Nos articles

La bienfaisance

Il n’y a aucun doute que la mission de l’Église, comme celle de Jésus lui-même, vise le salut des âmes. Avant de remonter au ciel, Jésus chargea ses disciples d’évangéliser le monde : « Il leur dit : Allez par tout le monde, et prêchez la bonne nouvelle à toute la création. Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé, mais celui qui ne croira pas sera condamné » (Marc 16.15,16). Il ajouta : « Et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit » (Matthieu 28.20). Notre mission primordiale, c’est de prêcher le message du salut à tous ceux qui sont perdus dans le péché, et d’aider ceux qui obéissent à cet Évangile à croître dans leur connaissance et leur foi afin de persévérer jusqu’au bout pour atteindre le ciel.

Il y a cependant un autre aspect au travail de l’Église, et il correspond à un autre aspect du ministère de Jésus. L’Église n’existe pas pour faire ce travail, comme Jésus n’est pas venu dans le monde pour faire ce travail. Pourtant, il s’agit de quelque chose que Jésus, tout comme son Église, ne pourrait omettre de faire. Il s’agit de la bienfaisance, ou des bonnes œuvres, c’est-à-dire le fait de venir en aide à ceux qui ont divers problèmes et en souffrent. Il est vrai que les bonnes œuvres ouvrent parfois les cœurs de telle sorte que certaines personnes sont mieux disposées à écouter et à accepter l’Évangile, mais ce n’est pas là la raison pour laquelle Jésus faisait le bien. Jésus faisait du bien aux hommes parce qu’il est amour, parce qu’il est rempli de compassion, parce qu’il se soucie des hommes et de tous leurs problèmes. Cela fait partie de son caractère. L’Église doit être motivée par le même amour quand elle fait le bien. Nourrir ceux qui sont physiquement affamés, par exemple, n’est pas la mission de l’Église, et cela ne doit pas la détourner de la prédication de l’Évangile qui donne la vie éternelle. Néanmoins, c’est un travail que des chrétiens entreprennent naturellement par amour et par compassion et qui est tout à fait en harmonie avec la volonté de Dieu.

L’importance de la bienfaisance

Jésus a toujours enseigné à ses disciples de faire de bonnes œuvres. En Luc 14.12-14, par exemple, il dit :

« Lorsque tu donnes à dîner ou à souper, n’invite pas tes amis, ni tes frères, ni tes parents, ni des voisins riches, de peur qu’ils ne t’invitent à leur tour et qu’on ne te rende la pareille. Mais, lorsque tu donnes un festin, invite des pauvres, des estropiés, des boiteux, des aveugles. Et tu seras heureux de ce qu’il ne peuvent pas te rendre la pareille ; car elle te sera rendue à la résurrection des justes. »

À une autre occasion, il a raconté, en Luc 10.25-37, la parabole du bon Samaritain pour montrer l’importance de l’amour du prochain, l’amour qui se manifeste concrètement dans les actes. En Matthieu 25.31-46 Jésus décrit le dernier jugement, où les uns se verront condamnés au feu éternel et les autres accueillis dans le royaume de gloire. Aux condamnés qui auraient manqué de faire du bien aux autres, Jésus dira :

« Car j’ai eu faim, et vous ne m’avez pas donné à manger ; j’ai eu soif, et vous ne m’avez pas donné à boire, j’étais étranger, et vous ne m’avez pas recueilli ; j’étais nu, et vous ne m’avez pas vêtu ; j’étais malade et en prison, et vous ne m’avez pas visité. Ils répondront aussi : Seigneur, quand t’avons-nous vu ayant faim, ou ayant soif, ou étranger, ou nu, ou malade, ou en prison, et ne t’avons-nous pas assisté ? Et il leur répondra : Je vous le dis en vérité, toutes les fois que vous n’avez pas fait ces choses à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous ne les avez pas faites. » (Matthieu 25.42-45)

Les apôtres, dans leur enseignement, ont insisté autant que Jésus sur les bonnes œuvres. Jacques 1.27 les présente comme étant nécessaires à la vraie religion :

« Voici ce que Dieu le Père considère comme la religion pure et authentique : prendre soin des orphelins et des veuves dans leur souffrance, et se garder de toute tache produite par la mauvaise influence du monde. » (FC)

Dans le chapitre suivant, il affirme que les bonnes œuvres sont nécessaires pour rendre notre foi efficace et vivante :

« Si un frère ou une sœur sont nus et manquent de la nourriture de chaque jour, et que l’un d’entre vous leur dise : Allez en paix, chauffez-vous et vous rassasiez ! et que vous ne leur donniez pas ce qui est nécessaire au corps, à quoi cela sert-il ? Il en est ainsi de la foi : si elle n’a pas les œuvres, elle est morte en elle-même. » (Jacques 2.15-17)

L’apôtre Jean parle de la même manière :

« Si quelqu’un possède les biens du monde, et que voyant son frère dans le besoin, il lui ferme ses cœurs, comment l’amour de Dieu demeure-t-il en lui ? Petits enfants, n’aimons pas en paroles et avec la langue, mais en actions et avec vérité. » (1 Jean 3.17,18)

L’Épître de Paul à Tite contient de nombreuses références aux bonnes œuvres. Il dit au 3.14 : « Il faut que les nôtres apprennent à pratiquer de bonnes œuvres pour subvenir aux besoins pressants, afin qu’ils ne soient pas sans produire des fruits. »

L’une des tâches de l’Église

Dans le Nouveau Testament il est clair que les bonnes œuvres étaient pratiquées non seulement individuellement par les chrétiens, mais aussi collectivement. L’aide aux démunis a fait partie des œuvres de l’Église dès les premiers jours après son établissement à Jérusalem. À cette époque, de nombreuses personnes, originaires d’autres régions, s’étaient rendues à Jérusalem pour la fête de la Pâque juive. Là ils avaient entendu l’Évangile et s’étaient convertis. Ils voulaient sûrement rester quelque temps pour approfondir leur nouvelle foi, mais ils ne disposaient pas des moyens nécessaires pour prolonger leur séjour. Dans un tel contexte nous lisons en Actes 2.44,45 : « Tous ceux qui croyaient étaient dans le même lieu, et ils avaient tout en commun. Ils vendaient leurs propriétés et leurs biens, et ils en partageaient le produit entre tous, selon les besoins de chacun. » En Actes 6.1, la situation avait changé, mais l’Église était toujours sensible aux besoins des nécessiteux : une distribution de nourriture aux veuves dans l’Église se faisait chaque jour. Plus loin, en Actes 11.27-30 nous lisons :

« En ce temps-là, des prophètes descendirent de Jérusalem à Antioche. L’un d’eux, nommé Agabus, se leva, et annonça par l’Esprit qu’il y aurait une grande famine sur toute la terre. Elle arriva, en effet, sous (l’empereur) Claude. Les disciples résolurent d’envoyer, chacun selon ses moyens, un secours aux frères qui habitaient la Judée. Ils le firent parvenir aux anciens par les mains de Barnabas et Saul. »

Tous ces cas montrent que la bienfaisance n’était pas seulement l’affaire de chaque chrétien pris individuellement, mais tous unissaient souvent leurs efforts pour ce genre de travail.

Quelques principes à retenir :

Les non-chrétiens peuvent en bénéficier

Bien que les exemples que nous avons dans le livre des Actes nous montrent l’Église en train de faire preuve de bienfaisance envers ses membres les plus pauvres, il est certainement permis que les non-chrétiens, eux aussi, bénéficient de cette charité. La priorité est aux chrétiens, mais les autres ne sont pas du tout exclus. L’apôtre Paul dit en Galates 6.9,10 :

« Ne nous lassons pas de faire le bien ; car nous moissonnerons au temps convenable, si nous ne nous relâchons pas. Ainsi donc, pendant que nous en avons l’occasion, pratiquons le bien envers tous, et surtout envers les frères en la foi. »

Un devoir plutôt qu’un droit

Il est important que les chrétiens considèrent la bienfaisance comme un devoir à accomplir, de préférence comme un devoir agréable ou même comme une grâce. Paul dit ceci au sujet des chrétiens de la Macédoine qui voulaient aider les Églises de la Judée :

« Nous vous faisons connaître, frères, la grâce de Dieu qui s’est manifestée dans les Églises de la Macédoine. Au milieu de beaucoup de tribulations qui les ont éprouvées, leur joie débordante et leur pauvreté profonde ont produit avec abondance de riches libéralités de leur part. Ils ont, je l’atteste, donné volontairement selon leurs moyens, et même au-delà de leurs moyens, nous demandant avec de grandes instances la grâce de prendre part à l’assistance destinée aux saints. » (2 Corinthiens 8.1-4)

Le chrétien doit penser à la bienfaisance comme une chose à accomplir, et non à recevoir, non pas un droit à réclamer. Certaines personnes considèrent leur contribution à la collecte comme une participation à une sorte de cagnotte (ou ce qu’on appelle en Afrique une tontine) : elles pensent que lorsque leur tour arrivera, lorsqu’elles auront besoin de puiser dans le fond commun, elles y auront pleinement droit. C’est pour cela elles y contribuent. Cette manière de penser n’a rien à voir avec l’esprit de générosité que le Christ nous enseigne.

Les pauvres, aussi, peuvent faire de la bienfaisance

Remarquez que les chrétiens macédoniens étaient très pauvres. Ils avaient, pourtant, un grand empressement pour participer à l’effort d’aider d’autres frères en Christ dont les besoins étaient encore plus importants. Dans des milieux où la pauvreté est en quelque sorte la norme, il est facile de se voir comme dispensé du devoir de faire de la bienfaisance. On trouve parfois l’attitude que l’aide devrait toujours venir des pays riches. Certes, ceux qui vivent dans l’abondance matérielle, quel que soit leur pays de résidence, devraient être prêts à partager ces biens que Dieu leur confie. Ils ont un devoir particulier « d’être riches en bonnes œuvres, d’avoir de la libéralité, de la générosité, et de s’amasser ainsi pour l’avenir un trésor placé sur un fondement solide, afin de saisir la vie véritable » (1 Timothée 6.18,19). Mais cela ne signifie pas que les pauvres ne peuvent rien donner. La plupart d’entre nous considèrent qu’un homme qui n’a que deux habits doit être assez pauvre. Mais Jean-Baptiste dit aux Juifs : « Que celui qui a deux tuniques partage avec celui qui n’en a point, et que celui qui a de quoi manger agisse de même » (Luc 3.11). La personne que Jésus a citée comme modèle en ce qui concerne la foi et la générosité était une veuve très pauvre (Luc 21.1-4).

Faire de la bienfaisance d’une manière responsable

Dans certains pays, le gouvernement essaie de pourvoir aux besoins des plus nécessiteux dans la société. Il peut y avoir des allocations pour les familles nombreuses, pour les logements, pour les handicapés, pour les chômeurs ; il y a des « food banks », la médecine socialisée, le « revenu minimum d’insertion », la caisse de prévoyance sociale, de l’aide pour les jeunes mères non mariées, etc. Sans vouloir ni déclarer notre adhésion à cette politique ni militer contre les programmes socialistes, nous pouvons faire un constat général : très souvent, une personne ne cherche pas à faire pour elle-même ce que les autres sont prêts à faire pour elle (même quand la personne qui en bénéficie est capable de se débrouiller sans aide). À force de faire pour quelqu’un ce qu’il pourrait et devrait faire pour lui-même, on le rend dépendant, et on l’habitue à considérer ces aides comme un « droit ». Quand un gouvernement, une Église ou un individu veut venir au secours d’une personne qui se trouve dans un besoin quelconque, il faut tenir compte de cet aspect de la nature humaine et essayer de l’aider d’une manière qui ne risque pas d’encourager à la paresse ou à négliger ses devoirs. En 2 Thessaloniciens 3.10-12 Paul enseigne que ceux qui sont capables de travailler, mais refusent de le faire ne devraient pas bénéficier de la bienfaisance :

« Car, lorsque nous étions chez vous, nous vous disions expressément : si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus. Nous apprenons, cependant, qu’il y en a parmi vous qui ne travaillent pas, mais qui s’occupent de futilités. Nous invitons ces gens-là, et nous les exhortons par le Seigneur Jésus-Christ, à manger leur propre pain, en travaillant paisiblement. »

De même, s’il est tout à fait normal que l’Église assiste les veuves qui sont sans ressources, la première responsabilité appartient cependant à la famille.

« Si une veuve a des enfants ou des petits-enfants, qu’ils apprennent avant tout à exercer la piété envers leur propre famille, et à rendre à leurs parents ce qu’ils ont reçu d’eux ; car cela est agréable à Dieu… Si quelque fidèle, homme ou femme, a des veuves, qu’il les assiste, et que l’Église n’en soit point chargée, afin qu’elle puisse assister celles qui sont véritablement veuves. » (1 Timothée 5.4,16)

Paul conseilla dans ce même chapitre de ne pas inscrire certaines femmes « sur le rôle » de veuves que l’Église assisterait de manière continue, notamment les « jeunes veuves » qui tendaient à devenir « oisives » quand elles recevaient cette aide, alors qu’elles auraient pu facilement se remarier et s’occuper d’une famille.

Moyens de financer l’œuvre bénévole

Dans d’autres numéros de Chemin de Vérité nous avons démontré de quelle manière l’Église doit financer l’œuvre qu’elle entreprend : chaque premier jour de la semaine (dimanche), chaque chrétien donne volontairement tout ce qu’il peut, selon ses moyens, sa foi et son amour pour Dieu. La collecte qui se fait de cette manière sert à beaucoup de choses. Elle permet souvent à l’assemblée de se fournir un lieu de réunion. Elle peut servir à soutenir des évangélistes à plein temps (ou des évangélistes en formation) pour qu’ils puissent consacrer plus de temps à l’étude et à la prédication. Elle peut servir à répandre la bonne nouvelle au moyen de la radio, de la littérature, ou des déplacements de ceux qui voyagent pour enseigner la Parole. Elle peut aussi servir à la bienfaisance, ainsi que plusieurs passages bibliques l’attestent (Actes 2.45; 4.34,35; 6.1; 11.27-30; etc.).

Dans des pays où la pauvreté est particulièrement répandue, les besoins légitimes semblent sans limites, et les assemblées sont loin de disposer des moyens pour satisfaire à tous ces besoins d’aide matérielle ou financière. Une assemblée pourrait chaque semaine épuiser toute sa collecte pour aider des membres ou des voisins à payer des ordonnances, des frais scolaires, des vivres, et des factures de tout genre. Évidemment, rien ne resterait pour que l’assemblée ait les moyens de répondre aux autres besoins, tels qu’un lieu de culte ou le travail d’évangélisation. La réaction de certaines Églises devant cette situation est de ne plus faire de bienfaisance du tout en tant qu’assemblée, mais cela n’est pas une solution acceptable. Nous avons déjà vu, en effet, plusieurs passages qui témoignent de l’importance de la bienfaisance dans l’Église du Nouveau Testament.

Pour éviter les deux extrêmes (tout dépenser dans la bienfaisance, ou renoncer complètement aux bonnes œuvres collectives), certaines assemblées ont trouvé des solutions pratiques. Certaines prélèvent un pourcentage fixe (10 %, par exemple) sur tout ce qui est contribué pendant le mois ; elles mettent cette somme dans un fond à part qui sert uniquement aux œuvres de bienfaisance (aide aux veuves, orphelins, malades, etc.). Dans d’autres assemblées, après la collecte principale, on fait passer les paniers une deuxième fois en signalant que ces fonds seront utilisés pour la bienfaisance. D’autres assemblées annoncent de temps en temps que la collecte entière de tel dimanche sera consacrée aux bonnes œuvres. Par exemple, chaque fois qu’il y a cinq dimanches dans un même mois, elles mettent à part la collecte du cinquième dimanche.

Soulignons enfin que les bonnes œuvres ne nécessitent pas toujours de l’argent ; parfois les autres ont plus besoin de notre temps ou de notre travail. Il y a des assemblées en Afrique où ceux qui sont plus jeunes s’organisent pour ramasser des fagots pour les vieilles personnes dans l’Église qui n’ont personne pour les assister. Des assemblées aux États-Unis offrent gratuitement des cours d’anglais pour aider les étrangers à s’adapter. D’autres se rendent dans les hôpitaux pour prier avec les malades ou dans les maisons de retraite pour encourager ceux qui se sentent seuls. D’autres collectionnent des habits d’occasion qu’ils distribuent à ceux qui en ont besoin. Il y a des personnes qui sont malades et qui n’ont pas de force pour nettoyer leur maison ou laver leurs habits : on peut les aider même si l’on n’a pratiquement pas d’argent.

Conclusion

Il y a toutes sortes de personnes que l’Église peut aider : les veuves, les réfugiés de guerre, les malades, les victimes de la famine, les prisonniers, les sourds ou les aveugles, les orphelins, ceux qui n’ont ni toit ni vêtements. L’Église n’existe pas pour résoudre les problèmes de toutes ces personnes, mais comme Jésus est son modèle et son chef, elle ne pourra jamais rester indifférente aux souffrances des êtres humains. Terminons par les mots d’un cantique peu connu mais très beau, écrit par Ed Ritchie :

« Tu naquis pour servir, et servir fut ta gloire ; servir est à jamais le sceau de tes enfants. Celui qui, sans agir, se contente de croire, ne sait pas croire encore, ô Sauveur des croyants !

« Que de maux, de périls et de besoins m’appellent ! Que de frères, d’amis, tu jettes dans mes bras ! Que d’œuvres à fonder, que d’œuvres qui chancellent ! Garde à jamais nos cœurs d’être des cœurs ingrats. »

B. B.
(Dans Vol. 10, No. 2)

La repentance

Dans sa grâce infinie, Dieu a fait tout ce que l’homme ne pouvait pas faire pour se sauver de la condamnation du péché. Dieu a envoyé un Sauveur, Jésus-Christ, qui s’est donné comme sacrifice pour nos péchés. Lui qui n’a commis aucun péché a pris le châtiment que nous avions mérité. Dieu a révélé par le Saint-Esprit son plan pour le salut des hommes, et il a ordonné que la bonne nouvelle soit prêchée à chaque être humain. Si Dieu n’avait pas fait tout ce qu’il a fait, aucun effort de notre part ne pourrait ôter un seul de nos péchés. Il nous sauve par sa grâce. Personne donc ne peut se glorifier de son salut comme s’il était sauvé par sa propre justice.

