous donner. Beaucoup d’Israélites n’ont pas pu entrer dans leur terre promise. Que nous ne suivions pas leur exemple. C’est le moment de travailler et de persévérer. Mais notre sabbat, le repos éternel nous attend.

B. B.
(Dans Vol. 11, No. 1)


Voir aussi Le jour du Seigneur

Jésus, plus qu’un prophète ?

Jésus de Nazareth est, bien sûr, au cœur du Nouveau Testament. Il occupe une place importante dans le Coran également. Les deux livres lui accordent le titre de prophète. Issa, la version coranique du nom Jésus, paraît 25 fois dans le Coran, sans parler des passages qui emploient d’autres termes pour le désigner. On ne peut nier l’importance de Jésus, ni pour les chrétiens ni pour les musulmans. Mais aurait-on raison d’élever Jésus en importance au-dessus des autres prophètes de Dieu ? Pourquoi recevrait-il plus d’attention que tous les autres ?

La venue de Jésus fut prophétisée

Une première chose qui nous frappe au sujet de Jésus est que sa venue avait été prédite par les autres prophètes de Dieu, non pas une seule fois ou d’une manière obscure et contestée, mais clairement et dans différents écrits. Le peuple juif ne comprenait pas bien le caractère du Messie et de l’œuvre que Dieu lui donnerait à faire, mais certaines choses étaient claires pour eux comme nous le voyons en Matthieu 2.1-6 :

« Jésus naquit à Bethléhem, localité du pays de Judée, à l’époque où Hérode était roi. Après sa naissance, des savants, spécialistes des étoiles, vinrent de l’Est et arrivèrent à Jérusalem. Ils demandèrent :Où est l’enfant qui vient de naître et qui sera le roi des Juifs ? Nous avons vu son étoile apparaître à l’Est et nous sommes venus pour l’adorer.” Quand le roi Hérode apprit cela, il fut très inquiet, ainsi que tous les habitants de Jérusalem. Il assembla tous les chefs des prêtres et les maîtres de la loi de son peuple, et leur demanda où devait naître le Messie. Ils lui répondirent :À Bethléhem, en Judée. Car voici ce que le prophète a écrit :Et toi, Bethléhem, du pays de Judée, tu n’es certainement pas la moins importante des localités de Judée ; car c’est de toi que viendra un chef qui conduira mon peuple, Israël.’” »

Le passage auquel les prêtres et les maîtres de la loi se sont référés se trouve dans le livre du prophète Michée et fut écrit sept cents ans avant la naissance de Jésus !

L’aspect miraculeux de la naissance de Jésus avait également été prédit. C’est le prophète Ésaïe qui avait annoncé qu’une vierge se trouverait enceinte et accoucherait d’un fils qu’on appellerait Emmanuel, l’un des noms qui ont toujours été employés pour Jésus. Cette prophétie date du huitième siècle avant Christ (És. 7.14).

Jésus était réputé pour les miracles extraordinaires qu’il faisait. Les prophètes en avaient parlé bien auparavant. En Ésaïe 35.4b-6 nous lisons : « Il viendra lui-même et vous sauvera. Alors s’ouvriront les yeux des aveugles, s’ouvriront les oreilles des sourds ; alors le boiteux sautera comme un cerf, et la langue du muet éclatera de joie. » Après avoir été mis en prison par Hérode, Jean-Baptiste se demandait s’il s’était trompé concernant Jésus. Si le Messie était là, comment Jean pourrait-il subir une si grande injustice pour avoir prêché la vérité ? Il envoya donc des messagers pour demander à Jésus s’il était bien celui qu’ils attendaient. « Jésus leur répondit : “Allez raconter à Jean ce que vous entendez et voyez : les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont guéris, les sourds entendent, les morts reviennent à la vie et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres. Heureux celui qui n’abandonnera pas la foi en moi !” » (Matt. 11.4-6). Jean avait demandé à Jésus s’il était bien celui dont on savait qu’il devait venir. Jésus fait remarquer les miracles qu’il faisait et qui étaient l’accomplissement d’une prophétie concernant celui qui devait venir.

Quand il s’agit de sa mort, les prophéties concernant le Christ se multiplient. Il fut annoncé d’avance qu’il entrerait dans Jérusalem assis sur un âne, qu’il serait trahi par un ami et abandonné par les autres, que ses mains et ses pieds seraient percés, qu’on tirerait au sort pour se partager ses vêtements, qu’il aurait soif et on lui donnerait du vinaigre à boire, que ses os ne seraient pas brisés et qu’on lui percerait le côté. Les prophètes avaient même prédit les mots exacts que les moqueurs emploieraient pour l’humilier : « Il a remis son sort au Seigneur, eh bien, que le Seigneur le tire d’affaire ! Le Seigneur l’aime, eh bien, qu’il le sauve » (Psaume 22.9; Matt. 27.43). Le prophète Zacharie écrivit ceci environ quatre cents ans avant la mort de Jésus : « Ils pesèrent pour mon salaire trente siècles d’argent. L’Éternel me dit : Jette-le au potier, ce prix magnifique auquel ils m’ont estimé ! Et je pris les trente siècles d’argent, et je les jetai dans la maison de l’Éternel, pour le potier » (Zacharie 11.12,13). Ceux qui connaissent déjà l’histoire savent que Judas, celui qui a trahi Jésus, avait reçu exactement trente pièces d’argent pour avoir donné aux ennemis du Seigneur les renseignements qu’ils voulaient pour pouvoir arrêter Jésus loin des foules. Mais quand il a vu comment les choses se sont déroulées par la suite, Judas a été pris de remords. La Bible dit que Judas rapporta les trente pièces d’argent et les jeta dans le temple avant d’aller se pendre. Les chefs des prêtres ramassèrent l’argent et achetèrent avec cette somme le champ du potier pour y établir un cimetière d’étrangers (Matt. 27.3-7).

Dans le chapitre 53 du livre du prophète Ésaïe, nous trouvons que le Messie serait méprisé des hommes, habitué à la souffrance et rejeté par son propre peuple, mais aussi qu’il serait châtié pour les péchés des autres, qu’il intercéderait pour les coupables, qu’il serait mis au nombre des criminels, que son tombeau serait avec le riche et qu’il ressusciterait d’entre les morts.

Le ministère de Jean-Baptiste

En plus de toutes ces prophéties, Dieu envoya un messager spécial juste pour annoncer l’arrivée de Jésus. Le Coran reconnaît cet individu comme un prophète, un homme intègre, un homme qui disait la vérité au peuple. Ce messager, que la Bible appelle Jean et que les musulmans connaissent sous le nom de Yahya, s’identifiait simplement comme une voix, la voix de quelqu’un qui criait : « Préparez un chemin bien droit pour le Seigneur » (Jean 1.23). Disons en passant que même cet aspect de la vie de Jésus avait été prophétisé. Malachie, le dernier livre de l’Ancien Testament, contient l’annonce que Dieu enverrait son messager afin d’ouvrir le chemin en appelant le peuple à la repentance (Mal. 3.1). Quand un chef d’état se rend quelque part, il est de coutume d’y envoyer des gens bien à l’avance afin qu’il soit accueilli d’une manière qui convienne à sa dignité. Voilà ce que Jean faisait pour Jésus, le roi qui venait pour apporter une bénédiction aux uns et un jugement sur les autres. L’Évangile de Luc 3.15-17 dit :

« Le peuple attendait, plein d’espoir : chacun pensait que Jean était peut-être le Messie. Jean leur dit alors à tous : “Moi, je vous baptise avec de l’eau ; mais quelqu’un de plus puissant que moi va venir : je ne suis pas même assez bon pour délier la courroie de ses sandales. Il vous baptisera avec le Saint-Esprit et avec du feu. Il tient en sa main la pelle à vanner pour séparer le grain de la paille. Il amassera le grain dans son grenier, mais il brûlera la paille dans un feu qui ne s’éteint jamais.” »

Quand Jésus est venu se faire baptiser, Jean dit à la foule : « Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde. C’est de lui que j’ai parlé en disant : “Un homme vient après moi, mais il est plus grand que moi” » (Jean 1.29,30). La mission de Jean était de préparer le peuple à recevoir dignement cet autre prophète, Jésus.

Juste la préparation pour la venue de Jésus doit nous impressionner profondément. Sa vie et ses œuvres le feront davantage.

Une vie sans péché

Plusieurs passages de la Bible soulignent l’idée que Jésus n’a pas péché. En 2 Corinthiens 5.21 l’apôtre Paul écrit : « Le Christ était sans péché, mais Dieu l’a chargé de notre péché. » L’apôtre Pierre, aussi, affirme la même vérité : « Il n’a pas commis de péché ; on n’a jamais entendu de mensonge sortir de sa bouche » (1 Pierre 2.22). Pierre cite ici une parole du prophète Ésaïe concernant le Christ : « On a mis son sépulcre parmi les méchants, son tombeau avec le riche, quoiqu’il n’eût point commis de violence et qu’il n’y eût point eu de fraude dans sa bouche » (Ésaïe 53.9). Mais ce n’est pas simplement les autres qui ont prétendu que Jésus n’avait pas de péché. Jésus lui-même a lancé ce défi à ses adversaires : « Qui parmi vous peut prouver que j’ai péché ? Et si je dis la vérité, pourquoi ne me croyez-vous pas ? » (Jean 8.46).

Muhammad n’a pas essayé de prouver que Jésus avait commis du péché. Au contraire, nous voyons dans la Sourate 19:19 du Coran que l’ange dit à Marie : « Je suis en fait un messager de ton Seigneur pour te faire don d’un fils pur. » L’un des commentateurs musulmans, du nom d’Er-Razi, dit que le titre de Messie fut donné à Jésus parce qu’il était libre de la souillure du péché. Étrangement, cet état de pureté n’est attribué à aucun autre prophète dans le Coran. Dans la Bible nous voyons les faiblesses et parfois même les péchés des autres prophètes. Adam a mangé le fruit défendu ; Noé s’est enivré ; Abraham a menti ; Jacob a trompé son père ; David a commis l’adultère ; Salomon a adoré les idoles de ses femmes. Même Muhammad reconnaît avoir du péché dans sa vie. Plus d’un verset du Coran l’exhorte à implorer le pardon de son péché. La 48e Sourate commence par ces mots qu’Allah adresse à Muhammad : « En vérité Nous t’avons accordé une victoire éclatante afin qu’Allah te pardonne tes péchés, passés et futurs, qu’il parachève sur toi Son bienfait et te guide sur une voie droite. » En plus, Muhammad lui-même avoue qu’il ne connaît pas son sort éternel : « Dis : Je ne suis pas une innovation (une merveille ou quelqu’un de spécial) parmi les messagers ; et je ne sais pas ce qu’on fera de moi, ni de vous. Je ne fais que suivre ce qui m’est révélé » (46:9).

L’apôtre Jean dit : « Si nous disons que nous sommes sans péché, nous nous trompons nous-mêmes et la vérité n’est pas en nous » (1 Jean 1.8). Mais ce même Jean dit au sujet de Jésus : « Il n’y a point de péché en lui » (1 Jean 3.5). Certainement, Jésus se distingue nettement de tous les autres que les hommes ont reconnus comme prophètes.