Mais il faut reconnaître que l’homme lui-même doit faire quelque chose pour recevoir la grâce de Dieu. Son pardon n’est pas inconditionnel. Il y a des choses que Dieu nous demande de faire. Plus précisément, il y a cinq choses que nous devons faire avant de recevoir le pardon de Dieu. Il faut :

  1. écouter l’Évangile, qui est la puissance de Dieu pour le salut, la semence par laquelle on est né de nouveau ;
  2. croire que Jésus est ressuscité d’entre les morts, qu’il est le Fils de Dieu ;
  3. se repentir de ses péchés ;
  4. confesser (dire publiquement) que l’on croit que Jésus est le Fils de Dieu ;
  5. être baptisé, ou immergé dans l’eau, pour le pardon des péchés.

La foi est, bien sûr, l’étape la plus fondamentale. C’est la base de tout. Sans la foi en Christ, on n’accomplit pas, en principe, toutes les autres étapes, et l’on ne peut jamais plaire à Dieu.

Dieu a fait ce qui était la chose la plus difficile pour nous sauver lorsqu’il donna son Fils unique. Mais la repentance est sans doute l’étape dans le plan du salut qui est la plus difficile pour les hommes. Voyons donc ce que c’est que la repentance, ce qui la produit, ce qu’elle produit, et pourquoi le besoin de se repentir est si urgent.

I. Qu’est-ce que la repentance ?

Qu’est-ce que la repentance ? Le premier sens de « se repentir », c’est tout simplement changer de décision, de direction, ou d’avis. C’est dans ce sens que certains passages, tels que Jérémie 18.7-10, disent que Dieu s’est repenti de telle ou telle chose. Mais en ce qui concerne les hommes pécheurs, se repentir, c’est prendre une décision ferme et sincère de se détourner de ce qui est contre la volonté de Dieu, une décision d’abandonner ses péchés.

La repentance est un besoin chez toute personne qui veut être sauvée. En Luc 24.47 Jésus dit que la repentance en vue du pardon des péchés devait être prêchée en son nom à toutes les nations. Quand les apôtres annonçaient la bonne nouvelle, ils ne manquaient pas de lancer cet appel à la repentance. En Actes 2.38 Pierre dit aux Juifs qui avaient cru en Jésus le jour de la Pentecôte : « Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ pour le pardon de vos péchés. » En Actes 3.19, il annonce à une autre foule : « Repentez-vous donc et convertissez-vous, pour que vos péchés soient effacés. »

Se repentir du péché est difficile parce que chaque péché nous offre un plaisir ou un avantage qui nous a attirés au départ, que ce soit le plaisir sexuel, l’honneur aux yeux de quelqu’un, de l’argent ou un avantage matériel, ou la solution d’un problème quelconque. Renoncer au péché, c’est non seulement admettre que nous avons mal fait (ce qui nous est difficile à cause de notre orgueil), c’est aussi renoncer au plaisir ou à l’avantage que le péché nous procure.

Quand Satan tentait Ève dans le jardin d’Eden à manger du fruit que Dieu avait défendu, il dit : « Dieu sait que le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront et que vous serez comme des dieux » (Genèse. 3.5). Commettre le péché, c’est effectivement vouloir nous mettre à la place de Dieu. C’est suivre notre volonté plutôt que la sienne. C’est choisir ce qui nous plaît et non ce que Dieu veut. Se repentir, c’est décider de faire le contraire.

Le pécheur qui désire le pardon de Dieu doit abandonner son attitude de rébellion à l’égard de Dieu et changer la direction de sa vie. Mais il doit aussi renoncer à des actes spécifiques dès qu’il apprend que ces choses sont contre la volonté de Dieu. Jean-Baptiste lançait un appel général, « Produisez donc des fruits dignes de la repentance » (Luc 3.8a), mais il entrait également dans les détails :

« La foule l’interrogeait, disant : Que devons-nous donc faire ? Il leur répondit : Que celui qui a deux tuniques partage avec celui qui n’en a point, et que celui qui a de quoi manger agisse de même. Il vint aussi des publicains pour être baptisés, et ils lui dirent : Maître, que devons-nous faire ? Il leur répondit : N’exigez rien au-delà de ce qui vous a été ordonné. Des soldats aussi lui demandèrent : Et nous, que devons-nous faire ? Il leur répondit : Ne commettez ni extorsion ni fraude envers personne, et contentez-vous de votre solde. » (Luc 3.10-14)

En Éphésiens 4.25,28,31, Paul s’adresse à ceux qui sont déjà chrétiens :

« Renoncez au mensonge, et que chacun de vous parle selon la vérité à son prochain… Que celui qui dérobait ne dérobe plus ; mais plutôt qu’il travaille, en faisant de ses mains ce qui est bien, pour avoir de quoi donner à celui qui est dans le besoin… Que toute amertume, toute animosité, toute colère, toute clameur, toute calomnie, et toute espèce de méchanceté, disparaissent du milieu de vous. »

On voit donc que la repentance est nécessaire pour obtenir le salut ; elle est aussi nécessaire pour le conserver. Il faut qu’elle soit souvent renouvelée. Compte tenu de notre faiblesse humaine, on ne peut pas vraiment se repentir une fois pour toutes. Comme Paul l’a recommandé en 2 Corinthiens 13.5, nous avons souvent besoin de nous examiner.

II. Ce qui produit la repentance

La Bible dit que la vraie repentance est le produit d’une « tristesse selon Dieu ». L’Église de Corinthe se trouvait dans certaines fautes très graves, et l’apôtre Paul fut contraint d’adresser aux frères des reproches sévères. Par la suite, il apprit que l’Église avait cherché à se corriger. Paul leur écrit donc dans sa deuxième épître :

« Je me réjouis à cette heure, non pas de ce que vous avez été attristés, mais de ce que votre tristesse vous a portés à la repentance ; car vous avez été attristés selon Dieu, afin de ne recevoir de notre part aucun dommage. En effet, la tristesse selon Dieu produit une repentance à salut dont on ne se repent jamais, tandis que la tristesse du monde produit la mort. » (2 Corinthiens 7.9,10)

Quand vous êtes triste de la tristesse du monde, vous regrettez vos actions, mais surtout parce que vous en souffrez des conséquences : en tant qu’élève en grossesse, vous ne pourrez plus aller à l’école ; ou bien votre femme a su que vous êtes en train de la tromper, elle s’est fâchée et elle vous rend la vie pénible ; ou bien vous avez été pris en train de voler, et l’on vous a mis en prison où vous avez faim et vous n’êtes pas libre. Lorsqu’il s’agit de la tristesse selon Dieu, vous regrettez, peut-être au point de verser des larmes, surtout parce que vous voyez que vos actions sont mauvaises, condamnables. Vous avez offensé Dieu, vous avez fait du mal à Christ qui est mort pour vous. Même si l’on ne vous découvre pas, vous vous accusez vous-même, et vous ne voulez plus continuer sur la même pente. C’est cette attitude qui peut produire une vraie repentance. Ça fait mal, mais cela vous fera du bien parce que vous allez changer.

La Bible nous enseigne que l’amour de Dieu pour nous peut produire la repentance dans notre cœur. Romains 2.4 dit : « Méprises-tu les richesses de sa bonté, de sa patience et de sa longanimité, ne reconnaissant pas que la bonté de Dieu te pousse à la repentance ? »

Quand je pense à quelqu’un qui a toujours voulu mon bien, qui m’a aimé, qui m’a aidé – je ne veux pas blesser, attrister ou décevoir cette personne. Si je le fais, et que je pense à sa bonté pour moi, cela me pousse à changer de sentiments ; je veux cesser de faire le mal. C’est dans ce sens que Jésus dit qu’il attirerait les hommes à lui quand il serait élevé sur la croix (Jean 12.32,33). Si nous pensons à Jésus en train de souffrir pour nous sur la croix, nous sommes convaincus qu’il nous aime. Et l’apôtre Jean dit que « nous l’aimons, car il nous a aimés le premier » (1 Jean 4.19).

Mais nous ne sommes pas toujours aussi tendres. Alors, dans ce cas, ce sera peut-être la crainte du jugement qui nous amènera à changer. C’est une motivation légitime, aussi. Romains 2.5 nous rappelle : « Par ton endurcissement et par ton cœur impénitent, tu t’amasses un trésor de colère pour le jour de la colère et de la manifestation du juste jugement de Dieu. »

III. Ce que la repentance produit

Qu’est-ce que la repentance produit dans la vie d’une personne ? Paul parle en Actes 26.20 de « la pratique d’œuvres dignes de la repentance ». Si je me repens, cette décision me poussera, par exemple, à jeter ou brûler un fétiche, une bague de protection, et tout autre objet idolâtre. Elle m’amènera à rompre avec un partenaire sexuel qui n’est pas mon conjoint, à augmenter ce que je donne pour l’œuvre du Seigneur, à cesser de négliger les études bibliques et les réunions de l’Église. La repentance peut me pousser à laisser la boisson, la fraude, ou les efforts de me venger sur quelqu’un qui m’a fait du mal.

La restitution

Il y a des circonstances où la vraie repentance amène le coupable à faire de la restitution. Pour ceux qui vivaient sous la loi de Moïse, il était parfois nécessaire de réparer son mal avant de se présenter devant Dieu avec un sacrifice pour demander pardon.

« Lorsque quelqu’un péchera et commettra une infidélité envers l’Éternel, en mentant à son prochain au sujet d’un dépôt, d’un objet confié à sa garde, d’une chose volée ou soustraite par fraude, en niant d’avoir trouvé une chose perdue, ou en faisant un faux serment sur une chose quelconque de nature à constituer un péché ; lorsqu’il péchera ainsi et se rendra coupable, il restituera la chose… il la restituera en entier, y ajoutera un cinquième, et la remettra à son propriétaire le jour même où il offrira son sacrifice de culpabilité. » (Lévitique 5.21-24)

Dans certains cas, l’exigence était encore plus sévère. Si un homme avait volé une bête et qu’on la trouvait encore vivant chez lui, il avait à restituer cette bête-là plus une autre. S’il l’avait déjà vendue ou abattue, il avait à restituer cinq bœufs pour un bœuf, ou quatre agneaux pour un agneau (Exode 22.1-4).

Ces passages éclairent l’engagement pris par le publicain Zachée que Jésus a amené à la repentance en Luc 19. Les publicains, c’est-à-dire les collecteurs d’impôts qui travaillaient pour le compte des Romains, avaient une réputation bien méritée d’être des hommes malhonnêtes qui s’enrichissaient sur le dos de leurs frères juifs. Zachée était chef des publicains dans le secteur de Jéricho, et les habitants le considérait comme « un homme pécheur » (v. 7). Quand Zachée se repentit, il voulait, autant que possible, réparer le mal qu’il avait fait au lieu de continuer de bénéficier matériellement des péchés qu’il abandonnait. Il dit à Jésus : « Voici, Seigneur, je donne aux pauvres la moitié de mes biens, et, si j’ai fait tort de quelque chose à quelqu’un, je lui rends le quadruple » (Luc 19.8). Jésus approuva les propos de Zachée et dit : « Le salut est entré aujourd’hui dans cette maison » (v. 9).

Il est certain qu’il y a des péchés pour lesquels nous n’avons pas la possibilité de faire restitution, des maux que nous ne pouvons pas corriger. Une femme qui a avorté son enfant ne peut pas lui rendre la vie qu’elle a ôtée. Le père qui s’absentait excessivement ou ne s’intéressait pas à ses enfants pendant qu’ils grandissaient ne peut pas, s’il se repent quand ils sont déjà grands, leur donner l’éducation qu’ils devaient recevoir de lui quand ils étaient petits. Un commerçant qui a, pendant des années, utilisé de fausses balances pour frauder ses clients ne pourra probablement pas retrouver tous ceux à qui il a fait du tort afin de rembourser leur argent. Mais quand on regrette sincèrement le mal qu’on a fait, on aura envie de réparer le mal là où il est possible de le faire.

La cessation de relations contraires à la Parole de Dieu

Une sorte de situation où la repentance peut être particulièrement pénible, c’est le cas d’un mariage que la parole de Dieu ne permet pas. En Marc 6.17,18 nous lisons que le roi Hérode fit arrêter Jean-Baptiste « à cause d’Hérodias, femme de Philippe, son frère, parce qu’il l’avait épousée, et que Jean lui disait : Il ne t’est pas permis d’avoir la femme de ton frère ». Pour se soumettre à la prédication de Jean, il n’aurait pas suffi pour Hérode de simplement renoncer à épouser d’autres femmes de ses frères à l’avenir. Jean s’attendait à ce qu’Hérode se sépare d’Hérodias. Il n’avait pas dit : « Il ne t’était pas permis de la prendre », mais : « Il ne t’est pas permis de l’avoir. »

Est-ce que Dieu exigerait réellement à un homme de répudier une femme (ou des femmes dans un contexte polygame) qu’il a épousée et avec qui il a fait des enfants ? Si l’homme n’avait pas le droit de l’épouser au départ, oui. C’est ce qui a été exigé au temps d’Esdras. En Esdras chapitre 9 il est dit que des hommes parmi les Juifs revenus en Israël après la captivité babylonienne avaient péché en prenant pour femmes des filles parmi les peuples païens qui les entouraient. Esdras 10.44 ajoute que « plusieurs en avaient eu des enfants ». Or, la loi de Moïse avait formellement interdit de tels mariages. Le chapitre 10 montre ce que ces hommes décidèrent de faire quand ils virent leur faute. Ils dirent : « Faisons maintenant une alliance avec notre Dieu pour le renvoi de toutes ces femmes et de leurs enfants, selon l’avis de mon Seigneur et de ceux qui tremblent devant les commandements de notre Dieu. Et que l’on agisse d’après la loi » (Esd. 10.3). Évidemment, nous ne vivons plus sous la loi de Moïse. Ce cas n’est pas cité pour que l’on applique l’interdiction du mariage avec d’autres ethnies. Mais le récit nous montre que la repentance d’un mariage interdit par Dieu exige la séparation.

Des précautions

Pour que votre repentance soit durable, vous avez besoin de prendre certaines dispositions pour ne pas retomber dans le péché. Il faut donc veiller sur vos pensées, votre volonté, votre cœur. Jésus dit : « Car c’est du dedans, c’est du cœur des hommes, que sortent les mauvaises pensées, les adultères, les impudicités, les meurtres, les vols, les cupidités, les méchancetés, la fraude, le dérèglement, le regard envieux, la calomnie, l’orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans, et souillent l’homme » (Marc 7.21-23).

Vous ne pouvez pas éviter les péchés sexuels si vous vous permettez de penser à vos mauvais désirs ou vos fantaisies immorales, de regarder les femmes avec convoitise, ou de feuilleter les revues pornographiques. Il faut mettre des garde-fous dans votre vie, c’est-à-dire éviter les situations où vous risquez plus de pécher. Il faut se connaître soi-même et reconnaître ses faiblesses ; on peut alors prendre des mesures pour ne pas s’exposer à la situation où l’on est apte à tomber.

IV. Pourquoi la repentance est-elle urgente ?

Le besoin de se repentir est urgent. On ne doit pas remettre cette décision à plus tard. Quelle que soit la difficulté de la repentance, Jésus nous exhorte d’abandonner notre péché, ou ce qui nous fait pécher, pour ne pas être condamnés au châtiment éternel. « Si ta main est pour toi une occasion de chute, coupe-la ; mieux vaut pour toi entrer manchot dans la vie, que d’avoir les deux mains et d’aller dans la géhenne, dans le feu qui ne s’éteint point » (Marc 9.43,44). Et finalement c’est ça. Si nous refusons de nous repentir, c’est le feu de la géhenne qui nous attend.

Mais beaucoup d’entre nous ne diraient jamais : « Je refuse de me repentir. » On dit plutôt : « Je ne suis pas prêt. Je vais venir (ou revenir) à Dieu, mais pas maintenant. Je vais abandonner mon péché, mais pas encore. » Que c’est dangereux de penser comme ça ! Quel risque nous courons ! Savez-vous quel jour vous allez mourir ? Savez-vous quand Jésus reviendra ? Ne savez-vous pas que lorsque vous persistez dans un péché, ce péché endurcit votre cœur et peut vous rendre incapable de vous repentir ?

Conclusion

La repentance est rarement facile. En fait, nous avons déjà reconnu que c’est l’étape la plus difficile que nous avons à franchir pour recevoir la grâce de Dieu. Jésus n’a jamais caché aux hommes le fait qu’il demandait de leur part un engagement total : « De grandes foules faisaient route avec Jésus. Il se retourna, et leur dit : Si quelqu’un vient à moi, et s’il ne hait pas son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs, et même sa propre vie, il ne peut être mon disciple. Et quiconque ne porte pas sa croix et ne me suit pas, ne peut être mon disciple » (Luc 14.25-27). Il recommandait donc de s’asseoir et de « calculer la dépense » avant de s’engager dans la vie chrétienne (Luc 14.28-33). Mais pour ceux qui s’engagent réellement à laisser leurs péchés pour vivre dans la soumission envers Dieu, les bénédictions dépassent notre compréhension, et la repentance d’une seule personne suffit pour provoquer « de la joie devant les anges de Dieu » (Luc 15.10).

Comme nous l’avons dit, pour que l’homme soit sauvé, sa foi doit se manifester non seulement dans la repentance, mais aussi dans une confession publique de sa croyance en Jésus et dans le baptême. Ce n’est pas au moment de la repentance que nous recevons le pardon, mais lorsque, nous étant repentis, nous confessons notre foi et nous sommes baptisés. Néanmoins, sans la repentance, la confession de foi et le baptême seraient inutiles.

Dieu est patient avec nous, mais cela ne veut pas dire qu’il ne voit pas nos péchés. Comme le jardinier qui veut donner une dernière occasion au figuier de produire des fruits, Dieu est peut-être en train de vous accorder une dernière chance pour mieux faire avant de vous appeler en jugement (2 Pierre 3.9). Si vous ne changez pas, si vous ne produisez pas de bon fruit – l’obéissance à l’Évangile et la fidélité dans la vie chrétienne – vous serez « abattu et jeté dans le feu ». Ne remettez donc pas la décision à demain. « C’est aujourd’hui le jour du salut » (2 Corinthiens 6.2).

B. B.
(Dans Vol. 9, No. 6)

L’imposition des mains

L’auteur de l’Épître aux Hébreux exhorte ses lecteurs à croître dans leur connaissance de la vérité, en passant du « lait » de la Parole de Dieu, approprié aux besoins des petits « enfants » dans la foi, à la « nourriture solide » qui convient aux chrétiens spirituellement mûrs. Il dit ensuite :

« C’est pourquoi, laissant les [premiers] éléments de la parole de Christ, tendons à ce qui est parfait [un enseignement d’adulte – FC], sans poser de nouveau le fondement du renoncement aux œuvres mortes, de la foi en Dieu, de la doctrine des baptêmes, de l’imposition des mains, de la résurrection des morts et du jugement éternel. » (Hébreux 6.1,2)

L’auteur énumère ainsi certains enseignements fondamentaux qu’un croyant devrait apprendre assez tôt dans sa vie chrétienne. Cela ne veut pas dire que tout le monde ait compris la vérité biblique concernant chacun de ces sujets. Il y a, par exemple, beaucoup de confusion concernant le baptême : sa forme, son but, qui peut l’administrer, qui peut le recevoir, etc. Certains ont besoin d’étudier les nombreux passages bibliques qui éclaircissent cette étape dans le plan du salut. Un autre sujet cité par l’auteur comme étant une doctrine de base, c’est l’imposition des mains. Puisqu’il s’agit d’enseignements qui sont comparés au lait (facile à digérer même par les nouveau-nés), nous supposons que ce sujet, bien qu’important, n’est pas excessivement compliqué, profond ou mystérieux. Et pourtant, comme le sujet du baptême, celui de l’imposition des mains est souvent mal compris.

Quatre sens

L’imposition des mains semble avoir quatre sens différents dans le Nouveau Testament ; on arrive assez facilement à déterminer la signification du geste dans un passage donné quand on en considère le contexte. À la base, c’est une action qui symbolise la transmission de quelque chose d’une personne à une autre. Quelque chose passe, comme si c’était à travers le contacte des mains posées sur la tête ou l’épaule, de la personne qui impose les mains à la personne à qui on les impose.

Sous la loi de Moïse, une cérémonie accomplie le jour des expiations exigeait que le souverain sacrificateur pose les mains sur le bouc expiatoire pour lui « transmettre » les péchés du peuple :

« Aaron posera ses deux mains sur la tête du bouc vivant, et il confessera sur lui toutes les iniquités des enfants d’Israël et toutes les transgressions par lesquelles ils ont péché. Il les mettra sur la tête du bouc, puis il le chassera dans le désert, à l’aide d’un homme qui aura cette charge. Le bouc emportera sur lui toutes leurs iniquités dans une terre désolée ; il sera chassé dans le désert. » (Lévitique 16.21,22)

Évidemment, les péchés du peuple ne passaient pas littéralement par les mains du prêtre pour entrer dans le bouc. Ce geste servait, néanmoins, à illustrer l’importance d’éloigner des Israélites (par leur repentance et par le pardon de Dieu) le péché, qui était une offense aux yeux du Dieu très saint et qui aurait nécessité qu’ils soient bannis de sa présence.

Dans le Nouveau Testament, comme nous l’avons dit, ce geste est employé dans quatre sortes de situations :

1) En signe de bénédiction :

« On amena [à Jésus] des petits enfants, afin qu’il les touche. Mais les disciples reprirent ceux qui les amenaient. Jésus, voyant cela, fut indigné, et leur dit : Laissez venir à moi les petits enfants, et ne les en empêchez pas ; car le royaume de Dieu est pour ceux qui leur ressemblent… Puis il les prit dans ses bras, et les bénit, en leur imposant les mains. » (Marc 10.13,14,16)

2) Des guérisons miraculeuses : Plusieurs fois dans le ministère de Jésus, nous le voyons imposer les mains aux malades quand il les guérit. En Luc 13, par exemple, nous lisons qu’un jour Jésus enseignait dans une synagogue,

« Et voici, il y avait là une femme possédée d’un esprit qui la rendait infirme depuis dix-huit ans ; elle était courbée, et ne pouvait aucunement se redresser. Lorsqu’il la vit, Jésus lui adressa la parole, et lui dit : Femme, tu es délivrée de ton infirmité. Et il lui imposa les mains. À l’instant elle se redressa, et glorifia Dieu. » (Luc 13.11-13)

D’autres passages indiquent que Jésus avait l’habitude de toucher ainsi les personnes qu’il guérissait (Marc 6.5; Luc 4.40), bien qu’il y ait également plusieurs situations où il guérissait à distance ou avec une simple parole (Marc 9.25,26; 10.51-53; Luc 7.1-6; 17.11-14). Les apôtres, aussi, ayant le don de guérison, l’exerçaient parfois en imposant les mains aux malades (Marc 16.18; Actes 28.8; voir aussi Actes 9.12,17,18).

3) La communication des dons miraculeux : En Actes 8 nous avons un récit qui nous révèle une autre situation où l’imposition des mains jouait un rôle. La première partie du chapitre raconte la prédication de Philippe, l’évangéliste, dans la ville de Samarie et la conversion de beaucoup de Samaritains, y compris un magicien du nom de Simon. Quand la nouvelle des conversions à Samarie parvint aux oreilles des apôtres, ils envoyèrent Pierre et Jean, qui prièrent (v. 15) et imposèrent les mains (v. 17) aux Samaritains afin qu’ils reçoivent le Saint-Esprit.

« Lorsque Simon vit que le Saint-Esprit était donné par l’imposition des mains des apôtres, il leur offrit de l’argent, en disant : Accordez-moi aussi ce pouvoir, afin que celui à qui j’imposerai les mains reçoive le Saint-Esprit. » (Actes 8.18,19)

En disant que le Saint-Esprit était donné, Luc se réfère apparemment aux dons miraculeux accordés par l’Esprit. Simon a pu voir quelque chose d’impressionnant, comme ce qui est décrit en Actes 19.6 : « Lorsque Paul leur eut imposé les mains, le Saint-Esprit vint sur eux, et ils parlaient en langues et prophétisaient. »

Soulignons que le texte dit que le Saint-Esprit était donné par l’imposition des mains des apôtres ; il est évident que Philippe, qui faisait lui-même des miracles, n’a pas imposé les mains aux autres pour qu’ils reçoivent ces pouvoirs. N’étant pas apôtre, il n’avait pas cette possibilité. Notons aussi que Simon n’a pas offert de l’argent aux apôtres pour qu’ils lui donnent le pouvoir de faire des miracles. Ils accordaient cette capacité déjà à plusieurs, et le faisaient sans demander de l’argent. Simon voulait quelque chose de plus. Il voulait le pouvoir de communiquer les dons aux autres par l’imposition de ses mains. Cette possibilité n’était pas donnée automatiquement par le fait de recevoir soi-même des pouvoirs miraculeux. On pouvait faire des miracles, comme Philippe en faisait, sans être en mesure de communiquer ce pouvoir aux autres.

L’imposition des mains dans ces deuxième et troisième sens n’a plus lieu depuis la mort des apôtres et des personnes qui avaient reçu le don de guérison par l’imposition des mains des apôtres. Dieu continue d’agir puissamment dans ce monde, mais il n’accorde plus à certaines personnes ces dons miraculeux de l’Esprit, car ils ont déjà servi leur but dans son plan (1 Cor. 13.8-10; Héb. 2.3,4; Mc. 16.20; etc.).

4) Le quatrième sens de l’imposition des mains dans le Nouveau Testament se rapporte à l’idée de confier à quelqu’un une charge, de le désigner formellement ou publiquement pour un rôle à jouer ou un devoir à accomplir. En Actes 13.1-3 les chrétiens à Antioche, reconnaissant la charge que Dieu avait donnée à Saul (Paul) et Barnabas, leur imposèrent les mains quand ces derniers devaient partir pour leur premier voyage missionnaire. En 1 Timothée 4.14, Paul dit au jeune prédicateur de ne pas négliger le don qu’il avait reçu avec l’imposition des mains des anciens. (Selon 2 Timothée 1.6, ce fut par l’imposition des mains de l’apôtre Paul que Timothée avait reçu ce don de Dieu. Paul lui avait imposé les mains dans le troisième sens – pour lui communiquer un don miraculeux, mais à la même occasion les anciens lui imposèrent les mains dans le quatrième sens – pour lui confier une responsabilité à accomplir en se servant du don qu’il venait de recevoir.) En 1 Timothée 5.22, Paul lui dit de ne pas lui-même imposer les mains à quelqu’un (lui confier une responsabilité importante) avec précipitation, avant que le caractère de la personne soit prouvé ; sinon, il partagerait la faute si la personne se servait de sa position pour mal faire. En Actes 6 le troisième et le quatrième sens de ce geste étaient tous les deux présents lorsque les apôtres demandèrent à l’Église de Jérusalem de choisir six hommes qu’ils pourraient charger de la tâche d’organiser la distribution quotidienne de nourriture aux veuves. L’Église a choisi des hommes qu’elle présenta aux apôtres, « qui, après avoir prié, leur imposèrent les mains », évidemment pour leur confier formellement le travail pour lequel ils avaient été désignés (Actes 6.5,6). Mais par la suite, nous voyons que ces hommes, après l’imposition des mains des apôtres, avaient également reçu des pouvoirs miraculeux (Actes 6.8; 8.5-7). Étienne et Philippe étaient, en effet, les premiers chrétiens à part les apôtres à qui le Nouveau Testament attribue des miracles.

Ordination ?

Beaucoup de groupes religieux ont déformé cette idée de confier formellement une charge ou une responsabilité, de déléguer à quelqu’un l’autorité de diriger un aspect de l’œuvre de Dieu, ou de mettre quelqu’un à part pour jouer un rôle particulier. Chez les catholiques, cette pratique de l’Église primitive est la base de ce qu’ils appellent le sacrement de l’Ordre. Sans être passé par la cérémonie où l’on recevrait ce « sacrement », une personne n’a normalement pas le droit de baptiser, de bénir le pain et le vin de la communion, et d’accomplir plusieurs autres services dans l’Église. Selon le Catéchisme catholique, « l’acte sacramentel qui intègre dans l’ordre des évêques, des presbytres (prêtres) et des diacres… va au-delà d’une simple élection, désignation ou institution par la communauté, car elle confère un don du Saint-Esprit permettant d’exercer un « pouvoir sacré » qui ne peut venir que du Christ Lui-même, par son Église. » Selon cette croyance, les évêques « tiennent la place du Christ lui-même » et sont les « successeurs légitimes des apôtres » (Catéchisme, pp. 332,333).

Ce ne sont pas seulement les catholiques qui augmentent beaucoup la signification de l’imposition des mains de cette manière. Les protestants, aussi, parlent généralement de l’ordination et de pasteurs « ordonnés » (mis en contraste avec de simples prédicateurs ou des dirigeants « laïcs »). Chez les mormons il est question de détenir « la prêtrise d’Aaron » et « la prêtrise de Melchisédek », qui auraient été transmises aux fondateurs de leur communauté par l’imposition des mains de Jean-Baptiste et des apôtres Pierre, Jacques, et Jean, revenus sur terre à cet effet. Depuis presque deux cents ans, une succession sans interruption aurait permis de conserver dans l’Église mormone « l’autorité d’agir dans les choses de Dieu ». Un baptême, par exemple, ne serait valable qu’à condition d’être administré par un homme à qui l’on aurait transmis ces prêtrises par l’imposition des mains.

Même parmi ceux qui cherchent à pratiquer le christianisme du premier siècle, on trouve parfois qu’on a été influencé par la conception qu’il faut une sorte de « droit par succession » pour que certains actes soient légitimes. Un frère a écrit : « Tout groupe de chrétiens réuni par la prédication d’un frère préparé, ordonné et envoyé par une ancienne Église du Seigneur à un lieu où il n’y avait pas eu d’Église du Christ au préalable, constitue une assemblée locale biblique… Une telle Église… doit se laisser diriger par… la doctrine de Christ, au moyen des enseignements des ministres préparés pour le ministère. » En d’autres termes, des gens qui découvrent, à travers leurs recherches sincères dans la Parole du Seigneur, ce qu’il faut faire pour devenir chrétien et adorer Dieu conformément à sa Parole, ne pourraient pas le faire sans l’intervention d’un ministre « ordonné ». Les conséquences logiques de cette doctrine sont énormes. En effet, une fois que les hommes abandonnaient la foi biblique et perdaient ainsi leur relation avec Dieu (1 Timothée 4.1-3; 2 Pierre 2.1,2; 2 Jean 9), les générations suivantes n’auraient plus la possibilité de recevoir le baptême ou la communion ou de servir Dieu valablement. La Bible ne pourrait plus être considérée comme une semence vivante (Luc 8.11; 1 Pierre 1.23-25; etc.), capable de porter du fruit dans les cœurs honnêtes et de produire une nouvelle naissance pour le salut ; elle ne serait qu’une lettre morte jusqu’à ce qu’un homme ayant une autorité reconnue se présente pour permettre aux croyants de mettre en pratique ce que dit la Bible.

Une tradition des hommes

En Marc 7.1-13, Jésus accuse les Juifs d’annuler les commandements de Dieu au profit de leur tradition. La même sorte de problème se présente aujourd’hui, et la question de l’ordination en fournit un exemple. Nous savons que Jésus et ses apôtres ont enseigné la nécessité du baptême. Jésus a dit avant de retourner au ciel : « Allez, faites de toutes les nations mes disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit » (Matthieu 28.19). Ou encore : « Allez par tout le monde, et prêchez la bonne nouvelle à toute la création. Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé » (Marc 16.15,16). Mais aucun passage biblique n’enseigne que seuls certains chrétiens ont le droit de baptiser ceux qui ont cru. L’accent est mis sur la foi et la repentance de la personne qui reçoit le baptême. Rien n’est dit au sujet des qualifications de la personne qui plonge le nouveau disciple dans l’eau du baptême. Nulle part dans la Bible on ne trouve l’expression « pasteur ordonné », et les détails que nous avons vus concernant l’imposition des mains sont bien insuffisants pour justifier la création d’un clergé ou l’idée de l’ordination telle qu’elle est enseignée dans les dénominations de nos jours. Pourtant, j’ai connu des communautés où des personnes dans des villages jouaient un rôle actif dans l’Église depuis dix ans, mais elles n’avaient pas reçu le baptême tout simplement parce que le « pasteur titulaire » n’était pas venu baptiser les nouvelles personnes. La Parole de Dieu dit clairement que les hommes doivent se faire baptiser, mais afin de respecter un commandement d’hommes, une tradition d’Église, on n’osait pas baptiser ces gens. Les hommes annulent ainsi le commandement de Dieu.

Le problème de Diotrèphe

Parfois le problème est lié à la tradition, mais il faut reconnaître qu’il y a aussi des cas où des hommes se réservent le droit de faire certaines choses dans l’Église parce qu’ils cherchent à créer une sorte d’empire personnel. Ils font penser à un homme mentionné dans la Troisième Épître de Jean :

« J’ai écrit quelques mots à l’Église ; mais Diotrèphe, qui aime à être le premier parmi eux, ne nous reçoit pas… Il ne reçoit pas les frères, et ceux qui voudraient le faire, il les en empêche et les chasse de l’Église. » (3 Jean 9,10)

Souvent, un homme cherchera non seulement à dominer sur une assemblée locale, mais sur toutes les assemblées dans son district ou son pays. Certains le font en s’attribuant une autorité en matière d’argent. Soit on oblige chaque assemblée locale à envoyer ses collectes à un siège central qui en fait la distribution, soit on cherche à jouer un rôle d’entonnoir pour les fonds qui viendraient d’ailleurs pour aider l’œuvre de Dieu dans ce pays. D’autres essaient de développer un monopole sur l’autorité d’agir dans l’Église ; ils enseignent ainsi que « l’ordination » est nécessaire. Parfois un homme prétend qu’il est le seul à détenir le droit d’« ordonner » d’autres frères au ministère pour la simple raison qu’il fut le premier membre de l’Église dans le pays ou la région. D’autres se basent sur des visions divines qu’ils prétendent avoir vues. Quoi qu’il en soit, le désir de contrôler l’Église de cette manière n’est pas sain, et la pratique n’est pas basée sur un enseignement biblique.

La sauvegarde de la vérité

Pour justifier les pouvoirs que l’on donne à certains hommes grâce à ce système d’ordination, on fait appel parfois au besoin d’éviter le désordre et de maintenir la pureté doctrinale. Malheureusement, on rencontre de nombreux cas dans l’histoire du christianisme où c’étaient les dirigeants, ceux qui étaient « ordonnés », qui introduisirent les erreurs et les éloignements du modèle biblique. Cela s’accorde avec la prophétie de Paul en Actes 20.17,18,29,30. Pour sauvegarder la vérité, il faut compter sur l’étude et l’enseignement assidus de la Parole divine et non sur les hommes faillibles et leurs décrets. Il faut toujours cultiver l’attitude des Béréens, qui « examinaient chaque jour les Écritures pour voir si ce qu’on leur disait était exact » (Actes 17.11).