Sa pré-existence

Personne ne trouvait de quoi condamner dans les actions de Jésus. Il est le seul Juif qui ait jamais gardé parfaitement la loi que Dieu leur avait donnée. Les paroles de Jésus étaient, par contre, souvent très surprenantes, pour ne pas dire choquantes. Un jour en parlant avec les Juifs, Jésus leur dit :

« “Celui qui obéira à mes paroles ne mourra jamais.”

Les Juifs lui dirent : “Maintenant nous sommes sûrs que tu es possédé d’un esprit mauvais ! Abraham est mort, les prophètes sont morts, et toi, tu dis : ‘Celui qui obéit à ce que je dis ne mourra jamais.’ Abraham, notre père, est mort : penses tu être plus grand que lui ? Les prophètes aussi sont morts. Pour qui te prends-tu ?” Jésus répondit : “Si je me glorifiais moi-même, ma gloire ne vaudrait rien. Celui qui me glorifie, c’est… lui dont vous dites : ‘Il est notre Dieu’, mais que vous ne connaissez pas. Moi je le connais… Abraham votre père s’est réjoui en pensant qu’il devait voir mon jour ; il l’a vu et en a été heureux.” Les Juifs lui dirent : “Tu n’as pas encore cinquante ans et tu as vu Abraham ?” [Le patriarche Abraham avait vécu presque deux mille ans avant le temps de Jésus.] Jésus leur répondit : “Je vous le déclare, c’est la vérité : avant qu’Abraham soit né, ‘je suis.’” » (Jean 8.51-58)

Cette parole de Jésus rejoint le témoignage que Jean-Baptiste avait rendu. Rappelez-vous que l’ange Gabriel avait annoncé à Zacharie, le père de Jean, que sa femme Élisabeth aurait un fils. Rappelez-vous aussi qu’elle était déjà dans son sixième mois de grossesse quand ce même ange de Dieu s’est rendu auprès de Marie pour lui dire qu’elle serait la mère du Christ. Jean était donc de six mois plus âgé que Jésus. Mais qu’est-ce que Jean dit dans l’Évangile de Jean 1.30 ? Quand il vit Jésus, Jean-Baptiste dit : « C’est de lui que j’ai parlé en disant :Un homme vient après moi, mais il est plus grand que moi, car il existait déjà avant moi.” »

En parlant avec Nicodème, un chef des Juifs, Jésus était encore un peu plus précis. Il dit : « Personne n’est monté au ciel, excepté le Fils de l’homme qui est descendu du ciel » (Jean 3.13). « Fils de l’homme » était l’expression que Jésus utilisait le plus pour parler de lui-même.

Le prophète Jérémie dit que Dieu le connaissait quand il était encore dans le ventre de sa mère (Jér. 1.5). Mais Jésus prétend avoir été au ciel avant sa naissance et d’avoir parlé avec Abraham.

Sa prétention de pardonner les péchés

Le prophète Jésus a fait d’autres prétentions qui choquaient les auditeurs de son époque et qui continuent de choquer certains qui les lisent aujourd’hui. Un exemple clair se trouve dans l’Évangile de Marc 2.1-12 :

« Jésus revint à Capernaüm, et l’on apprit qu’il était à la maison. Une si grande foule s’assembla qu’il ne restait plus de place, pas même dehors devant la porte. Jésus leur donnait son enseignement. Quelques hommes arrivèrent, lui amenant un paralysé porté par quatre d’entre eux. Mais ils ne pouvaient pas le présenter à Jésus, à cause de la foule. Ils ouvrirent alors le toit au-dessus de l’endroit où était Jésus ; par le trou qu’ils avaient fait, ils descendirent le paralysé étendu sur sa natte. Quand Jésus vit la foi de ces hommes, il dit au paralysé : “Mon fils, tes péchés sont pardonnés.” Quelques maîtres de la loi, qui étaient assis là, pensaient en eux-mêmes :Comment cet homme ose-t-il ainsi parler contre Dieu ? Qui peut pardonner les péchés ? Dieu seul le peut !” Jésus sut aussitôt ce qu’ils pensaient et leur dit : “Pourquoi avez-vous de telles pensées ? Est-il plus facile de dire au paralysé : ‘Tes péchés sont pardonnés’, ou de dire : ‘Lève-toi, prends ta natte et marche’ ? Mais je veux que vous sachiez que le Fils de l’homme a le pouvoir sur la terre de pardonner les péchés.” Il adressa alors ces mots au paralysé : “Je te le dis, lève-toi, prends ta natte, et rentre chez toi.” Aussitôt, tandis que tout le monde le regardait, l’homme se leva, prit sa natte et partit. Ils furent tous frappés d’étonnement ; ils louaient Dieu et disaient : “Nous n’avons jamais rien vu de pareil !” »

Ses miracles

Mais que dire de ces miracles opérés par Jésus ? Y a-t-il une différence entre ce qu’il a fait et ce que les autres ont pu faire ? Les Évangiles sont remplis des récits de miracles opérés par Jésus. Le Coran, aussi, lui attribue des miracles. Dans la Sourate 5, aya 110, Allah lui dit : « Ô Jésus, fils de Marie, rappelle-toi Mon bienfait sur toi et sur ta mère quand Je te fortifiais du Saint-Esprit…. tu guérissais par Ma permission, l’aveugle-né et le lépreux. Et par Ma permission, tu faisais revivre les morts. Je te protégeais contre les Enfants d’Israël pendant que tu leur apportais les preuves. » Les différentes œuvres miraculeuses de Jésus manifestaient non seulement son pouvoir sur les forces de la nature, sur les démons, sur la maladie et la mort ; non seulement elles démontraient sa connaissance même des pensées secrètes des hommes ; non seulement elles constituaient très souvent des preuves de sa grande compassion devant la souffrance ; mais elles témoignaient aussi de son identité. Et Jésus n’hésitait pas de tirer l’attention des hommes sur ce que signifiaient ses miracles. Dans l’Évangile de Jean nous lisons : « Les Juifs l’entourèrent, et lui dirent : Jusques à quand tiendras-tu notre esprit en suspens ? Si tu es le Christ, dis-le-nous franchement. Jésus leur répondit : Je vous l’ai dit, et vous ne croyez pas. Les œuvres que je fais au nom de mon Père rendent témoignage de moi » (Jean 10.24,25). Les ennemis de Jésus reconnaissaient la réalité des miracles de Jésus, mais ils n’étaient pas prêts à croire, malgré les preuves. Jean 11.47,48 dit : « Alors les principaux sacrificateurs et les pharisiens assemblèrent le sanhédrin, et dirent : Que ferons-nous ? Car cet homme fait beaucoup de miracles. Si nous le laissons faire, tous croiront en lui. »

D’autres prophètes avaient fait des miracles avant Jésus, mais comme nous l’avons suggéré, un de ses miracles dépasse tous les autres. Dans l’Évangile de Jean 2.18-22 nous lisons :

« Alors les chefs juifs lui demandèrent : “Quel miracle peux-tu faire pour nous prouver que tu as le droit d’agir ainsi ?” Jésus leur répondit : “Détruisez ce temple et en trois jours je le rebâtirai.” – “On a mis quarante-six ans pour bâtir ce temple, et toi, tu vas le rebâtir en trois jours ?” lui dirent-ils. Mais le temple dont parlait Jésus était son corps. Quand Jésus revint de la mort à la vie, ses disciples se rappelèrent qu’il avait dit cela ; et ils crurent à l’Écriture et aux paroles que Jésus avait dites. »

Ces disciples « crurent aux Écritures » parce qu’ils ont compris que la résurrection de Jésus faisait partie des choses qui avaient été annoncées d’avance à son égard. L’apôtre Pierre a prêché au peuple de Jérusalem quelques semaines après la mort et la résurrection de Jésus. Il dit :

« Dieu l’a ramené à la vie, il l’a délivré des douleurs de la mort, car il n’était pas possible que la mort le retienne en son pouvoir. En effet, David a dit à son sujet : …tu ne m’abandonneras pas dans le monde des morts, tu ne permettras pas que moi, ton fidèle, je pourrisse dans la tombe… Frères, il m’est permis de vous parler très clairement au sujet du patriarche David : il est mort, il a été enterré et sa tombe se trouve encore aujourd’hui parmi nous. Il était prophète et il savait que Dieu lui avait promis avec serment d’accorder à l’un de ses descendants la position de roi qui était la sienne. David a vu d’avance ce qui allait arriver et il a donc parlé de la résurrection du Messie…. Dieu a ramené à la vie ce Jésus dont je parle, et nous en sommes tous témoins. » (Actes 2.24,25,27,29-32)

L’apôtre Paul, aussi, insistait particulièrement sur ce miracle. Quand il prêchait dans la ville d’Athènes, en Grèce, il dit :

« Dieu ne tient plus compte des temps où les hommes étaient ignorants, mais il appelle maintenant tous les hommes, en tous lieux, à changer de comportement. Il a en effet fixé un jour où il jugera le monde entier avec justice, par un homme qu’il a désigné. Il en a donné la preuve à tous en ramenant cet homme de la mort à la vie ! » (Actes 17.30,31)

Quel autre prophète annonça d’avance qu’il serait mis à mort et ressusciterait le troisième jour ? Ce qui est plus important, quel autre prophète a pu réaliser une telle promesse ?

Le titre de Messie

Le mot prophète désigne quelqu’un qui reçoit un message directement de la part de Dieu, un message inspiré qu’il est censé transmettre aux hommes. Bien sûr, il y a toujours eu des hommes qui prétendent parler pour Dieu mais qui, en fait, trompent leur auditeurs. Le Coran traite Jésus de vrai prophète, mais en même temps il insiste sur l’idée que Jésus n’était pas plus qu’un prophète, qu’il n’était qu’un simple messager. Mais il faut dire aussi que le Coran parle de « al-Masih » (3:28) ou « le Messie, Jésus, le fils de Marie » (4:171). Alors, si Muhammad reconnaissait en Jésus le Messie, cela vaut la peine d’examiner le sens de ce titre.

Dans l’Évangile selon Jean, nous voyons aux premiers chapitres deux futurs apôtres de Jésus, André et son frère Simon Pierre. Jean-Baptiste venait de rendre témoignage à Jésus de Nazareth, et André, qui était déjà un disciple de Jean-Baptiste, l’entendit. Jean 1.41 dit : « Ce fut lui qui rencontra le premier son frère Simon, et il lui dit : Nous avons trouvé le Messie (ce qui signifie Christ). » Dans ce verset nous avons un mot hébreu et un mot grec qui ont tous les deux été francisés. Le mot hébreu, mashiah, et le mot grec, christos, ont le même sens : ils signifient « oint », ou « celui qui a été oint ». Mais quel est le sens de ce terme curieux ?