Conclusion

L’imposition des mains, a-t-elle une place dans l’Église aujourd’hui ? Comme nous venons de le voir, des hommes ont abusé de l’idée biblique de l’imposition des mains, surtout en essayant de se réserver des droits qui devraient appartenir à tout homme fidèle dans l’Église : le droit d’évangéliser, de baptiser, de servir la communion, etc. Est-ce pour cela que la pratique d’imposer les mains doit être bannie ? Pas si l’on reconnaît que de nos jours on n’imposerait pas les mains comme pour exercer un don miraculeux ou pour communiquer de tels dons aux autres. Si l’on retient ce geste comme un moyen solennel de faire ressentir l’importance de prendre au sérieux une responsabilité confiée ou de désigner publiquement quelqu’un pour un rôle particulier, on peut certainement s’en servir. Prenons soin seulement de ne pas aller au-delà de ce qui est écrit (1 Corinthiens 4.6).

B. B.
(Dans Vol. 9, No. 5)

 

L’enfant prêté par Dieu

En plus de ceux qui sont sans enfant à cause de la stérilité (voir «Une place et un nom préférables à des fils et à des filles»), certains se trouvent dans une condition pareille parce que leurs enfants sont décédés. Eux aussi ont besoin d’accepter la volonté de Dieu et garder leur confiance en lui. Car après tout, nous ne sommes que de passage sur la terre, comme le dit si bien cet auteur inconnu :


L’enfant prêté par Dieu

« Je vous prêterai, pour un peu de temps, un enfant qui m’appartiendra » dit Dieu,

« Pour que vous l’aimiez tant qu’il vivra, et le pleuriez quand il sera mort.

Cela sera peut-être pour six ans ou sept, ou bien pour quarante-deux ou quarante-trois ;

Mais accepterez-vous, jusqu’à ce que je le rappelle, d’en prendre soin pour moi ?

Il viendra avec son charme pour égayer vos cœurs,

Et (si son séjour est bref) vous aurez ses doux souvenirs pour soulager votre douleur.

Je ne peux pas promettre qu’il restera,

Car, de la terre l’esprit de chacun me revient.

Mais tant qu’il sera de ce monde, vous devrez le guider dans le bon chemin.

Par les paroles de vos bouches et par votre vie.

Vous l’enseignerez : c’est une lourde charge que je vous confie.

Alors, lui donnerez-vous tout votre amour ?

Penserez-vous que le labeur n’a pas été pour rien ?

Et refuserez-vous de me haïr quand je viendrai pour reprendre cet enfant qui aura toujours été le mien ? »

J’ai cru les entendre dire : « Que ta volonté soit faite, cher Seigneur.

Pour toutes les joies que cet enfant apportera nous courrons le risque de la douleur.

Nous l’abriterons avec tendresse, et nous l’aimerons aussi longtemps qu’il vivra.

Et pour le bonheur que nous aurons connu, jamais, jamais nous ne serons ingrats.

Mais si tes anges viennent le chercher beaucoup plus tôt que nous aurions pensé,

Nous accepterons courageusement l’amère douleur, et notre cœur connaîtra, malgré tout, ta paix. »

Auteur inconnu
(Dans Vol. 8, No. 6)

«Une place et un nom préférables à des fils et à des filles»

Le désir de faire des enfants

Cela fait plusieurs années maintenant, mais je me la rappelle clairement, même aujourd’hui – la voix peinée d’un frère en Christ qui s’apprêtait à abandonner son épouse stérile afin de se lier à une autre femme. Conscient de la culpabilité de l’acte qu’il posait, mais excessivement frustré par son épreuve, il s’exclama : « D’abord, je suis pauvre ; et en plus, je n’ai pas d’enfants. Je ne peux plus le supporter ! »

Pourquoi vouloir des enfants à ce point-là ? Les raisons sont nombreuses. Les enfants apportent souvent une joie profonde. Leur beauté, leur innocence, leurs rires, leur amour sans façon, leur besoin d’être aimés et protégés, et beaucoup d’autres traits nous attirent et suscitent en nous des sentiments de tendresse et de générosité. Nous voulons des enfants pour les aimer, et cela est bon et normal, et presque universel. Selon les croyances et les valeurs de la société dont nous faisons partie, d’autres facteurs peuvent renforcer le désir de faire des enfants. La femme qui n’est pas capable de prendre grossesse et porter à terme un enfant peut être peinée autant pour son mari que pour elle-même, car elle veut lui donner le plaisir d’être un père. Malgré ses assurances au contraire, elle peut croire qu’il l’aimerait davantage si elle arrivait à lui donner des enfants. Quand la faute est chez l’homme, il peut avoir le sentiment que sa masculinité est mise en cause, et que, compte tenu de son infertilité, il est « moins homme ». Le fort désir de petits-enfants chez les parents d’un couple frappé par la stérilité représente une pression supplémentaire, surtout si les « grands-parents en attente » n’ont pas d’autres enfants qui puissent satisfaire leur désir de petits-enfants. (Si, par contre, le frère de celui qui n’arrive pas à leur donner des petits-enfants en fait, le problème de favoritisme et de jalousie risque de se poser.) Dans les sociétés plus traditionnelles, on veut des enfants aussi pour qu’ils aident aux travaux champêtres.

Certains veulent des enfants pour ne pas être isolés et sans soutien dans leur vieillesse. D’autres s’attachent à des croyances selon lesquelles les descendants sur terre servent les ancêtres déjà disparus. Avec de telles idées, il ne faut absolument pas que la lignée s’arrête, car le bonheur dans l’au-delà dépend de ceux qui resteront. D’autres encore craignent surtout le mépris et la moquerie de leurs voisins.

Les tentations suscitées par la stérilité

L’absence d’enfants dans un foyer où ils sont très voulus fait souffrir sur le plan émotionnel d’un désir profond qui n’est jamais satisfait, surtout si des grossesses qui offrent de l’espoir se terminent à chaque fois par de fausses couches. On lutte avec des sentiments d’insécurité, d’échec, ou même de culpabilité. La fête des Mères ou la fête des Pères, la fierté d’un(e) ami(e) à l’égard de son propre enfant, et même les questions bien intentionnées de la part des connaissances qui veulent savoir quand le couple compte faire un enfant – toutes sortes de situations innocentes finissent par réveiller la douleur des couples sans enfants.

Cet état des choses constitue une sérieuse épreuve de la foi de ces couples. Satan se sert souvent de la situation pour les faire tomber dans le péché. Nous avons déjà évoqué le cas d’un frère qui a délaissé sa femme afin de trouver une autre qui pourrait lui donner un enfant. Parfois, les parents du mari d’une femme stérile mettent une pression sur lui afin de renvoyer son épouse, ou (au moins en Afrique) d’en prendre une deuxième. Pareillement, les parents d’une femme dont le mari ne peut pas la rendre enceinte essaient souvent de pousser leur fille à trouver un autre mari. Encore, certains célibataires, voulant à tout prix avoir des enfants, mais n’ayant pas encore eu la possibilité de se marier, trouvent préférable de faire des enfants dans la fornication que de ne pas en faire du tout.

En plus des tentations au divorce, au péché sexuel, ou à la polygamie, il y a d’autres dangers. L’Ancien Testament mentionne souvent un faux dieu adoré par les voisins des Israélites, un dieu du nom de Baal. C’était un « dieu de fertilité », censé offrir de bonnes récoltes, la multiplication du bétail, et bien sûr, des enfants. Les Israélites se rendaient trop souvent infidèles envers l’Éternel par la participation au culte de Baal et de ses « femmes », Ashérah, Astarté, et d’autres. Les religions païennes de nos jours séduisent les hommes par la même sorte de promesses. Si l’on n’arrive pas à faire des enfants, il est recommandé par certains d’adorer les esprits du marigot, de se procurer une statuette magique, ou de consulter tel ou tel charlatan.

Certains n’oseraient jamais se rendre auprès d’un praticien idolâtre pour obtenir des enfants, mais ils mettent leur confiance en des soi-disant « prophètes » que l’on retrouve dans des Églises renommées pour les miracles. Puisque ces personnes emploient le nom de Jésus, ceux qui sont spirituellement imprudents les suivent dans l’espoir d’une solution au problème de l’infertilité, sans contrôler l’enseignement et sans reconnaître qu’il y a « des ouvriers trompeurs, déguisés en apôtres de Christ. Et cela n’est pas étonnant, puisque Satan lui-même se déguise en ange de lumière. Il n’est donc pas étrange que ses serviteurs aussi se déguisent en ministres de justice » (2 Cor. 11.13-15). Ils se laissent ainsi séduire par les fausses doctrines de ces faux prophètes, et ils sont perdus.

Enfin, d’autres sont vaincus par l’amertume envers Dieu, qui n’exauce pas leurs prières de la manière qu’ils veulent. Ils ne peuvent pas comprendre pourquoi, malgré leurs efforts de lui être fidèles, Dieu ne leur donne pas d’enfants, alors qu’il en donne plusieurs à des non-croyants qui sont parfois négligents ou même brutaux envers ces chers petits êtres que Dieu leur a confiés. Ces personnes découragées et scandalisées considèrent que Dieu est injuste, capricieux ou méchant, et ils ne veulent plus le servir.

Compte tenu de la gravité de l’épreuve spirituelle et du fait que le taux d’infertilité atteint selon le pays ou la région entre 10 % et 40 % des couples, ce problème mérite bien notre réflexion.

Conseils pour ceux qui n’ont pas d’enfants

1. Reconnaissez que c’est Dieu qui donne les enfants.

« Des fils sont un héritage de l’Éternel » (Psaume 127.3). Tellement Rachel, la femme du patriarche Jacob, voulait-elle être mère, elle s’écria un jour à son mari : « Donne-moi des enfants, ou je meurs ! » (Gen. 30.1). Jacob répondit qu’il n’était pas « à la place de Dieu ». En effet, c’est Dieu qui décide, finalement, de donner ou de ne pas donner des enfants, et c’est à lui qu’il faut les demander. Nous lisons en Genèse 25.21 : « Isaac implora l’Éternel pour sa femme, car elle était stérile, et l’Éternel l’exauça : Rebecca, sa femme, devint enceinte. » Le premier livre de Samuel commence par l’histoire d’une autre femme stérile, Anne, épouse d’Elkana. Anne avait une coépouse, Peninna, qui avait des enfants et prenait plaisir sans cesse à vexer Anne et l’humilier de n’avoir pas d’enfant. Dans « l’excès de sa douleur et de son chagrin », Anne pria longtemps pour demander un fils et « répandait son âme devant l’Éternel » (1 Sam. 1.10-16). Dieu écouta sa prière et lui donna un fils, qu’elle nomma Samuel, qui veut dire « demandé à l’Éternel ».

Quels que soient nos problèmes, nous devons apprendre à les confier tous à Dieu. « Ne vous inquiétez de rien ; mais en toute chose faites connaître vos besoins à Dieu par des prières et des supplications, avec des actions de grâce. Et la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos pensées en Jésus-Christ » (Phil. 4.6,7). Quand nous confions une affaire au Seigneur, il va sans dire que nous renonçons à tout recours à d’autres puissances spirituelles. Les animistes attribuent parfois leurs enfants aux eaux qu’ils ont adorées ou aux objets magiques qu’ils ont acquis. Mais le chrétien regarde vers Dieu qui seul donne la vie.

En reconnaissant que c’est Dieu qui donne des enfants, nous acceptons aussi que Dieu ait le droit de refuser les enfants à quelqu’un. Quand nous prions, nous demandons toujours selon sa volonté (1 Jean 5.14). Comme Jésus, nous disons : « Toutefois, que ma volonté ne se fasse pas, mais la tienne » (Luc 22.42). Il y a des fois où, dans sa souveraineté et son omniscience, Dieu permet à ses enfants de souffrir. Nous devons, dans de tels cas, supporter la souffrance et continuer de faire ce qui est bien (1 Pierre 2.20). Dieu connaît les projets qu’il a formés sur nous (Jér. 29.11), et il se peut que les enfants ne soient pas la bénédiction que nous pensons (voir 1 Cor. 7.26-31). Peut-être qu’il veut cultiver en nous la compassion, pour que nous ayons de la sympathie pour d’autres qui souffrent de l’infertilité (voir 2 Cor. 1.3,4). Il se peut que Dieu ne nous accorde pas nos propres enfants parce qu’il veut que nous soyons pleinement disponibles pour nous occuper des orphelins ou des enfants négligés. Il est possible que Dieu soit en train d’éprouver notre fidélité ou notre soumission envers lui en nous faisant attendre ou en nous refusant ce que nous désirons. Quand vous êtes tenté d’être infidèle envers Dieu dans votre désir d’avoir des enfants, souvenez-vous des paroles du Christ : « Celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi » (Matthieu 10.37). Soyons soumis, acceptons sa volonté, et faisons-lui confiance. Notre Père divin sait mieux que nous ce qu’il convient de nous accorder.

2. Apprenez à compter sur Dieu pour vos besoins.

« Déchargez-vous sur lui de tous vos soucis, car lui-même prend soin de vous. » (1 Pierre 5.7)

« Dieu lui-même a dit : Je ne te délaisserai point, et je ne t’abandonnerai point. C’est donc avec assurance que nous pouvons dire : Le Seigneur est mon aide, je ne craindrai rien. » (Héb. 13.5,6)

« Cherchez premièrement le royaume et la justice de Dieu ; et toutes ces choses vous seront données par-dessus. » (Matt. 6.33)

Ne soyez pas angoissé concernant votre avenir simplement parce que vous n’avez pas d’enfants. Croyez aux promesses de votre Dieu. Vous n’avez pas besoin de savoir d’avance par quel moyen il pourvoira à vos besoins. Sachez seulement qu’il a tous les moyens. Que vous ayez des enfants ou pas, il veut que votre confiance soit placée, non pas en vos enfants ou vos économies ou la caisse de prévoyance sociale, mais en lui. Cela ne signifie pas que les enfants ne doivent pas subvenir aux besoins de leurs parents âgés ou que le chrétien ne devrait pas contribuer à la caisse de prévoyance. Mais nous ne devons ni vivre dans l’inquiétude ni douter du pouvoir de notre Dieu de prendre soin de nous. Les enfants sur lesquels nous comptons peuvent mourir avant nous, la banque où nous mettons nos économies peut faire faillite, et les gouvernements sont parfois incapables de payer les fonctionnaires et les retraités. Seul l’Éternel est un rocher solide sur lequel on peut compter au milieu de tous les problèmes de la vie. Qu’il soit votre seul appui.

3. Mettez l’accent sur l’éternité.

« J’estime que ce que nous souffrons dans le temps présent ne peut pas se comparer à la gloire que Dieu nous révélera. » (Romains 8.18)

« Car nous portons notre attention non pas sur ce qui est visible, mais sur ce qui est invisible. Ce qui est visible ne dure que peu de temps, mais ce qui est invisible dure toujours. » (2 Cor. 4.18)

Il y a toutes sortes de souffrances dans cette vie : la douleur, la maladie et la faim, sans parler des souffrances morales infligées par la méchanceté des autres. Pour certains, la peine d’être privés d’enfants est une grande souffrance. Mais tous ces problèmes perdront leur importance dans l’éternité ; ils font souffrir, mais ils sont passagers. La Parole de Dieu nous encourage souvent à trouver de la force et de la consolation dans l’espérance de la gloire éternelle, cette espérance que nous possédons à cause de Jésus-Christ, notre sauveur.

4. Ne méprisez pas les « grâces plus excellentes » que Dieu accorde.

Quelle que soit la joie qu’apporte un bébé, il y a des bénédictions plus grandes que le fait d’avoir des enfants.

En Ésaïe 56.3-5 Dieu parle d’une situation qui existerait à Jérusalem après le retour des Juifs de leur captivité à Babylone : les eunuques (hommes castrés, peut-être par leurs anciens maîtres babyloniens) seraient découragés par le fait qu’ils ne pouvaient pas procréer et « continuer de vivre » à travers leurs descendants. Leur nom serait perdu en Israël. Voici ce que Dieu leur dit :

« Que l’eunuque ne dise pas : Voici, je suis un arbre sec ! Car ainsi parle l’Éternel aux eunuques qui garderont mes sabbats, qui choisiront ce qui m’est agréable, et qui persévéreront dans mon alliance, je donnerai dans ma maison et dans mes murs une place et un nom préférables à des fils et des filles ; je leur donnerai un nom éternel, qui ne périra pas. »

Le contexte de ce passage et la référence au sabbat montrent que Dieu s’adressait premièrement à des hommes qui vivaient sous l’ancienne alliance et les assurait que sa faveur ne dépendait pas de leur fécondité physique, mais de leur fidélité envers sa parole. Il est certain, néanmoins, que le principe s’applique aux serviteurs de Dieu sous la nouvelle alliance qui sont, eux aussi, dans l’impossibilité de faire des enfants. La place et le nom préférables à des fils et des filles, c’est bien la faveur de Dieu et la vie éternelle avec lui dans le royaume des cieux. Avec de telles promesses, pourquoi se lamenter de ne pas avoir pu « laisser une trace » (en forme d’enfant) sur cette terre qui est destinée, de toute façon, à être consumée par le feu quand le Seigneur reviendra ? Pourquoi tenir forcément à vivre à travers mes enfants quand je vivrai moi-même pour toujours ?

Le chrétien ne devrait pas craindre l’isolement, sachant qu’il a une famille spirituelle, qui est l’Église. Jésus lui-même (qui, à propos, n’a pas eu d’enfants physiques) a dit : « Quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là est mon frère, ma sœur, et ma mère » (Marc 3.35). Se référant encore à la famille spirituelle, il dit en Marc 10.29,30 :

« Il n’est personne qui, ayant quitté, à cause de moi et à cause de la bonne nouvelle, sa maison, ou ses frères, ou ses sœurs, ou sa mère, ou son père, ou ses enfants, ou ses terres, ne reçoivent au centuple, présentement dans ce siècle-ci, des maisons, des frères, des sœurs, des mères, des enfants, et des terres, avec des persécutions, et, dans le siècle à venir, la vie éternelle. »

Beaucoup de personnes trouvent un sens à leurs activités quotidiennes quand ils pensent au fait qu’ils pourvoient aux besoins de leurs enfants ou leur donnent une éducation pour leur bonheur futur. Mais en tant que chrétiens, appelés à faire du bien à tous les nécessiteux et à partager l’Évangile avec tous ceux qui ont besoin du salut, nous avons un travail noble à faire, que nous ayons des enfants ou pas. Si nous sommes occupés à ces tâches qui honorent notre Sauveur bien-aimé, nos vies sont remplies de sens et de satisfaction.