Dans la Bible on trouve trois catégories de personnes qui recevaient une onction d’huile, c’est-à-dire qu’on leur versait de l’huile sur la tête quand ils entraient dans leurs fonctions. Ces trois catégories étaient les prêtres, chargés de présenter à Dieu les sacrifices de son peuple, les prophètes, chargés de transmettre au peuple des messages de la part de Dieu, et les rois, chargés de gouverner et conduire le peuple au nom de Dieu, le véritable roi des rois. Mais le terme, le Messie, est encore plus spécial. Il était l’objet de diverses prophéties dans l’Ancien Testament. Le Messie serait à la fois prophète, prêtre et roi. Celui-ci serait oint, non pas de la main d’un homme, mais de Dieu lui-même. Dans les Psaumes (connu comme le Zabour par les musulmans), David a écrit à l’égard des ennemis de Dieu : « Celui qui siège dans les cieux rit, Le Seigneur se moque d’eux. Puis il leur parle dans sa colère, Il les épouvante dans sa fureur : C’est moi qui ai oint mon roi sur Sion, ma montagne sainte » (Psaume 2.4-6). Tout le peuple juif du temps de Jésus attendait ardemment la venue de cet individu oint par Dieu. Même parmi le peuple samaritain, peuple métisse dont les ancêtres païens s’étaient mariés avec des Juifs, on était au courant de Celui qui devait venir. En Jean 4.25,26 une femme samaritaine qui s’entretenait avec Jésus affirma : « Je sais que le Messie doit venir (celui qu’on appelle Christ) ; quand il sera venu, il nous annoncera toutes choses. Jésus lui dit : “Je le suis, moi qui te parle.” »

L’importance de ce qu’on croit de Jésus

Ayant vu tous ces faits, nous devons souligner la nécessité absolue de tirer la conclusion correcte concernant l’identité de Jésus. C’est Jésus lui-même qui a insisté dessus. Dans l’Évangile de Jean 8.23,24 il dit : « Vous êtes d’en bas ; moi, je suis d’en haut. Vous êtes de ce monde ; moi, je ne suis pas de ce monde. C’est pourquoi je vous ai dit que vous mourrez dans vos péchés ; car si vous ne croyez pas ce que je suis, vous mourrez dans vos péchés. » En fait, tout au long de l’Évangile de Jean, Jésus dit clairement que si l’on veut avoir la vie, il faut venir à lui (Jean 5.40). Il emploie plusieurs images pour communiquer cette réalité. En Jean 6.47-51 il dit : « En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi a la vie éternelle. Je suis le pain de vie… Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement ; et le pain que je donnerai pour la vie du monde, c’est ma chair. » Au chapitre 7.37,38 Jésus s’écria : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive. Celui qui croit en moi, des fleuves d’eau vive couleront de son sein, comme dit l’Écriture. » En Jean 14.6 Jésus répond à une question de son apôtre, Thomas. Il lui dit : « Je suis le chemin, la vérité et la vie. Nul ne vient au Père que par moi. »

Jésus parla, bien sûr, de la foi en Dieu, mais aucun autre prophète n’a insisté comme lui sur sa propre personne et la nécessité de croire en lui. Jésus osait dire que la destinée éternelle de chacun de nous dépend de la conclusion que nous tirons en ce qui concerne son identité et de notre foi en lui. Ne serait-il pas bien plus qu’un prophète ? Peut-être que le plus grand danger pour nous, que nous soyons des lecteurs de la Bible ou du Coran ou simplement des personnes ayant grandi dans une société dite « chrétienne », serait d’adopter l’attitude des habitants de Nazareth. Quand Jésus, après avoir commencé son ministère, se rendit dans la ville où il avait grandi, les gens étaient étonnés. Ils disaient : « D’où a-t-il cette sagesse ? Comment peut-il accomplir ces miracles ? N’est-ce pas le fils du charpentier ? Marie n’est-elle pas sa mère ? Jacques, Joseph, Simon et Jude ne sont-ils pas ses frères ? Et ses sœurs ne vivent-elles pas toutes parmi nous ? D’où a-t-il donc ce pouvoir ? Et cela les empêchait de croire en lui…. Jésus n’accomplit là que peu de miracles à cause de leur manque de foi » (Matthieu 13.54-58). Ces gens pensaient connaître déjà qui était Jésus. Mais leur conception de lui était bien trop limitée. Ils n’ont pas découvert sa vraie identité, parce qu’ils avaient trop d’idées préconçues à son égard. Leurs préjugés les ont empêchés de profiter de ce que Jésus aurait fait pour eux.

Selon la Sourate 3 – Al-Imram, « Allah dit : “Ô Jésus, je te ferai subir la mort, je t’élèverai à moi, je te délivre des infidèles et ceux qui te suivront seront au-dessus de ceux qui ne te croient pas jusqu’au jour de la résurrection” » (aya 55). Si vous ne l’avez pas déjà fait, procurez-vous une copie de l’Évangile et découvrez en profondeur ce Jésus.

B. B.
(Dans Vol. 10, No. 6)


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Peut-on perdre le salut?

Peut-on être sûr de son salut ? Les apôtres de Jésus prêchaient sans ambiguïté le pardon qu’il avait rendu possible :

« Sachez donc, hommes frères, que c’est par lui [Jésus] que le pardon des péchés vous est annoncé, et que quiconque croit est justifié par lui de toutes les choses dont vous ne pouviez être justifiés par la loi de Moïse. » (Actes 13.38,39)

Selon 1 Jean 5.13, on peut bien savoir qu’on a été sauvé :

« Je vous ai écrit ces choses, afin que vous sachiez que vous avez la vie éternelle, vous qui croyez au nom du Fils de Dieu. »

Le Seigneur ne veut pas que ses enfants soient dans le doute concernant la réalité de la délivrance qu’il nous accorde du péché et de la mort.

« Nous ne voulons pas que vous soyez dans l’ignorance au sujet de ceux qui sont morts, afin que vous ne vous affligiez pas comme les autres qui n’ont point d’espérance. » (1 Thessaloniciens 4.13)

Considérez la confiance exprimée par l’apôtre Paul quand il voyait que le moment de sa mort approchait :

« Désormais la couronne de justice m’est réservée ; le Seigneur, le juste juge, me la donnera dans ce jour-là, et non seulement à moi, mais encore à tous ceux qui auront aimé son avènement. » (2 Timothée 4.8)

Si la Bible enseigne qu’une personne peut savoir qu’elle est sauvée, cela ne veut pas dire forcément qu’elle ne peut en aucun cas perdre ce salut. Or, c’est justement ce que de nombreuses personnes affirment. On l’appelle tantôt « la doctrine de la persévérance des saints », tantôt « la sécurité éternelle du croyant ». D’autres résument l’idée par la phrase : « Une fois sauvé, toujours sauvé ! » Quand on leur pose des questions sur le cas de personnes qui ont cru à l’Évangile, mais qui sont maintenant dans un état d’infidélité totale envers le Seigneur, ils affirment souvent que Dieu fera en sorte que ces personnes reviennent forcément à lui avant de mourir. Si elles ne se repentent pas, cela prouve, selon eux, que ces personnes n’avaient pas été sauvées au départ. Leur conversion n’avait pas été réelle. Ils n’avaient pas été parmi les élus de Dieu. D’autres n’admettent même pas qu’il soit nécessaire que la personne sauvée revienne à la fidélité avant sa mort. Ils insistent sur l’idée que du moment où nous avons accepté l’Évangile, notre état devant Dieu est garanti inconditionnellement et que ce salut ne peut donc pas être perdu à cause des choix que nous prenons ou des actes que nous posons.

Comme toujours, nous voulons surtout savoir ce que la Bible dit à ce sujet très important.

Les paroles de Christ

La parabole de l’homme qui refuse de pardonner

En Matthieu 18.21-35 Jésus dit une parabole concernant un roi qui décida de régler ses comptes avec ses serviteurs. On lui amena un homme qui lui devait une très grosse somme d’argent, mais qui n’avait pas de quoi rendre cet argent. Le roi ordonna, selon la coutume et la loi de l’époque, de vendre cet homme comme esclave et de vendre aussi sa femme, ses enfants et tout ce qu’il possédait. Mais comme son serviteur tomba à genoux et supplia le roi, ce dernier en eut pitié et lui remit sa dette. Le serviteur sortit et rencontra un de ses compagnons qui lui devait une somme très modeste. Il le saisit à la gorge et le serrait à l’étouffer en disant : « Paie ce que tu me dois ! » Et il le fit jeter en prison. Lorsque le roi apprit ce qui s’était passé, il fit venir le premier serviteur et lui dit :

« Méchant serviteur ! Je t’ai remis toute ta dette parce que tu m’as supplié de le faire. Tu devais toi aussi avoir pitié de ton compagnon comme j’ai eu pitié de toi. »

Le roi était très en colère ; il retira son pardon et envoya le serviteur en prison. Et Jésus ajouta :

« C’est ainsi que mon Père qui est au ciel vous traitera si chacun de vous ne pardonne pas à son frère de tout son cœur. »

Jésus enseigne ici que le pardon de Dieu, bien qu’accordé librement par pures miséricorde et grâce à des pécheurs qui ne le méritent pas du tout, demeure toutefois conditionnel. Le pardon que Dieu accorde peut être retiré si la personne qui le reçoit agit de certaines manières – si, par exemple, après avoir été pardonnée par Dieu elle refuse de pardonner aux autres. Nier cette réalité serait nier que cette parabole ait un sens quelconque.

Le cep et les sarments

En Jean 15.1-6 Jésus se compare lui-même à un cep (une vigne) et ses disciples à des sarments (des rameaux). La source de notre vie spirituelle, c’est Jésus, comme la vigne est la source de vie pour les rameaux. Si nous ne sommes pas unis à Christ, nous sommes morts. « Celui qui a le Fils a la vie ; celui qui n’a pas le Fils de Dieu n’a pas la vie » (1 Jean 5.12). La présence continuelle du Christ dans son disciple dépend en partie de la volonté du disciple : « Demeurez en moi, et je demeurerai en vous » (Jn. 15.4). La conséquence quand le disciple demeure en Christ, c’est que le Christ demeure en lui, et le disciple porte du fruit :

« Un rameau ne peut porter de fruit tout seul, sans être uni à la vigne ; de même, vous ne pouvez pas porter du fruit si vous ne demeurez pas unis à moi. Je suis la vigne, vous êtes les rameaux. Celui qui demeure uni à moi, et à qui je suis uni, porte beaucoup de fruit, car vous ne pouvez rien faire sans moi. » (Jn. 15.4,5, FC)

La conséquence quand le disciple ne demeure pas en Christ, c’est que celui-là ne porte pas de fruit, et qu’il est retranché :

« Il coupe chaque rameau qui, en moi, ne porte pas de fruit… Celui qui ne demeure pas uni à moi est jeté dehors, comme un rameau, et il sèche ; les rameaux secs, on les ramasse, on les jette au feu et ils brûlent. » (vs. 2,6)

Plusieurs fois quand Jésus avertissait ses disciples concernant des temps difficiles et des persécutions futures, il énonça le principe contenu dans ces versets :

« Plusieurs faux prophètes s’élèveront, et ils séduiront beaucoup de gens. Et, parce que l’iniquité se sera accrue, la charité du plus grand nombre se refroidira. Mais celui qui persévérera jusqu’à la fin sera sauvé. » (Matthieu 24.11-13; cf. Matt.10.22; Apoc. 2.10)

Il semble évident que le contraire serait vrai : celui qui ne persévère pas jusqu’à la fin ne sera pas sauvé.

Ces paroles de Christ sont assez directes. La façon la plus naturelle de les comprendre serait de reconnaître que le salut peut bien se perdre.

Les paroles des apôtres

Les apôtres de Christ ont-ils compris son enseignement de la même manière que nous venons de l’interpréter ?