« Il nous a rendus capables d’être ministres d’une nouvelle alliance… nous faisons donc les fonctions d’ambassadeurs pour Christ, comme si Dieu exhortait par nous ; nous vous en supplions au nom de Christ, soyez réconciliés avec Dieu ! » (2 Cor. 3.6; 5.20)

5. Refaites votre façon de penser au sujet du mariage, des enfants et de ce qui donne une valeur à votre vie.

Rappelez-vous que Dieu a déclaré que ce qu’il avait créé était « très bon » et que l’homme et la femme étaient « une seule chair » AVANT qu’ils n’aient eu des enfants. Ne pensez pas qu’un mariage sans enfants soit un mariage incomplet. Considérez les enfants, non comme une assurance-retraite, mais comme des objets d’amour et une responsabilité devant le Seigneur. N’évaluez pas votre valeur en tant qu’homme ou femme en fonction de votre capacité de vous reproduire, mais en fonction du grand prix que Dieu a payé pour vous racheter : le sang de Jésus-Christ.

B. B.
(Dans Vol. 8, No. 6)

Voir aussi L’enfant prêté par Dieu.


Une grâce plus excellente

Je n’ai pas fait venir des enfants dans le monde, mais j’ai donné de l’amour à des enfants qui en avaient besoin.

Je n’ai pas physiquement engendré d’enfant, mais par l’évangile j’ai « engendré » plusieurs pour qu’ils aient la vie éternelle.

Je n’ai pas l’espoir que mon enfant réussira dans la vie et s’occupera de moi dans ma vieillesse, mais j’ai la certitude que Celui à qui appartient toutes choses ne m’abandonnera pas.

Je ne suis pas honoré(e) par les gens du monde, mais j’ai la faveur de Dieu à cause de ma fidélité et de sa grâce.

Je ne laisserai pas d’enfants pour marquer mon passage sur cette boule de poussière, mais j’ai une demeure éternelle dans le ciel.

Victoire sur les démons

Ils sont appelés par plusieurs noms dans la Bible : tantôt les mauvais esprits, les esprits méchants ou les esprits impurs, tantôt les dominations, les autorités, les princes de ce monde de ténèbres. Très souvent on les appelle « démons ». Il peut y avoir plusieurs sortes, mais ils sont tous des alliés ou des serviteurs de Satan, l’ennemi de nous tous. Comme Satan, ils essaient d’éloigner les hommes de Dieu, de détourner notre dévotion du Créateur et de nous asservir.

Comment les démons se manifestent

Bien qu’invisibles, ils œuvrent parmi les hommes de plusieurs manières.

Selon 1 Timothée 4.1, ils sont à la base des faux enseignements qui détournent les hommes de la vraie foi chrétienne : « Mais l’Esprit dit expressément que, dans les derniers temps, quelques-uns abandonneront la foi, pour s’attacher à des esprits séducteurs et à des doctrines de démons. » 1 Jean 4.1 est un autre passage qui associe aux faux prophètes les esprits qui ne sont pas de Dieu : « Bien-aimés, n’ajoutez pas foi à tout esprit ; mais éprouvez les esprits pour savoir s’ils sont de Dieu, car plusieurs faux prophètes sont venus dans le monde. » Ces démons ne se manifestent pas en tant que tels quand ils inspirent les fausses doctrines. Ils se cachent et ils se déguisent en anges de lumière (2 Corinthiens 11.13-15).

Les démons se cachent également derrière les idoles et les fétiches qui, selon leurs adorateurs, sont très utiles aux hommes. En Deutéronome 32.16,17, Moïse reproche au peuple israélite son infidélité envers Dieu. Il dit : « Ils ont excité sa jalousie par des dieux étrangers, ils l’ont irrité par des abominations ; ils ont sacrifié à des démons qui ne sont pas Dieu, à des dieux qu’ils ne connaissaient point, nouveaux, venus depuis peu, et que vos pères n’avaient pas craints. » Dans le Nouveau Testament, l’apôtre Paul reprend la même idée. En expliquant pourquoi le chrétien ne doit jamais sciemment manger de la viande qui a été sacrifiée à une idole, il dit que la puissance qui est derrière les idoles et les fétiches est, en fait, une puissance démoniaque : « Que dis-je donc ? Que la viande sacrifiée aux idoles est quelque chose, ou qu’une idole est quelque chose ? Nullement. Je dis que ce qu’on sacrifie, on le sacrifie à des démons, et non à Dieu ; or, je ne veux pas que vous soyez en communion avec les démons. Vous ne pouvez boire la coupe du Seigneur, et la coupe des démons ; vous ne pouvez manger à la table du Seigneur, et à la table des démons. Voulons-nous provoquer la jalousie du Seigneur ? Sommes-nous plus forts que lui ? » (1 Corinthiens 10.19-22).

La Bible reconnaît et l’existence et la puissance des démons. Ils font même des miracles afin de séduire les hommes et les éloigner de Dieu. Elle parle, par exemple, de l’apparition d’un impie qui se fera « par la puissance de Satan, avec toutes sortes de miracles, de signes et de prodiges mensongers, et avec toutes les séductions de l’iniquité, pour ceux qui périssent parce qu’ils n’ont pas reçu l’amour de la vérité pour être sauvés » (2 Thess. 2.9,10).

Les démons se manifestent aussi par la possession. Que veut dire être possédé ? Il ne s’agit pas d’une personne qui commet tel ou tel péché qui serait la spécialité d’un esprit particulier. Des gens disent, par exemple, qu’une personne qui vit dans le péché sexuel est « possédée » d’un esprit de fornication, ou qu’une personne qui ment très souvent aurait un esprit de mensonge. Jean-Baptiste, Jésus, les apôtres de Christ – ils s’accordaient tous pour dire aux hommes pécheurs de se repentir, ce qui veut dire de prendre une résolution ferme d’abandonner ses péchés pour faire la volonté de Dieu. Considérez, par exemple, les instructions que Jean-Baptiste donnait : « Il vint aussi des publicains (des collecteurs d’impôts pour le gouvernement romain) pour être baptisés, et ils lui dirent : Maître, que devons-nous faire ? Il leur répondit : N’exigez rien au-delà de ce qui vous a été ordonné. Des soldats aussi lui demandèrent : Et nous, que devons-nous faire ? Il leur répondit : Ne commettez ni extorsion ni fraude envers personne, et contentez-vous de votre solde » (Luc 3.12-14). Ni Jean, ni Jésus, ni les apôtres n’ont jamais dit à un pécheur : « Vous êtes possédé du démon de cupidité. Je dois le chasser » ou bien « Vous avez les démons de l’adultère, de l’escroquerie, et de la colère. On doit procéder à votre délivrance ». Ils disaient plutôt : « Repentez-vous » ou « Va, et ne pèche plus. »

La possession démoniaque n’était pas une condition que la personne concernée ou son entourage ignoraient jusqu’à ce qu’un prédicateur ou un prophète les en informe. Rien dans la Bible ne suggère que la possession était comme une maladie qui doit être dépistée et diagnostiquée par un médecin.

Dans un cas de possession, l’esprit mauvais entrait dans le corps d’une personne et prenait contrôle de sa vie – à des moments précis ou en permanence. Dans certains cas on voit que l’esprit parlait par la bouche de la personne qu’il possédait. La personnalité du possédé était supprimée et la voix qu’on entendait était celle du démon. La Bible n’attribue pas des péchés à la possession, mais elle parle parfois de certains pouvoirs du possédé, tels qu’une force surhumaine ou une connaissance de l’avenir ; en plus, la Bible parle souvent de souffrances ou infirmités physiques imposées par le démon. Une certaine femme possédée était, par exemple, courbée et ne pouvait pas se redresser pendant 18 ans. Un autre possédé, un jeune homme, était sourd et muet, et le démon le saisissait parfois et le jetait dans le feu ou dans l’eau.

Un cas particulièrement dramatique se trouve en Marc 5.1-20. Jésus venait de traverser la mer de Galilée, et pendant la traversée il avait démontré son pouvoir sur les forces de la nature en calmant une grande tempête. Dans le récit qui suit, nous voyons son pouvoir sur les forces spirituelles.

« Ils arrivèrent à l’autre bord de la mer, dans le pays des Gadaréniens. Aussitôt que Jésus fut hors de la barque, il vint au-devant de lui un homme, sortant des sépulcres, et possédé d’un esprit impur. Cet homme avait sa demeure dans les sépulcres, et personne ne pouvait plus le lier, même avec une chaîne. Car souvent il avait eu les fers aux pieds et avait été lié de chaînes, mais il avait rompu les chaînes, et brisé les fers, et personne n’avait la force de le dompter. Il était sans cesse, nuit et jour, dans les sépulcres et sur les montagnes, criant, et se meurtrissant avec des pierres. Ayant vu Jésus de loin, il accourut, se prosterna devant lui, et s’écria d’une voix forte : Qu’y a-t-il entre moi et toi, Jésus, Fils du Dieu Très-Haut ? Je t’en conjure au nom de Dieu, ne me tourmente pas. Car Jésus lui disait : Sors de cet homme, esprit impur. Et il lui demanda : Quel est ton nom ? Légion est mon nom, lui répondit-il, car nous sommes plusieurs. Et il le priait instamment de ne pas les envoyer hors du pays. Il y avait là, vers la montagne, un grand troupeau de pourceaux qui paissaient. Et les démons le prièrent, disant : Envoie-nous dans ces pourceaux, afin que nous entrions en eux. Il le leur permit. Et les esprits impurs sortirent, entrèrent dans les pourceaux, et le troupeau se précipita des pentes escarpées dans la mer : Il y en avait environ deux mille, et ils se noyèrent dans la mer. Ceux qui les faisaient paître s’enfuirent, et répandirent la nouvelle dans la ville et dans les campagnes. Les gens allèrent voir ce qui était arrivé. Ils vinrent auprès de Jésus, et ils virent le démoniaque, celui qui avait eu la légion, assis, vêtu, et dans son bon sens ; et ils furent saisis de frayeur. Ceux qui avaient vu ce qui s’était passé leur racontèrent ce qui était arrivé au démoniaque et aux pourceaux. Alors ils se mirent à supplier Jésus de quitter leur territoire. »

Quelle est la leçon que nous devons tirer de ce passage ? Certaines personnes disent qu’il ne faut pas manger du porc – elles disent que c’est une viande impure puisque les démons sont entrés dans ces animaux. Cela n’est pas du tout logique. La viande de porc que vous mangeriez aujourd’hui ne vient pas de ces animaux qui ont été possédés pendant quelques instants il y a deux mille ans. D’ailleurs, c’était quelque temps après cet événement que Jésus lui-même dit : « Ne comprenez-vous pas que rien de ce qui du dehors entre dans l’homme ne peut le souiller ? Car cela n’entre pas dans son cœur, mais dans son ventre, puis s’en va dans les lieux secrets qui purifie tous les aliments » (Marc 7.18,19; voir aussi 1 Timothée 4.3,4).

Échec aux démons

Mais quelle est donc la leçon à en dégager ? C’est que Jésus a un pouvoir absolu sur les mauvais esprits. À maintes reprises Jésus a chassé des démons des gens possédés, et il le faisait par sa simple parole. Il n’avait pas besoin de se servir d’eau bénite, de chapelets, de statuettes, de bougies ou de récitations. Il n’avait pas besoin de crier pendant des heures. Chaque fois, il donnait un simple ordre, et le démon n’avait pas de choix. Il s’exécutait. À cette occasion, l’homme était possédé d’un très grand nombre de démons. Ils se nommaient « Légion ». Or une légion était une division de l’armée romaine qui comptait environ 5 000 hommes. Malgré leur nombre, ces démons n’ont pas pu résister contre la volonté de Jésus-Christ qui leur disait de sortir.

Jésus continue de jouir d’un plein pouvoir sur les démons. Éphésiens 1.21,22 nous rappelle que Dieu a fait asseoir Jésus « au-dessus de toute domination, de toute autorité, de toute puissance, de toute dignité, et de tout nom qui se peut nommer, non seulement dans le siècle présent, mais encore dans le siècle à venir. Il a tout mis sous ses pieds. » Jésus est divin, et en tant que Fils de Dieu, en tant que Créateur, il est au-dessus de tout ce qui a été créé. Paul dit qu’il est le premier-né sur toute la création. C’est-à-dire, tout comme le fils premier-né avait aux temps bibliques une prééminence et une autorité sur ses frères et sœurs, Jésus est au-dessus de la création. Ainsi, l’apôtre dit à son sujet : « Il est l’image du Dieu invisible, le premier-né de toute la création. Car en lui ont été créées toutes les choses qui sont dans les cieux et sur la terre, les visibles et les invisibles, trônes, dignités, dominations, autorités. Tout a été créé par lui et pour lui. Il est avant toutes choses, et toutes choses subsistent en lui. Il est la tête du corps de l’Église ; il est le commencement, le premier-né d’entre les morts, afin d’être en tout le premier » (Colossiens 1.15-18). Ce même Jésus a promis de rester avec ses disciples jusqu’à la fin des siècles.

Non seulement le chrétien a une pleine confiance parce que Jésus est plus fort que Satan et les esprits qui s’alignent avec lui, mais aussi parce que Jésus leur a infligé une défaite dont ils ne pourront jamais se remettre. « Puisque les enfants, comme il les appelle, sont de chair et de sang, Jésus lui-même est devenu comme eux et a participé à leur nature humaine. Il l’a fait afin de détruire par la mort le diable » (Hébreux 2.14 FC). Par sa mort sur la croix, Jésus a vaincu le diable. Il l’a détruit, non pas dans le sens où le diable n’existerait plus, mais Jésus lui a enlevé une partie importante de son pouvoir de nuire à l’homme. Colossiens 2.15 est un autre passage qui enseigne la même idée concernant la mort de Christ et son effet sur le diable. Il dit que Jésus « a dépouillé les dominations et les autorités, et les a livrées publiquement en spectacle, en triomphant d’elles par la croix. » C’est par rapport à cette victoire de Jésus sur Satan qu’il a dit en Jean 12.31, peu avant son arrestation et sa crucifixion : « Maintenant le prince de ce monde sera jeté dehors. »

Évidemment, ces passages ne signifient pas que Satan n’est plus dans le monde ou qu’il n’a aucune possibilité de faire du mal aux hommes. Éphésiens 6.12 dit clairement que nous avons encore à lutter « contre les dominations, contre les autorités, contre les princes de ce monde de ténèbres, contre les esprits méchants dans les lieux célestes », et 1 Pierre 5.8 nous rappelle que « le diable rôde comme un lion rugissant, cherchant qui il dévorera ». Néanmoins, pour nous qui sommes lavés dans le sang de Christ et qui demeurons fidèlement en lui, l’activité et le pouvoir de Satan sont bien limités par le Seigneur. Dieu veut que nous soyons vigilants à l’égard de notre adversaire, mais non pas dans la crainte ou l’inquiétude. Quelles que soient les épreuves que nous endurons dans cette vie, nous avons cette assurance en Romains 8.31,37-39 : « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ?… Mais dans toutes ces choses nous sommes plus que vainqueurs par celui qui nous a aimés. Car j’ai l’assurance que ni la mort ni la vie, ni les anges ni les dominations, ni les choses présentes ni les choses à venir, ni les puissances, ni la hauteur ni la profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ notre Seigneur. »

L’Esprit de Dieu en nous

En plus du fait que Jésus est plus fort que Satan, en plus du fait que par sa mort et sa résurrection Jésus a « dépouillé » et vaincu Satan et les mauvais esprits, le chrétien reste confiant parce que le Saint-Esprit demeure en lui. 1 Jean 4.4 nous donne cette assurance : « Vous les avez vaincus, parce que celui qui est en vous est plus grand que celui qui est dans le monde. » Jésus est en nous par son Esprit. L’apôtre Pierre a promis le jour de la Pentecôte, en Actes 2.38 : « Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ, pour le pardon de vos péchés ; et vous recevrez le don du Saint-Esprit. » L’Esprit de Dieu lui-même nous est donné lorsque nous obéissons à l’évangile. Selon 1 Corinthiens 6.19, notre corps devient le temple du Saint-Esprit. Cette promesse s’applique à tout chrétien, c’est-à-dire à toute personne qui a cru en Jésus comme Fils de Dieu, qui s’est repentie de ses péchés, qui a confessé sa foi en Christ et qui a été immergée au nom de Jésus pour le pardon de ses péchés. Par contre, Paul dit en Romains 8.9 : « Si quelqu’un n’a pas l’Esprit de Christ, il ne lui appartient pas. » Si nous sommes remplis de l’Esprit de Dieu, aucun mauvais esprit ne pourrait nous posséder. Il n’y aura pas de place en nous. Aucun esprit n’est assez fort pour déloger le Saint-Esprit. Si, en tant que chrétien, je cherche à marcher selon l’Esprit de Dieu, à demeurer dans la lumière de Dieu, son Esprit ne cédera jamais la place à un démon quelconque.

Conclusion

Satan et ses anges ont été comparés à un chien méchant attaché par une chaîne solide. La chaîne ne se rompra pas. Elle est bien forte. Le chien ne peut pas se libérer. Si nous gardons notre distance, il ne peut jamais nous mordre, parce que Christ l’a attaché. Mais si nous nous approchons de lui pour regarder dans sa gueule, il nous fera du mal.

Notre sécurité est en Jésus-Christ. Tant que nous restons dans sa voie, il n’y a aucun danger. Si un malheur nous arrive, nous savons que cela n’a rien à voir avec les sorciers ou les sorts. C’est une épreuve que notre Seigneur permet pour notre bien ultime. Mais si nous nous éloignons de Jésus, si nous nous intéressons aux activités idolâtres et à la magie, si nous ne voulons plus marcher selon l’Esprit de Dieu et sa volonté, c’est que nous jouons à côté du chien méchant.

Demeurons donc en lui ; il demeurera en nous. Alors, celui qui est en nous sera réellement Celui qui est plus grand que celui qui est dans le monde.

B. B.
(Dans Vol. 10, No. 1)

Simplement chrétiens

Il existe aujourd’hui une vraie multitude d’Églises différentes. De certaines manières elles se ressemblent toutes. Mais quand on les regarde de plus près, on découvre qu’elles se contredisent les unes les autres et se distinguent les unes des autres par leurs noms, leurs doctrines et leurs pratiques. On appelle parfois ces différentes Églises des « dénominations ». Il y en a des milliers.

Il y a aussi partout dans le monde de nombreuses personnes qui croient en Jésus-Christ comme les membres de ces diverses dénominations croient en lui, mais elles sont attristées par l’état divisé du christianisme. Elles remarquent que dans la Bible on ne parle pas de différentes sortes de chrétiens – des chrétiens catholiques et des chrétiens protestants, des chrétiens adventistes et des chrétiens baptistes, des chrétiens pentecôtistes ou charismatiques et des chrétiens orthodoxes, des chrétiens évangéliques et des chrétiens méthodistes. Ayant le désir de retrouver la pureté et la simplicité du christianisme du premier siècle, de nombreux croyants ont préféré laisser de côté ces étiquettes et ces organisations qui ne se trouvent pas dans la Bible. Ils se disent tout simplement « chrétiens ». Ils adorent ensemble, et ils appellent les assemblées qu’ils forment « des Églises du Christ », ou « des Églises du Seigneur », ou « des Églises de Dieu », ou tout simplement « l’Église ». Mais dans un monde habitué à une multitude d’Églises, chacune avec son nom distinctif, on a parfois du mal à comprendre cette attitude.

L’importance du nom

Il est vrai que le fait de porter un nom ne sauve pas – que ce soit nous-mêmes ou les autres qui nous donnent ce nom. En Apocalypse 3.1 Jésus a dit à l’Église de Sardes : « Je sais que tu passes pour être vivant, mais tu es mort. » Littéralement, il dit : « Tu as le nom de vivre, mais tu es mort. »

On peut porter le nom de Christ sans lui être agréable. Mais est-ce que les noms sont pour cela sans aucune importance ? Loin de là ! Puisque le nom représente la personne, l’autorité, le pouvoir et la dignité de celui qui est nommé, le nom est important.

Considérez ces passages :

Actes 4.11,12 : « Jésus est la pierre rejetée par vous qui bâtissez, et qui est devenue la principale de l’angle. Il n’y a de salut en aucun autre ; car il n’y a sous le ciel aucun autre nom qui ait été donné parmi les hommes, par lequel nous devions être sauvés. »

1 Pierre 4.16 : « Si quelqu’un souffre comme chrétien, qu’il n’en ait point honte, et que plutôt il glorifie Dieu à cause de ce nom. »

Colossiens 3.17 : « Et quoi que vous fassiez, en parole ou en œuvre, faites tout au nom du Seigneur Jésus. »

Non, utiliser le nom qu’il faut ne suffit pas. Mais la Bible montre clairement que le nom est quand même important. Ceux qui disent que le nom qu’on porte n’a pas d’importance ne donneraient quand même pas à leurs propres enfants des noms comme « Judas », « Satan », ou « Hitler ». En effet, le nom qu’on porte, tout comme le nom qu’on invoque, a de l’importance spirituelle. Voyons donc de plus près le nom de chrétien.

Le nom « chrétien »

Dieu avait signalé sept cents ans avant la venue du Christ, par la voix du prophète Ésaïe, qu’il allait donner un nouveau nom à son peuple. En Ésaïe 62.2 nous lisons : « Alors les nations verront ton salut, et tous les rois ta gloire ; et l’on t’appellera d’un nom nouveau, que la bouche de l’Éternel déterminera. » Le seul nom nouveau dans la Bible donné au peuple de Dieu est celui de chrétien. Nous lisons en Actes 11.26 : « Ce fut à Antioche que, pour la première fois, les disciples furent appelés chrétiens. » Quelques années plus tard, ce nom sera connu même par le roi Agrippa. En écoutant la prédication de l’apôtre Paul, il déclara : « Tu vas bientôt me persuader de devenir chrétien » (Actes 26.28). Et comme nous l’avons déjà vu, Pierre dira que ce nom est tout à fait honorable et acceptable : « Mais si quelqu’un souffre comme chrétien, qu’il n’en ait point honte, et que plutôt il glorifie Dieu à cause de ce nom » (1 Pierre 4.16).

Généralement, on accepte que ceux qui croient en Jésus portent le nom de chrétien. Le problème se pose quand nous refusons d’ajouter autre étiquette, quand nous disons qu’il vaut mieux être simple chrétien, ou chrétien seulement. C’est là que les questions commencent à se poser. Ces questions nous permettront d’exposer des principes plus larges, des principes fondamentaux de la Parole de Dieu. Répondons donc à la question « Pourquoi chrétien seulement ? » en parlant d’abord d’un principe très simple :

Nous voulons que la gloire soit pour Jésus.

Quand on donne le nom de quelqu’un à une organisation, un bâtiment, un enfant, une rue, etc., c’est une manière d’honorer la personne. Or, personne n’est digne de plus d’honneur que Jésus-Christ. Après avoir parlé de la mort de Jésus pour notre salut, Paul dit en Philippiens 2.9-11 :

« C’est pourquoi aussi Dieu l’a souverainement élevé, et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre et sous la terre et que toute langue confesse que Jésus-Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père. »

Jésus est particulièrement digne d’honneur en tout ce qui concerne son peuple, l’Église. Il en est le chef et le sauveur. Éphésiens 5.23 dit : « Car le mari est le chef de la femme, comme Christ est le chef de l’Église, qui est son corps, et dont il est le Sauveur. » Il en est également le fondateur et le propriétaire. Comme le mari donne son nom à son épouse, et comme, dans beaucoup de cultures le fondateur d’un village l’identifie par son nom personnel, Christ donne son nom à l’Église. C’est ainsi que nous voyons des paroles comme celles de Romains 16.16 : « Toutes les Églises de Christ vous saluent. »

Non seulement personne n’est plus digne d’honneur que Jésus, mais il n’est pas normal de lui faire partager sa gloire avec de simples hommes mortels. L’apôtre Paul ne voulait pas que des chrétiens se désignent par son nom. Il écrivit en 1 Corinthiens 1.12,13 :

« Je veux dire que chacun de vous parle ainsi : Moi, je suis de Paul ! et moi, d’Apollos ! et moi, de Céphas ! et moi, de Christ ! Christ est-il divisé ? Paul a-t-il été crucifié pour vous, ou est-ce au nom de Paul que vous avez été baptisés ? »

Il ajouta plus tard, au 3.5 :

« Qu’est-ce donc qu’Apollos, et qu’est-ce que Paul ? Des serviteurs, par le moyen desquels vous avez cru, selon que le Seigneur l’a donné à chacun. »

Ce n’est pas Paul seulement qui vit l’erreur de se distinguer des autres croyants en portant des noms humains, au lieu de se contenter de porter le beau nom de Jésus-Christ. De grands hommes religieux du passé ont parlé de la même manière. John Wesley, fondateur de l’Église Méthodiste, dit il y a plus de deux cents ans :

« Plaise à Dieu que tout nom de parti et toute expression et forme nonbiblique qui a divisé le monde chrétien soit oublié, et que nous, comme disciples humbles et pleins d’amour, puissions nous asseoir aux pieds du Maître, lire sa sainte parole, être pénétrés de son Esprit et reproduire sa vie dans la nôtre… En ce qui concerne le nom de chrétien, je dirais qu’il n’y en a aucun qui lui est comparable ; donnez-le-moi, et dans la vie et dans la mort je glorifierais Dieu dans ce nom. »

Bien avant le temps de Wesley, le grand réformateur Martin Luther avait dit :

« Je vous prie de laisser mon nom et de ne pas vous appeler Luthériens, mais chrétiens. Qui est Luther ? … Je n’ai été crucifié pour personne… Comment donc conviendrait-il à moi, un sac misérable de poussière et de cendres, de donner mon nom aux enfants de Christ. Cessez, mes chers amis, de vous accrocher à ces noms de parti et ces distinctions. Bannissez-les tous, et appelons-nous chrétiens seulement, à l’honneur de Celui de qui vient notre doctrine. »

(Ne prenez pas cette étude comme une attaque lancée contre une Église particulière. Il s’agit plutôt d’un appel à abandonner une pratique qui est commune à la grande majorité de ceux qui croient en Jésus – la pratique de se distinguer les uns des autres par des noms et des étiquettes qui sont étrangers à la Bible. Cette pratique n’honore pas notre Chef à nous tous, et n’encourage pas l’entente entre les croyants.)

Nous voulons faire ce que nous savons agréable à Dieu.

Voici une deuxième raison pour être simple chrétien. Quand on fait ce qui est enseigné dans la Bible, on est sûr d’avoir la faveur de Dieu. Il faut demeurer dans ses commandements et ne pas aller plus loin. Jésus dit en Jean 8.31 : « Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples. »

Dieu a toujours agi ainsi avec les hommes. Il promet une bénédiction pour ceux qui respectent sa Parole telle qu’il la donne, sans la modifier. En Deutéronome 4.1,2, Moïse dit au peuple d’Israël :

« Maintenant, Israël, écoute les lois et les ordonnances que je vous enseigne. Mettez-les en pratique… Vous n’ajouterez rien à ce que je vous prescris, et vous n’en retrancherez rien ; mais vous observerez les commandements de l’Éternel, votre Dieu, tels que je vous les prescris. »

Quand on fait, par contre, ce qui n’est pas contenu dans la doctrine biblique, on s’expose au danger de déplaire à Dieu. Malgré les avertissements de Moïse, deux sacrificateurs israélites, Nadab et Abihu, ont fait ce qui leur semblait bien, au lieu de se limiter à ce que Dieu avait autorisé. Et ils ont payé très cher pour leur faute. Dieu leur avait dit de prendre des charbons de l’autel des holocaustes pour brûler du parfum dans le tabernacle. Écoutez ce que nous dit Lévitique 10.1-3 :

« Les fils d’Aaron, Nadab et Abihu, prirent chacun un brasier, y mirent du feu, et posèrent du parfum dessus ; ils apportèrent devant l’Éternel du feu étranger, ce qu’il ne leur avait point ordonné. Alors le feu sortit de devant l’Éternel, et les consuma ; ils moururent devant l’Éternel. Moïse dit à Aaron : C’est ce que l’Éternel a déclaré, lorsqu’il a dit : Je serai sanctifié par ceux qui s’approchent de moi, et je serai glorifié en présence de tout le peuple. »

Nabab et Abihu prirent autre feu que ce que Dieu avait précisé ; Dieu n’en fut pas content. Il considéra leur acte comme une désobéissance, et il les punit sévèrement.

En tant que peuple de Dieu aujourd’hui, nous devons nous efforcer de faire scrupuleusement ce qu’il nous recommande, sans y ajouter ni en retrancher. 2 Jean 9 nous dit : « Quiconque va plus loin et ne demeure pas dans la doctrine de Christ n’a point Dieu ; celui qui demeure dans cette doctrine a le Père et le Fils. » Tout ce que nous faisons dans la religion doit faire partie de la doctrine de Christ, doctrine qui est contenue dans le Nouveau Testament. C’est une voie qui est sûre et ne peut pas être fausse.

Les noms que nous employons pour désigner le peuple de Dieu ne sont qu’une seule des nombreuses applications de ce principe. Quand une personne qui a décidé de suivre Jésus et qui a été sauvée par lui se dit chrétienne, elle emploie un nom biblique de la manière que la Bible l’emploie. C’est conforme à la doctrine de Christ. Cela ne peut pas déplaire à Dieu. Quand on décide de se désigner non seulement comme chrétien, mais comme une certaine sorte de chrétien (catholique ou protestant ou autre), on n’est plus en train de se conformer à un exemple ou un enseignement de l’Évangile. On ne peut pas être sûr que cette étiquette plaît à Dieu. On ne base pas sa décision sur la doctrine de Christ. Alors, pourquoi ne pas se contenter de faire ce qui est clairement approuvé dans les Écritures et ne pas aller plus loin ?

Nous ne voulons pas contribuer à la division parmi ceux qui croient en Jésus.

Une dernière raison pour porter uniquement le nom de chrétien, sans autre étiquette, est que nous ne voulons pas contribuer à la division. Le Seigneur pria en Jean 17 pour que ceux qui croiraient en lui soient un comme lui et son Père sont un. L’apôtre Paul exhorta les chrétiens à être parfaitement unis et à tenir tous un même langage (1 Corinthiens 1.10). Là où existe la division, il y a du péché, et nous ne devons pas le prendre à la légère.

Quels sont donc les obstacles à l’unité ? La première épître de Paul aux Corinthiens peut nous éclairer sur ce point. En effet, la division était devenue un problème pour l’Église de Corinthe, et Paul y consacra les quatre premiers chapitres de son épître. Après avoir beaucoup parlé de la nécessité de mettre l’accent sur ce qui est de Dieu et non sur les hommes ou ce qui est des hommes, Paul résume au 4.6 de cette manière :

« C’est à cause de vous, frères, que j’ai fait de ces choses une application à ma personne et à celle d’Apollos, afin que vous appreniez en nos personnes à ne pas aller au-delà de ce qui est écrit, et que nul ne conçoive de l’orgueil en faveur de l’un contre l’autre. »

Voilà les deux plus grands obstacles à l’unité. (1) Certains vont au-delà de ce qui est écrit pour enseigner et pratiquer ce qui ne vient pas de la Parole de Dieu, (2) et certains s’attachent trop à de simples hommes.

Trois approches pour rechercher l’unité

Pour atteindre l’unité sur le plan religieux, trois approches sont proposées.

(1) Certains disent qu’il faut que tous se soumettent à un seul chef humain. Si tous les croyants reconnaissaient l’autorité d’un seul pour se prononcer sur toute question de foi ou de doctrine, ils seraient tous d’accord. Si tous étaient d’accord avec ce chef, qu’il soit à Rome, à Abidjan, ou à Brooklyn aux États-Unis, ils seraient automatiquement d’accord les uns avec les autres.

Cette approche pourrait donner une espèce d’unité, mais cette solution n’est pas satisfaisante. En effet, Jésus dit que nous serons jugés, non selon les décisions d’un chef humain établi sur toutes les Églises, mais sur la base de sa parole. Jésus dit en Jean 12.48 : « Celui qui me rejette et qui ne reçoit pas mes paroles, a son juge ; la parole que j’ai annoncée, c’est elle qui le jugera au dernier jour. » Au lieu de féliciter ceux qui se soumettent sans raisonner à tout ce que leurs enseignants leur disent, la Bible loue une autre sorte de personne :

« Ces Juifs avaient des sentiments plus nobles que ceux de Thessalonique ; ils reçurent la parole avec beaucoup d’empressement, et ils examinaient chaque jour les Écritures pour voir si ce qu’on leur disait était exact » (Actes 17.11).

(2) Une deuxième approche à l’unité, appelée l’œcuménisme, consiste à se mettre d’accord de ne pas être d’accord. On reconnaît, quand il le faut, que les différentes confessions se contredisent dans ce qu’elles recommandent de faire pour obtenir le pardon de Dieu, ou pour adorer Dieu, ou pour former une assemblée. On prône différentes formes de baptême, on prêche différentes choses concernant la nature de Dieu, mais on affirme que tout ce qui compte, c’est de croire au même Dieu et de prêcher que Jésus est Seigneur. Tout le reste serait secondaire. Selon cette approche, il ne faut pas faire cas de nos différences. On ferme les yeux dessus, et l’on s’accepte mutuellement.

Certainement, des attitudes d’humilité, de patience et de douceur sont nécessaires si nous voulons être unis, mais l’unité pour laquelle Jésus a prié n’est pas une unité superficielle. Il a voulu que les disciples soient un comme lui et son Père sont un. Or, le Père et le Fils ne se contredisent pas comme les différentes Églises le font. Paul n’a pas exhorté les Corinthiens à considérer tous les points de doctrine comme sans importance. Il a dit :

« Je vous exhorte, frères, par le nom de notre Seigneur Jésus-Christ, à tenir tous un même langage, et à ne point avoir de divisions parmi nous, mais à être parfaitement unis dans un même esprit et dans un même sentiment. »

Paul décrit une situation ou tous s’entendent et tous annoncent le même message et suivent le même enseignement.

(3) La troisième approche pour atteindre l’unité consiste à s’unir sur la base de la Bible. Puisque la vaste majorité des croyants acceptent déjà qu’elle est bien la Parole de Dieu, c’est le point que nous avons tous en commun, un point de départ naturel pour ceux qui cherchent l’unité. Ce que nous devons faire, c’est de parler là où la Bible parle, et nous taire là où la Bible se tait ; il faut suivre tout ce qu’elle recommande au peuple de Dieu de faire, et laisser tomber tout ce qu’elle n’enseigne pas. Et cela nous ramène à la question des noms que nous devons porter. Tous les croyants peuvent admettre le nom de « chrétien ». Tous reconnaissent que l’Église appartient à Jésus-Christ. Sur ces points, on pourrait être d’accord. Pourquoi, donc, ajouter des noms que tous ne peuvent pas ou ne voudront pas employer pour désigner l’Église ou ses membres ?

Le seul moyen de s’unir de manière acceptable à Dieu, c’est de faire retour à la Bible seule et de devenir de simples chrétiens. Mais même si certains n’acceptent pas de rechercher l’unité de cette manière, cela ne nous empêche pas, vous et moi, d’être chrétiens seulement, tout comme Paul et Pierre et d’autres l’étaient au premier siècle. Nous donnerons la gloire à Jésus seul, nous ferons ce que nous savons que Dieu accepte, et nous ne serons pas nous-mêmes un obstacle à l’unité.