L’apôtre Pierre est très clair :

« En effet, si les hommes qui ont échappé aux mauvaises influences du monde parce qu’ils ont connu notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, se laissent ensuite reprendre et vaincre par elles, ils se trouvent finalement dans une situation pire qu’au commencement. Il aurait mieux valu pour eux ne pas connaître le juste chemin, que de l’avoir connu et de se détourner ensuite du saint commandement. » (2 Pierre 2.20,21)

En Romains 11, l’apôtre Paul traite le problème d’Israël incrédule : la majorité des Juifs n’avaient pas cru à l’Évangile, tandis que de nombreux païens avaient accepté le Christ avec joie. Paul compare le peuple de Dieu à un arbre (un olivier) et les individus à des branches. Ceux des Juifs qui ne croyaient pas à la bonne nouvelle étaient comme des branches qui ont été coupées ; les païens qui sont devenus chrétiens étaient comme des branches d’olivier sauvage greffées à leur place sur cet olivier cultivé. Aux versets 19-23 Paul s’adresse à un chrétien d’origine païenne qui risquait de s’enorgueillir :

« Tu vas me dire : « Mais, des branches ont été coupées pour que je sois greffé à leur place. » C’est juste. Elles ont été coupées parce qu’elles ont manqué de foi, et tu es à cette place en raison de ta foi. Mais garde-toi de l’orgueil ! Crains plutôt. Car, si Dieu n’a pas épargné les Juifs, qui sont des branches naturelles, il ne t’épargnera pas non plus. Remarque comment Dieu montre sa bonté et sa sévérité : il est sévère envers ceux qui sont tombés et il est bon envers toi. Mais il faut que tu demeures dans sa bonté, sinon tu seras aussi coupé comme une branche. Et si les Juifs renoncent à leur incrédulité, ils seront greffés là où ils étaient auparavant. » (FC)

Ce que dit l’apôtre Paul à son propre sujet surprend beaucoup de lecteurs : « Je traite durement mon corps et je le maîtrise sévèrement, afin de ne pas être moi-même rejeté après avoir prêché aux autres » (1 Corinthiens 9.27). Paul reconnaissait le danger de se voir rejeter par Dieu s’il se mettait à tolérer le péché dans sa propre vie ou à être dominé par ses désirs charnels. Certains enseignent que Paul ne craignait pas la perte de son salut, mais qu’il avait peur de se disqualifier pour le service de Dieu ou de ne pas recevoir une pleine récompense pour son œuvre. Mais le contexte montre que cela n’est pas le cas. Il poursuit son idée, en effet, en rappelant aux Corinthiens l’exemple des Israélites dans le désert. Ils avaient été délivrés de l’esclavage en Égypte et avaient reçu de nombreuses bénédictions de la part de Dieu, mais « la plupart d’entre eux ne furent pas agréables à Dieu et c’est pourquoi ils tombèrent morts dans le désert » (1 Cor. 10.5). Ceux-ci n’ont pas atteint le pays que Dieu leur avait promis, le Canaan. Les chrétiens, pour leur part, ont été délivrés « de la puissance des ténèbres » (Col. 1.13) et de la servitude au péché, et ils reçoivent aussi de nombreuses bénédictions de la part de Dieu. Ils doivent se garder de tomber dans la même sorte de péchés que les Israélites – idolâtrie (v. 7), immoralité sexuelle (v. 8), rébellion (v. 9), murmures (v. 10) – et de perdre, eux aussi, l’accès au pays que Dieu leur promet, c’est-à-dire le ciel. Le danger est réel et non imaginaire. Paul dit concernant les Israélites :

« Ces malheurs leur arrivèrent pour servir d’exemples à d’autres ; ils ont été mis par écrit pour nous avertir… Par conséquent, celui qui pense être debout doit prendre garde de ne pas tomber. » (1 Cor. 10.11,12).

Les autres livres du Nouveau Testament aussi parlent de cette manière. Voyez, par exemple, Jacques 1.12; 5.19,20; 2 Pierre 1.5-11; 3.16-18; 2 Jean 7-9; Col. 2.4-8; Apoc. 22.19; etc.

Des cas concrets

Le Nouveau Testament ne traite pas la perte du salut comme une simple possibilité théorique : il se réfère à des cas concrets, différentes personnes qui avaient été dans la foi, mais qui ont été perdues par la suite. Tout en exhortant Timothée de combattre « le bon combat, en gardant la foi et une bonne conscience », Paul déclare que « quelques-uns l’ont perdue, et ils ont fait naufrage par rapport à la foi ». Il cite Hyménée et Alexandre comme étant de ce nombre. (1 Tim. 1.18-20).

Dans la même lettre, Paul donne des instructions concernant des veuves qui devaient ou ne devaient pas être assistées matériellement par l’Église. Celles qui recevaient cette assistance devaient prendre une sorte d’engagement solennel. L’apôtre dit en 1 Timothée 5.11,12,15 :

« Mais refuse de mettre les jeunes veuves sur la liste ; car lorsque leurs désirs les poussent à vouloir se remarier, elles se détournent du Christ et se rendent ainsi coupables d’avoir rompu leur premier engagement à son égard… Car quelques veuves se sont déjà détournées du droit chemin pour suivre Satan. » (FC)

Le danger était réel. Certaines sœurs en Christ avaient déjà été perdues.

Toujours en 1 Timothée, Paul met en garde contre le danger que représente l’amour de l’argent (et ce danger concerne les chrétiens autant que les non-chrétiens) :

« Mais ceux qui veulent s’enrichir tombent dans la tentation, dans le piège, et dans beaucoup de désirs insensés et pernicieux qui plongent les hommes dans la ruine et la perdition. Car l’amour de l’argent est une racine de tous les maux ; et quelques-uns, en étant possédés, se sont égarés loin de la foi, et se sont jetés eux-mêmes dans bien des tourments. » (1 Tim. 6.9,10)

En Galatie aussi, il y avait eu des cas concrets de personnes qui avaient bénéficié de la grâce de Dieu, qui avaient été sauvées, mais qui étaient tombées de la grâce : « Vous êtes séparés de Christ, vous tous qui cherchez la justification dans la loi ; vous êtes déchus de la grâce » (Galates 5.4).

L’Épître aux Hébreux parle beaucoup du danger de perdre le salut. Elle aussi se réfère à des personnes qui avaient clairement été sauvées, mais qui ne l’étaient plus :

« Car il est impossible que ceux qui ont été une fois éclairés, qui ont goûté le don céleste, qui ont eu part au Saint-Esprit, qui ont goûté la bonne parole de Dieu et les puissances du siècle à venir, et qui sont tombés, soient encore renouvelés… » (Héb. 6.4-6)

Il est sûr que dans chaque génération certains ont seulement fait semblant de croire, et leurs professions de foi étaient fausses dès le départ. Mais il est aussi sûr, selon ce que nous lisons dans les Écritures, que d’autres ont réellement abandonné une vérité après y avoir obéi de tout cœur.

Des arguments en faveur de « la sécurité éternelle du croyant »

Pourquoi alors certains diraient-ils que le salut ne peut pas se perdre ? Nous sommes sûrs que ces gens sont sincères dans ce qu’ils croient et qu’ils pensent avoir une base biblique pour leur point de vue. Mais quels arguments trouvent-ils pour appuyer une doctrine qui semble contredire non seulement le sens commun, mais tous ces passages bibliques que nous venons de voir ?

1. « La vie éternelle ne peut pas avoir de fin, sinon elle n’est pas éternelle. »

Certaines personnes, en réfléchissant à la déclaration de 1 Jean 5.13 qui dit que nous pouvons savoir que nous avons la vie éternelle, se posent la question suivante : « Si la vie éternelle peut être terminée, comment peut-on la considérer comme étant éternelle ? » Il est certes vrai que la vie éternelle demeure pour toujours. Elle ne peut cesser. Mais le Nouveau Testament nous avertit à maintes reprises que notre privilège de participer à cette vie éternelle dépend directement de notre persévérance à demeurer en celui en qui cette vie est rendue disponible aux hommes. Si nous cessons de demeurer en lui, la vie éternelle continue ; mais notre participation à cette vie prend fin.

« Votre véritable vie, c’est le Christ. » (Col. 3.4)

« Le don gratuit de Dieu, c’est la vie éternelle en Jésus-Christ notre Seigneur. » (Rom. 6.23)

« Voici ce témoignage : Dieu nous a donné la vie éternelle et cette vie nous est accordée en son Fils. Celui qui a le Fils a cette vie ; celui qui n’a pas le Fils de Dieu n’a pas la vie. » (1 Jn. 5.11,12)

« Et maintenant, petits enfants, demeurez en lui, afin que, lorsqu’il paraîtra, nous ayons de l’assurance, et qu’à son avènement nous ne soyons pas confus et éloignés de lui. » (1 Jn. 2.28)

2. « Rien ne peut nous séparer de l’amour de Dieu ni nous ravir de sa main »

Une merveilleuse promesse du Sauveur se trouve en Jean 10.28,29 :

« Je leur donne la vie éternelle ; et elles ne périront jamais, et personne ne les ravira de ma main. Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tous ; et personne ne peut les ravir de la main de mon Père. »

Malheureusement, beaucoup de gens citent cette promesse en omettant le verset 27, qui fait partie de la déclaration de Jésus. Il présente la condition qui régit la promesse : « Mes brebis écoutent ma voix ; je les connais, et elles me suivent » (FC). Ces verbes sont au temps présent, qui en grec indique une action qui continue. La sécurité que Jésus promet n’est pas offerte à ceux qui ne continuent pas de le suivre.

Nous avons d’autres promesses, comme celle de Romains 8.38,39 :

« Car j’ai l’assurance que ni la mort ni la vie, ni les anges ni les dominations, ni les choses présentes ni les choses à venir, ni les puissances, ni la hauteur ni la profondeur, ni aucune autre chose ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ notre Seigneur. »

Il est important de distinguer entre tous les ennemis possibles que Paul énumère et le croyant lui-même. Aucun esprit, aucune force, aucune circonstance ne pourrait enlever de la main de Christ même le plus faible qui se confie en lui. Il y a une sécurité totale en Christ pour la brebis qui suit le berger et écoute sa voix. Mais Dieu ne nous tiendra pas en captivité si nous décidons de l’abandonner.

Rien de l’extérieur à l’enfant de Dieu ne peut lui ravir son salut, mais de mauvais choix faits par le chrétien, le reniement du Seigneur, par exemple, peut le ramener dans un état de perdition. Le danger vient du dedans, de notre propre volonté.

3. « Une fois qu’on est né, on ne peut pas cesser d’être un fils de son père. »

D’autres personnes considèrent la question du point de vue de la nouvelle naissance. Une fois qu’un enfant nous est né, il demeure toujours notre enfant, même si parfois il nous déçoit profondément par ses actions. Dans notre conversion au Christ, nous sommes devenus enfants de Dieu. Il est vrai que nous pouvons attrister notre Père céleste, mais ces gens considèrent qu’il nous reconnaîtra toujours comme ses enfants, et donc ses héritiers. En réalité, notre état de « fils de Dieu » demeure conditionnel tout au long de notre séjour sur la terre. Considérez ces déclarations de l’apôtre Paul :

« Ainsi donc, frères, nous ne sommes point redevables à la chair, pour vivre selon la chair. Si vous vivez selon la chair, vous mourrez ; mais si par l’Esprit vous faites mourir les actions du corps, vous vivrez, car tous ceux qui sont conduits par l’Esprit de Dieu sont fils de Dieu… Or, si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers : héritiers de Dieu, et cohéritiers de Christ, si toutefois nous souffrons avec lui, afin d’être glorifiés avec lui. » (Rom. 8.12-14,17)

« Si nous persévérons, nous régnerons avec lui ; si nous le renions, lui aussi nous reniera » (2 Tim. 2.12). Si nous cessons de nous laisser conduire par l’Esprit Saint qui nous parle à travers la Parole de Dieu, nous ne serons plus « fils de Dieu ».