B. B.
(Dans  Vol. 9, No. 4)


Précisons que d’autres termes sont employés dans la Bible pour parler de ceux qui croyaient au Seigneur. Par exemple, ils sont appelés « disciples », ce qui veut dire qu’il suivent Jésus pour apprendre de lui et parvenir à être comme lui – Jean 15.8; Actes 11.26; ils sont appelés « frères », parce qu’ils ont tous un même Père céleste et sont égaux – Matthieu 23.8; Luc 8.21; Galates 6.1; ils sont appelés « saints » parce qu’ils ont tous été mis à part pour Dieu et sont appelés à vivre dans la pureté et la sainteté – Romains 1.7; 15.25,26; ils sont appelés « enfants de Dieu » parce qu’ils sont nés de nouveau et que Dieu les a pris comme ses propres enfants adoptifs – 1 Jean 3.1. Tous ces noms, comme le nom « chrétien » sont bibliques et légitimes pour parler de ceux que Dieu a sauvés en Jésus-Christ. Mais ce ne sont pas des noms que l’on utilise pour faire une distinction entre les sauvés. Il n’y a pas dans l’Église certains qui sont des « enfants de Dieu » et d’autres qui sont des « saints ». Tous les chrétiens sont enfants de Dieu, comme tous sont saints. Ce que nous recommandons de laisser, ce sont les noms comme « catholique », « protestant », « évangélique », « luthérien », « pentecôtiste », etc., des noms qui appuient les distinctions entre différents groupes qui prétendent tous suivre Jésus.

Pierre fut-il le premier «Pape»?

Considérez ce que vous connaissez des papes, à la lumière de ces faits concernant l’apôtre Pierre :

  1. Pierre avait une belle-mère et était donc marié (Luc 4.38). Au lieu de délaisser sa femme pour servir le Seigneur, il se fit accompagner par elle (1 Corinthiens 9.5).
  2. Pierre demeura un homme pauvre. Il dit en Actes 3.6 : « Je n’ai ni argent ni or. »
  3. Pierre n’acceptait pas qu’on se prosterne devant lui. Lorsque Corneille voulut se prosterner aux pieds de Pierre, celui-ci « le releva, en disant : Lève-toi ; moi, aussi, je suis un homme » (Actes 10.26).
  4. Les autres apôtres ne regardaient Pierre ni comme infaillible ni comme leur supérieur. Paul écrivit : « Mais quand Pierre vint à Antioche, je me suis opposé à lui en public, parce qu’il était dans l’erreur » (Galates 2.11).

Ce que la Bible ne dit jamais :

  1. La Bible n’emploie pas les termes « Pape », « Pontife », « Évêque de Rome », « Vicaire du Christ ». L’expression « Saint Père » n’est jamais employée pour parler de Pierre ou d’un autre homme.
  2. La Bible ne dit nulle part que Pierre était l’évêque de Rome. Elle ne suggère même pas qu’il y ait jamais mis les pieds. En fait, dans son Épître aux Romains, l’apôtre Paul salue par leurs noms 27 personnes dans l’Église de Rome, mais il ne fait pas mention de Pierre. Ne l’aurait-il pas salué si Pierre se trouvait à Rome et qu’il était même le « chef » de l’Église ? Plus tard, lorsque Paul lui-même se trouvait à Rome, il écrivit plusieurs épîtres. Il y met des salutations de la part de certains frères dans l’Église romaine, mais encore, le nom de Pierre n’y figure pas – chose étrange si réellement Pierre dirigeait l’assemblée de Rome
  3. Aucun passage biblique ne parle de successeurs des apôtres. Les évêques sont mentionnés dans le Nouveau Testament, mais ils ne sont jamais appelés successeurs de qui que ce soit.

B. B.
(Dans Vol. 9, No. 3)


Voir aussi Jésus, seul chef de son Église.

Jésus, seul chef de son Église

Jésus est le fondateur de l’Église dont nous lisons dans la Parole de Dieu. Il est en même temps son chef, ou roi, car l’Église est bien un royaume, un royaume spirituel. La parole du Christ, contenue dans le Nouveau Testament, est la loi qui gouverne l’Église. C’est par elle que le roi fait connaître sa volonté. Comme Jésus dit en Matthieu 28.18 avant de remonter au ciel : « Toute autorité m’a été donnée dans le ciel et sur la terre. »

Dans l’histoire du christianisme, les hommes ont toujours tenté de s’approprier l’autorité du Christ, s’attribuant un rôle auquel ils n’ont aucun droit. De la bouche ils honorent l’autorité du Christ, mais dans la pratique ils mettent de côté les enseignements clairs du Christ pour imposer leurs propres conceptions humaines. Qu’ils portent le titre de « Prophète-Pasteur » (Église du Christianisme Céleste), de « Pontife romain » (Église Catholique), ou de Président du Conseil des Apôtres (Église Mormone), ces chefs humains cherchent à jouer un rôle dont on ne trouve aucune trace dans le Nouveau Testament. Selon le catéchisme de l’Église Catholique, le Pape, que le Catholique fidèle est censé considérer comme étant « le doux Christ sur terre », a sur l’Église – et je cite – « en vertu de sa charge de Vicaire du Christ et de Pasteur de toute l’Église, un pouvoir plénier, suprême et universel qu’il peut toujours librement exercer ». (Notez bien que le mot vicaire, du latin vicarius, signifie littéralement « remplaçant ».) D’autres communautés n’emploient pas forcément le même langage, mais leurs dirigeants s’approprient en réalité presque le même degré de pouvoir sur les assemblées.

Au vu de cet état des choses dans les différentes Églises de nos jours, il vaut la peine de revoir les passages qui insistent sur le rôle de Christ dans son Église. Fixer dans notre esprit l’autorité suprême de Jésus-Christ peut nous aider à ne pas mal comprendre les textes qui nous parlent des rôles à jouer par de simples hommes, les rôles d’évêques ou de pasteurs, de diacres, d’évangélistes, etc. Nous éviterons ainsi d’approuver une usurpation du pouvoir de Jésus.

La souveraineté du Christ

Plusieurs images sont employées dans le Nouveau Testament pour enseigner la place de Jésus dans son Église. Il est présenté, par exemple, comme étant la tête du corps de l’Église. Éphésiens 1.20-23 dit que Dieu a déployé sa puissance en Christ, « en le ressuscitant des morts, et en le faisant asseoir à sa droite dans les lieux célestes… Il a tout mis sous ses pieds, et il l’a donné pour chef suprême à l’Église, qui est son corps, la plénitude de celui qui remplit tout en tous ». La même idée paraît en Colossiens 1.18 : « Il est la tête du corps de l’Église ; il est le commencement, le premier-né d’entre les morts, afin d’être en tout le premier. » Il est évident que c’est la tête qui dirige ou « donne des ordres » au corps. Les membres du corps ne se réunissent pas pour voter ou décider ensemble s’ils veulent faire ce que veut la tête. Aucun membre du corps humain ne prétend remplacer la tête ou diriger les autres membres à sa guise.

D’autres passages bibliques présentent Jésus comme le roi. Il dit lui-même devant Ponce Pilate : « Mon royaume n’est pas de ce monde… Pilate lui dit : Tu es donc roi ? Jésus répondit : Tu le dis, je suis roi. Je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité » (Jean 18.36,37). Dès le jour de la Pentecôte, la royauté ou la seigneurie de Jésus était un élément constant dans la prédication des apôtres. Pierre conclut son sermon en Actes 2 par ces paroles : « Que toute la maison d’Israël sache donc avec certitude que Dieu a fait Seigneur et Christ ce Jésus que vous avez crucifié » (Actes 2.36). Dieu l’a fait Seigneur et Christ, c’est-à-dire celui qui est oint comme roi. Son royaume n’est pas une monarchie constitutionnelle où son pouvoir est sévèrement limité, un royaume où, en réalité, un premier ministre gouverne le pays. Non. Toute autorité a été donnée à Jésus.

Une troisième comparaison qu’emploie le Nouveau Testament pour décrire la relation entre Jésus et son Église concerne le berger et son troupeau. Jésus dit en Jean 10.13-16 : « Je suis le bon berger. Je connais mes brebis, et elles me connaissent, comme le Père me connaît et comme je connais le Père ; et je donne ma vie pour mes brebis. J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cette bergerie ; celles-là, il faut que je les amène ; elles entendront ma voix, et il y aura un seul troupeau, un seul berger. » « Cette bergerie » était le peuple juif, au milieu duquel Jésus exerçait son ministère terrestre. Les brebis qui n’étaient pas « de cette bergerie » étaient les non-Juifs qui accepteraient l’Évangile. Les « brebis » juives et les « brebis » non-juives forment, selon la parole de Jésus, « un seul troupeau », et il n’y a qu’« un seul berger ». En d’autres termes, il y aurait une seule Église pour tous, Juifs et non-Juifs, et il y aurait un seul berger, ou chef, un seul homme pour guider et diriger l’Église. Cet unique berger est Jésus. Il n’y a pas un berger dans le ciel et un autre qui le représente sur la terre.

Quelques-uns se diront : « Mais les brebis, les simples fidèles, que peuvent-ils faire si des hommes se sont emparés du pouvoir dans l’Église ? Oui, il y a des chefs religieux qui s’attribuent de l’autorité que la Bible ne leur donne pas. Mais les membres ordinaires n’ont aucune possibilité de changer cela. Ils sont obligés de faire ce que décident les chefs. » Mais ce raisonnement n’est pas juste. Toujours en Jean 10 nous lisons au sujet de Jésus : « Les brebis entendent sa voix ; il appelle par leur nom les brebis qui lui appartiennent, et il les conduit dehors. Lorsqu’il a fait sortir toutes ses propres brebis, il marche devant elles ; et les brebis le suivent, parce qu’elles connaissent sa voix. Elles ne suivront point un étranger ; mais elles fuiront loin de lui, parce qu’elles ne connaissent pas la voix des étrangers » (Jean 10.3-5). Notre foi doit être basée sur Jésus-Christ, et lui seul. C’est Jésus que l’Église doit suivre. C’est sa voix, qui se fait entendre dans le Nouveau Testament, que nous devons écouter.

N’y a-t-il pas d’autres pasteurs légitimes ?

Jésus est bien le berger ou le pasteur de l’Église, mais la Bible ne parle-t-elle pas d’autres pasteurs légitimes ? Il est vrai que le terme « pasteur » ne se réfère pas uniquement à Jésus dans le Nouveau Testament ; les autres « pasteurs » travaillent sous la direction de Jésus, le vrai propriétaire du troupeau. Aucun d’eux n’occupe la place de Jésus sur la terre. Considérez ces propos de l’apôtre Pierre : « Voici les exhortations que j’adresse aux anciens qui sont parmi vous, moi ancien comme eux, témoin des souffrances de Christ, et participant de la gloire qui doit être manifestée. Paissez le troupeau de Dieu qui est sous votre garde, non par contrainte, mais volontairement, selon Dieu ; non pour un gain honteux, mais avec dévouement ; non comme dominant sur ceux qui vous sont échus en partage, mais en étant les modèles du troupeau. Et lorsque le souverain pasteur paraîtra, vous obtiendrez la couronne incorruptible de la gloire » (1 Pierre 5.1-4). Il n’est pas nécessaire de préciser que « le souverain pasteur » est Jésus-Christ. Il est également clair que ces autres pasteurs doivent suivre non pas leur volonté, mais celle du souverain pasteur s’ils espèrent recevoir de sa part cette couronne de gloire dont l’apôtre parle.

Et l’apôtre Pierre ?

D’autres objecteront que l’apôtre Pierre avait une place particulière dans l’Église. Ne l’appelle-t-on pas « le Prince des Apôtres » ? N’est-ce pas à lui seul que Jésus dit : « Je te donnerai les clefs du royaume des cieux : ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux, et ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux » (Matthieu 16.19) ? En fait, la Bible n’appelle nulle part Pierre « le Prince des Apôtres ». Mais examinons cette question des clefs que Jésus promet donner à Pierre, les clefs de son royaume, son Église. À quoi sert une clef ? À ouvrir ou fermer, à donner ou refuser l’accès. Jésus emploie le mot « clef » de cette façon en Luc 11.52 : « Malheur à vous, docteurs de la loi ! parce que vous avez enlevé la clef de la science ; vous n’êtes pas entrés vous-mêmes, et vous avez empêché d’entrer ceux qui le voulaient. » Comment Pierre s’est-il servi des clefs du royaume pour ouvrir les portes de l’Église ? Le jour de la Pentecôte, c’est Pierre qui a prêché l’Évangile pour la première fois. Il a parlé de la vie, la mort et la résurrection de Jésus. Quand la foule a demandé ce qu’il fallait faire, « Pierre leur dit, » selon Actes 2.38 : « Repentez-vous et que chacun de vous soit baptisé pour le pardon de vos péchés ; et vous recevrez le don du Saint-Esprit. » Trois mille Juifs ont obéi à cette exhortation, et l’Église du Christ a vu le jour. Plus tard, en Actes 10, ce fut encore Pierre qui a prêché pour la première fois aux non-Juifs. C’était dans la maison de Corneille. En Actes 15.7 Pierre se référa à ce qui était arrivé ce jour-là chez Corneille : « Une grande discussion s’étant engagée, Pierre se leva, et leur dit : Hommes, frères, vous savez que dès longtemps Dieu a fait un choix parmi vous, afin que, par ma bouche, les païens entendissent la parole de l’Évangile et qu’ils crussent. » Pierre a ainsi ouvert les portes du royaume aux Juifs et aux non-Juifs.

Quant au droit de lier et de délier, il s’agit de déclarer obligatoire ou de dispenser d’un devoir. En Matthieu 23.4, Jésus accuse les scribes et pharisiens d’avoir lié de lourds fardeaux et de les avoir mis sur les épaules des hommes. Ils avaient rendu obligatoires toutes sortes de devoirs religieux, qui, en fait, n’étaient que des traditions humaines. Pierre aurait l’autorité de dire aux hommes ce que Dieu exigeait d’eux, et ce qu’ils ne seraient plus obligés de faire. Mais remarquez bien que cette même autorité serait donnée par le Seigneur à tous les apôtres. Il leur dit en Matthieu 18.18 : « Je vous le dis en vérité, tout ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel. » Tous les apôtres communiqueraient par inspiration la volonté de Dieu pour les hommes dans l’ère chrétienne. La distinction de Pierre serait le fait d’être le premier à prêcher l’Évangile et les conditions du salut, d’abord aux Juifs, et ensuite aux païens, tout comme il avait été le premier à confesser que Jésus était le Christ, le Fils de Dieu.

Pierre avait-il une plus grande mesure d’autorité que les autres apôtres ? Pierre lui-même n’en dit rien. Nulle part dans la Bible Pierre ne se réfère à lui-même comme étant le chef des apôtres. Et rien ne suggère que les autres voyaient Pierre comme étant leur supérieur. Quelques heures avant l’arrestation de Jésus, et donc bien après la promesse de Jésus de donner les clefs du royaume à Pierre, « il s’éleva parmi les apôtres une contestation : lequel d’entre eux devait être estimé le plus grand ? » (Luc 22.24). Les collègues de Pierre n’avaient évidemment pas compris les propos de Jésus comme un signe que Pierre serait le plus grand parmi eux. Et Jésus n’a pas saisi l’occasion pour appuyer la position spéciale de Pierre. Au contraire, il a tout simplement répété son enseignement que celui qui veut être grand doit s’humilier et se rendre serviteur des autres. Ni Pierre ni ses soi-disant successeurs n’ont été chef de l’Église sur terre.

Conclusion

L’Église n’a qu’un seul chef, Jésus-Christ. Il n’y en a pas deux : un dans le ciel et un autre sur la terre. Jésus est la tête du corps ; il est le roi qui règne sur le royaume ; il est le berger qui dirige le troupeau. Il n’accepte pas de rival ; il n’a pas besoin de remplaçant.

B. B.
(Dans Vol. 9, No. 3)


Voir aussi Pierre fut-il le premier «Pape»?.

Selon les hommes…

« Le Pape, évêque de Rome et successeur de S. Pierre,… est fondement de l’unité qui lie entre eux soit les évêques, soit la multitude des fidèles. En effet, le Pontife romain a sur l’Église, en vertu de sa charge de Vicaire du Christ et de Pasteur de toute l’Église, un pouvoir plénier, suprême et universel qu’il peut toujours librement exercer. ¶882

« …De cette infaillibilité, le Pontife romain, chef du collège des évêques, jouit du fait même de sa charge quand, en tant que pasteur et docteur suprême de tous les fidèles, et chargé de confirmer ses frères dans la foi, il proclame, par un acte définitif, un point de doctrine touchant la foi et les mœurs. » ¶891

Catéchisme de l’Église Catholique,1992


Quel est le protocole pour celui qui voudrait écrire une lettre au Pape ? « On se sert comme en-tête de la formule Très Saint Père, on écrit à la troisième personne en désignant le pape par les mots Votre Sainteté et l’on termine par les lignes suivantes, sans en changer la disposition :

Prosterné aux pieds de Votre Sainteté et implorant la faveur de sa bénédiction apostolique,
J’ai l’honneur d’être,
Très Saint Père,
avec la plus profonde vénération,
de Votre Sainteté,
le très humble et très obéissant serviteur et fils. »

Le parfait secrétaire, Références Larousse, 1986.

L’œuvre de l’évangéliste

Qui est évangéliste ?

Le mot « évangéliste » vient d’un mot grec qui veut dire simplement « quelqu’un qui annonce une bonne nouvelle », telle qu’une victoire militaire. Dans le contexte chrétien, le sens est, bien sûr, plus précis. Il s’agit de celui qui annonce la bonne nouvelle du salut en Jésus-Christ, la bonne nouvelle que Jésus est mort pour nos péchés et qu’il est ressuscité d’entre les morts. En effet, le mot « évangile » signifie, littéralement, bonne nouvelle, et il n’y a pas de meilleure nouvelle que celle-ci : notre Dieu nous offre le plein pardon et une place avec lui dans la gloire éternelle !