Même dans une famille physique, un parent aura toujours de l’amour pour son enfant, mais un enfant rebelle peut, par son comportement, rendre impossible une bonne relation avec le parent, au point même de se voir déshériter.

4. « Ceux qui rechutent n’avaient pas été sauvés ; le fait qu’ils sont tombés montre qu’ils n’avaient pas été sauvés »

L’un des avertissements les plus forts concernant le danger de perdre le salut se trouve en Hébreux 10.26,27 :

« Si nous péchons volontairement après avoir reçu la connaissance de la vérité, il ne reste plus de sacrifice pour les péchés, mais une attente terrible du jugement. »

Cet avertissement ne s’adresse pas, comme certains le disent, à des non-croyants qui hésitent de mettre leur confiance en Christ ; l’auteur parle plutôt à des « frères » qui ont « au moyen du sang de Jésus, une libre entrée dans le sanctuaire par la route nouvelle et vivante qu’il a inaugurée pour nous » (vs. 19,20) – des hommes qui n’ont qu’à retenir « fermement la profession de notre espérance » (v. 23) et ne pas « abandonner notre assemblée » (v. 25) pour l’encouragement mutuel dans la foi. Les lecteurs auxquels l’avertissement s’adresse sont des « frères » qui ont déjà « accompli la volonté de Dieu » (v. 36) jusqu’au moment présent, et qui ont simplement besoin de ne pas « abandonner leur confiance » (v. 35) en Christ. Ils sont actuellement des croyants et ne sont pas de « ceux qui se retirent pour se perdre, mais de ceux qui ont la foi pour sauver leur âme » (v. 39). Ayant clairement à l’esprit la situation des lecteurs, on ferait bien de relire les nombreuses exhortations ailleurs dans cette épître, dans laquelle l’auteur plaide avec des chrétiens d’origine juive de ne pas tourner le dos à Jésus-Christ et perdre leur salut (Héb. 3.6-19; 4.1-16; 6.4-9, 10-12; 10.19-31, 35-39; 12.14-17).

Dieu nous aime plus que nous ne pouvons jamais comprendre, et il désire tant le salut de chacun de nous qu’il a payé le prix ultime : le sang de son Fils Jésus-Christ. Il nous appelle par l’Évangile. Il nous donne son Esprit pour nous fortifier. Mais il ne force personne. Nous devons croire et être baptisés en Christ (Gal. 3.26,27; Rom. 6.3), et puis demeurer en Christ jusqu’à la fin (Jn. 8.31). Si nous ne retenons pas l’Évangile par lequel nous sommes sauvés, nous aurons « cru en vain » (1 Cor. 15.1,2).


B. B.
(Dans Vol. 10, No. 5)

(Beaucoup d’idées dans ce numéro sont empruntées du livre Life in the Son, par Robert SHANK.)

La forme et le but du baptême

La forme du baptême

Dans la Bible nous lisons que les habitants de la Judée se faisaient baptiser par Jean-Baptiste. Un peu plus loin nous voyons en Jean 4.1,2 que Jésus « faisait et baptisait plus de disciples que Jean. Toutefois Jésus ne baptisait pas lui-même, mais c’étaient ses disciples ». En Actes 2 nous apprenons qu’après la mort et la résurrection de Jésus, trois mille personnes ont été baptisées le jour de la Pentecôte, suite à la prédication de l’apôtre Pierre. Il est clair dans le livre des Actes que partout où l’Évangile était prêché, ceux qui croyaient au message recevaient le baptême. Ce n’était donc pas un acte sans importance.

De nos jours aussi la quasi-totalité des dénominations dites chrétiennes parlent de baptême. Cependant, ce qu’on appelle « baptême » varie beaucoup d’une dénomination à l’autre. Dans certaines Églises on asperge quelques gouttes d’eau sur la tête de la personne qu’on baptise, ou bien on passe un mouchoir mouillé sur son front. Chez certains on verse de l’eau sur la personne et chez d’autres la personne se prosterne devant une croix plantée dans l’eau. Chez d’autres encore on immerge la personne tout entière dans l’eau.

Mais au fait, quand Jésus dit en Matthieu 28.19 : « Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit », de quoi s’agit-il ? Comment Jésus et ses apôtres entendaient-ils le mot « baptiser » ? La Bible nous indique-t-elle la forme du baptême ordonnée par Dieu ?

Il s’agit d’une immersion

Des exemples

Nous voyons un premier indice en Jean 3.23 qui nous parle de l’endroit que Jean-Baptiste a choisi pour baptiser les gens : « Jean aussi baptisait à Énon, près de Salim, parce qu’il y avait là beaucoup d’eau ; et on y venait pour être baptisé. » Quelle que soit la forme du baptême utilisée par Jean, elle nécessitait beaucoup d’eau, ce qui écarte la possibilité qu’il pratiquait l’aspersion. Si Jean ne mettait que quelques gouttes sur chaque personne, un grand bassin d’eau aurait suffi pour baptiser une foule nombreuse.

Matthieu 3.16 nous parle du baptême que Jésus reçut. Ce passage aussi nous donne un indice concernant la méthode de baptême employée par Jean-Baptiste. Le passage dit : « Dès que Jésus eut été baptisé, il sortit de l’eau. Et voici, les cieux s’ouvrirent, et il vit l’Esprit de Dieu descendre comme une colombe sur lui. » Évidemment, l’élément qui nous intéresse en ce qui concerne notre question est le fait que Jésus dut sortir de l’eau après son baptême. Il avait donc été dans l’eau afin d’être baptisé, ce qui aurait été absolument nécessaire si on devait le submerger, mais assez étrange s’il était question de tout simplement l’asperger de quelques gouttes.

La même remarque peut se faire pour le baptême pratiqué plus tard par les disciples au nom de Jésus. Actes 8.26-39 décrit la conversion de l’eunuque éthiopien à qui l’évangéliste Philippe annonça la bonne nouvelle pendant qu’ils voyageaient ensemble. Après avoir confessé sa foi en Christ, l’eunuque « fit arrêter le char ; Philippe et l’eunuque descendirent tous deux dans l’eau, et Philippe baptisa l’eunuque. Quand ils furent sortis de l’eau, l’Esprit du Seigneur enleva Philippe, et l’eunuque ne le vit plus. Tandis que, joyeux, il poursuivait sa route. » Notons bien que celui qui baptise et celui qui doit être baptisé descendent tous les deux dans l’eau. Ce qui serait nécessaire si Philippe devait plonger l’eunuque dans l’eau, mais tout à fait illogique s’il voulait simplement lui mettre des gouttes d’eau sur la tête. Rappelons-nous que cet eunuque était un personnage d’importance dans le monde, étant, selon le verset 27, le ministre des finances de la reine d’Éthiopie. Il avait sûrement de l’eau dans un récipient dans son char. Il avait sûrement des serviteurs qui l’accompagnaient au cours d’un si long voyage et qui auraient pu puiser de l’eau pour que Philippe en verse un peu sur sa tête. Pourquoi obliger un tel homme à descendre dans l’eau ? La seule explication est qu’il devait être immergé.

Le sens de l’acte

Les exemples que nous venons de voir sont appuyés par les explications données par l’apôtre Paul dans ses épîtres aux Colossiens et aux Romains. En Colossiens 2.12 il leur dit : « Ayant été ensevelis avec lui (c’est-à-dire avec Christ) par le baptême, vous êtes aussi ressuscités en lui et avec lui, par la foi en la puissance de Dieu, qui l’a ressuscité des morts. » Dans le baptême une personne est donc ensevelie comme Christ a été enterré. Quand le baptisé sort de l’eau, c’est comme s’il sort du tombeau de la même manière que Christ est sorti du sien. Le baptême est un ensevelissement.

En Romains 6 Paul développe davantage cette idée : « Nous qui sommes morts au péché, comment vivrions-nous encore dans le péché ? Ignorez-vous que nous tous qui avons été baptisés en Jésus-Christ, c’est en sa mort que nous avons été baptisés ? Nous avons donc été ensevelis avec lui par le baptême en sa mort, afin que, comme Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, de même, nous aussi nous marchions en nouveauté de vie. En effet, si nous sommes devenus une même plante avec lui par la conformité à sa mort, nous le serons aussi par la conformité à sa résurrection » (Romains 6.2-5). Paul insiste donc sur le fait que nous mourons au péché, nous sommes enterrés en quelque sorte par le baptême, et notre sortie des eaux du baptême ressemble à une résurrection dans laquelle nous recevons une nouvelle vie et après laquelle nous devons vivre dans la justice. C’est une image pleine de signification, mais le sens n’y est plus si le baptême n’est pas une immersion. C’est la seule forme de baptême qui s’accorde avec les explications de l’apôtre Paul.

Le sens du mot

En plus de ce que nous venons de voir ensemble, on peut considérer l’étymologie, c’est-à-dire l’origine du mot « baptiser ». Ce mot, en fait, n’est pas une traduction du mot grec employé par les auteurs de la Bible ; c’est tout simplement une forme francisée du mot grec « baptizo ». La même chose se passe couramment entre le français et les langues africaines. Quelqu’un parle dans sa langue maternelle, insère les mots français « parce que », et continue dans sa langue maternelle. Les mots « parce que » sont généralement compris même par ceux qui ne parlent pas français, et l’expression est plus facile à dire que l’expression plus compliquée dans la langue africaine qu’on parle. Quand on dit les mots « parce que » tout en parlant une autre langue, « parce que » garde toujours le même sens – il exprime la cause, la raison, le motif.

Pareillement, le mot « baptiser » en français signifie la même chose que le mot grec « baptizo », et ce mot grec signifie « immerger, submerger, ou plonger ». C’est ce que le mot signifiait au temps de Jésus. C’est ce que le mot grec « baptizo » signifie encore de nos jours. Cela montre clairement que l’on ne peut pas raisonnablement parler de baptiser quelqu’un par aspersion. Le mot baptiser veut dire « immerger ». Or, on ne peut pas « immerger par aspersion ». C’est un non-sens. Si l’on vous a tout simplement aspergé d’eau, vous n’avez pas, selon le vrai sens du mot, été baptisé.

Arguments avancés en faveur de l’aspersion

En réalité, les prêtres et les pasteurs des Églises qui pratiquent l’aspersion savent très bien qu’au premier siècle le baptême était toujours l’immersion d’un croyant dans l’eau. Comment justifient-ils donc leur pratique ?

Un argument que l’on rencontre, c’est que l’on asperge les candidats au baptême pour une question de commodité. Il est plus facile de mettre quelques gouttes d’eau sur le front que de plonger une personne tout entière dans l’eau. Il est vrai aussi qu’il faut parfois se déplacer un peu loin afin de trouver assez d’eau pour immerger un homme ; il faut parfois même aller jusqu’à se rendre dans un village voisin. Néanmoins, quand il est question d’un commandement de Dieu lui-même, ne devons-nous pas nous soucier plus de l’observer scrupuleusement plutôt que de chercher la facilité ? Le jour de la Pentecôte trois mille personnes ont été immergées, selon Actes 2.41. Il aurait été plus facile de les asperger, mais ce n’est pas ce qui a été fait. Jésus lui-même a parcouru une distance de plus de 110 kilomètres à pied pour se rendre au lieu où Jean l’a baptisé. Et Jésus n’avait pas besoin d’être baptisé pour ses propres péchés – il n’en avait pas. Il l’a fait pour nous donner un exemple de justice. Ne devons-nous pas être prêts à suivre son exemple en acceptant n’importe quel sacrifice pour obéir à Dieu ? Recherchons la justice de Dieu et non la commodité.

Un autre argument offert en faveur de l’aspersion est que, malgré le fait que les apôtres ne la pratiquaient pas, c’est une méthode très ancienne, et donc légitime. Mais le fait que des hommes ont vécu des siècles avant nous ne leur donne pas le droit de changer les ordonnances de Dieu. Jésus lui-même enseignait qu’il faut suivre la parole de Dieu plutôt que les commandements des hommes. Il dit à certains Juifs : « Vous annulez ainsi la parole de Dieu au profit de votre tradition. Hypocrites, Ésaïe a bien prophétisé sur vous quand il a dit : Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est éloigné de moi. C’est en vain qu’ils m’honorent, en enseignant des préceptes qui sont des commandements d’hommes » (Matthieu 15.6-9).

Si le Seigneur avait ordonné de croire à l’évangile et de subir une cérémonie religieuse avec de l’eau, on aurait le choix de se faire asperger, de se prosterner dans l’eau, de se faire immerger, ou même de boire un verre d’eau. Mais l’ordre n’a pas été si vague.

Il n’existe aucun doute que le baptême que Jésus a ordonné et que les premiers chrétiens ont pratiqué était l’immersion dans l’eau. La question qui demeure est de savoir si nous allons manifester notre foi et notre soumission en nous faisant immerger selon sa parole.

Le but du baptême

Mais quel est le but du baptême ? S’agit-il d’un simple acte symbolique pour enseigner ou rappeler quelque chose ? Le baptême nous apporte-t-il quelque chose ? Y a-t-il des conséquences si l’on ne se fait pas baptiser ?

Le baptême se fait pour le pardon des péchés

Plusieurs passages dans le Nouveau Testament nous font voir le but du baptême, la raison pour laquelle on doit le recevoir.

En Marc 16.15,16, Jésus confie à ses apôtres la mission d’évangéliser le monde entier : « Puis il leur dit : Allez par tout le monde, et prêchez la bonne nouvelle à toute la création. Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé, mais celui qui ne croira pas sera condamné. » Il ressort de ce passage qu’il y a au moins deux choses que l’homme doit faire pour être sauvé : Il doit croire à la bonne nouvelle ET se faire baptiser. Les deux conditions précèdent le salut. Pour ceux qui préfèrent se voir condamné, Jésus a indiqué qu’une seule condition suffirait : celui qui ne croira pas, dit-il, sera condamné. Ce n’était pas nécessaire qu’il dise : « Celui qui ne croira pas et qui ne se fera pas baptiser sera condamné », parce qu’en principe, la personne qui ne croit pas ne demanderait pas le baptême de toute façon. Ce serait comme si l’on disait : « Celui qui veut jouir de la force physique doit manger de la nourriture ET la digérer, mais celui qui ne mangera pas n’aura pas de force. » Il n’est pas nécessaire de mentionner encore la deuxième condition dans la dernière partie de la phrase, parce que la personne qui ne mange pas n’a, en principe, rien à digérer de toute manière. Dans la pensée de Jésus, la personne qui ne croit pas ne sera pas baptisée, mais pour être sauvé il faut croire et être baptisé.

En Actes 2, l’apôtre Pierre prêche à la foule qui s’est assemblée le jour de la Pentecôte. Il lui parle de Jésus de Nazareth, de sa mort et de sa résurrection, et il conclut en disant : « Que toute la maison d’Israël sache, donc, avec certitude, que Dieu a fait Seigneur et Christ ce Jésus que vous avez crucifié. Après avoir entendu ce discours, ils eurent le cœur vivement touché, et ils dirent à Pierre et aux autres apôtres : Hommes, frères, que ferons-nous ? Pierre leur dit : Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ, pour le pardon de vos péchés, et vous recevrez le don du Saint-Esprit » (Actes 2.36-38). Pierre ne dit pas à la foule de faire une prière pour recevoir Jésus comme Sauveur personnel. Pierre ne dit pas que s’ils ont cru, ils sont déjà sauvés. À ces personnes qui ont déjà cru à son message concernant Jésus, il dit de se repentir et de se faire baptiser pour le pardon de leurs péchés. Aucun passage ne pourrait être plus clair sur le but du baptême. On doit le faire afin d’obtenir le pardon de Dieu, afin d’être sauvé. Si donc on ne le fait pas, comment pourra-t-on être sauvé et aller au ciel ? On sera toujours séparé de Dieu par ses péchés. Le but du baptême biblique, c’est l’obtention du pardon de nos péchés.

Plus tard dans le livre des Actes, au chapitre 22, l’apôtre Paul raconte l’histoire de sa conversion. Il explique à ses auditeurs qu’à cette époque, quand il s’appelait Saul au lieu de Paul, il était un persécuteur des chrétiens. Il croyait que les disciples de Jésus égaraient les hommes par un mensonge grossier. Jusqu’au jour où, sur la route de Damas, Jésus se fit connaître à Saul, et Saul comprit que Jésus était réellement ressuscité et qu’il était donc véritablement le Seigneur. Aux versets 9,10 cet homme explique : « Alors je dis : Que ferai-je, Seigneur ? Et le Seigneur me dit : Lève-toi, va à Damas, et là on te dira tout ce que tu dois faire. » Saul, ou Paul, alla donc à Damas, où il attendit pendant trois jours. Selon Actes 9.9,12 Saul ne mangeait ni ne buvait pendant tout ce temps, mais il priait Dieu. Il serait impossible de supposer qu’en ce moment Saul n’avait pas encore cru en Jésus et ne s’était pas encore repenti de ses crimes. Beaucoup diraient qu’il était donc maintenant un homme sauvé, un chrétien. Mais après les trois jours arriva un disciple nommé Ananias, envoyé auprès de Saul par le Seigneur pour lui dire ce qu’il devait faire. Et qu’est-ce qu’Ananias dit à cet homme qui avait déjà cru en Jésus et qui s’était déjà repenti de ses péchés ? Il dit : « Et maintenant, que tardes-tu ? Lève-toi, sois baptisé, et lavé de tes péchés, en invoquant le nom du Seigneur » (Actes 22.16). Malgré sa foi et son repentir, Saul était encore souillé par ses péchés. Il avait besoin d’être purifié dans les eaux du baptême.

En Romains 6, l’apôtre Paul exhorte ceux qui ont été baptisés à ne plus vivre volontairement dans le péché. Il leur rappelle le sens de leur baptême dans ces termes : « Nous qui sommes morts au péché, comment vivrions-nous encore dans le péché ? Ignorez-vous que nous tous qui avons été baptisés en Jésus-Christ, c’est en sa mort que nous avons été baptisés ? Nous avons donc été ensevelis avec lui par le baptême en sa mort, afin que, comme Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, de même, nous aussi, nous marchions en nouveauté de vie » (Romains 6.2-4). Selon ce passage, c’est par le baptême que nous sommes unis à la mort de Christ, par laquelle nos péchés sont enlevés. Dans le baptême nous aussi, nous mourons au péché. Selon les versets 7 et 8 du même chapitre, celui qui n’est pas mort avec Christ de cette manière est toujours sous la condamnation du péché, mais « celui qui est mort est libre du péché. Or, si nous sommes morts avec Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui. »

Dans un autre passage Paul dit : « Vous tous qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu Christ » (Galates 3.27). Comment peut-on entrer en Christ ? La Bible dit qu’on est baptisé en Christ. Quand on revêt des habits, on se trouve dans ses habits. Quand on revêt Christ, on se trouve en Christ, et cela est très important. En effet, Éphésiens 1.3 nous dit que c’est en Christ que Dieu nous a bénis de toutes sortes de bénédictions spirituelles. Les bénédictions telles que le pardon, l’espérance et la paix se trouvent en Christ, et nous avons accès à ces bénédictions merveilleuses quand nous sommes baptisés en lui.

Bien d’autres passages s’accordent avec cette idée que le baptême est nécessaire au salut. Jean 3.5 : « Jésus répondit : En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît d’eau et d’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu. » L’apôtre Pierre dit en 1 Pierre 3.21 : « Cette eau était une figure du baptême qui vous sauve, maintenant, et qui n’est pas la purification des souillures du corps, mais l’engagement d’une bonne conscience envers Dieu, par la résurrection de Jésus-Christ. »

La Bible dit que le baptême nous sauve. Ce n’est certes pas le baptême seul. Mais le baptême sauve parce que Dieu a fait du baptême l’une des conditions que le pécheur doit satisfaire pour recevoir le salut.

Quelques objections

Certains s’opposent à l’idée que le baptême est nécessaire pour le salut parce qu’ils croient y voir un conflit avec la doctrine que le salut est par la foi en Christ. Il est vrai que nous sommes sauvés par la foi. De nombreux passages de la Bible l’affirment. Paul dit en Galates 2.16, par exemple : « Sachant que ce n’est pas par les œuvres de la loi que l’homme est justifié, mais par la foi en Jésus-Christ, nous aussi nous avons cru en Jésus-Christ, afin d’être justifiés par la foi en Christ et non par les œuvres de la loi, parce que nulle chair ne sera justifiée par les œuvres de la loi. » Notons que Paul fait un contraste ici entre la foi et les œuvres de la loi, c’est-à-dire de la loi de Moïse donnée aux Juifs. Le contraste n’est pas entre la foi et le baptême, ou la foi et toute autre forme d’obéissance à la volonté de Dieu. En réalité, la foi doit s’exprimer dans l’obéissance à Dieu, sinon elle n’a pas de valeur. C’est ce que l’Épître de Jacques nous enseigne : « Tu crois qu’il y a un seul Dieu, tu fais bien ; les démons le croient aussi, et ils tremblent. Veux-tu savoir, ô homme vain, que la foi sans les œuvres est inutile. Abraham, notre père, ne fut-il pas justifié par les œuvres, lorsqu’il offrit son fils Isaac sur l’autel ? Tu vois que la foi agissait avec ses œuvres, et que par les œuvres la foi fut rendue parfaite » (Jacques 2.19-22). Dire que le baptême est nécessaire pour le salut, ce n’est pas dire que l’on n’est plus sauvé par la foi. On est sauvé par la foi en Christ quand on exprime cette foi par l’obéissance au commandement du Seigneur de se faire baptiser.