Il est certainement vrai que tous les chrétiens ont le privilège et la responsabilité d’annoncer aux hommes perdus cette merveilleuse nouvelle. Quand Jésus a donné aux apôtres l’ordre de prêcher l’Évangile et de baptiser ceux qui croiraient, il a ajouté : « Et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit » (Matthieu 28.20). Comme il venait de leur prescrire de faire de toutes les nations ses disciples, il va sans dire que tous ceux qui acceptaient l’Évangile devaient à leur tour le propager. Les chrétiens sont donc tous, dans un sens, des évangélistes – ou au moins ils devraient l’être.

Mais en lisant le Nouveau Testament, nous voyons que le mot évangéliste était employé dans un sens un peu plus limité que cela. En Actes 21.8, un certain homme est identifié comme « Philippe l’évangéliste ». Si tout le monde dans l’Église était évangéliste, ce terme n’aurait pas aidé à identifier ce Philippe parmi tous ceux qui portaient le même nom. Et comme on pourrait le déduire d’Éphésiens 4.11, les évangélistes pouvaient être distingués des apôtres, des prophètes et des pasteurs.

Si tous les chrétiens ont la responsabilité d’évangéliser, en quoi certains chrétiens seraient-ils appelés « évangélistes » et d’autres non ? Sans doute, ils étaient désignés « évangélistes » compte tenu, d’un côté d’une aptitude ou d’une formation reçue en ce qui concerne l’évangélisation, ou de l’autre côté, du fait qu’ils se donnaient spécialement à cet aspect du travail de l’Église. On est évangéliste parce qu’on a une capacité particulière pour annoncer la bonne nouvelle de Jésus ET parce qu’on exploite cette capacité, c’est-à-dire, qu’on fait « l’œuvre d’un évangéliste » (2 Timothée 4.5).

Son œuvre en faveur de l’Église

Il est évident qu’un évangéliste va vers ceux qui ne sont pas encore chrétiens afin de les gagner pour Christ. Mais Éphésiens 4 nous indique que l’évangéliste a également quelque chose à faire pour ceux qui sont déjà membres de l’Église.

« Et [Jésus] a donné les uns comme apôtres, les autres comme prophètes, les autres comme évangélistes, les autres comme pasteurs et docteurs, pour le perfectionnement des saints en vue de l’œuvre du ministère et de l’édification du corps de Christ, jusqu’à ce que nous soyons tous parvenus à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’homme fait, à la mesure de la stature parfaite de Christ, afin que nous ne soyons plus des enfants, flottant et emportés à tout vent de doctrine, par la tromperie des hommes, […] mais que […] nous croissions à tous égards en celui qui est le chef, Christ. » (Éphésiens 4.11-15)

Tous les conducteurs cités dans ce verset contribuent au « perfectionnement » des chrétiens, pour les amener à grandir en connaissance et en foi et à pouvoir servir. Que ferait un évangéliste pour ceux qui sont déjà sauvés ? Deux possibilités se présentent à l’esprit : (1) ayant une connaissance et une expérience pratiques dans le domaine de l’évangélisation, il est probable qu’un aspect du service rendu à l’Église par les évangélistes était le fait de former les autres chrétiens à pouvoir mieux répandre la bonne nouvelle et amener les gens à se convertir ; (2) il est certain que les évangélistes, après avoir fait des disciples, avaient la tâche de montrer aux nouveaux convertis les principes de base de la vie chrétienne, de les affermir dans la foi, et, là où l’Église n’existait pas encore, de regrouper les nouveaux chrétiens en assemblées locales. Il devait aussi, dans ce cas, leur montrer le bon fonctionnement d’une Église. Cette idée sera appuyée par ce que nous verrons en 1 et 2 Timothée et Tite.

Les conseils à Timothée et Tite

Dans le Nouveau Testament, nous avons, en effet, trois épîtres de l’apôtre Paul qui s’adressent à Timothée et à Tite. Ces deux serviteurs de Dieu, plus jeunes que Paul, avaient été chargés par ce dernier de travailler respectivement avec l’Église d’Éphèse et celles de l’île de Crète. On a l’habitude d’appeler ces trois livres du Nouveau Testament « les épîtres pastorales », mais en fait, Timothée et Tite ne sont pas décrits comme étant des « pasteurs ». Paul exhorte Timothée à faire, par contre, l’œuvre d’un évangéliste ; il devait évangéliser. Mais les instructions de Paul semblent confirmer que les évangélistes devaient amener les convertis et les assemblées à un certain niveau de maturité.

Timothée et Tite devaient enseigner. Paul dit en 1 Timothée 4.13,16 : « Applique-toi à la lecture, à l’exhortation, à l’enseignement […] Veille sur toi-même et sur ton enseignement ; persévère dans ces choses, car, en agissant ainsi, tu te sauveras toi-même et ceux qui t’écoutent. » Dans ces épîtres Paul précise certaines choses que Timothée, à Éphèse, et Tite, sur l’île de Crète, devaient enseigner à différents groupes au sein de l’Église : les serviteurs, les riches, les vieillards, les femmes âgées, les jeunes femmes, les jeunes hommes, les veuves, etc. Paul insiste beaucoup sur la saine doctrine (ou enseignement) qu’il fallait dispenser.

Timothée et Tite devaient également armer les jeunes Églises contre la fausse doctrine. En 1 Timothée 4.1,2 il donne cet avertissement :

« Mais l’Esprit dit expressément que, dans les derniers temps, quelques-uns abandonneront la foi, pour s’attacher à des esprits séducteurs et des doctrines de démons, par l’hypocrisie de faux docteurs… »

Il signale par la suite deux exemples de ces fausses doctrines, et ajoute au verset 6 :

« En exposant ces choses aux frères, tu seras un bon ministre de Jésus-Christ, nourri des paroles de la foi et de la bonne doctrine que tu as exactement suivie. »

Paul avait dit au début de son épître, d’ailleurs, qu’il avait engagé Timothée à rester à Éphèse « afin de recommander à certaines personnes de ne pas enseigner d’autres doctrines » (1 Timothée 1.3).

Un troisième devoir de l’évangéliste que nous trouvons dans ces épîtres est celui de préparer d’autres hommes à pouvoir enseigner dans l’Église. Paul dit en 2 Timothée 2.2 :

« Ce que tu as entendu de moi en présence de beaucoup de témoins, confie-le à des hommes fidèles, qui soient capables de l’enseigner aussi à d’autres. »

Enfin, une autre responsabilité que Paul a confiée à Tite est citée en Tite 1.5 :

« Je t’ai laissé en Crète, afin que tu mettes en ordre ce qui reste à régler, et que, selon mes instructions, tu établisses des anciens dans chaque ville. »

Paul et Barnabas avaient fait la même chose dans la Galatie, selon Actes 14.23 :

« Ils firent nommer des anciens dans chaque Église, et, après avoir prié et jeûné, ils les recommandèrent au Seigneur, en qui ils avaient cru. »

Tite n’avait pas besoin de choisir personnellement des anciens pour chaque Église locale. Il aurait sans doute procédé de la même manière que les apôtres ont fait en Actes 6 où il était question de désigner des hommes pour une autre tâche dans l’Église : ils ont parlé à l’assemblée en ces termes :

« C’est pourquoi, frères, choisissez parmi vous sept hommes, de qui l’on rende un bon témoignage, qui soient pleins d’Esprit-Saint et de sagesse, et que nous chargerons de cet emploi. » (Actes 6.3)

Dans l’Épître à Tite, Paul a, en effet, donné une liste de critères à remplir par ceux qui seraient appelés à servir leurs assemblées comme anciens. Tite devait enseigner ces critères dans chaque assemblée locale, afin que les membres eux-mêmes, qui connaissaient les leurs, puissent savoir choisir leurs propres anciens.

Rien dans le texte ne suggère que Tite devait par la suite superviser les anciens dans leur travail. Il jouait simplement un rôle pour amener les assemblées à une plus grande maturité spirituelle. Il était un serviteur parmi tant d’autres que le Seigneur avait donnés à son Église pour « le perfectionnement des saints en vue de l’œuvre du ministère et de l’édification du corps de Christ, jusqu’à ce que nous soyons tous parvenus à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’homme fait, à la mesure de la stature parfaite de Christ » (Éphésiens 4.12,13).

Les rapports entre évangéliste et assemblée

Le soutien financier ?

La Parole de Dieu enseigne clairement qu’il est normal de soutenir matériellement ceux qui nous enseignent dans les choses spirituelles. En envoyant ses disciples pour prêcher dans tous les lieux où lui-même devait aller, Jésus leur dit d’accepter d’être hébergés et nourris par ceux à qui ils annonceraient la bonne nouvelle, « car l’ouvrier mérite son salaire » (Luc 10.7). L’apôtre Paul enseigna le même principe : « Que celui à qui l’on enseigne la parole fasse part de tous ses biens à celui qui l’enseigne » (Galates 6.6). (Voir aussi Romains 15.26,27.) La discussion la plus longue de ce principe se trouve en 1 Corinthiens 9.1-19, où l’apôtre Paul affirme son droit en tant que prédicateur de l’Évangile de recevoir un soutien de la part de ceux qu’il enseignait. Au verset 14 il va jusqu’à dire que « le Seigneur a ordonné à ceux qui annoncent l’Évangile de vivre de l’Évangile ». Le contexte montre, pourtant, que cette phrase doit être comprise dans le sens d’une autorisation de recevoir du soutien matériel et non comme une obligation d’exiger un salaire de l’Église. Dans les versets 15 à 19, en effet, Paul explique pourquoi lui-même n’avait pas demandé aux Corinthiens de lui donner ce soutien quand il travaillait parmi eux. Mais bien que Paul n’ait pas « usé de son droit », et enseignait par son exemple qu’il y a des situations où il vaut mieux ne pas en user, il affirme clairement qu’un évangéliste peut travailler à plein temps à la prédication de l’Évangile et être soutenu par l’Église.

La valeur du service à plein temps

En fait, toute assemblée devrait chercher à soutenir au moins un évangéliste fidèle pour qu’il se donne pleinement à l’évangélisation – soit en travaillant au sein de l’assemblée qui lui donne les moyens de vivre, soit en travaillant dans un autre endroit où le besoin est plus grand, où il y a moins d’ouvriers pour le Seigneur. C’est ce que l’Église de Philippes faisait à l’égard de Paul (Philippiens 4.15,16; Actes 18.1-5). Ce dernier exerçait à Corinthe son métier de faiseur de tentes, tout en prêchant l’Évangile. Mais l’aide envoyée par les Philippiens lui permit de « se donner tout entier à la parole, attestant aux Juifs que Jésus était le Christ ». La possibilité d’évangéliser à plein temps permet de répandre la bonne nouvelle plus rapidement et de sauver plus d’âmes. En donnant généreusement pour que d’autres soient capables d’évangéliser davantage, les chrétiens qui donnent participent à la prédication tout comme ceux qui annoncent la Parole. L’apôtre Jean dit à Gaïus, concernant certains frères qui se rendaient quelque part pour y apporter l’Évangile :

« Tu feras bien de pourvoir à leur voyage d’une manière digne de Dieu. Car c’est pour le nom de Jésus-Christ qu’ils sont partis, sans rien recevoir des païens. Nous devons donc accueillir de tels hommes afin d’être ouvriers avec eux pour la vérité. » (3 Jean 6-8)

La prédication de l’Évangile est un travail urgent qui demande des sacrifices de la part de chacun de nous ; des âmes éternelles sont en danger !

Il faut retenir, cependant, qu’il ne doit pas y avoir de honte pour un évangéliste de faire autre travail pour subvenir à ses besoins. Il peut se trouver dans une situation où, quelle que soit la raison, son assemblée ne le soutient pas matériellement. Paul écrivit à l’Église de Thessalonique :

« Vous savez vous-mêmes comment il faut nous imiter, car nous n’avons pas vécu parmi vous dans le désordre. Nous n’avons mangé gratuitement le pain de personne ; mais, dans le travail et dans la peine, nous avons été nuit et jour à l’œuvre, pour n’être à charge à aucun de vous. Ce n’est pas que nous n’en ayons le droit, mais nous avons voulu vous donner en nous-mêmes un modèle à imiter. » (2 Thessaloniciens 3.7-9)

Un prédicateur peut travailler de ses mains, tout en prêchant la Parole de Dieu.

Le respect

Nous devrions respecter et être reconnaissants envers ceux qui se consacrent de manière particulière à l’avancement de la cause de Christ et l’édification de son Église. Qu’ils soient des évangélistes, des anciens, des diacres ou des enseignants, la Bible nous dit à leur égard :

« Nous vous prions, frères, d’avoir de la considération pour ceux qui travaillent parmi vous, qui vous dirigent dans le Seigneur, et qui vous exhortent. Ayez pour eux beaucoup d’affection, à cause de leur œuvre. » (1 Thessaloniciens 5.12,13)

Il y a lieu de respecter l’évangéliste pour son travail, son service utile, les sacrifices qu’il fait pour la cause du Seigneur. Le respect qui est recommandé n’est pas pour un « poste » qu’il occupe, comme c’est le cas pour les rois et les gouverneurs, que l’on doit honorer qu’ils soient de bon caractère ou pas (Romains 13.1-7). Quand Paul dit à Timothée « Que personne ne méprise ta jeunesse », il a montré en même temps la manière d’éviter que les autres le méprisent : « Mais sois un modèle pour les fidèles, en parole, en conduite, en charité, en foi, en pureté » (1 Timothée 4.12). Le respect de ce genre ne se commande pas ; il est gagné par une vie pieuse et le travail dévoué.

L’évangéliste n’est pas un chef de l’Église, et l’autorité qu’il peut avoir ne réside pas dans sa personne ou dans son rang, mais dans la Parole de Dieu qu’il prêche. Pas plus qu’un autre membre, il n’a aucun droit d’imposer à l’Église sa propre volonté, son goût, ses opinions.

Les titres d’honneur

Beaucoup de prédicateurs ont besoin de relire souvent les paroles que Jésus adressa à ses apôtres en Matthieu 23.8-12 :

« Mais vous, ne vous faites pas appeler Rabbi ; car un seul est votre Maître, et vous êtes tous frères. Et n’appelez personne sur la terre votre Père ; car un seul est votre Père, celui qui est dans les cieux. Ne vous faites pas appeler directeurs ; car un seul est votre directeur, le Christ. Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. Quiconque s’élèvera sera abaissé, et quiconque s’abaissera sera élevé. »

Peu importe si le titre que l’on se donne ou que l’on accepte que les autres nous donnent est « Pasteur » ou « Serviteur de Dieu » plutôt que « Rabbi » ou « Père ». Les expressions que nous employons comme titres d’honneur n’ont pas de place parmi nous. Le désir de se faire honorer ou exalter est contraire à l’attitude que nous enseigne la Parole de Dieu.

Remarquons en passant que, selon la Bible, un évangéliste n’est pas la même chose qu’un pasteur. Si les membres de l’Église appellent l’évangéliste « pasteur », ou si lui-même accepte qu’on l’appelle ainsi, ce n’est pas correct. Nous devons « faire les choses bibliques de la manière biblique et appeler les choses bibliques par des noms bibliques ». Autrement nous ajoutons à la confusion qui empêche aux hommes de comprendre la Bible.

Le rôle des écoles de formation biblique

Comment devient-on qualifié comme évangéliste ? Il n’y a pas un seul moyen d’acquérir les connaissances et l’expérience qui permettent à un homme de faire l’œuvre d’un évangéliste. On peut faire une sorte d’apprentissage auprès d’un évangéliste expérimenté. Il semble que l’apôtre Paul formait ainsi des hommes sur le terrain, comme il l’a fait pour Timothée. On peut faire partie d’un groupe de personnes formées ensemble. Jésus formait douze hommes à la fois (sans compter les 70 disciples qu’il prépara et envoya prêcher selon Luc 10). Beaucoup aujourd’hui ont l’occasion de fréquenter une école de formation biblique pour approfondir leurs connaissances et apprendre à mieux travailler. Une telle école peut rendre un grand service aux Églises en fournissant cette formation.

Il faut comprendre, pourtant, que l’école biblique n’est pas le siège de l’Église dans le pays où il se trouve ; son directeur n’est pas un arbitre pour les assemblées ; l’école n’a pas le rôle de placer ou affecter des évangélistes. Ces écoles existent tout simplement comme l’effort de certains évangélistes ou certaines assemblées pour satisfaire au besoin identifié en 2 Timothée 2.2, où Paul dit :

« Ce que tu as entendu de moi en présence de beaucoup de témoins, confie-le à des hommes fidèles qui soient capables de l’enseigner aussi à d’autres. »

Mais comme nous l’avons dit : ces écoles ne sont pas le seul moyen d’être formé ; certains frères qui n’ont jamais fréquenté une telle école connaissent mieux la Bible et la prêchent de manière plus efficace que la plupart de ceux qui les ont fréquentées. Ajoutons que le diplôme ou certificat octroyés par une école ne confère aucune autorité à celui qui le reçoit et ne met ni l’Église ni les formateurs sous une obligation quelconque d’engager l’étudiant qui achève la formation.

Conclusion

Le rôle de l’évangéliste est souvent mal compris, non seulement par l’Église, mais aussi par de nombreux évangélistes eux-mêmes. Son travail n’est pas : de diriger les assemblées locales, d’organiser leurs activités, de fournir ou de trouver des moyens financiers pour l’œuvre, de superviser quoi que ce soit. L’évangéliste est essentiellement quelqu’un qui se donne à la proclamation de l’Évangile pour amener des pécheurs à se convertir et qui continue d’enseigner la Parole pour amener les convertis et les assemblées vers la maturité. Que ce travail soit rémunéré financièrement ou pas, que l’évangéliste soit honoré ou pas, c’est un travail noble dont on ne peut jamais mesurer la valeur. Beaucoup de choses auxquelles on peut se consacrer dans la vie sont, en fin de compte, pour utiliser le terme du roi Salomon, « vanité des vanités », sans valeur sur le plan éternel. Mais le travail de porter aux hommes perdus l’Évangile qui peut les sauver – voilà un ministère « glorieux » (2 Corinthiens 3.6-9).

B. B.
(Dans Vol. 9, No. 2)