On s’oppose à la nécessité du baptême en disant aussi que le brigand sur la croix ne fut pas baptisé, mais qu’il fut quand même sauvé. Il dit à Jésus : « Souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton règne. Et Jésus lui répondit : Je te le dis en vérité, aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis » (Luc 23.42,43). On raisonne que puisque le brigand crucifié n’a pas été baptisé, et pourtant Jésus lui dit qu’il serait au paradis, les hommes aujourd’hui peuvent aussi croire en Jésus et être sauvés sans être baptisés. Il ne faut pas oublier, pourtant, que cet homme fut sauvé avant la mort et la résurrection de Jésus. Ce n’est qu’après sa mort et sa résurrection que Jésus donna l’ordre suivant : « Allez par tout le monde, et prêchez la bonne nouvelle à toute la création. Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé » (Marc 16.15,16). On ne peut pas s’attendre à ce qu’un homme obéisse à un commandement avant qu’il ne soit donné. Comment le brigand serait-il baptisé à l’image de la mort et la résurrection de Jésus avant que Jésus ne meure ? Remarquons aussi que lorsque Jésus était sur terre physiquement, il prétendait avoir le pouvoir de pardonner les péchés, et il a plusieurs fois utilisé cette autorité pour pardonner des personnes qui se trouvaient en face de lui. Mais après sa mort il a fait connaître des conditions selon lesquelles n’importe quelle personne peut obtenir le pardon : la foi en lui, la repentance, la confession de foi et le baptême. La Bible ne mentionne pas une seule personne qui, après la résurrection du Christ, ait obtenu le pardon directement du Seigneur sans être baptisée.

Conclusion

Beaucoup enseignent que quand on reçoit le baptême, c’est une façon de dire qu’on est déjà sauvé : ce serait « un signe extérieur d’une grâce intérieure » qu’on a déjà reçue. Certains pasteurs demandent aux candidats au baptême : « Croyez-vous que Dieu vous a sauvés par la mort de Jésus ? ». De tels propos montrent que ces gens n’ont pas compris le sens de tous ces passages qui font voir si clairement que le but du baptême, c’est d’obtenir le pardon des péchés grâce à la mort de Jésus-Christ. La personne qui s’apprête à recevoir le baptême n’a pas déjà été sauvée. Elle sera sauvée quand elle aura été baptisée. « Et maintenant, que tardes-tu ? Lève-toi, sois baptisé et lavé de tes péchés, en invoquant le nom du Seigneur » (Actes 22.16).

B. B.
(Dans Vol. 10, No. 4)

Écriture et tradition

L’article suivant consiste principalement en extraits de Once A Catholic, un livre écrit par Tony Coffey, ancien catholique irlandais. (Toutes les citations bibliques sont tirées de la Bible de Jérusalem.) Notez que ses observations sur la tradition s’appliquent à beaucoup de groupes religieux et non seulement à l’Église catholique.

B. B.


Des changements positifs

Depuis que le Pape Jean XXIII appela l’Église catholique Romaine à ouvrir les fenêtres et laisser entrer de l’air frais, un vent puissant a soufflé à travers cette Église, apportant beaucoup de changements dans une institution considérée comme étant stationnaire. Le temps était arrivé où l’Église immuable se transformerait. Les documents du Deuxième Concile du Vatican surgirent de cet environnement et reflétèrent le nouveau visage du Catholicisme. Les documents furent reçus avec enthousiasme par le monde catholique et avec approbation des autres traditions chrétiennes.

La papauté reçut également un nouveau visage. Dans toute sa longue histoire, la papauté n’a jamais joui d’une si grande visibilité. Le Pape ne reste plus dans les murs du Vatican ; parcourir le globe fait maintenant partie de ses devoirs. Le média accorde à la papauté la condition d’une célébrité. Les aspects honteux ou sinistres de son passé sont quasiment oubliés.

Le renouveau charismatique dans l’Église catholique a aussi contribué à la transformation de son image de marque. Quelles que soient les appréhensions que l’on puisse avoir à l’égard de ce mouvement, il faut reconnaître qu’il a produit des fruits positifs. Pour la toute première fois, les Écritures ont commencé à jouer un rôle indispensable dans la vie de nombreux catholiques.

Un problème fondamental demeure

Bien que les changements dans l’Église catholique aient été nombreux et favorables, le problème le plus fondamental n’a pas encore été résolu : le problème de l’autorité. Faut-il accepter les Écritures seules pour traiter toute question de foi et de pratique, ou bien faut-il, comme le prétend l’Église catholique, que les Écritures soient complétées par la tradition ? Il faut prendre une décision là-dessus, car il est impossible que toutes les deux positions soient correctes. Les siècles de tradition ont donné lieu à des doctrines inconnues de Jésus et ses apôtres.

Les catholiques acceptent l’autorité de leur Église en plus de celle des Écritures. Ils maintiennent que la plénitude de la Vérité n’est pas contenue dans les seules Écritures, mais dans les Écritures plus la tradition. Par « tradition » j’entends l’enseignement de l’Église catholique. Ce sont des enseignements dont l’origine n’est pas la Bible, mais qui ont évolué au cours des siècles et qui ont finalement été définis par l’Église comme dogmes (points fondamentaux de doctrine).

Cette idée se voit clairement dans la citation suivante, tirée de la Catéchisme de l’Église catholique (1992) :

« La Sainte Écriture est la parole de Dieu en tant que, sous l’inspiration de l’Esprit divin, elle est consignée par écrit… Quant à la Sainte Tradition, elle porte la parole de Dieu, confiée… aux apôtres, et la transmet intégralement à leurs successeurs… Il en résulte que l’Église à laquelle est confiée la transmission et l’interprétation de la Révélation, “ne tire pas de la seule Écriture Sainte sa certitude sur tous les points de la Révélation. C’est pourquoi l’une et l’autre doivent être reçues et vénérées avec égal sentiment d’amour et respect.” La charge d’interpréter de façon authentique la Parole de Dieu, écrite ou transmise, a été confiée au seul Magistère vivant de l’Église…, c’est-à-dire aux évêques en communion avec le successeur de Pierre, l’évêque de Rome. » (¶81,82,85)

Quant à moi, j’ai pris la décision de reconnaître les Écritures comme seule autorité dans la religion. Ce n’est pas l’Église, mais plutôt ce que dit la Bible qui détermine les limites de mes croyances.

Ceci n’a pas toujours été ma position. Les racines de mon héritage religieux sont bien dans le catholicisme, qui fit venir dans ma vie des bénédictions incontestables. Mais nous avons fini par nous séparer. Je me suis trouvé à un carrefour spirituel, et une décision s’imposait. Devais-je rejeter beaucoup de ce qu’on m’avait enseigné en tant que catholique, des enseignements qui n’étaient pas fondés sur la Bible, et baser ma foi plutôt sur l’Écriture seule ? Le chemin que j’avais besoin d’emprunter était clairement indiqué. « Moi, je suis la lumière du monde – dit Jésus ; Qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres… » (Jean 8.12). Si je me fiais totalement à Jésus et ne suivais que ce qu’il disait, comment pourrais-je me tromper ? Je commençai ainsi une nouvelle vie en tant que son disciple. Dès ce jour j’ai eu le désir de partager ma foi avec d’autres personnes. Voilà pourquoi j’écris aujourd’hui.

Faut-il parler des erreurs religieuses ?

Je crains que certains me voient comme n’étant pas au courant du climat œcuménique de notre temps. On considère que l’idée de réfuter les croyances d’autrui appartient au passé reculé. Comment faut-il répondre à une telle attitude ?

En fait, la vie et les enseignements de Jésus, même pendant son ministère, suscitaient de la polémique, mais il ne fuyait pas la controverse. Il était souvent en conflit avec l’établissement religieux ; il réfutait leurs croyances et condamnait leurs pratiques qui étaient fondées sur la tradition et n’avaient aucun rapport avec la parole de Dieu. Jésus avait-il tort de signaler leurs erreurs ? Bien sûr que non.

L’apôtre Paul avait-il tort de défendre l’Évangile qu’il voyait miné par des traditions religieuses ? Il employa un langage si fort pour dénoncer ceux qui prêchaient un autre évangile que beaucoup de personnes de nos jours l’auraient trouvé offensif :

« Eh bien ! si nous-mêmes, si un ange venu du ciel vous annonçait un évangile différent de celui que nous avons prêché, qu’il soit anathème ! (maudit). Nous l’avons déjà dit, et aujourd’hui je le répète : si quelqu’un vous annonce un évangile différent de celui que vous avez reçu, qu’il soit anathème ! » (Galates 1.8,9)

Ce sont bien des paroles très fortes. Mais remercions Dieu pour des hommes comme Paul qui désirent plus défendre le message salvateur de Jésus que jouir de la faveur de l’établissement religieux.

L’attitude de Jésus à l’égard de l’Écriture

En naviguant la vie, nous devons, si nous voulons atteindre notre destination céleste, imiter l’attitude de Jésus à l’égard des Écritures. Jésus dit : « L’Écriture ne peut être récusée » (Jean 10.35). (Le mot récuser signifie, selon Le petit Larousse 2003, « ne pas admettre l’autorité de quelqu’un, la valeur de quelque chose dans une décision ».) Une déclaration si claire devrait décider pour tous les temps la question de l’autorité des Écritures. L’obéissance à ce que dit la Bible n’est pas facultative.

Selon l’éducation que j’avais reçue, je croyais à l’autorité de l’enseignement de l’Église catholique. Mais en lisant les quatre Évangiles, je fus constamment frappé en voyant que Jésus se référait uniquement à l’Écriture et jamais à la tradition quand il enseignait sur la foi et la moralité. C’était très différent de la pratique de l’Église catholique de faire appel aux enseignements des Papes, à leurs décrets et à la tradition, mais rarement à la Bible. J’ai raisonné que si Jésus n’acceptait que les Écritures, je ne pourrais pas me tromper en suivant son exemple.

Je vous prie de lire les exemples qui suivent pour voir comment Jésus traitait quelques-unes des questions les plus importantes de la vie. Dans chaque cas, il renvoie les gens à la parole écrite de Dieu.

Dans le premier des quatre exemples, un expert dans la Loi (juive) posa une question à Jésus. C’était la question la plus importante qu’un homme puisse poser : « Que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? » Jésus lui demanda : « Dans la Loi, qu’y a-t-il écrit ? Comment lis-tu ? » (Luc 10.25,26). Je suis impressionné par le fait qu’il répond à une question concernant la vie éternelle en se référant, non pas à la tradition, mais aux Écritures.

Comment l’Église catholique répondrait-elle à la question que cet homme soumit à Jésus ? Chercherait-on la réponse dans les Écritures, ou bien ferait-on appel à une source additionnelle ? Ce ne serait pas aux Écritures, puisque l’Église catholique ne croit pas que toute la volonté de Dieu soit contenue dans les Écritures seules, mais que l’Écriture doit être complétée par l’enseignement de l’Église. Pourtant, je suis tout à fait persuadé que si l’on posait à Jésus la même question aujourd’hui, il ne dirait pas : « Vous devez écouter l’Église catholique. » Il nous renverrait plutôt aux Écritures, comme il le faisait toujours pendant son ministère sur la terre.

Un deuxième exemple se trouve dans une histoire que Jésus dit au sujet de deux hommes, un riche et un mendiant. Il arriva que tous les deux moururent. Le pauvre alla au paradis, et le riche se trouva aux tourments. Dans sa souffrance ce dernier plaida pour qu’on envoie quelqu’un auprès de sa famille pour l’avertir, de peur que ses frères ne finissent par subir le même sort que lui. Il fut informé que cela n’était pas nécessaire, car Dieu avait déjà pourvu les Écritures pour donner aux hommes la direction spirituelle dont ils avaient besoin. « Ils ont Moïse et les Prophètes ; qu’ils les écoutent » (Luc 16.29).

Cette histoire contient plusieurs leçons importantes, mais celle qui nous intéresse, c’est que le Seigneur croyait que les Écritures (Moïse et les Prophètes) étaient largement suffisantes pour montrer à l’être humain comment vivre pour Dieu. Jésus nous enseigne que les hommes peuvent éviter d’être perdus s’ils écoutent ce que Dieu nous dit dans les Écritures. Le problème n’est pas que Dieu ait été silencieux ; c’est que nous sommes de mauvais auditeurs.

Notre troisième exemple est tiré du récit de l’entretien de Jésus avec deux disciples sur la route d’Emmaüs, le jour même de sa résurrection. La mort du Christ avait enlevé toute joie et tout espoir du cœur de ces deux hommes. Mais ce soir-là, Jésus se révéla à leurs yeux, « et commençant par Moïse et parcourant tous les prophètes, il leur interpréta dans toutes les Écritures ce qui le concernait » (Luc 24.27). Quelle étude biblique merveilleuse cela devait être ! « Ils se dirent l’un à l’autre : Notre cœur n’était-il pas tout brûlant au-dedans de nous, quand il nous parlait en chemin, quand il nous expliquait les Écritures ? » (Luc 24.32). Au cours de cette discussion, Jésus aurait cité tous les textes majeurs de l’Ancien Testament qui se référaient à sa venue dans le monde et son œuvre de rédemption pour chacun de nous. Toutes ces grandes doctrines étaient contenues, non pas dans un corps de tradition pareil à celui que l’on retrouve dans l’Église catholique, mais dans les seules Écritures.

Finalement, Jésus dit à ses disciples avant son ascension : « Telles sont bien les paroles que je vous ai dites quand j’étais encore avec vous : il faut que s’accomplisse tout ce qui est écrit de moi dans la Loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes » (Luc 24.44). On ne peut pas trop insister dessus : Jésus est venu, non pour accomplir la tradition, mais pour accomplir seulement ce qui était écrit dans l’Écriture (Matthieu 7.17). Jésus pouvait se référer aux Écritures pour établir son identité et la nature de sa mission dans le monde. Il pouvait indiquer les écrits de Moïse, Ésaïe, Daniel, David, etc., et dire : « Le voici ; lisez pour vous-même. »

Étudier les prophéties concernant Jésus a convaincu beaucoup de gens que les Écritures sont bien de Dieu. Par exemple, comment les prophètes qui ont vécu des siècles avant la naissance de Jésus pouvaient-ils connaître tant de détails le concernant ? Comment savaient-ils qu’il serait né d’une vierge dans la ville de Bethléem ? Qu’il serait élevé à Nazareth ? Qu’il serait trahi pour trente pièces d’argent ? Comment savaient-ils qu’il serait crucifié entre deux brigands et qu’il ressusciterait d’entre les morts ? Une seule explication est possible : « Ce n’est pas d’une volonté humaine qu’est jamais venue une prophétie, c’est poussés par l’Esprit Saint que des hommes ont parlé de la part de Dieu » (2 Pierre 1.21). Ainsi les paroles de l’apôtre Paul : « Toute Écriture est inspirée de Dieu… » (2 Timothée 3.16).

Les enseignements de l’Église catholique ne pourraient jamais être reproduits à partir des Écritures seules, car de son propre aveu, une bonne partie de la croyance catholique est fondée sur la tradition et non sur l’Écriture. C’est un aveu auquel tout catholique devrait prêter très attention, car vous ne seriez jamais catholique si vous suiviez tout simplement les enseignements qui se trouvent dans la Bible.

L’Écriture, non pas la tradition, fait autorité en toute question de doctrine et de moralité. Jésus dit : « L’Écriture ne peut être récusée » (Jean 10.35).

Pourquoi les Juifs rejetèrent-ils Jésus ?

Je me suis souvent demandé pourquoi Jésus fut rejeté par un peuple si religieux qui croyait en Dieu. En plus, ils étudiaient beaucoup sa Parole – ils devaient reconnaître en Jésus le Sauveur promis. Jésus dit aux chefs religieux :

« Vous scrutez les Écritures parce que vous pensez avoir en elles la vie éternelle, et ce sont elles qui me rendent témoignage, et vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie !… Si vous croyiez Moïse, vous me croiriez aussi, car c’est de moi qu’il a écrit. » (Jean 5.39,44,46)

Le problème c’est que leur religion se basait en grande partie sur la tradition plutôt que la parole de Dieu. Leurs traditions les aveuglaient et les empêchaient de reconnaître le message très clair de l’Écriture. Jésus n’était pas la sorte de Messie auquel ils s’attendaient. Leur déception n’était pas due à quelque chose que l’Écriture avait dit, mais à ce que disait leur tradition au sujet du Messie. Ainsi, on évaluait Jésus selon la tradition.

La loi du sabbat fut donnée aux Juifs pour commémorer leur délivrance de l’Égypte (Deutéronome 5.15). Ils devaient sanctifier ce jour en s’abstenant de travailler (Exode 20.8-11). Au cours des siècles, les enseignants juifs avaient dressé une longue liste d’activités qu’ils considéraient comme interdites ou permises le jour du sabbat, et on imposait ces règles détaillées au peuple. À cause de cela Jésus accusa les docteurs de la Loi de « charger les gens de fardeaux impossibles à porter » (Luc 11.46). Lorsque Jésus vint et qu’il opéra des miracles le jour du sabbat, les autorités juives le dénoncèrent comme un pécheur, un rebelle à l’égard de la loi de Dieu. Mais Jésus viola-t-il réellement le commandement de Dieu ? Certes non ! Il viola simplement des traditions faites par des hommes.

Un jour de sabbat Jésus guérit un homme aveugle-né. Certains des Juifs dirent alors à son sujet : « Il ne vient pas de Dieu, cet homme-là, puisqu’il n’observe pas le sabbat… Nous, c’est de Moïse que nous sommes disciples. Nous savons, nous, que Dieu a parlé à Moïse ; mais celui-là, nous ne savons pas d’où il est » (Jean 9.16,28,29). L’homme qui avait été guéri leur répondit : « C’est bien là l’étonnant : que vous ne sachiez pas d’où il est, et qu’il m’ait ouvert les yeux… Jamais on n’a ouï dire que quelqu’un ait ouvert les yeux d’un aveugle-né. Si cet homme ne venait pas de Dieu, il ne pourrait rien faire » (Jean 9.30,32,33). Ils lui répondirent : « De naissance tu n’es que péché et tu nous fais la leçon ! Et ils le jetèrent dehors ! » Excommunié !

Qu’est-ce qui les empêchait de voir que Jésus était de Dieu ? Ils étaient aveuglés par leurs propres traditions de sorte qu’ils ne puissent pas admettre la possibilité qu’ils aient tort. Une fois que l’on abandonne l’Écriture comme règle, on se retrouve sur une pente glissante. Quand on ne reconnaît plus l’autorité de l’Écriture, on a beau l’étudier ; cela ne profite pas.

J’ai vu comment cela se passe, et combien les propos de Jésus sont pertinents pour notre époque. Dans mon travail d’évangéliste, je me suis souvent entretenu sur les Écritures avec des prêtres catholiques. Je me rappelle plusieurs occasions où nous avons discuté des merveilles de la croix du Christ et ce qu’elle représente pour nous – à savoir, que dans sa mort, Jésus a pleinement payé le prix de nos péchés, qu’il a subi la peine que nous avions méritée ; par conséquent, nous sommes libérés : « Il n’y a donc plus maintenant de condamnation pour ceux qui sont dans le Christ Jésus » (Romains 8.1). Jusqu’à ce point, nous étions toujours d’accord. Puis, je demandais : « Étant donné que la mort de Jésus nous purifie de toute iniquité (1 Jean 1.7; Hébreux 7.25; 10.14; etc.), quel besoin y a-t-il du Purgatoire ? » [Pour les lecteurs qui ne connaissent pas ce mot, voici l’explication fournie dans le Catéchisme de l’Église catholique : « Ceux qui meurent dans la grâce et l’amitié de Dieu, mais imparfaitement purifiés, bien qu’assurés de leur salut éternel, souffrent après leur mort une purification, afin d’obtenir la sainteté nécessaire pour entrer dans la joie du ciel. L’Église appelle Purgatoire cette purification finale des élus qui est distincte du châtiment des damnés » (¶ 1030, 1031).] Sans exception, la réponse de ces prêtres à ma question était : « Mais l’Église catholique enseigne… » Peu importe l’efficacité des arguments avancés sur la base de ce que la Bible dit, peu importe la clarté des passages bibliques qui enseignent que Jésus nous pardonne pleinement et que l’idée du Purgatoire est une insulte au sacrifice du Christ, la réponse ne variait pas : « Mais l’Église catholique dit… » La même réponse était donnée quand on parlait d’autres pratiques ou doctrines qui étaient absentes de la Bible ou qui contredisaient carrément des enseignements bibliques.

Voyez-vous ce qui se passe ? Bien que les preuves de l’Écriture soient irrésistibles, on les rejette en faveur des traditions qui se basent sur les enseignements des hommes. Ce que Jésus dit au sujet des Juifs de son époque s’applique aussi à l’enseignement catholique : « Les doctrines qu’ils enseignent ne sont que préceptes humains. Vous mettez de côté le commandement de Dieu pour vous attacher à la tradition des hommes » (Marc 7.7,8).

S’attacher à ce qui ne change pas

Je vois la folie de suivre les enseignements des hommes quand je considère certaines croyances auxquelles les catholiques s’attachaient autrefois. Je me rappelle certaines règles que nous étions tenus à garder sous peine de « péché mortel ». Avant de recevoir la sainte Communion nous devions jeûner à partir de minuit le samedi. Rompre le jeûne et puis recevoir la Communion était un péché. Pareillement, il était strictement interdit de manger de la viande le vendredi. Ces lois ne sont plus en vigueur. Elles ont été faites par des hommes et ont été enlevées par des hommes, ce qui prouve qu’elles n’avaient pas été données par Dieu. Comment une chose pourrait-elle être un péché hier et ne pas être un péché aujourd’hui, or que nous vivons toujours sous la même alliance (Héb. 8.6-13) ?

J’ai quitté l’Église une fois que j’ai été convaincu que les Écritures seules font autorité finale. Ma façon de penser commença à changer lorsque je me suis mis à lire les Écritures. C’était une nouvelle expérience pour moi. Ce que je faisais m’effrayait et me passionnait à la fois. J’avais peur parce que je m’aventurais dans des eaux inconnues et sortais des frontières à l’intérieur desquelles, me disait-on, réside toute vérité, à savoir dans l’enseignement officiel de l’Église. Mais j’étais passionné en découvrant la simplicité d’un retour aux Écritures pour n’être rien qu’un chrétien, membre du corps de Christ. Je voulais m’attacher à quelque chose qui ne change jamais ; l’Écriture m’a fourni le seul message qui est à la fois vrai et immuable.

Tony COFFEY
(Dans Vol. 10, No. 3)